• chapitre 5
Jisung arriva sur le campus et aussitôt, il repéra deux de ses amis au loin qui lui adressaient de grands signes. Il baissa la tête, un peu gêné par les regards posés sur lui alors qu'il empruntait la grande allée principale bordée de bancs et de grands arbres qui menait au bâtiment administratif. Les mains cramponnées aux bretelles de son sac à dos, il traîna les pieds jusqu'à arriver face à ses camarades, Felix et Ryujin. Ils arboraient le même style vestimentaire que lui à l'inverse que Felix, au lieu d'avoir les cheveux longs, les portaient très courts. Ryujin, quant à elle, était plutôt adepte des colorations flashy et Jisung remarqua qu'elle avait troqué le violet pour de l’orange qui faisait presque mal aux yeux. Tout sourire, ils l'accueillirent avec des accolades et une tape dans le dos qui le fit tousser.
— Alors, t'as pas répondu à nos messages ! s'exclama Felix, les sourcils froncés.
— On s'est inquiétés, ajouta la jeune femme.
Jisung soupira et leva les yeux au ciel.
— Désolé, j'avais tellement de choses en tête.
Tellement de choses signifiait surtout qu'il n'avait fait que penser à Minho, et ce même une bonne partie de la nuit après que Dayoung et lui l'aient raccompagné. Il n'avait fait que se remémorer son sourire, même s'il avait été très léger. Alors même s'il était véritablement fatigué à cause du week-end, il avait été incapable de trouver le sommeil avant qu'il ne tombe juste d'épuisement.
Les trois amis se mirent en route pour rejoindre leur salle de cours. Jisung restait étrangement silencieux, Felix et Ryujin ne cessèrent de se lancer des regards interrogateurs, jusqu'à ce que l'un d'eux se décide enfin à intervenir.
— T'es sur quelques photos, annonça le jeune homme.
Jisung sentit son estomac faire des siennes et il releva la tête d'un seul coup.
— Comment ça ?
— Y'a eu des articles sur le mariage de ta demi-sœur, alors forcément il fallait les illustrer… Tu veux voir ? proposa Ryujin en tendant son téléphone.
Jisung le repoussa en secouant la tête. Voir ces photos voulait dire aussi voir Minho, et il n'en avait pas envie. Enfin, si. Mais il était toujours très embarrassé de ressentir quelque chose pour lui. Ses amis le connaissaient bien, il ne pouvait pas leur mentir alors ils verraient tout de suite que quelque chose n'allait pas. Il ne pouvait pas risquer de dévoiler son secret comme ça, tout bêtement. En plus, ils savaient qu'ils n'auraient de cesse de le taquiner sur le sujet, et ça pendant des jours, voire des semaines. C'était déjà assez compliqué à gérer, il n'avait pas besoin qu'on en rajoute.
— Ah, j'ai un message de Jeongin ! s'exclama la jeune femme. Il nous cherche.
Elle lui indiqua où ils se trouvaient et alors qu'ils l'attendaient, la gorge de Jisung se noua d'appréhension. Jeongin allait forcément être très enthousiaste par rapport au mariage de sa demi-sœur, il était toujours débordant d'euphorie et d'émerveillement pour pas grand-chose. Il allait sans doute lui poser plein de questions sur la cérémonie, sur le dîner, mais aussi sur le marié. Alors quand il l'aperçut au loin, il déglutit. Il arrivait d'un pas décidé, sa veste en jean customisée par ses soins posée sur une épaule. Il arborait un immense sourire qui étirait ses lèvres au point que ses yeux se plissaient au maximum. Il salua ses amis avant de se planter face à Jisung, l'expression alerte.
— Alors ? demanda-t-il en jouant avec la chaîne en argent autour de son cou. Ça dit quoi le mariage ?
— Je savais que tu me demanderais ça.
Jeongin lâcha un rire et lui donna un coup de poing amical dans l'épaule.
