Chapitre 8 - HARRY

Nous avons dîner tous les trois ensemble, comme avant, Zayn, Éléa et moi. Ça a été un repas agréable. Éléa a monopolisé la conversation, racontant à Zayn tout ce qu'elle faisait à l'école et en dehors. Nous avons parlé de la réunion, de la classe verte à laquelle elle allait participer, de sa maîtresse, de ses nouveaux amis, de Louis.

Éléa était surexcitée ; la présence de Zayn y étant pour beaucoup.

Ils sont tous les deux dans le canapé en train de jouer sur un puzzle. On repousse un peu l'heure du coucher, pour permettre à ma petite puce de profiter de son papa... et vice-versa.

Je monte dans ma chambre et prépare un sac pour le week-end. Katia m'a proposé de m'héberger et j'ai accepté. Je laisse la maison à Zayn. C'est son moment avec sa fille et je ne veux pas que nous retrouvions les gestes de la vie courante. Éléa commence à s'habituer à l'absence de Zayn au quotidien, à notre séparation. Je ne veux pas qu'elle ait un espoir de nous voir retomber amoureux.

C'est la première fois que nous nous organisons de cette manière. Les autres fois où Zayn est venu, soit il dormait à l'hôtel et ne passait que les journées avec notre fille, soit il dormait dans la chambre d'amis. C'était pratique mais un peu dérangeant, pour lui comme pour moi.

Je dépose mon sac dans l'entrée et vais dans la cuisine préparer du thé. Éléa tombe de fatigue, elle câline son doudou et suce son pouce pendant que Zayn lui raconte une histoire. Elle est lovée tout contre lui. Je m'approche et caresse ses cheveux en l'embrassant.

"Tu devrais aller mettre ton pyjama et te brosser les dents mon cœur, je lui dis doucement

- Daddy, tu viens avec moi ?

- Je viens ma puce."


Zayn se lève et prend Éléa dans ses bras. Les bras autour de son cou, sa tête bascule directement dans le creux de l'épaule de son père. Elle ne va pas mettre longtemps à s'endormir la chipie.

Je verse l'eau chaude sur les sachets de thé et porte les tasses sur la table du salon. Je range les affaires qui traînent quand j'entends Éléa m'appeler depuis sa chambre. Je croise Zayn dans l'escalier qui redescend.

J'entre dans la chambre de ma fille, sa veilleuse éclaire d'une douce lumière bleutée la pièce. Je fais attention où je mets les pieds et m'assieds sur le bord du lit.

"Bonne nuit mon p'tit coeur.

- Bonne nuit mon papa !

- Ça va aller pour surveiller Daddy tout le week-end, je lui dis en souriant.

- Oui. Tu viendras pas nous voir demain ?

- Non, mon ange. C'est votre week-end à tous les deux. Profitez-en. Tu expliqueras à Daddy où sont rangées les choses dont il aura besoin. Et sinon vous pourrez m'appeler. D'accord ?"

Éléa hoche la tête pour me répondre. J'embrasse doucement son front et remonte la couverture.

"A dimanche mon bébé.

- A dimanche papa... Je t'aime.

- Moi aussi mon p'tit cœur. Très très fort."

Je rejoins Zayn dans le salon. Il s'est assis sur le canapé, son téléphone entre les mains, en train de taper un message. Je m'assieds à côté de lui et prends ma tasse de thé. Il faut que nous parlions un peu de notre organisation avant que je parte et lui confie ma maison. Les vacances de la Toussaint vont arriver rapidement, j'ai besoin de savoir s'il peut recevoir Éléa pendant les deux semaines.

"J'ai déjà posé une semaine de congés pour qu'on soit tous les deux. Et la deuxième semaine, ma mère gardera Éléa la journée.

- C'est super. Je ne te cache pas que je suis heureux que tu puisses gérer les deux semaines. Éléa a besoin de se reposer et avec mes horaires, j'aurais été obligé de la lever tôt quelques matins.

