I.


         Malonn soupira pour la dixième fois en dix minutes seulement. Il était lassé de voir son jeune ami faire rouler des mécaniques devant les lycéennes, alors qu'il l'attendait bien sagement pour repartir. Fatigué, il appuya sur le klaxon de sa moto pour le presser un peu. Neilio se tourna vers lui et lui lança un petit sourire avant de quitter les deux jeunes femmes, leur faisant la bise. 

— Comment tu vas, bébé ? demanda le lycéen, une fois arrivé à sa hauteur. 

— La prochaine fois que tu me fais attendre, je me casse, ronchonna Malonn, de mauvaise humeur. 

— Mec, je pécho, tu peux comprendre ça ! 

— Je m'en tape, répondit-il froidement. 

— T'es vache, soupira Neilio. 

Malonn lui fila un casque et se positionna à califourchon sur son petit bijou, vite suivi de son ami, qui l'enlaça pour s'accrocher. Il démarra en trombe et roula un peu plus vite que les limitations de vitesse, doublant chaque voiture devant lui. Il était trop irrité pour faire attention à ce genre de chose. 

 En quelques minutes à peine, ils arrivèrent chez le plus vieux. Malonn partit se chercher une bière au frais et prit une bouteille d'eau pour Neilio. Quand il revint au salon, celui-ci avait déjà déballé ses affaires de cours pour les mettre sur la table basse. Il lui déposa sa bouteille près de lui et s'installa dans le canapé. Il ouvrit sa cannette et but une longue gorgée, tout en fixant son ami, qui cherchait son cahier de philo. 

— Putain, ça fait toujours de l'effet aux filles quand tu viens me chercher en moto ! s'exclama Neilio en brandissant fièrement son cahier.

Quelle ironie, se dit Malonn. 

Il ne répondit pas, de toute façon, il n'était même pas sûr que Neilio attendait une réponse. 

— A chaque fois, elles me disent " hey Ney, c'est qui le beau mec qui vient te chercher, tu sais, celui en moto ? ", ajouta-t-il avec un petite rire. 

Malonn n'était pas amusé, mais sourit en entendant le rire du lycéen. Il avait un rire communicatif. Neilio se tourna pour lui offrir un nouveau sourire avant de se concentrer sur ses fiches de révisions. 

C'était comme ça depuis deux mois, le jeune lycéen venait réviser ses cours chez Malonn, car il ne pouvait pas le faire chez lui, étant donné qu'il avait deux petites sœurs en bas-âge hyper actives. Quant à Malonn, il venait le chercher dès qu'il le pouvait et passait son temps à le regarder réviser. 

   Il pencha sa tête en arrière, contre l'appui-tête de son canapé et souffla. Les yeux clos, il décompressa de sa journée à devoir présenter un nombre incalculable d'œuvres, ça le fatiguait, de répéter inlassablement la même chose. Le pire, c'est quand c'était des sorties scolaires qu'il devait se coltiner. Sur un groupe de trente jeunes, seulement un ou deux étaient réellement intéressés par ce qu'il disait. 

— Cette nuit, je dors ici, s'imposa Neilio. 

— Non. 

Le plus jeune le regarda en haussant un sourcil. 

— Pourquoi ? 

— Parce que je sors, ce soir. 

— Trop bien, je viens avec toi ! continua le lycéen. 

— Demain tu as bac blanc, tais-toi et révise, ensuite je te ramènerai chez toi, lança Malonn, d'un ton décidé. 

— S'il te plait, Malonn, j'ai trop envie de venir, en plus j'ai besoin de décompresser ! le supplia-t-il. 

— Laisse tomber, c'est irresponsable. On sortira quand t'auras fini ce bac.

Neilio se leva et s'avança vers Malonn, il se pencha vers lui pour lui prendre les joues entre les mains. 

— Malonn bébé, emmène-moi avec toi, s'te plait. Je serais un garçon sage, promis.

Maloon soupira, il avait envie de céder, surtout quand son ami était si proche de lui. Mais, il avait bac le lendemain et il allait passer sa soirée à draguer des filles, et c'était bien la dernière chose dont il souhaitait voir. 

— Ah, tu pues la bière, pouffa Neilio. 

Le plus vieux s'approcha de son visage pour lui souffler : 

— Je t'emmerde. 

Neilio éclata de rire, emportant avec lui son ami, même si Malonn était bien plus tempéré. 

— S'il te plaît, Malonn, je veux vraiment venir, demanda Neilio, plus sérieusement. 

— Tu fais chier. 

— Yes, je peux ! s'écria le plus jeune en le lâchant et en faisant une petite danse de la victoire. 

La soirée de merde qui s'annonçait. 


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