L'agression

Aujourd'hui est un jour spécial pour moi, Luna. Nous sommes le dix-sept mars et je viens d'avoir dix-neuf ans. C'est un vendredi donc, après les cours, j'ai décidé de sortir en ville avec mes amis. Mais pour l'instant, je me dois de rester concentrer sur mon devoir d'anglais. Allez, plus qu'une heure et je serai libre. Après le contrôle, nous revenons sur quelques points de cours mais notre professeure nous laisse sortir avant. Je me dirige donc vers la sortie avec l'appréhension de voir deux filles me sauter dessus en me souhaitant mon anniversaire. Mais non, elles ne sont pas encore arrivées. Je me penche au-dessus des escaliers et je les vois monter en criant mon nom. Bon ben pour la discrétion, c'est raté. Elles arrivent à mon étage et c'est câlin collectif obligatoire. Il ne manque plus que Yoann et on sera au complet. D'ailleurs, en parlant de lui, il vient de m'envoyer un message pour me prévenir qu'il est devant le lycée. On descend donc le rejoindre. On arrive devant et lui disons bonjour.

« C'est bon vous êtes prêtes ? On y va ? »

Ah oui j'ai oublié de vous préciser qu'une de mes amies, Marine, a voulu que je mette du rouge à lèvres bordeaux donc on est arrivé légèrement en retard. Mais bon, nous voilà partis vers le centre-ville de Metz. Au niveau d'un passage piéton, je sens une main qui me saisit le bras et m'arrête. C'est un gars de ma classe que j'appréciais à un moment mais ce n'est plus le cas. Il me fixe droit dans les yeux.

« Le rouge à lèvres ne te va pas du tout.

- Et bien figure toi que je me fiche complètement de ce que tu penses, lui ai-je répondu tout en dégageant mon bras pour rejoindre mes amis qui m'attendaient de l'autre côté.

- Très bien. Alors tu ressembles à une p***. »

Je m'arrête et me retourne lentement vers lui tout en faisant signe à mes amis de ne rien faire. Je m'approche doucement et le fixe dans les yeux avec un regard noir. Il lève un sourcil l'air de me demander ce que je compte faire. Tout à coup, je lui mets une bonne droite dans la figure et repart.

« Espèce de ... Tu vas me le payer ! »

Il s'approche de moi et me prend fermement le poignet tout en le serrant. J'ai mal mais je commence à enfoncer mes ongles dans son bras. Il me regarde d'un œil mauvais. Je sais qu'il cherche où frapper mais je suis prête. De ma main libre, je fais signe à mes amis de rester en dehors de ça. Yoann n'est pas d'accord mais les filles le retiennent. Tout à coup, mon agresseur essaie de me frapper avec son pied au niveau des côtes mais je parviens à le bloquer. Il en profite pour me décocher un bon coup de poing dans la figure. Je touche ma bouche et je vois mes mains pleines de sang. Nous sommes toujours au milieu de la route mais aucune voiture ne passe à cet endroit. Je ne veux pas que mes amis interviennent, je ne veux pas les mêler à mes histoires. J'essaie de le toucher à mon tour mais je vois trouble, je suis sonnée. Il en profite pour me balancer un coup de pied dans la jambe, je crie de douleur et il me jette par terre. Ma tête frappe le sol et je me sens sombrer tout doucement. Mes amis hurlent mon nom et Marine et Emilie ont lâché Yoann qui poursuit mon agresseur pour lui régler son compte je dirais. Je l'entends se battre avec et l'insulter de tous les noms. J'essaie d'ouvrir péniblement les yeux.

« Yoann... s'il te plaît arrête... je ne veux pas que tu ais de problèmes » dis-je faiblement.

Les filles essaient de me relever mais je ne suis qu'un poids mort pour elles. Elles demandent de l'aide au seul garçon de notre groupe. Il arrête de s'acharner et se précipite à mon chevet en m'appelant doucement. Je n'arrive même plus à répondre. Je sens qu'il veut me soulever mais hésite de peur de me faire mal. J'arrive à lui prendre la main pour le prévenir qu'il peut. Je sens ses bras passer sous mon dos et mes jambes. Il me porte comme une princesse mais je ne peux m'empêcher de grimacer de douleur. Je dois être bien amochée. Quel anniversaire magique me direz-vous.