- Ma mère est contente de l'avoir. Elle lui manque beaucoup aussi, tu sais.

- Je m'en doute. Est-ce que tu pourras aller voir mes parents ?

- Oui bien sûr.

- Super. Merci beaucoup Zayn. Ça va aller à la maison ?

- Ça me fait un peu bizarre... d'être chez toi. Sans toi.

- C'est mieux comme ça. Et puis tu pourras profiter pleinement d'Éléa.

- Oui. Tu vas chez Katia ?

- Oui. Je vais y aller d'ailleurs. Je me lève tôt demain.

- On refait un tour du propriétaire ?"

Je souris et me lève, suivi par Zayn. Je lui montre à nouveau où est rangé tout ce dont il aura besoin pendant le week-end et lui rappelle qu'il pourra m'appeler en cas de nécessité. Je lui répète également de bien fermer la baie vitrée lorsqu'ils sortiront se promener ; le chat du voisin ayant tendance à se faufiler.

Il m'accompagne jusqu'à la voiture que Katia m'a prêté. Je laisse la mienne à la disposition de Zayn. Je quitte la maison en regardant Zayn rentrer. Cette situation est vraiment étrange mais je suis heureux qu'il soit là pour Éléa.

*

* *

Une main sur mon épaule me réveille de la sieste que je viens de faire sur le canapé de Katia. Mon amie se tient devant moi avec une tasse de café fumant entre les mains. Je m'étire et frotte mon visage endormi.

"Quelle heure il est ? je demande, la voix enrouée

- 15h30. Il faut qu'on parte dans un petit quart d'heure.

- OK.

- Tu sais Harry, j'ai pensé à un truc ?

- Dis-moi...

- On pourrait sortir prendre un verre ce soir. Ça te ferait du bien de sortir un peu, de voir du monde.

- Katia, je suis crevé !

- Mais on rentrerait pas tard. Ça te ferait du bien. Pour une fois que tu es disponible.

- J'en sais rien. Je me lève à 3h ! On va pas aller prendre un verre à 20h !

- Et pourquoi pas ? Aller, s'il te plaît Haz ??"

Katia me fixe, le regard suppliant, comme si sa vie en dépendait. C'est vrai que depuis que je suis arrivé dans la région, nous n'avons pas passé une soirée en dehors de chez nous.

"OK ! Mais on ne rentre pas tard !

- On mangera un truc sur le pouce en fermant la boulangerie, on passe vite fait ici se changer et on file. Promis à 22h au plus tard on décolle !

- Ouais !

- Aller, c'est pas comme si tu avais fait une sieste bien plus longue que d'habitude. Je t'entendais ronfler de la rue !"

Elle obtient pour réponse un magnifique lancer de cousin. Elle rit, bien contente de sortir ce soir.

*

* *

Nous sommes en route pour Cherbourg, direction le pub irlandais. Ça fait des années que je n'y ai pas mis les pieds. Dès que Katia et moi avons eu notre permis de conduire, nous filions en douce de nos parents et allions passer nos soirées là-bas. On y retrouvait des amis, ceux de Katia qui vivaient ici et ceux que nous avions en commun qui comme moi ne venaient que pour les vacances. J'ai des souvenirs qui me reviennent, des soirées que nous finissions sur le port. Mais les soirées que j'ai préférées, ce sont celles que nous passions sur la plage, autour d'un feu et emmitouflés dans nos manteaux d'hiver, en plein été.

Katia repère une place libre devant le Casino et nous remontons la rue qui mène au théâtre, jusqu'au pub. On entend la musique typique depuis l'extérieur et quand je pousse la porte, l'odeur du houblon et du bois s'infiltre dans mes narines.

Nous nous installons au bar et commandons deux pintes. Nous trinquons à notre première sortie. Katia me fait promettre qu'il y en aura plein d'autres alors que je retiens un bâillement. Évidemment, elle se moque de moi.

