Chapitre I
Je me réveillai, couchée près d'un chemin de terre à l'orée de la forêt. Il me restait tout un district à traverser avant d'atteindre la place centrale. Hier, j'avais découvert en ouvrant les yeux que ma mère avait disparu. Son potager, celui qu'elle adorait tant, avait été piétinée et les quelques meubles de notre maison avaient été saccagés. J'avais entrepris de me rendre au Centre du pays pour demander de l'aide et ainsi la retrouver, mais je commençais à me demander si c'était une aussi bonne idée que cela m'avait paru au départ. Et puis, qu'est-ce que je leur dirais?
-Bonjour! Je ne sais ni mon nom, ni mon âge, mais je cherche ma mère. Est-ce que vous l'auriez vu par hasard?
Non, ça n'avait pas de sens. Je secouai la tête comme pour me rafraîchir les idées. Au pire, je n'aurai qu'à passer au Marché en même temps, comme ça ce voyage ne m'aura pas servi à rien. Soudain, un doute m'envahit : Et si ma mère revenait pendant que j'étais absente? Ce n'était pas si grave, car, de toute façon, elle n'était pas du genre à s'énerver. Je continuai donc mon chemin.
Après de longues heures de marche, j'étais au Centre. Les grandes maisons qui bordaient les rues détonaient comparées aux vieilles décrépies que j'avais vu en bordure du district. Je n'avais jamais visité le Marché Central et j'avais hâte d'y être. Il était réputé pour ses produits rares... et pour être très cahoteux. Mêlée d'appréhension et de crainte, j'arrivai enfin à destination.
Le Marché était immense, tout le sol était recouvert de dalles de marbre. La place avait quelque chose de... chic, surtout avec ces immenses manoirs bordant les sept rues principales. Au centre, sans se soucier de toutes ces richesses, des dizaines de kiosques formaient un véritable labyrinthe. Il en avait pour tous les goûts. Je m'enfonçai en tournant sur moi-même pour ainsi capter le plus de détails possibles. Les lieux étaient grandioses, si... vivants, mais en même temps si froids. Oui, c'était étrange, ici, aucun enfant ne courait entre les stands et tout le monde était tiré à quatre épingles...
Après un moment à déambuler sous les regards désapprobateurs des autres, je remarquai que j'avais perdu ma route. Tous les kiosques, bien que de couleurs différentes, se ressemblaient, aucun moyen de savoir d'où je venais. Confuse, je me mis à paniquer, mais je me calmai presque aussitôt. Il me suffisait de demander mon chemin à quelqu'un, rien de très difficile.
-Monsieur? demandai-je au premier kiosque que je vis.
-Que puis-je faire pour vous?
-Hm, saurez-vous me donner la direction de la rue d'Invidia?
Son regard s'obscurcit à l'entente de ma question. Avais-je dit quelque chose de mal?...
-Madame, allez-vous acheter? dit-il en se penchant de façon menaçante par dessus le comptoir.
-Euh... Eh bien...
Avec quoi allais-je payer? Quelle idiote, je ne pourrai rien prendre sans argent! Gênée, je reculai doucement en secouant la tête, mais l'homme attrapa mon poignet.
-Aie! Mais lâchez-moi! Qu'est-ce qui vous prend?
Mon éclat de voix fit à peine tourner quelques têtes. Cela n'augurait rien de bon... Mais qu'est-ce qui prenait à cet homme de faire ça?
J'entendis un homme soupirer près de moi, il roula les yeux et finit par craquer, attrapant le poignet de celui qui me retenait.
-Elle est avec moi.
-J'en ai que faire, elle n'avait pas à traîner ici, je parie que c'est une voleuse, répliqua le marchand dont la mâchoire crispée témoignait de la force de mon sauveur.
Moi, une voleuse? Je jetai un regard vers l'homme qui était venu me sauver, j'espérais de tout mon coeur qu'il ne le croit pas. Il grommela un truc que je ne pus entendre avant de sortir un petit couteau de l'intérieur de sa cape. Sans hésiter, il le planta dans la main qui me retenait et je retirai rapidement mon bras. Avant même d'avoir pu pousser une exclamation de surprise, je fus entrainée par l'homme à la capuche.
