VII.
Le lendemain, les deux jeunes hommes étaient sortis de nouveau, mais cette fois, avec les amis de Neilio. Ils étaient entrés facilement en boite pour ceux qui avaient dix-huit ans et les autres mineurs, dont Ney, sortaient leur fausse carte d'identité aux deux vigils. Ils avaient laissé passer Malonn sans rien lui demander, avec sa carrure de rugbyman et sa tête d'homme de vingt-cinq ans, pas de quoi avoir de doute.
Malonn les entendait piailler comme des oies, fiers d'être dans une boite de nuit. Le plus vieux s'écarta du groupe pour aller se chercher un cocktail, ainsi qu'à Neilio. Pourquoi avait-il accepté de sortir avec ses amis ? Il soupira en pensant à la soirée qu'il allait passer. Il avait eu juste envie de faire plaisir à Neilio, mais il aurait mieux fait de refuser pour rester chez lui et se reposer.
Ses yeux se glissèrent dans la foule qui dansait, à la recherche d'un type qui ferait l'affaire l'histoire de quelques minutes. Ca le détendrait peut-être.
Il n'arrêtait pas de repenser à la fois où Neilio s'était incrusté dans son lit. Il se souvint encore de la douceur de sa peau et la chaleur qu'elle dégageait. Malonn désirait plus que tout recommencer, il en rêvait même la nuit.
Il souffla de nouveau, n'apercevant personne à son goût. Il revint vers la table qu'ils avaient choisi dans le fond de la boite et s'assit aux côtés de Neilio. Il lui posa son cocktail devant lui et celui-ci lui offrit un sourire en le saisissant. Quelques regards se tournèrent vers eux, mais Malonn s'en fichait, seul Neilio était son ami, pourquoi il offrirait des verres gratos à des types qu'il ne verrait qu'une fois dans sa vie ?
Rapidement, deux d'entre eux partirent vers la piste pour aller danser, tandis que les autres parlaient des belles filles qu'il y avait, dont Neilio participait activement.
— Et toi mec, laquelle te plaît ? question un gars autour de la table.
Avec une lassitude non-dissimulée, il tourna la tête vers les gens qui se dandinaient. Ses yeux cherchèrent une tête qui pourrait, éventuellement, lui plaire un minimum. Il repéra un petit brun qui fera l'affaire.
— La blonde en robe rouge, qui danse avec le brun.
En temps normal, il aurait répondu personne, parce qu'aucune fille ne lui plaisait, mais là, il avait des ados plein d'hormones en face de lui, il avait préféré répondre pour qu'ils le laissent tranquille, sous crainte qu'ils ne le harcèlent ou devinent qu'il est gay.
— C'est ça, ton style de fille ? question Neilio, les sourcils froncés en fixant la demoiselle.
Malonn ne répondit rien. Il n'avait pas vraiment regarder la fille, c'était plutôt son mec, qui l'intéressait.
— Tu t'es fait combien de meufs, toi ? sourit un autre type, blond décoloré.
Un tas de mecs, aurait-il voulu lui répondre.
— Laisse tomber, tu le feras pas parler, pouffa Neilio. C'est une vraie tombe sur ce genre de chose.
Neilio posait juste pas les bonnes questions.
— Je suis sûr qu'il s'en est tapé, des gonzesses, avec ses épaules hyper larges et sa mâchoire carrée, ça a dû en faire mouiller, des petites culottes ! s'exclama le garçon en pouffant de rire.
Malonn n'eut aucune réaction, alors que tout le monde riait à gorge déployée, mis-à-part Neilio, qui lui fit un petit sourire gêné. Il s'excusait silencieusement de la lourdeur de sa bande.
Heureusement, ils le lâchèrent pour parler encore de filles. Il avait l'impression de voir des clones de Neilio, en beaucoup plus chiants et ennuyants. Ou c'était parce qu'il aimait Neilio, qu'il arrivait à le supporter ? Possible. Il observa les cinq garçons qui étaient avec eux, ils étaient plus ou moins beaux, mais aucun ne l'attirait. Malonn remarqua le blond qui était en face de lui, il lui jetait des regards de temps à autre. Il ne réfléchit pas à la raison de ces regards et laissa couler, de toute façon, il s'en fichait royalement.