Puisque nous sommes samedi soir, nous avons la chance d'assister à un concert d'un petit groupe local. La musique est entraînante et la voix du chanteur vraiment agréable. Je suis adossé au bar et bois ma bière tranquillement, me laissant transporter par la musique. Je ne regrette pas du tout d'être venu ici. Je jette un coup d'œil à ma montre et il est déjà 21h45. Le temps file quand on passe un bon moment.

Je me tourne vers Katia pour lui dire que nous n'allons pas tarder à rentrer, quand une jeune femme blonde vient saluer mon amie.

"Séverine ! Comment vas-tu ?

- Super. Et toi ? Ça fait longtemps qu'on ne t'a pas vue ici dis-moi !

- C'est vrai ! Mais ce soir j'ai réussi à y traîner Harry !"

Katia se tourne vers moi pour me présenter à son amie. La jeune femme me gratifie d'un large sourire que je lui rends.

"Je suis avec mon copain et ses amis. Vous vous joignez à nous ?

- On est censé partir, je dis. Je suis désolé mais je travaille tôt demain ! je réponds un air ennuyé sur le visage.

- Je vous présente juste. Katia, il faut que je te présente Niall, mon chéri !

- OK. 5 min alors !"

Je hoche la tête et suis les jeunes femmes jusqu'à une table un peu plus loin dans le pub. Il y a deux jeunes femmes et je reconnais rapidement Danielle, la maîtresse d'Éléa, et trois hommes. Dont Louis. C'est un peu embarrassant. D'abord de me retrouver au pub avec la maîtresse de ma fille, mais aussi devant Louis. Finalement depuis l'embrouille de samedi dernier au stade et son passage éclair à la boulangerie, nous ne nous sommes pas reparlés.

Je salue tout le monde de la tête mais tends ma main vers Danielle puis vers Louis. Comme chaque fois que nous nous sommes salués, lui et moi, je suis surpris de ressentir comme un courant électrique lorsque nos peaux se touchent. C'est perturbant. Séverine nous présente à son petit-ami Niall et fait le tour de table pour présenter Katia. Tout le monde connaît plus ou moins mon amie. Katia me présente à son tour et un sourire se dessine sur tous les visages.

Je ne sais pas trop quoi penser. Il est clair que tous ont déjà parlé de moi. Je me sens rougir et essaye de garder une certaine contenance.

Katia m'incite à m'asseoir à ses côtés.... cinq minutes.

Cinq minutes qui se transforment rapidement en plus d'une heure pendant laquelle, je dois le reconnaître, nous avons échangé dans une ambiance agréable. Je raconte un peu Paris, la vie dans la capitale, ses avantages et ses inconvénients. J'explique mon rêve d'ado de venir m'installer ici, dans cette région que je chéris particulièrement. Je sens le regard de Louis fixé sur moi à plusieurs reprises. Lorsque j'explique mon attachement particulier aux côtes sauvages malgré le temps incertain, je vois son sourire s'élargir. Il explique que son départ de la Hague pour Caen a été un déchirement alors qu'il n'était qu'à cent trente kilomètres de là. Caen était déjà bien trop grand. Je rigole sincèrement et l'imagine dans Paris, entre les voitures, les deux roues, les bus qui circulent continuellement, et les heures perdues dans les embouteillages pour parcourir quelques kilomètres.

Je finis par raconter aussi que le deuxième papa d'Éléa est graphiste et qu'il a décroché un très bon poste dans la capitale. Sans savoir pourquoi, je ressens le besoin de préciser que nous étions en train de nous séparer lorsque j'ai décidé de venir m'installer ici.

Je termine ma bière sur ces mots et essuie mes mains sur mon jean, gêné. Je consulte l'heure sur mon téléphone et y trouve une photo de ma fille en train de manger une crêpe, du nutella tout autour de la bouche. Je souris, attendri. Je m'approche de Katia pour lui dire qu'il faut vraiment que je rentre.

