XV.


    Malheureusement, Neilio était vite reparti chez lui, étant donné qu'il avait encore un repas de famille pour noël. Il avait, de nouveau, proposé à Malonn de l'accompagner, mais il avait refusé. Il devait lui aussi voir sa famille, même si ça ne l'enchantait pas. 

Peu de temps après son départ, il partit pour une heure de route, rejoindre la maison familiale. Il aurait aimé que Neilio soit avec lui, mais il ne pouvait pas lui demander de venir, il avait des choses à faire, plus importantes. 

     En arrivant devant la maison où il avait grandi, des frissons apparurent sur sa peau. S'il pouvait fuir, il l'aurait fait depuis longtemps, mais il avait des responsabilités, puis, il voulait aussi voir sa petite-sœur qu'il n'avait pas vu depuis six mois à peu près. Elle commençait à lui manquer. 

Il entra sans même toquer, plus dans un reflexe d'enfance plutôt qu'un signe d'impolitesse. Il rejoignit le salon, dont certaines petites modifications décoratives avaient été faites. 

— Malonn ? demanda une voix féminine. 

Celui-ci se retourna et vit Lina, la petite copine de son frère. Elle lui offrit  aussitôt un grand sourire et lui fit la bise, tout en posant sa main sur son avant-bras. 

— Je suis contente de te voir, je pensais pas que tu ne viendrais pas. 

Malonn haussa les épaules, ne sachant que répondre à ça. 

— Où sont-ils ? questionna le jeune homme, ne voyant aucune trace de sa famille. 

— Oh, ton père est aux fourneaux, Alexi et ta mère sont partis chasser avec des amis et Charline est dans sa chambre. 

— D'accord, merci. 

Il la contourna et partit à l'étage, dans la chambre de sa sœur. Quand il passa devant son ancienne chambre, qu'il avait partagé avec son frère, il eut la curiosité d'aller vérifier à quoi elle servait désormais. Il ouvrit la porte de la chambre et y vit une grande salle de jeu pour Charline, colorée de bleu et de rose. C'était plutôt mignon. Il partit ensuite rejoindre sa petite-sœur. Cette fois, il toqua avant d'entrer et il eut un léger sourire en entendant la petite voix enfantine qui lui répondit. 

Elle était en plein milieu de la pièce, assis sur un tapis blanc en train de faire des bracelets avec des perles. Ses grands yeux bleus se tournèrent vers lui. Malonn était fasciné par la beauté de sa petite-sœur, ses yeux qui ressortaient énormément avec sa couleur de peau, ses cheveux bouclés et son petit nez en trompette étaient adorables. C'était une poupée grandeur nature. 

— Ah, t'es là, toi, lâcha-t-elle sans émotions, avant de se concentrer de nouveau sur son bracelet. 

Charline avait à peu près le même caractère froid et distant que lui. Mais dans cette situation, elle était plutôt en colère car il ne venait que très rarement la voir, alors elle lui faisait payer en se comportement de cette manière. Du haut de ses neuf ans, elle était déjà très manipulatrice, ce qui le faisait toujours rire. 

Malonn se mit derrière elle et vit que les perles qu'elle enfilait pour faire un bracelet formaient un prénom. 

— Anaïs ? Qui est Anaïs ? Ta meilleure amie ? demanda-t-il. 

— Non, c'est mon amoureuse. 

Le jeune homme haussa un sourcil, il ne s'était pas du tout attendu à cette réponse. Il s'assit sur son lit et la regarda s'affairer pour son amoureuse

— Tu es amoureuse d'elle ? 

— Bah oui, elle m'a offert un collier avec un cœur et elle a dit que j'avais une belle jupe, lança Charline, comme si c'était évident et que Malonn était très bête de poser cette question. 

— Et donc, c'est ta petite-copine ? 

Elle hocha la tête, toujours concentrée sur les perles. 

— Sa maman a dit qu'on pouvait tomber amoureuse d'une fille si on l'était et que c'était normal, alors on a le droit, répliqua-t-elle. 

La petite fille releva son regard vers Malonn et lui fit ses yeux autoritaires. 

— Et si tu trouves que c'est pas bien, je m'en fiche ! 

Malonn retint un rire. Si seulement elle savait avec qui allait son grand-frère. 

— Non non, c'est bien si tu es amoureuse d'elle, mais j'espère qu'elle fera pas de peine à ma petite-sœur, répondit-il. Si elle te rend triste, je serais pas content. 

Charline leva les yeux au ciel, mais Malonn remarqua un petit sourire quand elle baissa la tête. Elle jouait les dures, mais c'était un vrai cœur tendre à l'intérieur. 

Malonn s'assit en face d'elle et prit quelques perles dans ses mains. 

— Je peux te faire un bracelet ? 

— T'es pas un peu trop vieux pour ça, Ma' ? le rembarra-t-elle. 

— Mais non. 

— Comme tu veux, tu prends juste pas les cœurs, je vais les utiliser pour faire un collier à Anaïs. 

— Hé ben, certains ont de la chance, lança-t-il. 

— Si tu étais plus souvent là, je pourrais peut-être t'en faire, dit-elle sournoisement. 

Et toc. Comme Malonn l'avait dit, elle était très futée. Il commença alors à élaborer son bracelet, cherchant les perles qui s'accorderaient bien ensemble. 

— Je vais te raconter un secret, moi aussi j'ai un amoureux, avoua Malonn. 

Charline lui offrit enfin un sourire, qu'il lui rendit aussitôt. 

— Comment il s'appelle ? s'intéressa-t-elle. 

— Neilio. 

— C'est joli, trouva-t-elle. 

— Anaïs aussi, sourit-il. 

Il réussit une nouvelle fois à la faire sourire. C'était toujours ça, elle le boudait les premières minutes, puis il arrivait toujours à détendre l'atmosphère et à la faire succomber. 

La conversation dériva sur un peu tout et rien. La petite fille lui racontait sa vie à l'école, à la maison, elle lui expliquait qu'elle détestait devoir faire une semaine chez papa, une autre semaine chez maman. Elle voulait rester que chez son père, car c'était lui qui les avait élevé et c'était lui qui avait gardé la grande maison familiale en pleine forêt. Malonn la comprenait, il n'aurait aimé non plus, mais elle n'avait pas le choix et devait se plier au jugement. 

Enfin, ils descendirent quand leur mère les appela. Tout le monde était étonné de le voir, mais plutôt ravi qu'il soit enfin venu. 

— Tu n'as pas ramené ton copain ? questionna Alexi. 

— Un copain ? s'étonna leur mère. 

— Qu'est-ce que tu racontes, souffla Malonn. 

— Oui c'est vrai, tu m'as dit que tu avais un amoureux, alors pourquoi tu ne l'as pas ramené aujourd'hui ? J'aimerai le voir, moi, lâcha Charline. 

... Ou comment faire son coming-out plus vite que prévu. 


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