VI.


    Malonn n'arrivait pas à penser à autre chose que sa phrase. En réponse à celle-ci, il avait hoché la tête bêtement et Neilio, satisfait, avait changé de sujet de conversation. Cela devenait de plus en plus difficile, de respecter la règle du " le laisser vivre sa vie d'ado ". 

Les jours suivants, Neilio avait continué de venir chez lui pour réviser, mais Malonn ne l'avait plus laissé dormir sous son toit, trop peur que ça dérape. 

Entre temps, le lycéen avait couché avec une autre fille et s'était empressé de le lui raconter. Encore une fois, il n'avait pas trouvé l'acte extraordinaire, mais il lui avait avoué que ça avait été mieux qu'avec Andréa. 

   Ce soir, ils fêtaient le début des vacances dans un petit bar de la ville avec sa bande de potes et, bien entendu, Neilio. Ils étaient tous assis autour d'une table et discutaient ensemble, Malonn était un peu en retrait, comme d'habitude. 

— Au fait, comment vous vous êtes rencontrés, toi et Neilio ? lui demanda Marion, une amie. 

— On était tous les deux en boîte et Malonn est venu me parler, répondit Neilio à sa place, un large sourire aux lèvres. 

A vrai dire, il n'avait pas tout à fait raison. Malonn l'avait vu pour la première fois dans cette boite de nuit, il y a un an de ça. Il avait été tout de suite attiré par ce petit brun, au sourire ravageur, qu'il apercevait au loin. Décidé à rentrer en charmante compagnie, il avait été l'abordé pour savoir s'il y avait une chance avec, cependant, lorsqu'il s'était approché, il avait directement constaté sa jeunesse et ça avait réfréné ses ardeurs. Sans compter sur le fait qu'il avait bien remarqué son hétérosexualité et son innocence flagrante dans les relations humaines. Finalement, il était resté avec lui parce que Neilio l'avait fait sourire et il l'avait trouvé mignon, en un sens. Ils avaient échangé leur numéro et Neilio l'avait, par la suite, harcelé de messages. 

— Etonnant, venant de Malonn, c'est pas le genre à aller vers les gens, fut surpris un de ses amis. 

— Il avait une bonne tête, lâcha Malonn en haussant les épaules. 

— Merci bébé, pouffa le principal intéressé. 

Malonn ne répondit rien et laissa les autres conversations reprendre. Une chose le dérangeait énormément, quelques tables plus loin, il voyait un type fixer Neilio depuis plusieurs minutes déjà. Ca commençait sérieusement à le saouler. Pourquoi est-ce qu'il le fixait ? Il se le demandait, mais au fond, il connaissait ce regard et c'est ça qui l'énervait. Il comprenait les intentions de ce mec. 

Il essaya de faire abstraction, de toute manière, l'homme pouvait tirer une croix sur Neilio, il ne sera jamais sien. Finalement, il n'y pensa plus et se mêla à une conversation de la table. Ils burent et mangèrent dans la bonne humeur, se racontant ce qu'ils avaient prévu de faire pour les fêtes de fin d'année. Malonn était le seul à fêter noël seul et tout le monde insista pour qu'il vienne dans leur famille, chacun vantait les qualités de la sienne, mais le jeune homme refusait pour tous. C'était un choix personnel. 

Neilio se leva et précisa qu'il partait juste aux toilettes, Malonn allait ignorer quand il vit le type plus loin se lever aussi. Il observa donc son ami s'éloigner et l'homme le suivre. Il tapa frénétiquement son pieds au sol, se demandant ce qu'il devait faire. Après tout, Neilio était assez grand pour se défendre ou refuser une quelconque avance. 

N'y tenant plus, il poussa sa chaise en arrière et partit à leur rencontre. Quand il entra dans les toilettes, il vit Neilio contre le lavabo et l'homme juste en face de lui, tous les deux avaient tourné la tête vers lui. 

— Y'a un problème ? demanda-t-il froidement aux deux hommes. 

— Aucun, répondit l'inconnu. 

Celui-ci sortit un papier de sa poche pour le glisser dans celle du sweat à Neilio, qui ne bougeait pas. L'homme repartit ensuite des toilettes. 

— Qu'est-ce qu'il te voulait ? questionna Malonn. 

— Euh, je crois que je viens de me faire draguer par un mec, lâcha Neilio, encore choqué de la scène qu'il venait de vivre. 

Malonn s'approcha de lui, la mâchoire contractée. Il plongea sa main dans son sweat et récupéra le bout de papier qu'il s'empressa de déplier, pour y voir inscrit des chiffres à la suite. 

— Hey ! Tu fais quoi, là ?

— Il t'a refilé son numéro, cracha Malonn, énervé. 

Neilio lui reprit des mains pour le mettre dans sa poche. 

— T'es sérieux ? demanda le plus vieux. 

— Quoi ? C'est la première fois qu'un gars me drague, je veux en garder le souvenir, sourit Ney. 

Malonn était agacé par son comportement puéril.

— T'es vraiment un gamin, gronda-t-il en se retournant. 

Il sentit un corps dans son dos l'enlacer fermement contre lui et une lignée de frissons apparue sur son épiderme. 

— Sois pas jaloux bébé, tu sais que j'aime que toi, pouffa-t-il. 

Malonn ne trouvait pas ça drôle, alors il poussa ses mains, qui avaient été crochetées sur son ventre, pour se débarrasser de lui. 

— Allez, fais-moi un câlin, Ma', pour me montrer que tu m'aimes encore, le supplia Neilio du regard. 

— Pourquoi je ferais ça ? 

— Parce que tu tiens à moi et que tu vas pas m'abandonner et moi non plus ? tenta le lycéen. 

— Tu me saoules, Ney. 

Le plus vieux tendit légèrement les bras pour lui faire comprendre qu'il acceptait et Neilio s'y jeta à cœur joie. Il referma ses bras autour de lui et le serra tout contre son corps. Le lycéen était bien plus petit que lui, ce qui était pratique pour les câlins, il devait l'admettre. L'avoir contre lui, lui faisait énormément d'effet. Son cœur s'accéléra et il espéra que l'autre ne s'aperçoive de rien. 

Il allait lui retirer le papier de sa poche discrètement, mais il se souvint de la promesse qu'il s'était faite : le laisser tranquille. S'il avait envie de se taper un gars cette fois, grand bien lui fasse, c'était ses choix, ses expérimentations et il n'avait rien à dire. 

Difficilement, il se fit à l'idée que Neilio veuille essayer avec un garçon. Il arrivait à encaisser quand c'était l'histoire de filles, en revanche, c'était bien moins digéré quand il s'agissait d'hommes. 

Il avait limite envie de l'étouffer contre lui, de l'asseoir contre le lavabo, de l'embrasser follement et de lui retirer tous ses vêtements pour le dévorer tout cru. 

Mais il n'en fit rien et ils repartirent vers leur table. 



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