— En même temps on veut tous savoir comment c'était ! J'espère que tu leur as pas encore raconté avant que j'arrive ?
— Non, j'avais pas envie de devoir doublement utiliser ma salive. Mais vu l'heure, j'aurai pas le temps avant que les cours commencent.
— Ça veut dire que t'en as des choses à raconter !
Il essayait vraiment de repousser l'échéance comme il pouvait, tous les prétextes étaient bons. Jeongin consulta son portable et haussa les épaules.
— C'est d'accord, mais à la pause on veut tout savoir.
***
Le temps était passé trop rapidement. La tête dans les cours, Jisung n'avait même pas remarqué qu'il était déjà l'heure du déjeuner. Ils ne reprenaient qu'à quatorze heures et cela lui laissait beaucoup trop de temps pour discuter avec ses amis. Et cette fois, il savait qu'il ne pourrait pas échapper à la conversation qu'ils attendaient tant. Il pouvait toujours mentir, ou tout du moins omettre certains détails, mais sa crédibilité frôlait le néant. Ses amis étaient perspicaces, même s'ils ne se connaissaient que depuis l'année dernière, ils avaient appris à déceler ses malaises. Ils savaient quand il ne disait pas la vérité, quand il cherchait à la dissimuler sans pour autant la déformer. Ils n'étaient pas dupes, et Jisung n'était pas très doué pour berner les autres.
Ils rejoignirent la cafétéria et quelques regards insistants se posèrent sur lui, mais il préféra ne pas y prêter plus d'attention que cela. Ils prirent chacun un sandwich et une boisson, puis s'installèrent dans un coin.
— Pourquoi j'ai l'impression d'être épié, marmonna Jisung.
Jeongin se redressa et observa les alentours avant de hocher la tête.
— C'est pas qu'une impression.
— Toujours le mot pour rassurer dis donc ! s'amusa Ryujin.
— Bah quoi ? Je vais pas dire que c'est faux alors que tout le monde le regarde, il est pas débile, il le voit !
Elle roula des yeux. Jisung chercha à se faire encore plus discret, mais il n'allait pas non plus se glisser sous la table pour disparaître.
— Puis avec toutes les photos et les articles qui sont sortis, ajouta Jeongin, ils doivent bien l'avoir reconnu. C'est pas comme si Jisung ressemblait à monsieur tout le monde.
— D'ailleurs, intervint Felix, on attend toujours que tu nous racontes.
Ils n'avaient pas oublié. Jeongin et Ryujin semblèrent très attentifs d'un seul coup, et leurs regards insistants le firent soupirer. Il avait l'impression d'être une bête de foire qui allait amuser la galerie. Non seulement les autres étudiants avaient l'air de le reconnaître et c'était terriblement gênant, mais si ses amis s'y mettaient, il allait vraiment finir par se cacher sous la table. Il soupira lourdement et vint soutenir sa tête d'une main, logeant le menton dans le creux de celle-ci.
— Qu'est-ce que vous voulez savoir ?
— Tout !
— Moi je veux savoir si ta sœur s'est mariée par amour ou pour la thune.
Felix asséna une tape sur le crâne de Jeongin et celui-ci ne put s'empêcher de rire.
— T'es con ? Dayoung est blindée, c'est plutôt le type qui l'a épousée pour son argent.
Jisung fronça les sourcils tout en observant ses amis débattre sur le sujet. Il devait bien avouer que certaines de leurs suppositions étaient intéressantes. Lui aussi se posait les mêmes questions, et il avait sa petite idée quant à la réponse, même si ses parents tentaient de faire passer ça pour une union romantique. Mais tout sonnait faux.
— Après, on peut pas nier que le marié est canon, lança Ryujin.
Ils se tournèrent tous vers elle, puis vers Jisung. Il se crispa de la tête aux pieds et cligna des yeux à plusieurs reprises.
— Quoi ?
— Tu le trouves comment toi ?