"Si tu veux j'appelle un taxi. Si tu veux profiter de ta soirée.

- C'est tout le problème de notre province Harry, tu n'auras pas de taxi.

- Je peux te ramener si tu veux."

C'est la voix de Louis qui nous interrompt et je me tourne vers lui, un sourcil relevé.

"Non, je ne veux pas te priver de ta soirée. Il est encore tôt. Et puis Danielle ne veut peut-être pas rentrer."

C'est au tour de Louis de fixer sur moi un regard empli d'incompréhensions. Tous se taisent et me fixent. J'ai l'impression d'avoir dit une bêtise. Finalement, Danielle rit et prend la parole.

"Ah non, mais je ne compte pas rentrer avec Louis. J'espère bien faire plus ample connaissance avec le charmant chanteur du groupe !

- Oh... désolé, je bafouille. Je pensais que Louis et toi... enfin que...

- Non... Je ne suis pas le style de Louis, vois-tu..."

Je suis encore plus mal à l'aise lorsque je comprends ce qu'elle sous-entend.... ce que j'ai toujours un peu soupçonné vu la manière qu'a Louis de me scruter parfois.

"Donc ça ne m'ennuie pas de te raccompagner. J'ai une réunion au club demain matin.

- D'accord alors."

J'embrasse Katia et lui sourit en lui rappelant de ne pas être en retard demain matin à la boulangerie. Je salue tout le monde et suis Louis jusqu'à l'extérieur du pub.

"Tu es sûr que ça ne t'ennuie pas de me raccompagner ?

- Non, non. Je t'assure. Viens, je suis garé un peu plus loin, vers le centre commercial."

Nous descendons la rue puis longeons le quai jusqu'au parking. Je monte dans la voiture de Louis et m'attache quand il met le contact et sort de sa place. Nous parcourons les premiers kilomètres dans un silence pesant. Louis allume la radio et les notes de "Treasure" de Bruno Mars résonnent dans l'habitacle. Je ne peux m'empêcher de battre la mesure sur ma cuisse.

"Tu aimes Bruno Mars ? me demande Louis

- Oui beaucoup ! J'ai eu la chance de le voir cette année à Paris. C'était fabuleux !

- L'avantage de la capitale !

- Oui, on y revient, je lui réponds en lui souriant.

- Ça doit être difficile d'abandonner ses repères, il enchaîne.

- Ce n'est pas évident. Mais je savais que j'étais attendu ici. La famille de Katia, c'est un peu ma deuxième famille. Ça fait plus de quinze ans que nous nous connaissons. J'avais plus peur pour Éléa.

- Oui. Mais elle semble bien si faire. Je veux dire, elle est timide, mais elle est heureuse et épanouie.

- Oui. Je suis content. La présence de ta sœur cet été et le fait qu'elle ait rencontré Doris et Ernest a fait beaucoup.

- Tant mieux - Louis semble hésiter, mais il enchaîne - Tu sais Harry, on est un peu mal parti tous les deux mais j'espère qu'on pourra devenir amis.

- Je suis dans ta voiture, il me semble que nous avons dépassé le stade où on se hurle dessus, non ? je réponds en riant.

- C'est vrai ! Je vais en parler demain pour qu'Éléa et Doris intègrent l'équipe.

- D'accord. Merci.

- De rien."

Le silence se réinstalle dans la voiture mais nous approchons du village. Louis se dirige vers le centre ville pour aller vers la route de la plage.

"Euh... dépose-moi chez Katia. J'ai laissé ma maison à Zayn et Éléa.

- Oh... D'accord. C'est quelle rue alors ?"

Je lui indique l'adresse de mon amie et deux minutes plus tard il arrête la voiture devant la maison en pierre, aux hortensias encore fleuris, typique de cette région.

"Bon et bien merci d'avoir écourté ta soirée et de m'avoir raccompagné.

- Je t'en prie. Je te devais bien ça."