Neilio essayait régulièrement d'inclure son ami dans leur conversation, tout en continuant à l'appeler " bébé " devant tout le monde. Malonn lançait des réponses courtes et sans aucune émotion. Il n'allait pas changer juste pour faire plaisir à Neilio. Son surnom, qui était l'armoire à glace, n'avait pas été choisi au hasard.
Une heure après, la petite bande décida d'aller un peu danser et de choper en même temps. Malonn resta sur le canapé, tandis que le blond vint se mettre à ses côtés, ce qui le surprit légèrement. Cependant, son regard demeura scotché sur Neilio.
— Vous vous connaissez depuis quand, avec Ney ?
Malonn se pencha pour regarder la petite tête blonde à ses côtés. Il avait comme l'impression que celui-ci voulait se rapprocher de lui.
— Un an, répondit le plus vieux.
— Si je ne me trompe pas, t'es le gars qui vient le chercher souvent en moto ?
Malonn hocha simplement la tête. Cela voulait dire que ce jeune homme l'avait repéré.
— C'est une BMW, je me trompe ? continua-t-il.
— La F750GS, précisa Ma'.
Il adorait cette moto, surtout qu'il se l'était acheté avec son propre argent. Il avait aussi une vieille motocross qui pourrissait dans son garage car elle avait besoin de réparation, mais comme il n'avait pas le temps en ce moment, elle restait là.
— Elle est vraiment super canon.
Malonn ne savait s'il était en train de le draguer, ou s'il s'intéressait aux motos et que le fait qu'il en ait une, le poussait à lui parler. Malonn ne répondit pas et le garçon dut se sentir gêné, car il ajouta :
— Bon, je vais pas passer par quatre chemins, je pense que t'es gay et je le suis aussi, alors je me suis dit que ça serait cool si on discutait ensemble, avoua-t-il.
— Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
— Le gaydar, pouffa le garçon. Non sérieusement, je sais pas, je le vois que tu n'es pas intéressé par ce que les mecs disaient, ça t'ennuie qu'ils aient parlé de nanas alors que tu t'en fous, toi.
Le plus vieux prit son verre en main et but une gorgée.
— Tes amis savent que tu l'es ? demanda finalement Malonn, sans lui démentir.
— Non, j'arrive pas à leur dire, alors je me laisse du temps...
Malonn hocha de nouveau la tête.
— Et les tiens ?
— Un seul.
— Neilio ? demanda le blond.
— Non.
— Oh, je vois. Dis... Est-ce que tu voudrais bien me passer ton numéro ?
Malonn se dit qu'il était maudit. De toute cette bande, composée de sept garçons, celui qui voulait aller plus loin avec lui, était celui qui ne l'intéressait pas.
— Désolé, t'es trop jeune.
— C'est une excuse bidon, ça, répliqua-t-il.
— T'es un pote de Neilio.
— Normal, on est chacun le pote de quelqu'un, rit doucement le blondinet.
Ouais, mais toi, t'es le pote du gars que je veux.
— Lâche l'affaire, tu me plais pas, lança-t-il froidement, pour bien lui faire comprendre.
Il ne supportait pas quand on insistait, seul Neilio y échappait. Le blond sembla comprendre et n'ajouta rien de plus.
Quand Neilio refit son apparition, il regarda longuement les deux garçons qui s'étaient retrouvés à côté et se fit une place entre eux. Neilio posa une main sur sa cuisse et se pencha vers Malonn pour lui dire dans l'oreille :
— Tu ne t'ennuie pas trop ?
— Si, on va partir.
— Je vais rentrer avec Luc, l'informa-t-il.
— Il a bu ?
— Non t'inquiète, il est clean à ce niveau, le rassura Neilio.
— Ok, toi, ne bois pas trop, le prévint Malonn.
Le lycéen hocha la tête en souriant et le laissa se relever.
— A demain, bébé.
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