Il marche lentement pour éviter les secousses qui pourraient m'être plus que désagréables. Nous ne sommes pas loin de mon lycée et, malgré ma pseudo-inconscience je peux les entendre parler de m'emmener à l'infirmerie pour que je puisse au moins être allongée. On y est, je le sais à l'odeur qu'il y règne. Je ne sens plus les bras puissants de Yoann mais plutôt quelque chose de mou à la place. Un lit. J'ouvre les yeux pour me situer et vois une infirmière penchée au-dessus de moi. On dirait qu'elle examine mes blessures, ou du moins celles extérieures. Il n'y en a que sur mon visage, les autres, je les sens à l'intérieur. De moi-même, je dirais que j'ai quelques côtes cassées et que ma jambe droite ne doit pas être indemne non plus. Elle s'apprête à me nettoyer ma bouche et ma joue qui sont en sang. Ça pique c'est horrible et je ne peux m'empêcher de grimacer. Mes amis sont à côté et ont l'air inquiet. J'essaie de sourire mais impossible, trop douloureux. Une fois son travail fini, l'infirmière dit à mes amis que j'ai besoin de repos mais qu'ils peuvent rester avec moi s'ils le désirent. Elle va aller appeler l'hôpital. Marine et Emilie m'embrassent le front et vont dans la salle d'attente. Je suis seule avec Yoann qui, lui, a décidé de rester. Je soupçonne mes accompagnatrices d'avoir fait exprès de nous laisser seuls. Non pas que cette perspective me déplaise malgré mon état. Je sens des larmes me monter aux yeux. Je déteste être faible.

« Eh ma Luna, qu'est-ce qu'il se passe ? Tu as mal quelque part ? S'inquiète mon ami.

- Non, ce n'est rien, dis-je en détournant le regard pour qu'il ne me voit pas pleurer.

- Dis-moi ce qui ne va pas alors.

- Je... je ne veux pas que tu me vois comme ça, aussi faible... lui répondis-je faiblement.

- Je t'interdis de dire ça, tu es forte je le sais mais tu as le droit de pleurer. Ce n'est pas un signe de faiblesse loin de là. » Termine-t-il tout en s'asseyant sur mon lit.

J'essaie de me relever pour me mettre à sa hauteur mais cet effort m'arrache un énorme cri de douleur. Je vois l'inquiétude voiler encore plus son regard tandis qu'il me supplie de ne pas bouger. Je me résigne en posant lourdement ma tête sur l'oreiller. Mes yeux me pèsent et je finis par m'endormir, mon ange gardien veillant toujours sur moi.

Lorsque je me réveille, je ne suis plus à l'infirmerie mais plutôt dans une chambre d'hôpital. J'essaie de bouger mais je sens que ma main est bloquée. Je relève la tête et je vois Marine et Emilie qui dorment sur une sorte de canapé, près de la fenêtre tandis que Yoann est à mes côtés. Il est assis sur une chaise, me tient la main et à sa tête posée sur mon lit. En regardant de plus près, je peux voir qu'il a pleuré. Tiens, c'est bizarre venant de sa part. Je l'observe encore quelques minutes sans bouger, attendrie par mon protecteur qui dort. Puis, je commence à passer ma main dans ses cheveux en bataille pour le réveiller tout en chuchotant son nom. Je le sens remuer tout doucement tout en grognant. Puis, lorsqu'il voit que c'est moi qui l'appelle, il se lève d'un seul coup pour me prendre dans ses bras. Je suis surprise mais surtout je ne peux retenir mon hurlement de douleur lorsqu'il a touché mes côtes. Il me relâche en se confondant en excuses et en versant quelques larmes. Je lui demande de s'asseoir sur mon lit. Les filles se sont réveillées lorsque j'ai crié mais ont prétexté avoir besoin de marcher et sont sorties. Je pose ma main sur la joue de Yoann pour essuyer ses larmes qui ne cessent de couler en me regardant. Il a l'air dévasté et terriblement fatigué.

« Chut, je suis là maintenant, ça va aller, lui dis-je tout en continuant de passer ma main sur son visage.

- Tu m'as fait si peur Luna si tu savais... J'ai cru que tu ne te réveillerais pas et les médecins n'étaient pas très convaincus non plus. Je n'ai pas perdu espoir et je suis venu tous les jours te voir.

- Attends, tous les jours ? Mais ça fait combien de temps que je suis ici ?! Demandais-je, inquiète.

- Une semaine... sept jours que tu ne nous donnais plus aucun signe de vie. »

Je me mets doucement assise sur le lit et il m'aide à me caler avec les coussins. Sept jours... Mais comment c'est possible ? Mes blessures étaient-elles si graves que ça ? Je l'entends au loin me dire qu'ils ont été obligés de m'opérer pour me sauver. Mais je n'écoute qu'à moitié, je suis perdue dans mes pensées. Je réfléchis. Et puis, je ne peux m'empêcher de penser à l'ordure qui m'a fait ça. Comme s'il lisait dans mon esprit, Yoann me dit que la police l'a retrouvé il y a deux jours et l'a enfermé pour un petit bout de temps. Je mets mon visage entre mes mains. Je ne sais pas pourquoi, j'ai une soudaine envie de pleurer. Je n'arrive pas à arrêter les larmes qui dévalent mes joues par centaines. Je sens qu'il m'a prise dans ses bras et m'embrasse le haut de mon front. Il me chuchote que tout va bien se passer et qu'il ne laissera plus jamais seule. Mes pleurs se sont arrêtés et je le prends à mon tour dans mes bras. Je relève la tête vers lui et le regarde droit dans les yeux. Il se rapproche, il ne reste que quelques millimètres entre nous. Je m'apprête à fermer les yeux...