Il eut du mal à avaler sa salive. Il n'allait pas leur lâcher qu'il le trouvait si séduisant qu'il avait même rêvé de lui dans des positions indécentes. Il essaya de rassembler ses esprits, mais le seul mot qui lui venait en tête était « sexy », et il était incapable de trouver un autre adjectif. Quoique « Mystérieux » pouvait aussi faire l'affaire. Et en plus, c'était peut-être mieux comme ça, il n'allait pas non plus aller trop vite en besogne.
— Mystérieux ? grimaça Ryujin. C'est pas ce que tes yeux me disent.
Cette fois, Jisung piqua un fard et ses amis se penchèrent vers lui, impatients d'entendre ce qu'il avait vraiment à dire au sujet de son beau-frère. Ils se mirent à sourire de manière équivoque, comprenant parfaitement que Jisung avait quelque chose de plus croustillant en tête. Déjà qu'il se sentait épier par les autres étudiants, les regards insistants de ses amis n'arrangeaient rien. Il fut envahi d'une désagréable sensation de chaleur et un puissant frisson lui parcourut l'échine.
— Il est… il est pas mal, c'est vrai
— Juste pas mal ? demanda Jeongin, un sourcil haussé.
Jisung ferma les yeux un court instant avant de se mettre à fixer la table.
— Il est charmant.
Un silence s'installa, sa réponse n'avait encore une fois convaincu personne. Sa voix tremblait et s'était faite plus faible, signe qu'il était en train de modérer ses propos. Qui croyait-il tromper ? Il n'arrivait déjà pas à se convaincre lui-même. Et soudain, cette pensée le terrifia. Et si Minho avait compris tout ce qui lui était passé par la tête ? S'il avait su déceler à quel point il était attiré par lui ? Il inspira et expira lentement.
— Vous voulez la version classe ou honteusement honnête ? demanda-t-il.
Jeongin pouffa de rire.
— Accouche, on va pas y passer la nuit.
— Il est vraiment bandant.
Felix manqua de s'étouffer avec son thé glacé. Ryujin ouvrit la bouche si grande qu'elle donna l'impression de s'être décrochée la mâchoire. Elle se tourna vers Jeongin qui affichait un sourire malicieux tout en acquiesçant.
— Comment tu parles de ton beau-frère, fit la jeune femme faussement choquée par ses propos.
En réalité, elle était plutôt étonnée que Jisung ose se montrer si franc sur ce qu'il ressentait. Certes, ils finissaient toujours pas lui tirer les vers du nez, mais il n'avait jamais été aussi direct dans ses paroles.
— Sungie ! T'as pas honte !
Felix se mit à rire.
— Si justement, j'ai super honte, avoua-t-il.
L'ambiance redescendit aussitôt. Son air était grave et ses amis comprirent qu'il y avait quelque chose qui le perturbait. C'était bien d'en rire, mais si Jisung ne plaisantait pas et se montrait aussi sérieux d'un seul coup, alors ils savaient qu'il y avait un enjeu plus important.
— Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Felix.
— Vous trouvez pas ça… dérangeant ? demanda Jisung à voix basse.
— Que tu le trouves bandant ? Pas vraiment. Mais il y a autre chose ?
La question de Ryujin le fit bruyamment déglutir et il hocha la tête. Son cœur s'était mis à battre avec force sans sa cage thoracique et il ne parvenait pas à le faire décélérer.
— Merde, me dis pas que t'as eu le coup de foudre ? demanda Jeongin d'un ton lourd.
— C'est pas ça. C'est juste qu'il m'attire énormément physiquement et… il se peut que j'ai rêvé de lui il y a deux nuits.
— Putain, t'es dans la mouise mon gars.
Il soupira et ne put qu'admettre que son ami avait raison. Mais il pouvait se réjouir d'une chose : il n'allait pas revoir Minho de si tôt, et peut-être que cela atténuerait peu à peu sa fascination pour lui. En attendant, il avait des cours à assurer et cela lui permettrait de se changer les idées.
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