-Vite, les gardes vont bientôt arriver!
-Les gardes?...
S'en suivit une course-poursuite dans tout le Marché Central. Des gardes, tous de noirs vêtus et au visage couvert, couraient à notre suite. Mon sauveur me propulsait dans tous les sens, mais, curieusement, j'évitais beaucoup plus facilement les différents obstacles que nos poursuivants.
Soudain, l'homme au visage couvert fit voler sa cape en me poussant contre le mur. Il était si proche... Il attrapa mon visage et me redressa le menton. Il me darda de ses yeux glaciaux.
-Ne bouge pas. Ne proteste pas. Sinon ma colère sera terrible, murmura-t-il durement.
Eeeeeeh?! Mais le Centre était-il complètement peuplé de... de fous?! Je rougis comme une tomate sans pouvoir m'en empêcher lorsque je remarquai dans quel position nous étions, mais ne bougeai pas d'un millimètre. Je calmai ma respiration et observai ce mystérieux jeune homme qui venait de me tirer d'affaire. Des mèches de cheveux blonds/roux retombaient devant ses yeux bleus plus clairs que les miens. Les bruits de pas se firent plus lointains.
-C'est quoi qu...
L'autre ne prit pas la peine de répondre à ma question inachevée et se sépara de moi avec indifférence. Marmonnant tout bas, il remit sa cape sur ses épaules sans toutefois remonter sa capuche. Il se retourna enfin vers moi après quelques secondes qui me parurent comme une éternité.
-Euh... Merci... dis-je, ne sachant pas trop sur quel pied danser.
-Si j'étais un Invidien, je me pâmerais sûrement pour recevoir plus de remerciement, répondit-il platement, mais, pas de chance ou coup de chance, qui sais?, je n'en suis pas un. Es-tu stupide? Demander son chemin à un Avaricien? Ça équivaut à un suicide! À moins que ce soit le but, si c'est le cas, retournes-y, je n'ai aucun problème avec ça.
Je le regardai, complètement abasourdie. Alors les Avariciens, comme il les appelait, n'avait donc aucune once de générosité? Je vois... Mais c'était quoi ce délire? Ça n'avait aucun sens!
-Je ne suis pas suicidaire, je cherchais juste à retrouver mon chemin moi! m'écriai-je. Enfin, tant pis, je vais me débrouiller. Bonne journée à vous.
Déçue, je lui tournai le dos, déterminée à rentrer par moi-même. Tant pis si ma mère se trouvait ici, elle saura sûrement se retrouver bien mieux que moi dans cette maison de fous, elle n'avait pas besoin de mon aide pour rentrer.
-Hep, hep, hep gamine! m'interpela l'homme en posant sa main sur son épaule, me faisant pivoter. Tu crois vraiment que tu peux partir juste comme ça? Tu es un peu trop visible pour les gardes qui te recherchent si je peux me permettre. Tes chances de survie sont de 0%.
-Et pourquoi ça? répliquai-je, intriguée. Ce n'est pas moi qui vient d'enfoncer un poignard dans la main d'un marchand, moi je n'ai rien fait!
-De un, ce n'était pas un poignard, c'était un couteau. Un couteau neuf d'ailleurs qui est maintenant totalement fichu! De deux, j'ai dis que tu étais avec moi, doooooonc tu es considérée comme étant complice... Et de trois, finit-il sur un ton faussement mielleux, le marchand allait appeler les gardes avant même que j'arrive.
-Ah bon. Et pourquoi?...
-Tu dérangeais les clients. Tu t'es approché de son échoppe sans avoir la moindre intention d'acheter et il y a des chances que tu aies fait partir des clients pas patients du tout! De toute façon, les Avariciens sont riches, ils ont toujours ce qu'ils veulent... De quel endroit viens-tu, gamine? Tout le monde sait ça!
Tout le monde hein? Ben pas moi. Je soupirai, découragée à l'idée que quelqu'un puisse penser de cette façon. Ce n'était pas logique, c'était même un peu... raciste? comme raisonnement.
-J'ai toujours habité dans la forêt... Dans le district d'Invidia je crois. Disons que je ne voyais pas beaucoup de monde excluant ma mère... D'ailleurs, tu n'aurais pas croisé une dame dans la quarantaine un peu plus grande que moi aux cheveux raides et platine?...
