~Partie 3 (suite)~ Test

   Mes oreilles bourdonnent. Sensation inconfortable d'oppression. Comme si j'étais enfermée dans une cloche de verre, alors que je suis à l'air libre. La terre s'étale sous mon corps frêle, semblable à un linceul de coton. Pourtant j'ai mal. Le souffle coupé, les yeux rivés vers se ciel grisâtre et les cheveux en bataille. Cheveux roux saccagés de boue, visage taché de cendre, respiration difficile, sentiment de mort omniprésent.

Je ne comprends rien. Une odeur de sapins vint me chatouiller les narines de manières assez désagréable. Pourquoi? Je pensais m'être "suicidée" pour éviter d'assassiner mes parents, et je me retrouve allongée en plein milieu de nul part... Je suis belle et bien vivante... Mes os me font atrocement mal tandis que mes muscles sont endoloris de multiples crampes. Les autres avaient donc raison, le Test est vraiment compliqué.

Je serais bien restée là. A contempler le ciel sans me soucier du reste. En m'enfonçant petit à petit dans la terre, jusqu'à disparaître. Mais mon répit fut de courte durée. Je compris immédiatement que quelque chose allait venir me déranger lorsque je vis trois oiseaux s'envoler au loin, comme surpris par une bête.

Un grondement lourd se fit entendre. D'abord éloigné, puis se rapprochant rapidement de moi. Une sorte de cris bestiale, grinçant et tout simplement horrible. Avec tous les efforts du monde entier, je parvins à me lever. Mes jambes soutenaient avec peine mon corps, de ce fait, je vacillais en tentant de reprendre mes esprits. Pourtant, je devais faire vite. La "bête" viendrait bientôt à ma rencontre.  Mais qui était-elle? Si ça se trouve, ces bruits étaient juste le fruit de mon imagination... Ils me paraissaient pourtant si réels... Tellement graves et monstrueux, ils me donnaient la chair de poule. Des frissons me parcouraient sans cesse pendant que je restais plantée là. Hélas, ma curiosité l'emporta sur mon sens de la survie. J'aurais dû fuir. J'aurais dû m'échapper quand j'en avais encore le temps. Mais je ne le fis pas. Je pris une grande inspiration et j'attendis. 

Les cris devenaient de plus en plus forts et résonnaient dans mes oreilles. Je ne saurais l'expliquer, mais j'eus comme l'impression que cette bête ne serait pas forcément nocive. Peut-être qu'elle fait tout pour qu'on ai peur d'elle, qu'on la déteste dès le premier regard, sans même la connaître, alors qu'en réalité, elle demande juste à ce qu'on l'accepte comme elle est. Un peu comme moi. Ça peut paraître extrêmement psychologique et stupide, mais sur le coup, ça avait du sens pour moi. Comme si je me reconnaissais dans ces grognements ignobles alors que je n'avais pas la moindre idée de ce qui se cachait derrière. Je suis vraiment étrange... Les autres ont raison... Mais plus j'entendais la bête, plus je pensais que ces gémissements se transformaient en lamentations. Tout comme moi, elle ne désirait qu'une chose: qu'on arrête de la rejeter, qu'on la considère comme une "personne normale". Je suis dingue. Me comparer à quelque chose dont je ne connais ni la couleur, ni l'esprit, juste parce que de simples plaintes m'ont fait penser aux cris d'un cœur en détresse... 

Sur l'instant présent, j'ai moi-même envie de me huer, de me taper dessus. C'est vrai, je suis complètement dingue! Le test n'arrange rien; j'ai l'impression de perdre la tête...

Le grondement devient de plus en plus tonitruant. Entre les arbres, j'arrive à percevoir une ombre se faufiler avec agilité et rapidité. Je crois que je tremble.  Mais fuir, n'est jamais la solution à ses problèmes... Dans quelques secondes, il sera là...

Dans un bruissement de feuilles, le vacarme se stoppe brusquement; il laisse place à un silence de mort très inquiétant, presque surnaturelle. Deux yeux argentés apparaissent dans un buisson à quelques mètres de moi. Pétillants, arrogants et un tantinet cruels, ils me fixent dans la pénombres, prêts à me sauter dessus. Je ne comprends pas, ils me font froid dans le dos...Pourtant, ils sont d'une beauté terrifiante. En un coup de vent, la bête sort de son "abris".

Un renard. Sa longue queue touffue ondulant au vent, vint se poser à ses pattes noircies. Son pelage roux est presque brillant et ses yeux d'argents ne me quittent pas un seul instant. Je n'ose pas bouger, lui non plus. J'entends des petits grognements sortir de sa gorge, il n'a pas l'air ravi d'être en ma compagnie...Son regard est vraiment intriguant. Semblable à celui d'un humain, il évoque beaucoup de sentiment, tout le contraire de sa posture qui n'est vraiment pas avenante. Avec une grâce étonnante, il soulève une de ses pattes et se redresse afin de se diriger vers moi. Sa démarche est digne de la noblesse; ses "pas" sont tellement léger qu'on pourrait penser qu'il flotte sur la terre battue.

