Chapitre V : Le Léviathan

-Kayle.

Les deux hommes se dévisagèrent pendant un moment. Kay avait l'air de se demander d'où le jeune homme connaissait son nom tandis que l'autre semblait le connaître.

-Et bien, on sait maintenant où étaient passés les reliques, dit sarcastiquement Mo.

Le ton du gamin ne dut pas plaire à Kay, car celui-ci lui jeta un regard lourd de sens. Il déposai sa main sur son épaule, lui faisant ainsi signe de se calmer, mais il se dégagea d'un coup sec. Son comportement était étrange tout d'un coup... Notre course dans les couloirs l'avait peut-être irrité?...

Kay soupira, abandonnant l'idée de lui faire la morale et reportai plutôt son attention sur nos opposants.

-Vous êtes...?

-Quelqu'un que tu devrais connaître si tu sortais de ton terrier plus souvent, riposta celui au centre de la formation adverse.

-À quoi bon? Tout est si merdique en haut, ricana Mo.

Bon, d'accord, il était irrité, mais pourquoi était-il si arrogant tout à coup?... Ce n'était plus très drôle... Je devinai à l'air surpris de Kay que ce n'était pas normal.

-Moi je trouve que les gens en haut sont pas si mal... murmura Isis à mes côtés.

Ce murmure me glaça le sang, me remplissant d'un étrange sentiment de déjà-vu... Oui, c'était un murmure dragueur! Blanche comme un drap, je me demandai lequel avait-elle prise pour cible entre les deux garçons qui nous faisaient face. Pendant ce temps, Kay s'était penché vers Mo, lui murmurant quelque chose à l'oreille, mais j'étais trop troublée pour y prêter attention.

-Tu me prends pour qui?! s'écria soudainement Mo, me faisant sursauter. On aura qu'à effacer leur mémoire ensuite!

Le reste se passa très vite. Mo s'élança sur les quartes personnes qui nous bloquait le chemin. La deuxième fille, l'autre qui accompagnait celle qui m'avait attaqué dans la ruelle, leva le bras et, sans que je sache comment, le gamin tomba dans ses bras, complètement K.O.

-Si tous les membres de la rébellion sont comme lui, je suis sûr que vous allez nous battre à plate couture! ricana l'homme aux cheveux bleus, satisfait du travail de sa partenaire.

-Oh que non, dit alors Kay d'un ton à faire frémir même les plus braves. Qu'avez-vous fais pour que....?!

Effrayée, je me tournai vers Kay, mais celui-ci avait le regard résolument fixé vers l'autre groupe. Suivant son regard, je vis la fille qui tenait Mo se crisper, puis hurler de douleur. Tournant la tête frénétiquement entre l'Iraïen et la fille, je compris rapidement que c'était Kay qui lui causait cette souffrance. J'allais le prier de s'arrêter, quand, reprenant soudainement vie, il nous hurla de nouvelles directives.

-ISIS! Prend immédiatement Mo avec toi! On rentre!

-Mais...!

-Pas de mais! Je te trouverai un mec à draguer ailleurs. Gamine. Tu les suis.

Isis s'avança vers le quatuor pour nous libérer le passage et poursuivre notre chemin, mais je la vis brusquement changer de cap. Comme happée par une étrange force d'attraction, elle alla plutôt vers le garçon qui se tenait depuis tout ce temps aux côtés de la fille qui retenait Mo et lui saisi le menton.

-T'sais que t'es plutôt pas mal toi?...

Kay grinça des dents et refoula sa colère. La fille sur laquelle il avait jeté son dévolu fut prise d'une autre vague de douleur et tomba à genoux, libérant Mo qui se réveilla. Celui-ci ne perdit pas une seconde et se précipita sur l'homme à l'écharpe, mais il ne se laissa pas faire. Attrapant son poignet, il tordit le bras de Mo et l'empêcha de bouger en le coinçant contre sa poitrine. La fille qui avait passé à deux doigts de me violer s'activa ensuite et les contourna pour aller aider son amie qui continuait d'hurler de douleur. Mo, se débattant pour se défaire de l'emprise de l'homme, fit tomber le sac de celui qui le retenait et il s'ouvrit. À l'intérieur se trouvait plusieurs objets enveloppés dans des carrés de soie.

