XI.


    Malonn écarquilla les yeux devant sa demande inédite. Il s'attendait à tout, sauf à ça. 

— C'est une blague ? demanda-t-il, finalement. 

D'un côté, il espérait que ça le soit, parce qu'il n'avait pas envie de goûter une chose dont il n'aurait peut-être plus jamais après, et d'un autre, il avait tellement envie de l'embrasser, rien qu'une fois. 

Neilio continuait à tenir sa main, pour ne pas qu'il fuit. 

— Non ! Je veux juste qu'on s'embrasse, après tout, on est amis, on s'en fiche, non ? tenta Neilio, avec un faux sourire. 

Il se donnait des airs de mec sûr alors qu'en réalité, il était à deux doigts de trembler. Malonn le connaissait assez bien pour ça. 

— Pourquoi tu veux qu'on s'embrasse ? questionna Ma'. 

— Pour me faire mon propre avis, lâcha-t-il, fier de lui avoir pondu une de ses phrases. 

Malonn soupira. Il se rendait compte qu'il s'était enfoncé une épine dans le pieds tout seul, en lui disant de réfléchir par lui-même. Somme toute, il aurait mieux fait de se taire. Il essaya de reprendre sa main, mais l'autre la garda bien fermement entre ses doigts. 

— Réfléchir ne veut pas dire agir, idiot. 

— Yes, mais agir vient après réfléchir. On s'embrasse ? demanda-t-il, cette fois, d'un réel sourire. 

L'adulte en avait profondément envie, mais il était assez mature pour comprendre que se serait pire pour lui, que de l'embrasser de manière innocente. Déjà, quand il dormait avec lui ou quand il le voyait à moitié nu, il fantasmait pendant des jours et des jours, alors l'embrasser... Non, mauvaise idée. 

— Non, je refuse, lâcha-t-il, sûr de lui. 

Il réussit à récupérer sa main et se tourna, sauf que Neilio en profita pour se jeter dans son dos et de l'entourer de ses bras fermement. 

— S'te plaît, bébé ! 

— Non, Neilio ! gronda-t-il. 

— Malonn, aide-moi un peu ! 

— Débrouille-toi. 

— Allez, je veux le faire avec toi et personne d'autre. Même si je ressens des choses, je te jure que je t'embêterai pas, promis juré ! 

— Neilio, non, c'est non, compris ? Je veux pas, point. 

Malonn essayait d'être le plus dissuasif possible. Il savait qu'il était possible qu'il craque. 

— Ma', fais moi un peu plaisir ! T'es toujours là pour moi, et là, je veux que tu le sois encore. T'es le seul mec que j'ai envie d'embrasser. Au pire, ça te fera juste une expérience gay, ça peut être cool, non ? tenta Neilio de le convaincre. 

Si seulement il savait que toutes ses expériences étaient gays. S'il avait vraiment voulu lui proposer une expérience, ça aurait été avec une fille. Rien de nouveau dans sa proposition, à part qu'il allait embrasser, pour la première fois, un garçon qu'il aimait. Il n'avait jamais éprouvé de sentiment pour quelqu'un, avant Neilio. 

Malonn ne lui répondit pas et retira ses bras autour de son corps, ce ne fut pas compliqué, étant donné que leur corps étaient l'opposé l'un l'autre. D'une part, un grand et musclé métisse, de l'autre, un petit brun à la gueule d'ange, ou d'idiot, au choix. 

Neilio le supplia encore un bon quart d'heure, avant de s'essouffler tout seul. A cause de cette demande, Malonn n'arrêtait pas d'y penser et ne parvenait plus à se concentrer sur le film qui passait à la télé. Il imaginait Neilio dans ses bras, lui offrant ses lèvres. 

Il passa une main sur son front, il devait arrêter d'avoir des images d'eux dans sa tête, au risque de réveiller une partie de lui, qu'il ne souhaitait absolument pas voir. 

