Chapitre 2
Il marchait d'un pas taiseux, ayant passé la porte de chez lui, faisant de sorte qu'aucun bruit ne retentisse sur le sol déjà abîmé. Balançant son sac dans le canapé décrépi, la première chose qu'il fit fut de se diriger vers la chambre de sa tante voir ce qu'elle y faisait.
La maison était silencieuse, image d'un bon comme d'un mauvais signe. Bon, parce que sa tante s'était calmée et attendait patiemment le retour de son neveu. Ou mauvais car elle avait cédé à l'envie de rejoindre sa sœur dans l'au-delà.
Lorsque Ciel poussa la porte, il ne put rien distinguer dans cette pénombre nocturne. Attendant patiemment que son œil s'habitue au noir, son cœur comme toujours battait à cent à l'heure dans la peur qu'un cauchemar sanglant ne pointe le bout de son nez.
Il souffla soulagé quand il sentit une respiration faible, puis un corps se soulever et se rabaisser sous une couverture.
Tentant de doucement refermer la porte, il entendit :
- Ciel, c'est toi ?
Et il ne savait pas comment y répondre. Il est vrai que c'était une question simple mais tout le monde n'était pas dans les chaussettes du jeune homme. Personne ne connaissait aussi bien sa tante que lui. Et il ne savait pas dans ce réveil momentané, si elle était redevenue la personne enjouée qu'elle avait toujours été ou tout simplement, était restée au même stade dépressif qu'il y a ce matin.
Dans quelle phase était-elle?
- Tu aurais dû me réveiller Ciel. Il est clair q... Ô Putain, il est tard, j'aurais dû faire à dîner... Pourquoi tu ne réponds pas ?, se leva-t-elle. Est-ce toi Ciel ?
Et au ton calme employé, le jeune homme su de suite qu'il avait retrouvé celle qu'il ne détestait pas.
- Non, poussa-t-il la porte soulagée. En fait je suis un cambrioleur qui comme par hasard possède les clés de l'appartement... Ah, mais je viens de me rendre compte qu'il n'y avait rien à piquer dans cet appart en ruine.
- Hoy, tu y vies également je te signale .
Sa tante se dirigea chancelante vers la porte et alluma l'interrupteur que Ciel avait oublié d'enclencher. La lumière les aveugla tous les deux, et ils jurèrent '' Putain de merde !'' au même moment avant de rigoler comme deux idiots.
- Alors dis-moi jeune homme, qu'est ce qui t'as mis de mauvaise humeur aujourd'hui?
- Je ne suis pas de mauvaise humeur
- Bon, de plus mauvaise humeur que ta tête de grincheux habituelle?
Il pensa immédiatement à la proposition de son boss qu'il avait direct refusée en sachant à qui il avait à faire.
- Rien, répondit-il. Et si tu me faisais cette cuisine dont tu as tant parlé?
- Avec plaisir.
- Pourvu que ce soit digeste, murmura-t-il à peine audible. Mais sa tante l'entendit et l'ébouriffa les cheveux en signe de punition. Elle savait qu'il détestait cela, comme toutes les personnes qui savaient qu'il était assez complexé par sa taille. Il avait dix-sept ans, en plein dans la force de l'âge – selon lui- et ne trouvait pas normal, voire injuste qu'il fasse moins d'un mètre soixante-cinq pour un homme.
Il était plus court que sa tante, bon sang !!! Et cela avait le don de l'irriter.
Il se dégagea et sans attendre une énième punition de sa part alla aux toilettes faire ce qu'il avait à faire. Trente minutes plus tard, il se retrouvait assis à la table de la cuisine, finissant des biscuits et en train d'observer celle-ci de dos préparer dans un tablier rouge qu'il trouvait infiniment agresseur pour les yeux, mais qui étrangement lui allait si bien... Car, répétait-t-elle souvent, cette couleur lui rappelait toujours celle des bons jours.
- Tu n'as rien pris de sucré, j'espère? lui demanda-t-elle subitement.
Et il cacha en un éclair le paquet de biscuits qu'il dévorait.
- Non, pour qui tu me prends?, répondit-il faussement offusqué avant de changer rapidement de sujet de conversation. On bouffe quoi ?
- Spaghettis sauce tomate.
- Et c'est ça cette spécialité dont tu n'arrêtais pas de me faire les éloges depuis la veille pour fêter nos trois ans de vies communes ?