Louis me répond en me souriant et me tend sa main pour que je la serre. Une fois encore, cette étrange sensation m'envahit. Je descends en remerciant une nouvelle fois Louis, avant de claquer la portière. La voiture s'éloigne et je rentre dans la maison. Il est près de minuit... Ma nuit va être extrêmement courte.

*

* *

Je n'attends qu'une chose...pouvoir m'étendre sur le canapé de Katia et dormir.... plusieurs heures. Sortir hier soir était une bonne et une mauvaise idée. J'ai passé une bonne soirée mais dormir à peine trois heures, c'est vraiment, vraiment trop peu. J'enfourne la dernière la plaque de viennoiseries avant de m'atteler aux baguettes originales du week-end. Cette semaine, ce sera chorizo-maroilles.

Il est 9h30. Katia ne va pas tarder à arriver. Je prépare une cafetière de café car quand je suis parti travailler, Katia n'était toujours pas rentrée. Elle doit être aussi fatiguée que moi.

Les odeurs de pain, de viennoiserie et de café se mélangent dans l'arrière-boutique. Ça sent bon, c'est agréable. Le carillon de la porte tinte et je délaisse ma préparation pour accueillir les clients. Le client.

Louis.

"Bonjour Harry !

- Bonjour Louis. Ça va ?

- Oui. Et toi ? Pas trop difficile ce matin ?

- Je préfère ne pas répondre à cette question ! J'ai mal au crane rien que d'y penser.

- Désolé !

- Bah non. Y a pas de raison, voyons."

Le carillon tinte à nouveau lorsque Katia entre dans la boutique... pimpante. Je la déteste. C'est officiel !

"Bonjour les garçons !

- Salut Katia ! répond Louis

- Harry ? me dit-elle en s'approchant et embrassant ma joue. Pas trop crevé ?

- Devine ? J'espérais que tu le serais un peu plus. Je t'ai préparé du café !

- J'ai pas beaucoup dormi, mais ça va. Merci pour le café. Louis, tu en veux une tasse ?

- Euh... non. Enfin je ne voudrais pas abuser.

- T'en fais pas ! Viens."

Les deux passent derrière et me laissent dans la boutique. J'accueille une maman que je croise à l'école et lui vends des pains au chocolat, des baguettes et un gâteau pour son déjeuner de famille. J'encaisse et la remercie avant de rejoindre Louis et Katia à l'arrière. Katia est en train de se préparer et Louis assis sur le tabouret près du petit comptoir, un croissant et un café devant lui.

"Je vais préparer un sachet de mini-viennoiseries pour ta réunion. Vous êtes combien ?

- 5 !

- OK."

Je me remets au travail, les yeux de Louis posés sur moi.

"Merci pour le café Harry.

- De rien.

- Je repasserai après la réunion et l'entrainement pour te dire pour l'équipe.

- OK."

Louis me salue et repasse devant. Je l'entends discuter avec Katia, puis le carillon sonne et la porte se ferme. La matinée file, je m'active à terminer mes préparations aidé par Julien. Michel confectionne ses pâtisseries dans le calme.

Il y a du monde aujourd'hui. Ma petite boulangerie fonctionne vraiment bien et les quelques nouveautés que j'ai proposé ont trouvé leurs habitués.

A 13h, je range et nettoie. Katia commence à rassembler les invendus du jour et à les empaqueter pour en monter à ses parents, en donner à Michel et Julien. Elle me met deux éclairs au chocolat de côté pour Éléa et moi.

J'ai hâte de retrouver ma petite fille ce soir, même si je sais qu'elle sera bien mélancolique de voir son papa s'en aller.

Nous allons fermer lorsque la porte s'ouvre à nouveau sur Louis, les cheveux mouillés d'une douche qu'il vient sûrement de prendre.

"Harry est encore là ? demande-t-il à Katia

- Oui... je suis là, je réponds en entrant dans la boutique.