       Deux heures après, il le raccompagna chez lui, étant donné que Malonn travaillait le lendemain, mais aussi pour éloigner la tentation. Dans la voiture, Neilio se pencha vers lui mais Malonn s'écarta, ayant peur de ce qu'il pourrait faire. Il embrassa seulement sa joue en souriant. 

— T'as peur que je t'embrasse, bébé ? lâcha-t-il, sur un ton joueur. 

Malonn, emporté par son ton taquin, se rapprocha à quelques centimètres de lui et lui répondit : 

— Si jamais tu essayes, tu finiras avec la lèvre inférieure en sang, souffla-t-il, la voix mi-sombre, mi-malicieuse. 

Neilio s'avança lui aussi, les yeux louchant sur ses lèvres. 

— Arrête, ta sauvagerie pourrait bien me faire bander. 

Cela eut le don de faire réagir Malonn, qui sentit son ventre se retourner d'excitation. Sans compter sur le souffle chaud qui s'échouait sur son visage, dû à leur proximité. 

Malonn donna tout ce qu'il pouvait pour ne pas écraser sa bouche contre la sienne et lui faire tourner la tête. 

— Je vais tout faire pour réussir à t'embrasser, Malonn, et ce jour-là, je suis sûr que tu vas kiffer. 

Neilio ouvrit ensuite la porte et repartit chez lui. Il n'y avait aucun doute là dessus. Malonn craignait le pire, il savait que Neilio réussirait et à ce moment-là, il sera foutu. 

    C'est donc naturellement, que Neilio lui fit du rentre-dedans les jours qui suivirent. Il s'amusait à lui envoyer une tonne de messages et même des photos de lui. Il avait lâché, durant une sortie, devant tout les amis de Malonn " oh allez, on est intime maintenant, toi et moi, on peut s'embrasser ", parce que Ma' lui avait tendit sa main pour dire bonjour. Personne n'avait compris et après ça, ils s'étaient ligués contre lui, soutenant Neilio dans la conquête de sa bouche. Ils avaient même essayé de le faire jouer à un jeu de la bouteille, mais Malonn avait passé l'âge pour ces conneries. 

Il eut un moment de répit avant Noël, cependant. Tout le monde était occupé à faire les préparatifs et à acheter des cadeaux pour leurs proches. Malonn en était exempté, étant donné qu'il passait les fêtes seul. Sa famille l'avait encore harcelé pour qu'il vienne, mais il avait refusé, il détestait ça, alors pour une fois qu'il pouvait y échapper, il n'allait pas se gêner. 

      Alors, le jour du réveillon de noël, après avoir passé son après-midi à travailler et à chercher un petit cadeau pour Ney, il était rentré chez lui et s'était fait un bain chaud. 

Il soupira en sentant tous ses muscles se détendre, allongé dans l'eau presque brûlante. Il ferma les yeux et posa sa tête contre un coussin qu'il avait acheté expressément pour le bain. Voilà le parfait noël pour lui. 

Alors qu'il se prélassait tranquillement, la sonnette de sa porte le tira de sa langueur. Qui pouvait débarquer un soir de réveillon ? Puis, il entendit la porte de l'entrée claquer, signe que la personne était dans la maison. Malonn fronça les sourcils, sur ses gardes.  Il n'était pas trop rassuré, jusqu'à voir le petit brun débarquer dans la salle de bain. 

— Ah, t'es là ! sourit Neilio, de toutes ses dents. 

— T'es pas censé faire la fête avec ta famille, là ? 

— J'ai dit que je reviendrais un peu plus tard et que je devais faire une chose importante, pouffa Ney. 

Neilio tenait un gros paquet emballé dans ses bras, qu'il posa par terre. Il s'accroupit devant la baignoire et plongea une main dans l'eau. Malonn se raidit aussitôt. 

— Wow, elle est méga chaude ! s'étonna-t-il. Ca doit trop faire du bien, ajouta-t-il, le regard bourré de sous-entendus. 

— Attends-moi dans le salon, j'arrive, tenta Malonn, pour l'éloigner de lui et sa nudité. 