Prend-moi... Je sais que tu en as envie... Viens, viens...

-Gamine! hurla Kay. Ce sont les reliques, prend-les, qu'est-ce que tu attends?!

Approche... Viens vers nous... Délivre-nous...

J'approchai la main des joyaux qui avaient glissés d'un des carrés même si je sentais l'énergie maléfique qu'ils dégageaient. À peine les avais-je frôlés que je fus transportée ailleurs. Je me tenais maintenant sur un plancher de marbre blanc, des colonnes tout autour de nous, supportant un toit si haut qu'on ne pouvait pas le voir. J'avais à peine clignée des yeux, comment avais-je pus me retrouver dans un tel endroit en si peu de temps?...

Je me mis à marcher à travers la salle qui me semblait sans fin. Les colonnes défilaient de chaque côté en belles rangées ordonnées alors que la brume légère qui couvrait le sol s'épaississait à chacun de mes pas. Pendant un instant, je crus que je n'arrêterai plus jamais d'errer, mais un rocher apparu soudainement au loin. Curieuse, je continuai d'avancer vers l'objet. La brume ne cessa pas de s'épaissir, puis, d'un coup, elle disparut. Les colonnes s'étaient muées en arbres! Malencontreusement, c'était la nuit, alors je ne distinguais pas les détails. Frissonnant sous les rayons de la pleine lune, je continuai d'avancer. Je tassai les fougères et débouchai sur une clairière où se dressait une unique pierre et sur cette pierre était couché un renard roux. Celui-ci me fixa longuement avant de s'étirer nonchalamment.

-Eh bien... Que vois-je? Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de visiteurs...

Un renard qui parle?! Je me pinçai, certaine de m'avoir endormie de la même manière que Mo lorsque la fille avait levé le bras, mais je ne l'étais pas. Le renard dévoila ses dents dans l'ébauche d'un sourire, puis sauta du rocher. Avant même d'avoir touché le sol, il était devenu hyène et le décor s'était mué en plaine aride!

-Je ne suis pas capable de pénétrer ton âme, c'est étrange... Pourtant, ce n'est pas l'envie qui me manque...

Estomaquée, je ne bougeai pas un muscle alors que la hyène tournait autour de moi, me dardant de ses malins yeux jaunes.

-Tu m'impressionnes, jeune fille. Résister à un tel pouvoir... a l o r s  q u e  t a  m è r e  s' y  e s t  b r i s é e  s a n s  a u c u n e  r é s i s t a n c e

Les alentours se brouillèrent l'espace d'une seconde, comme un mirage au loin un jour de chaleur, et je me retrouvai emprisonnée sous les anneaux d'un immense serpent aux écailles vertes avec reflets bleus. Je respirais difficilement sous l'air humide de la forêt tropicale.

-Vous avez connu ma mère? m'exclamai-je du mieux que je pus.

Les anneaux se relâchèrent un peu. Le serpent ramena sa tête pointue à la hauteur de mes yeux.

-Bien ssssûr, je connais abssssolument tous les Invidiens, autant la minisssstre que le petit chercheur que la Luxurienne a dragué il y a quelque insssstant...

-Ma mère était Invidienne...

-Oui, une très talentueuse même... Elle a été minisssstre elle-même.

Je frissonnai. Si j'avais bien compris, être ministre revenait à accepter toute cette discrimination à la surface... Mais Kay avait réussi à s'enfuir de là. Peut-être que c'était pour ça que j'avais vécu au fin fond de la forêt!

-Très perspicace, dit le panda couché au milieu des tiges de bambou.

-Vous pouvez lire mes pensées?! m'écriai-je.

-Bien sûr, comment voudrais-tu que je te corromps sans ça? Mais c'est étrange, il y a quelque chose qui m'empêche de m'infiltrer plus profondément que ça en toi...