- Le match s'est éternisé, j'ai eu peur de te louper.

- Alors ?

- Alors, c'est OK. Les filles peuvent faire un essai mercredi. Si ça se passe bien avec les garçons, y a pas de souci.

- Super. Éléa va être contente.

- Oui, Doris aussi. Je vais filer chez mes parents pour lui dire."

A peine a-t-il fini sa phrase que Katia lui dépose un paquet entre les mains... et l'expédie. Mon amie fait moins la maligne et commence sérieusement à fatiguer. Nous fermons la boutique et rentrons jusque chez elle pour déjeuner.

Assis sur le canapé autour de la table basse, nous dégustons un plat de pâtes, en sirotant un bon verre de vin.

"Alors hier, avec Louis, ça été ? me demande mon amie.

- Oui. Il m'a déposé.

- C'est tout ?

- Oui. On a discuté un peu et décidé de passer au-delà de notre malentendu par rapport au foot.

- Surtout que finalement, cette histoire s'arrange.

- Oui.

- Louis est un mec bien Harry.

- J'en doute pas. Je pensais qu'il était avec Danielle.

- Ils ont été ensemble pendant quelques semaines mais ça n'a pas duré. On a pas mal discuté hier après votre départ.

- Ça ne m'étonne même pas. Tu as vu leurs têtes quand tu m'as présenté. Ça devait pas être la première fois qu'il parle de moi !

- Et de l'intérêt de Danielle et de Louis.... jusqu'à ce que les deux rencontrent Zayn et comprennent que tu es gay ! Danielle m'a avoué être passée plus que de raison à la boulangerie dans l'espoir de te croiser. Apparemment elle avait craqué sur toi. Et puis Zayn est venu à la réunion vendredi à l'école. Sa plus grande déception ! rit mon amie

- Mon dieu ! Katia pourquoi tu me racontes ça ! Je vais être hyper mal à l'aise quand je vais la croiser. C'est l'instit de ma fille !

- Mais non. Danielle est spontanée. Elle ne te laissera jamais rien paraître désormais.

- Mais quand même...

- Harry... tout ça pour dire que... tu dois sortir et ne pas oublier que tu es un homme, avant d'être un père. D'accord ? Je sais que c'est difficile de concilier les deux, surtout avec ton métier. Mais c'est important que tu penses à toi et que tu sortes. J'ai envie de te voir pleinement heureux.

- J'y penserai Katia."

Elle me sourit avant de repousser son assiette et de s'enrouler dans le plaid sur le canapé, ses pieds glissés sous mes cuisses.

Je crois qu'il ne nous faut pas plus de dix minutes pour sombrer tous les deux dans le sommeil.

*

* *

Katia me dépose à la maison à 17h. Zayn m'a envoyé un message pour me prévenir qu'ils étaient sur la plage. Je quitte mon amie et lui souhaite une bonne journée de repos pour le lendemain. Je dépose le petit paquet dans l'alcôve de la clôture en pierre et me dirige vers la plage.

Le vent s'est levé et le ciel est gris. L'automne s'installe. La mer remonte et la force des vagues forme de l'écume sur le sable. J'aperçois Éléa tenter de faire des ricochets dans l'eau perpétuellement en mouvement.

Je les rejoins d'un pas rapide, utilisant le foulard qui retenait mes cheveux comme écharpe pour me protéger du vent.

"Hey, salut vous deux !

- Papaaaa !!!!!"

Éléa me saute dans les bras et j'en profite pour remonter la fermeture de son manteau.

"Ca va mon p'tit cœur ?

- Oui ! Daddy il m'a montré comment faire des ricochets, mais moi mes cailloux ils marchent pas !

- Mince. Daddy te montrera la prochaine fois. Peut-être que la mer est trop forte aujourd'hui !

- Oui... peut-être", me répond Éléa sceptique.

Je la repose sur le sable et lui dis que nous remontons vers la maison. Le train de Zayn part à 18h30 depuis Cherbourg. Il ne faut pas que nous soyons en retard.