Le lycéen leva la tête et fit semblant de réfléchir. Finalement, il se releva, mais pas pour partir. Il commença à se déshabiller, retirant son gros sweat. Malonn se dit qu'il avait juste chaud, mais quand Neilio se retrouva torse nu et qu'il s'attaqua à ses chaussures, plus aucun doute à avoir sur ses intentions. 

— Ca va me faire du bien, avant d'affronter toutes les vipères de ma famille. 

— Neilio, n'ose même pas poser un pieds dans cette eau ! le mit-il en garde, légèrement paniqué. 

— Tu ne veux pas me faire du bien ? sourit-il. 

Malonn ne savait s'il devait prendre cette phrase au premier ou au second degré. Dans tous les cas, il mourrait d'envie de lui faire du bien, voilà où était le soucis. 

— Ney, rhabille-toi ! 

— Bébé, je vais pas prendre un bain habillé, rit le plus jeune. 

L'adulte passa une main sur son visage. Il n'arriverait pas à le faire partir, ça y est, il était foutu. Il garda sa main sur ses yeux quand il sentit l'eau remuer, preuve que l'objet de tous ses désirs étaient dans le même bain que lui, nu comme un ver. 

Comment allait-il se dépatouiller de tout ça ? 

Neilio poussa un soupir de bien-être et Malonn osa enfin le regarder. La mousse cachait le bas de son corps et sa tête s'était posée sur le rebord de la baignoire, les yeux fermés pour profiter de la chaleur. 

Si seulement Neilio savait tout ce que Malonn avait en tête à l'instant, il s'enfuirait loin de lui. Il se mordit la lèvre et essaya de ne pas s'emballer. Il avait l'impression d'être un ado et d'avoir ses premiers émois ! Ce qui n'était pas faux, dans un sens. 

Neilio rouvrit ses yeux et les planta dans ceux de Malonn, un petit sourire en coin. 

— C'est la première fois que je prends un bain avec quelqu'un. 

Malonn roula des yeux. 

— C'est pas comme si tu m'avais demandé la permission. 

Le plus jeune se mit à rire doucement et commença à se mettre de la mousse sur le torse. Leurs jambes se touchèrent et Malonn retint sa respiration. S'il restait une minute de plus, il allait craquer. Alors, il se releva pour partir, une main cachant son sexe, mais Neilio fut plus rapide et le tira dans le bain. Avec l'eau, Malonn glissa et se retrouva en quelques secondes à peine, en dessous du petit brun, qui le surplombait entièrement. 

Malonn avait les yeux exorbités. Il n'arrivait pas à croire ce qu'il se passait sous ses yeux. Neilio se pencha et posa ses lèvres dans le cou humide de Malonn. Celui-ci, sentant le danger de plus en plus proche, accrocha ses hanches pour le pousser. Sauf que, au lieu de l'éloigner, sentir sa peau nue entre ses doigts le fit céder en un quart de seconde. Il inversa alors leur position, Neilio en dessous et Malonn au dessus. Le plus vieux n'en pouvait plus, Neilio l'avait trop chauffé, c'était surhumain d'être insensible à ce qu'il faisait. 

Malonn pencha sa tête vers lui, une lueur de conscience se battait contre son désir farouchement. Neilio sourit, il comprenait qu'il avait gagné. Il se releva légèrement et vint coller ses lèvres contre les siennes. Malonn s'avoua vaincu et l'embrasser à son tour. Mais pas d'un baiser doux et amoureux, d'un baiser fougueux et sauvage. Malonn lui mordillait les lèvres, plonger sa langue dans sa bouche pour venir jouer avec la sienne. Toute sa frustration et son envie débordaient de tous ses pores. Neilio lui répondit, essayant de suivre la cadence effrénée de ce baiser fiévreux. Les mains du lycéen s'agrippèrent à son dos pour s'accrocher à lui, tandis que Malonn les avait posé sur les rebords, pour ne pas glisser. 

Neilio s'écarta une seconde pour reprendre sa respiration, mais Malonn revint aussitôt sur lui, n'en n'ayant pas encore terminé avec lui. 

Il avait envie de le dévorer tout entier. 







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