Malonn relit le message pour la centième fois au moins, il ne savait pas s'il n'arrivait à y croire, ou s'il essayait de se convaincre qu'il avait mal lu et mal compris. Mais non, c'était toujours la même chose, chaque fois qu'il le lisait. 

Neilio : Mec ! Andréa m'a proposé de venir chez elle après l'exam blanc, elle m'a fait comprendre que c'était pour plus... Tu vois le genre ? :D :D :D 

Cela faisait une heure qu'il avait reçu ce message, et à peu près une heure qu'il le regardait toutes les cinq minutes. Il lui avait demandé s'il devait aller le chercher à son lycée et Neilio lui avait répondu ça. Ce con allait donc enfin coucher avec une fille. Malonn se demandait bien comment s'y était-il pris, lui qui était gauche avec elles, par quel miracle, ou quelle débilité, cette fille avait-elle accepté ? 

Saoulé, il changea de conversation et demanda à un ami de venir chez lui, ça lui changerait les idées. 

         Jules était là depuis quelques temps déjà, ils avaient mangé des pizzas commandées et but beaucoup de bières, tant que Malonn se sentit légèrement vaporeux. 

— Ce boulet, demain il a encore bac et il baise à la place de réviser, lâcha Malonn en serrant la mâchoire. 

— De quoi tu parles ? demanda son ami, ne comprenant pas de qui il parlait. 

— Rien. 

Même s'il faisait tout pour ne pas y penser, il n'y parvenait pas. C'était plus fort que lui. Il s'était toujours rassuré en se disant qu'il était une brêle pour draguer et que, par conséquent, il n'aurait pas de copine avant très longtemps. Finalement, il avait réussi à chopper bien plus tôt que prévu.

— Je suis gay, balança-t-il soudainement. 

Il vit Jules à ses côtés se raidir, avant de se tourner vers lui avec des yeux de merlan frit. 

— Quoi ? 

— J'aime les hommes. 

— Non, non ça j'ai compris, merci, mais... Merde, j'en sais rien. Pourquoi me le dire maintenant ? Pourquoi personne ne le sait ? T'as un mec ? demanda-t-il. 

Malonn sourit devant tant de curiosité. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait ressenti le besoin de lui dire. Au moins à une personne, car il était le seul à savoir qu'il aimait les hommes. Il jugeait sa sexualité personnelle et intime, donc il l'avait gardé pour lui. Personne ne lui avait demandé de quel bord il était, alors il n'avait jamais eu le besoin de le dire.  

— Je sais pas, c'est personnel et non, pas de mec. 

— T'as quelqu'un en vue ? questionna Jules. 

Il ne savait pas s'il devait lui avouer ou non. S'il disait oui, Jules allait tout faire pour savoir qui, et s'il lui disait que c'était Neilio, alors il ferait tout pour le caser avec. Quel dilemme. 

— Neilio, lâcha-t-il finalement. 

Jules semblait s'étouffer avec sa salive et ses yeux étaient encore plus gros qu'à la découverte de son homosexualité.

— Neilio, l'adolescent en rut que tu nous ramènes en soirée ? demanda-t-il, éberlué. 

Malonn soupira en hochant la tête. C'était bien lui, l'espèce d'abruti un peu trop collant. 

— Bah là, faut dire que tu me surprends. Je te vois pas du tout avec un mec comme ça. Toi, t'es archi posé, lui, c'est tout le contraire. A croire que son but dans la vie, c'est de se dépuceler, rit Jules. 

— Il est en train de se faire dépuceler, à l'heure actuelle. 

— Quoi ? 

— Il couche avec une fille, lâcha Malonn en buvant une gorgée de sa bière. 

— Mais, comment tu sais ça ? demanda Jules, les sourcils froncés.

— Il m'a envoyé un message pour me le dire. 

— Oh merde... Comment tu le prends ? 

Malonn ne savait quoi répondre à cette question, parce qu'à vrai dire, il ne savait pas vraiment comment il réagissait face à ça. D'un côté, il s'en mordait les doigts de ne pas le retenir et ça le rendait malade que Neilio offre son corps à une fille et inversement, puis d'un autre, il était jeune, il avait le droit d'expérimenter à droite et à gauche, c'était normal pour un gamin de son âge. Malonn n'avait pas le droit de le priver de sa découverte de lui-même. 

— Il est jeune, c'est son droit. Après, il sera obligé d'avoir une vie bien rangée avec une femme et quatre gosses, je peux pas lui enlever la liberté qu'il a aujourd'hui. Autant qu'il en profite, lança Malonn en haussant les épaules, comme si rien de tout ça ne le touchait. 

— T'es vraiment chelou, des fois. T'es amoureux, fonce ! Au lieu de penser à son épanouissement et tout et tout. 

Malonn comprit son raisonnement. Il se doutait que chaque personne à qui il raconterait son attirance envers Neilio lui dirait la même chose, mais il avait son avis tout tracé et il ne comptait pas en changer. 

Ca l'horripilait qu'il veuille et qu'il aille coucher avec des autres, mais au moins, il sera fixé, il saura ce qu'il aime et ce qu'il n'aime pas. C'était une partie importante de la vie, c'était ce qui faisait devenir adulte. Les jeunes doivent faire des bêtises et des erreurs pour pouvoir se construire. 

      Alors qu'ils regardèrent une émission complètement bête, juste pour se moquer, la sonnette de sa porte retentie. Malonn se leva sans enthousiasme et partit ouvrir la porte. Derrière celle-ci, se trouvait un garçon au grand sourire idiot, qu'il ne connaissait que trop bien. Malonn soupira en le voyant. 

 —Qu'est-ce que tu fais là, toi ? 

Neilio lui prit sa sucette de sa bouche pour la mettre dans la sienne. Le plus vieux ne comprendrait jamais comment il pouvait faire ça, même si, maintenant, il y était habitué et pouvait même reprendre son bonbon de sa bouche pour le manger. Il pouvait le faire, cependant, qu'avec Neilio. 

Le jeune lycéen ne le calcula pas et se dirigea vers le salon. Quelques secondes plus tard, il entendit ses invités se dire bonjour tout en riant ensemble. 

Génial, il venait d'avouer son attirance envers Neilio à Jules et voilà qu'ils se retrouvaient à trois. Bonjour la gêne. 

Neilio avait déjà pris place dans le canapé et discutait avec son ami. Malonn partit lui chercher une bouteille d'eau et lui tendit en revenant vers eux. Le lycéen lui offrit un sourire pour le remercier et but  une gorgée. 

— Tu ne m'as toujours pas dit ce que tu faisais là, reprit Malonn. 

Son jeune ami s'était placé entre eux deux et avait déjà pris ses aises. 

— Bah, c'était évident que j'allais te raconter ma première fois ! lâcha Neilio, tout heureux.