La tante se retourna brusquement, plantant menaçante la spatule de la sauce en face du visage de son neveu, arquant un sourcil en guise de défit lui disant clairement '' Oseras-tu répéter ?''.
Il sourit, regardant cette arme de destruction massive.
- Des pâtes ?! Quand même !
Ce qui lui valut une giclée de tomate lui barrant le visage. Il nettoya cette marque d'un doigt qu'il amena à la bouche et ajouta :
- Ça manque un peu de sel tout ça.
Sa tante roula des yeux, lui présenta à nouveau son instrument, avant de se retourner prendre la salière du placard.
- Le dîner sera prêt dans cinq minutes, mets la table!
Ciel grogna : « J'aimerais bien mais je suis couvert de sauce maintenant. Je devrais peut être pren...
Une autre giclée vint dans sa direction.
- Ok ! Compris Chef !
Il savait quand il ne fallait pas lutter.. Il s'empressa de mettre les couverts alors que sa tante chantait sur un vieil air d'Elton John, leur rappelant à tous deux leurs racines anglaises .
- Et le boulot ?, lui demanda-t-elle alors qu'il dégustait le repas sans goût de sa tante. Les pâtes ressemblants à un plat de nouilles insipide patogeant dans une rivière de colorant rouge fâde.
- Bien.
- Et les pâtes ? Tu aimes ?, lui demanda-t-elle à nouveau.
Il lui lança un grand sourire hypocrite dont sa tante fit mine de ne pas être consciente.
- Absolument Délicieux!
- Je devrais peut être prendre des cours. Sinon, nous finirons par mourir tous les deux. Regarde comme tu es maigre. Qui sait, c'est peut-être ma mauvaise cuisine qui est la cause de ton retard de croissance.
Ciel émit une plainte désespérée car il savait que son interlocutrice avait dit cette dernière phrase juste pour lui faire payer sa critique gastronomique.
-J'ai compris Red. Je capitule.
Elle flasha un sourire triomphant. Qu'est-ce qu'elle adorait se payer la tête de son neveu préféré? Même si techniquement, elle n'en avait qu'un seul de neveu.
- Pas de mecs mignons en vue ?
- Hmmm ?!
- A ton boulot, je voulais dire. Tu me parlais d'un nouveau récemment.
- Y'a rien à dire.
- Je pensais que les blonds étaient ta tasse de thé.
- Pourquoi tu me dis ça?
- Pour rien..., touillait-elle nonchalamment dans son assiette. Il était clair qu'elle même en détestait le goût. Tu vois, la fois passée, je rentrais du cabinet et je ne sais par quel incroyable hasard, j'ai vu une petite forme avec une coupe à la Justin bieber marchant main dans la main avec un homme... Je me suis dite, tient, ne serait-ce pas mon merveilleux neveu? Je voulais lui dire bonjour, ainsi qu'à son petit ami, alors j'ai traversé la rue le rejoindre, idée de lui faire une surprise...
Ciel voyait désormais où elle voulait en venir. Et il savait que la suite ne lui plairait guère.
- Arrête ça Red.
- Attends, je n'ai pas fini mon récit... Tu ne connais pas la meilleure? La surprise, c'est moi qui l'ai reçue quand je vous ai vu vous embrasser goulûment, sa main passant dans ton pantalon.
Ciel rougit aussitôt, se levant brusquement.
- Je ne t'entends plus.
- Je ne savais pas qu'on était capable de se dévorer les lèvres ainsi... C'est sûr que c'était mieux que des spaghettis. Oh My Gosh , c'était un spectacle. J'en suis encore toute retournée.
Ciel passa ses mains sur ses oreilles, s'isolant de tout bruit aux alentours. Il s'échappa en protestant avoir rapidement besoin d'une douche. Ce qui fit rire sa tante de plus belle, balançant ses mèches rouges dans tous les sens. Mèches, qui lui valaient de tous le surnom de Red.
Comme toujours, il eut du mal à pénétrer dans cette salle de bain qu'il trouvait un peu trop petite.- Non, en fait l'appartement en lui-même était déjà assez petit. Mais sa tante s'amusait à lui rappeler que dans cet espace, c'était sûrement lui qui était la plus petite chose, donc il ne devrait pas autant se plaindre.
Quand il finit de rendre son corps aussi pur que son esprit pouvait l'être, la petite famille s'assit en face de la télé. Et Ciel pour la première fois, sut qu'il se sentirait bien le reste de la journée.
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