XVI.


           Malonn avait levé les yeux et était parti dans le salon pour se poser dans le canapé, ne souhaitant s'épancher sur la nouvelle. Il entendit tout de même : 

— Ton frère aime les hommes ? 

C'était la voix de son père, auquel son frère répondit : 

— Ah, c'est pas à moi de le dire. 

— Tu viens de balancer ton frère, ne fais pas semblant d'être une personne respectueuse, répondit son père d'un ton désespéré. 

La conversation à son sujet se termina là et poursuivit sur la chasse. Malonn détestait ça. Sa mère avait bien tenté de l'initier, mais tuer par passion, pour s'amuser, il trouvait ça juste écœurant. Il aimait trop les animaux pour leur retirer la vie. 

      Heureusement pour lui, personne ne parla de son homosexualité durant le repas. Ils essayèrent de le faire un peu parler, de lui, sa vie, de son travail, mais Malonn disait le strict minimum. Il n'aimait pas parler de lui et il n'avait pas envie de parler avec eux. Ses parents avaient foutu leur famille en l'air avec leurs conneries, Malonn ne leur pardonnait pas. La seule attention qu'il portait, c'était envers sa petite-sœur et un peu envers son frère. Ils seraient toujours là pour eux, même s'il n'était pas très présent pour l'instant. Il avait besoin de prendre ses distances avec cette famille toxique. 

Le repas dura cinq heures interminables et Malonn comptait bien repartir après. Seulement, quand il entendit sa sœur crier " y'a de la neige " avec un enthousiasme débordant, Malonn en eut des sueurs froides. Il se dépêcha de regarder à la fenêtre et pâlit en voyant les couches énormes de neige. Il ne pourrait jamais repartir en moto... 

Son moral au plus bas, son père s'exclama : 

— Génial, tu dormiras à la maison, comme ça. 

Il savait très bien que Malonn souhaitait rapidement s'enfuir, d'ailleurs, c'était la raison pour laquelle il était venu. 

Il partit à l'étage, dans la salle bibliothèque qui appartenait à son père. C'était assez petit et des tonnes de livres l'entouraient,  il s'y sentait bien ici, à l'écart des autres. Il s'assit sur le sofa et sortit son téléphone. Il avait reçu des messages de Neilio. 

Neilio : Bébé, je suis devant chez toi ! :D 

Neilio : Viens m'ouvrir, j'attends ! 

Neilio : Malonn ? 

Neilio : Tu dors, Ma' ? 

Neilio : Réveille toi ! 

Neilio : d'ailleurs, pk c'est fermé ??? Normalement tu laisses toujours ouvert 

Neilio : Ma', ça va faire une demi-heure que j'attends que tu te réveilles... 

Et encore plein d'autres. Malonn s'empressa de lui répondre. Quel boulet ! 

Malonn : Je suis pas chez moi idiot, je suis chez ma famille. 

Son ami lui répondit aussitôt. 

Neilio : Merde !!! Ca fait 2H que je t'attends moi !!! C'est où chez tes parents ? Je peux venir, au moins je les rencontrerai :) 

Malonn : C'est une demande ou une affirmation ? 

Neilio : Affirmation, chef ! 

Malonn sourit. Il s'en doutait. 

Malonn : Laisse tomber, il neige, je suis coincé ici

Neilio : Il y a sûrement des trains, donne-moi la ville, je vais regarder

Malonn lui envoya le nom et l'adresse. Après ça, plus aucune réponse. Ney avait probablement été voir à la gare directement. Pendant ce temps, sa sœur en profita pour le rejoindre. 

— Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-elle en s'asseyant à ses côtés. 

Le jeune homme l'attira vers lui pour la prendre dans ses bras et lui faire des bisous dans les cheveux. 

— Je reste au calme. 

— Tu veux pas voir papa et maman ? questionna la petite fille. 

— Pas vraiment, avoua-t-il. 

— D'accord, on a qu'à rester à deux alors. 

Malonn sourit et hocha la tête. Très bonne décision. 

— Tu sais, tu peux venir quand tu veux chez moi, Charline. 

— J'aime pas monter sur ta moto, ronchonna-t-elle. 

— Je vais acheter une voiture. 

Charline releva le visage vers lui, les yeux pétillants. 

— C'est vrai ? demanda-t-elle pleine d'espoirs. 

Malonn hocha la tête. Il y pensait depuis un moment et il avait les moyens de s'en acheter une, puis, il pourrait enfin avoir sa petite-sœur chez lui. 

— Tu sais, je pourrais même vivre chez toi, proposa-t-elle. 

Malonn pouffa et déposa un autre baiser dans ses cheveux. 

— Ta place est avec les parents, Charline, pas avec ton grand-frère. 

La petite fille fit une mine boudeuse. 

— Toi, au moins, tu m'aimeras pour toujours, pas comme papa et maman. 

— Pourquoi tu dis ça ? demanda Malonn, curieux et inquiet de ses croyances. 

— Papa est toujours avec sa nouvelle copine, il lui fait des câlins et des bisous toujours à elle et moins à moi, et maman passe son temps avec son fiancé que je déteste, elle veut même plus que j'aille là-bas et elle vient de me voir une fois par mois ici, expliqua sa petite-sœur. 

Malonn fronça les sourcils. 

— Mais non, ils t'aiment toujours autant, ne t'en fais pas. J'irais leur parler, ok ? 

Charline hocha la tête. Voilà ce qui l'énervait, ils avaient tout fait volé en éclats et en plus, ils se consacraient à leur nouveau conjoint en oubliant qu'ils avaient encore un enfant en bas-âge. 

Finalement, les deux finirent par s'endormir, dans les bras l'un de l'autre. Cependant, leur sommeil ne dura pas assez longtemps à son goût, car son téléphone se mit à vibrer plusieurs fois. Malonn grogna avant de décrocher, voyant le prénom de son ami inscrit sur l'écran. 

— Je suis à la gare, viens me chercher je sais pas où aller, lâcha Neilio.

Il raccrocha juste après. Malonn écarquilla les yeux. A la gare ? Celle de cette ville ? Déjà ? Il regardait l'heure, il avait dormi presque deux heures. Il s'empressa de réveiller sa petite-sœur, elle allait l'accompagner pour aller chercher Neilio. Elle se réveilla difficilement et Malonn lui expliqua la situation. 

— On va aller chercher Neilio à la gare, il est venu. Par contre, tu ne lui dis rien à propos de ce que je t'ai dit, ok ? s'assura-t-il. 

— Il sait pas que tu es amoureux de lui ? demanda Charline. 

— C'est ça. Je lui dirais... Plus tard. Mais là, tu te tais, sinon je serais vraiment fâché ! 

La petite fille hocha la tête et ils partirent s'habiller chaudement pour affronter plusieurs minutes dans le froid hivernal. 




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