"Elle a insisté pour sortir, malgré le temps.

- Il ne fait pas si froid. Ça s'est bien passé ?

- Oui. Parfaitement. On s'est bien occupé."

Nous retournons vers la maison, Éléa court devant nous et Zayn et moi discutons. Je lui assure que tant qu'Éléa sera trop petite pour voyager en train seule, même avec un accompagnant, je lui laisserai la maison. Je m'organiserai avec Alain, le père de Katia, pour essayer d'avoir un week-end et descendre à Paris avec la petite et en profiter pour voir nos amis et ma famille. Zayn semble plus serein que lorsque je me suis installé ici. Je sais qu'Éléa lui manque beaucoup mais notre organisation pour le moment semble lui convenir.

Nous rassemblons ses affaires et après mille bisous et plusieurs câlins, nous prenons la route en direction de la gare.

Nous y sommes en trente minutes et je trouve à me garer pour accompagner Zayn jusque sur le quai. Éléa est accrochée à son cou et je suis heureux d'avoir la nouvelle concernant le foot à lui annoncer ce soir, pour limiter sa peine.

Le train est à quai. Zayn monte déposer sa valise mais redescend pour profiter des dernières minutes avec sa fille. C'est douloureux. Pour nous trois, même pour moi. Voir Zayn partir me renvoie toujours à notre séparation, à l'échec de notre union. La sonnerie de départ retentit. Zayn embrasse sa fille et lui murmure des "Je t'aime" dans le creux de son oreille. Je récupère Éléa, ses yeux sont humides. Zayn monte dans le train et s'installe. Nous le suivons jusqu'à sa place. Les portes se ferment et le train démarre. Les larmes d'Éléa ruissellent sur ses joues alors qu'elle agite sa main pour dire au revoir à son papa. Je sais que Zayn prend sur lui pour sourire, de la même manière que je parle avec entrain à ma fille.

Nous remontons le quai et traversons la gare jusqu'au parking où je récupère la voiture. Vue l'heure et les circonstances, je propose à Éléa de dîner au Mac Donald's. Installés devant son Happy Meal et mon menu, j'en profite pour lui annoncer que mercredi après-midi, elle pourra aller faire un entrainement de foot avec Doris, Ernest et Louis.

Le sourire sur son visage balaye sa mélancolie... et la mienne.

"Tu viendras me voir jouer ?

- Oui, je pourrais venir mon cœur !

- C'est trop super Papa !!!!

- Je savais que tu serais contente !"

Elle finit son repas gaiement et quelques instants plus tard, nous reprenons le chemin de la maison.

Quand nous rentrons chez nous, je demande à Éléa de monter pour aller à la douche. Je suis exténué et je crois que je vais me coucher en même temps que ma fille. Je l'aide à se laver et enfiler son pyjama. Elle s'installe devant un dessin animé pendant que je prends ma douche. Nous nous câlinons tous les deux pour rattraper ce week-end que nous n'avons pas partagé. Elle me raconte ce qu'elle a fait avec Zayn, qu'elle a dormi avec lui. Je ne leur en veux pas ni à l'un ni à l'autre. Je lui raconte une histoire et m'assure que toutes ses affaires sont bien rangées dans son cartable pour le lendemain. Je l'embrasse tendrement et lui souhaite une bonne nuit.

Je descends à la cuisine et me prépare une tasse de thé. Je remets un peu d'ordre dans le salon et la cuisine. Le parfum de Zayn flotte encore dans l'air. Ça m'étreint le cœur. Katia a raison. Il faut que je sorte, que je rencontre d'autres hommes pour m'aider à tourner la page, m'aider à avancer... sans Zayn.



*

* *


Et voilà un nouveau chapitre, tout chaud comme une fournée de brioches.

J'espère qu'il vous aura plu.

Des bisous.

Mimi

#BakeryFic

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