Et les filles débarquent dans la chambre. Je tourne la tête, gênée. Il rougit et je pense que je dois être dans le même état. Il m'a aussi brusquement lâché. Il se lève et dit aux filles qu'il va se chercher quelque chose à manger. Je suis un peu déçue mais les filles me parlent alors je leur souris. On parle un petit moment et Marine reçoit un message. Elle m'embrasse sur le front et me dit qu'elles doivent s'en aller mais qu'elles reviendront. Je suis toute seule. Ça fait bizarre dans cette chambre si silencieuse tout à coup. Je m'allonge et regarde le plafond en repensant à ce qui a failli se passer un peu plus tôt dans l'après-midi. Pourquoi m'a-t-il relâché comme ça ? Regrette-t-il le geste qu'il a fait ? Pendant que je rumine dans mon coin, j'entends toquer à ma porte. J'ai l'espoir que ce soit lui mais c'est un homme en blouse blanche qui entre. Il vient me dire que d'après mes derniers tests je pourrais sortir le lendemain. Bon au moins une bonne nouvelle aujourd'hui. Avant de quitter la pièce, il se retourne et me fait un sourire.

« Il y a une visite pour vous, je vais la faire entrer. »

Une visite ? Bon ben pourquoi pas, ça me fera toujours un peu de compagnie. J'attends quelques secondes et je vois... un gros bouquet de roses rouges qui entre dans ma chambre. Il s'écarte pour laisser place à ... Yoann. Il n'ose pas me regarder et se gratte la tête, un peu embarrassé. Je souris parce qu'il rougit. Il pose les fleurs sur la table et s'approche de moi.

« Ecoute, pour tout à l'heure euh ... je suis vraiment désolé. Je ne savais pas trop comment réagir et...

- Chut, ne t'inquiètes pas c'est rien. » Le coupais-je en l'invitant à côté de moi, encore une fois.

Il répond à mon invitation. Je baisse la tête, ne sachant pas trop quoi dire ou faire. Je sens son regard sur moi et je rougis. Soudain, il me soulève le menton pour pouvoir me regarder dans les yeux. Sa façon de me regarder a changé, on dirait qu'il le fait avec...amour ? Je n'ai pas le temps de réfléchir plus qu'il pose délicatement ses lèvres sur les miennes. Tout d'abord surprise, je finis par fermer les yeux tout en répondant à son baiser. Je sens sa langue sur mes lèvres, il cherche à approfondir notre baiser et je le laisse faire. J'ai posé mes mains derrière sa tête et joue avec ses cheveux. Lorsqu'il se sépare de moi, je ne peux m'empêcher de grogner de déception et il sourit tout en posant son front contre le mien. Il a toujours les yeux fermés et un sourire satisfait sur les lèvres. Je le regarde longuement et dépose à mon tour un baiser sur son front. En me détachant de lui je souffle « Mon ange gardien » et il ouvre les yeux.

« Non, je suis plutôt un petit démon angélique à mes heures perdues, me dit-il en riant.

- Très bien, alors va pour mon ptit démon.

- Ça me va, princesse. »

Princesse ? Hmm, j'adore ! Il a dû voir mon air satisfait puisqu'il se met à rire. Il a un rire magnifique et je l'accompagne à mon tour. Lorsque je vois mes amies entrer, je comprends alors que c'est lui qui leur a demandé de nous laisser. Ah je vous jure ces trois-là, toujours à comploter. Bon j'avoue que, pour ce coup-là, je ne suis pas déçue. Il est pour eux l'heure de partir mais ils m'ont promis de venir me chercher le lendemain pour me faire sortir de cet endroit.

Nous sommes samedi et les sorties se font à partir de dix heures. Mes amis, impatients, sont déjà là alors qu'il n'est que neuf heures. On passe donc une heure à discuter et rire. Marine et Emilie sont en face de moi alors que Yoann s'est installé à côté mais sur le lit. Il me tient la main et n'est pas décidé à me lâcher, ce qui n'est pas pour me déplaire. Le médecin entre enfin dans la chambre pour me dire que l'heure est arrivée. Nous voilà donc dehors mais marcher est vraiment plus dur que ce que je pensais. Mon docteur n'a pas menti, quand on se casse des côtes, c'est long à consolider. Yoann pose une main bienveillante au creux de mes hanches et m'aide à avancer. Marine et Emilie rentrent chez elle tandis que Yoann a déjà tout organisé pour convaincre mes parents qu'il devait veiller sur moi. Nous sommes le jour des vacances donc les cours ne sont plus un problème. Il va donc passer deux semaines avec moi et m'aider à me remettre tout doucement. Il n'est pas décidé à me quitter et je ne suis pas prête de le laisser partir non plus. La vie m'a réservé de belles surprises et je dois avouer que mon anniversaire ne s'est pas si mal terminé finalement.  

Coucou ! Hésitez pas à me dire ce que vous pensez de mes histoires. J'accepte toutes les critiques tant qu'elles sont constructives ;)

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