IX.
Malonn s'endormit une bonne heure après que Neilio s'était assoupit, juste pour s'assurer que tout allait bien. Cependant, il s'était réveillé plusieurs fois dans la nuit à cause d'un lycéen malade d'alcool. Neilio l'avait appelé, avait secoué son bras, touché son torse et avait usé de bien d'autres moyens encore pour le tirer du sommeil. Malonn avait donc passé sa nuit à le rassurer, à lui donner de l'eau, à l'emmener dans les toilettes, à lui passer du linge humide sur le visage, à enlever la couette, à remettre la couette. Il avait veillé sur lui, comme un ami l'aurait fait.
Autant dire, il était exténué lorsque son réveil sonna pour aller au travail. Il se décida à se préparer, mais en voyant Neilio, endormit dans ses bras avec le teint cadavérique, il se résout à ne pas se présenter au musée. Il appela pour dire qu'il était tombé malade dans la nuit et qu'il ne pourra, par conséquent, pas venir travailler aujourd'hui.
Malonn se rendormit donc dans la même position, avec le garçon qu'il aimait près de lui. Son petit malade qui le rendait un peu plus dingue de jour en jour.
Finalement, il se réveilla vers midi, les yeux collants et l'impression de n'avoir dormi qu'une petite heure. Malonn décida de réveiller Neilio pour vite partir d'ici, même si le lycéen était encore en très mauvais état. Il eut beaucoup de mal à le faire revenir parmi le monde conscient, d'ailleurs, il constatait que l'autre était dans les vapes. Les seules choses qu'il savait dire, c'était " je me sens pas bien " et " reste avec moi ". Malonn espérait que cela lui donnerait une bonne leçon et qu'il arrêtera de se bourrer à en devenir malade.
— Est-ce que tu te sens capable de te doucher ? demanda le plus vieux.
Neilio était assis au bord du lit, ses mains cachant son visage.
— Non... Aide-moi.
Malonn ronchonna entre ses dents. Hors de question qu'il l'aide à se laver, tous les deux dans une salle de bain, l'objet de ses désirs à poil, en train de frotter son corps ruisselant d'eau. Il voulait bien respecter ses règles, mais il ne fallait pas non plus pousser le bouchon trop loin.
— Bon, tu te laveras plus tard. On va rentrer à la maison, est-ce que tu arriveras à t'accrocher à moi, derrière la moto ?
— Je sais pas, dit-il d'une petite voix cassée, sans jamais le regarder.
— Je roulerai pas vite, on va essayer, et si tu ne t'en sens pas apte, dis-le moi.
Il vit Neilio hocher la tête, mais ne pas bouger. Ca promettait pour la suite.
— Ney ?
— Attends, bébé, souffla-t-il.
Malonn eut un temps d'arrêt au surnom. En temps normal, il lui disait pour déconner, pour se moquer, pas dans ce genre de situation sérieuse. Est-ce que c'était devenu un reflexe, de l'appeler ainsi ?
Il s'assit donc à côté de lui et passa une main dans son dos pour le caresser doucement.
— Si tu veux, on peut dormir ici encore une nuit ? proposa-t-il.
— Non, t'inquiète.
Neilio se pencha vers lui et lui offrit un petit sourire, avec ses lèvres pâles, son teint livide et ses cernes qui descendaient bas sur ses pommettes. Malgré ça, il le trouvait adorable et mourrait d'envie de le prendre contre lui.
— Tu veux que j'aille te chercher un petit truc à manger ?
Le lycéen fit la grimace.
— J'ai encore trop mal au ventre, je vais vomir si je mange.
Neilio passa difficilement ses bras autour du cou de Malonn et les fit tomber en arrière, sur le matelas. Neilio avait posé sa tête contre son torse et Malonn mit ses mains sur son dos, tapotant comme on le faisait à un bébé.
— Désolé, j'aurais dû t'écouter et ne pas me saouler à ce point, s'excusa-t-il.
Son souffle chaud se répercutait sur la peau de son cou et cela lui donna des frissons.
— Ca t'apprendra, à ne pas m'écouter, gronda-t-il.
Un silence se fit entre les deux et Malonn savourait d'avoir le lycéen dans ses bras, même s'il puait la sueur et le vomis. Vive l'amour. Malonn pensait qu'il s'était rendormi et commençait lui même à décliner doucement, jusqu'à ce que Neilio lance une phrase.
— Tu trouves que je suis trop collant ?
Malonn sut directement qu'il faisait référence à ses amis, qui lui avaient fait remarquer son comportement pot-de-colle envers lui.
— C'est vrai après tout, tu ne dis jamais rien... Peut-être que ça te gêne ? En plus, je le fais qu'avec toi, du coup, ça doit te mettre mal à...
— Neilio, tu me connais, si je n'aimais pas ou si ça me mettait mal à l'aise, je t'aurais repoussé depuis bien longtemps, le coupa-t-il.
Le plus jeune poussa un petit rire.
— Pas faux, avec le caractère que t'as, s'expliqua-t-il, amusé. Mais je préférais te demander.
Neilio était trop naïf et innocent, il gobait beaucoup trop vite ce qu'on pouvait lui dire. Si ses amis lui avaient dit que ce n'était pas normal leur relation, alors il allait se mettre à réfléchir et à se poser des questions.
— Tu sais, j'y ai réfléchi, et moi-même, je me pose des questions.
— Quelles questions ? demanda Malonn.
— Pourquoi je suis si proche de toi ? Je me rappelle, au début, je voulais absolument te soutirer une expression, toi qui était inexpressif et froid, alors je m'amusais à t'appeler " bébé ". Pourquoi je continue encore ? Pourquoi j'aime être proche de toi ? Pourquoi j'ai besoin de savoir que t'es là, quand ça va pas bien ? J'ai tout le temps envie que tu sois avec moi, c'est... Déstabilisant, avoua Neilio.
Malonn sentit son cœur s'accélérer et pour la première fois de sa vie, il ressentit une once d'espoir naître en lui.
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