-Vous voulez me corrompre?...

L'ours noir et blanc éclata de rire, rire qui ressemblait plutôt à des grognements sourds. Il se roula dans les feuilles alors que la pluie s'abattait dans la forêt de bambous. L'eau monta rapidement et, en quelques secondes je me retrouvai à flotter devant un immense orque. Même si j'étais dans l'eau, je pouvais toujours respirer.

-Bien sûr, petite, dit-il en faisant une roulade, amusé. Je suis un démon, c'est dans ma nature... D'ailleurs, mon influence est si forte ici que tu devrais déjà m'appartenir... La plupart des humains ne survivent pas à l'intérieur de la relique, à peine ils s'en approchent qu'ils sont contaminés! Voilà notre rôle: Corrompre la population et réguler leur pouvoir ensuite.

-Des pouvoirs... Oui, Kay...

Me rappelant l'immense douleur qu'il avait causé à la fille, je me crispai. Ces pouvoirs...

-Ce garçon est Iraïen, il n'y a pas de doutes... murmura l'orque en penchant sa tête sur le côté.

-Ma mère... Elle avait un pouvoir aussi?

-Disons qu'elle était très... persuasive, me répondit il, amusé.

Je souris. Je me demandais ce qu'elle faisait en ce moment, où elle se trouvait... Elle serait surprise de savoir que je conversais avec un démon...

-Vous avez un nom?

-Un peu de culture générale te ferait du bien jeune fille... gronda-t-il.

L'eau autour de nous se mît à vibrer et je tournai la tête, inquiète. Les méduses qui flottaient paresseusement autour de nous s'énervèrent et disparurent de chaque côté. Crispée, je regardai l'orque soudainement énervé alors qui ouvrait sa grande gueule remplie de dents tranchantes.

-Je suis le Léviathan! hurla-t-il.

Et, sur ses mots, je me retrouvai sur une petite île de sable blanc où seul un palmier se tenait. Le démon était-il parti?... Je sondais les flots turquoises quand un immense serpent des mers sauta hors de l'eau, me faisant sursauter. Il me surplomba de toute sa hauteur, sa tête couronnée de petites nageoires et sa langue pointue sifflant dans l'air. Je m'immobilisai sous son regard écarlate, complètement estomaquée.

-N' a s - t u  p a s  e n v i e  d e  p r e n d r e  t e s  j a m b e s  à  t o n  c o u ?

Le monstre se mît à faire onduler son cou de façon menaçante.

-N' a s - t u  p a s  e n v i e  d e  f u i r  d e v a n t  m a  p u i s s a n c e ?  D e  t e  p r o s t e r n e r ?

La bête rugit de plus belle. Son souffle glacial me fouetta en plein visage et je dus me planter sur mes pieds de toutes mes forces pour ne pas être emportée. Je commençais sérieusement à douter de mes chances de sortir d'ici vivante.

-Non, il n'y a aucune once d'envie en toi! continua-t-il, furieux. Tu me rends fou! Dis-moi, dis-moi ce dont tu as envie! Tu as pénétré mon antre et, pourtant, tu ne même sais pas qui je suis! Tu me déranges!

La créature se figea brusquement, ramena sa tête au centre de mon champs de vision et se pencha imperceptiblement vers moi. Puis, elle gronda de plus belle:

-D i s p a r a î t !

Et l'immense créature me fonça dessus, tous crocs dehors. Je fermai les yeux, me pliant au cauchemar qui s'abattait sur moi.

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Posez vos questions en commentaires pour un N.D.A. spécial Temps des Fêtes! Posez des questions à Kay (soupirdetoile), la gamine ou Gueld (linkaito68) autant sur l'histoire que leurs goûts en général! Et si c'est à propos de Noël, c'est encore mieux! Les meilleures seront choisies!
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Média: Larme cousue par【Aya_me】
Version originale: The Tailor Shop on Enbizaka by Megurine Luka
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