Il haussa les sourcils et secoua la tête. Je baissai les yeux. Ce mec n'était pas très observateur alors... C'était dommage... J'avais cru...
-Il faudrait que tu te trouves d'autres vêtements en tout cas, gamine, poursuivit-il.
-Mais ils sont bien mes vêtements...
Je me détaillai de la pointe des pieds. Bon, j'étais pieds nus et il aurait été plus approprié de dire mon vêtement, car je ne portais qu'une très simple robe blanche et légèrement sale coupée dans un même morceau de coton. Sinon, une bande de tissu bleu retenait une breloque à mon cou et une petite chaînette d'argent pendait à mon poignet.
-Si ton but dans la vie c'est te te faire violer par un Luxurien, oui, tu as raison, tes vêtements sont très bien...
-Hein?! Comment ça violer?! Et ma robe couvre toutes les parties de mon corps, espèce de... Espèce de...
-Prends ton temps... Si tu veux insulter quelqu'un, autant que l'insulte sois bien formée... Mais bon... Moi qui avais tant à te proposer... Dont d'autres vêtements, de la nourriture et une présence féminine pour te prouver que je ne suis pas un pervers... Mais bon... Tant pis
-C'est bon, oui, je suis assez grande pour me débrouiller, merci!
Sur ce, je m'éloignai d'un pas résolu. Non, je ne me ferai pas violer voyons! Je savais me défendre! Je n'étais pas une enfant insouciante, je ferai attention!
Je marchais d'un pas raide quand je fonçai dans une femme. Elle était plutôt vieille, mais moins que ma mère et avait... avait de bonnes formes. Enfin, c'est ce que dévoilait ses vêtements beaucoup trop serrés.
-Oh! Dé... Désolé...
-Ah, ce n'est pas grave, dit-elle en étirant un immense sourire. Tu m'as l'air perdue, je me trompe?
Cette femme me semblait sincère.
-Euh... Oui, effectivement.
-Tu veux que je t'aide mon chou? Je connais bien les environs...
-Oui, je cherche le chemin d'Invidia en fait...
-Oh! Je sais!
Elle me prit par l'épaule et me poussa gentiment à sa suite dans une des rues. Nous marchâmes un petit moment avant qu'elle ne bifurque dans une ruelle sombre.
-Hm... Êtes-vous sûre d'emprunter le bon chemin? demandai-je avec hésitation.
-Oui, oui, j'emprunte seulement un raccourcit, répondit-elle avec un sourire rassurant.
Je la suivis encore, puis, à peine une minute plus tard, elle se retourna vivement. Elle me plaqua contre le mur et fourrai son nez dans mon cou. Je frissonnai de dégoût.
-Hmmmm... Ton parfum est si... Enivrant.
Att... Attendez... Était-elle de Luxuria, ces gens dangereux dont l'homme à la cape m'avait mise en garde?... Mais... Où étais-je tombée? Quel était ce pays de fous?... Et merde.
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Je ne sais pas vous, mais moi j'ai clairement imaginé l'espèce de petit gémissement mental de notre pauvre victime, ah! pauvre chou! XD Vous savez c'est quoi le pire? C'est que c'est seulement quand soupirdetoile a mentionné ma tenue que nous avons imaginer cette scène... XD C'était inévitable!
Je vous conseille de vous lancer dans la loooongue description (enfin, pas si longue, elle est quand même de la même taille que ce chapitre) de linkaito68 qui raconte la fondation du Centre et de la source du comportement étrange des gens de la ville... Enfin, c'est surtout pour votre propre curiosité, mais il nous explique un peu comment ça se passe. Ça pourrait vous être utile dans les prochains chapitres, qui sait? ;)
MathouDeRubis
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Média: Ringo Uri no Utakata Shoujo by Soraru
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Encore là, pour le média, c'est simplement pour l'atmosphère du marché. Peut-être aussi pour le caractère général du personnage qui ressemble à celle de notre propre héroïne qui va au marché remplie de détermination (It's fills you with determination –_–)
...Aussi parce que j'aime bien la chanson XD
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