Il vient se planter juste devant moi et pousse un petit glapissement. Je baisse la tête pour pouvoir une nouvelle fois admirer la beauté étonnante de l'animal. Il frotte son cou contre mes jambes, tout comme un chat l'aurait fait. Puis, il tend l'oreille et plisse les yeux. En retroussant ses babines, je peux apercevoir une rangée de petites dents aiguisées. Il grogne, se mettant en posture de défense comme si une menace allait débarquer.

Un sifflement, le bruit du vent qui agite les branches des arbres. Je crois entendre une voix lointaine qui vient me susurrer faiblement "Thalia...Thalia...".

Des mains viennent s'agripper à mes bras, me tenant fermement, tandis qu'un flash lumineux vient faire disparaître la forêt. Presque comme un battement de cil, le renard ainsi que tout le reste, s'est effacé pour laisser place à un entrepôt. Une migraine vient  me titiller les temps, mes pieds nus sont élevés à quelques centimètres d'un béton froid, mes paupières sont lourdes. Très lourdes. Mais un claquement bruyant et douloureux vint me tirer de mon état vaseux. On vient de me "poser" brutalement sur une chaise. 

Cillant, je frotte mes tempes et blêmis de douleur. Les mains ne m'ont toujours pas quittées, elles sont maintenant appuyées sur mes épaules et m'empêchent d'effectuer n'importe quel mouvement de fuite. Ses mains, elle appartiennent à deux policiers qui ne daignent même pas me regarder; leur expression est tellement froide que j'aurais obtenu plus de compassion de la part d'un mur de brique. 

Au loin, j'entends des acclamations suivies d'applaudissements, ils proviennent surement de l'amphithéâtre qui doit être à côté...Je pourrais peut-être crier pour qu'on vienne me récupérer... Mais lorsque j'aperçois les immenses matraques de mes chiens de gardes, je me ravise.

Des pas résonnent dans notre direction et je peux sentir les corps des policiers se tendre. Je lève mes yeux émeraudes et tente de savoir qui vient à notre rencontre.

"G-Gouverneur...?" chuchotais-je, lourdement étonnée par sa venue.

Baltazar O'Clomor, dans son costume noir agrémenté d'une cravate rouge sang, s'accroupie devant moi avec tellement de grâce et d'élégance que j'en frémis.

-Encore une? Fit il d'une moue boudeuse en plaçant son index sous mon menton de manière à le relever. C'est déjà la troisième...Ça commence à faire beaucoup...Dommage; jolie brin de fille.

-Comment ça? Gémis-je. Que voulez-vous dire par "encore une"? Relâchez-moi, vous me faites mal!

-La ferme! S'écria le policier à ma droite (Il enfonça ses doigts dans mon épaule. Je réprimai une grimace qui fit sourire Baltazar) La vermine doit se taire face au Gouverneur!

Baltazar expira un sourire suffisant avant de me secouer le menton violemment. Il finit par le lâcher en me faisant vaciller.

-Tu vas devoir rejoindre tes petits copains Différents... Vous êtes beaucoup cette année... on va remédier à ça rapidement; ne t'en fait pas, vous n'allez pas sentir la douleur...Normalement! (Un sourire mauvais vint tordre son visage)

-Attendez! Vous devez faire erreur! Je suis tout ce qu'il y a de plus normal! Je ...

Cette fois-ci, le policier tordit carrément mon épaule. Un craquement retentit suivi d'un petit cri de douleur. Un larme roula sur ma joue, je n'ajouta rien de plus en serrant les dents.

"Laissez moi passer! Vociféra une voix lointaine. Thalia! Thalia! J'arrive mon bébé, t'inquiète pas!"

Une porte s'ouvrit à la volée, Baltazar sursauta  en reculant d'un pas. Mon père, en sueur et dans une colère noire, entra brusquement criant mon prénom. Le Gouverneur haussa un sourcil avant de marmonner quelques mots. Environ six policiers, armés, arrivèrent en trombe derrière mon père et l'immobilisèrent. 

-Rendez moi ma file! Cracha mon père en se débattant. Elle est innocente!

-Tiens tien tiens... Dit Baltazar. Le papa vient chercher sa fifille adorée...Vous allez me faire pleurer... (L'ironie mélangée au sarcasme teintait sa voix) Comment a-t-il entendu notre conversation?... Surement Différent lui aussi... Éliminez-le, on a assez de problème comme ça!

Le souffle coupé, je ne pouvais rien dire. Les yeux de mon père s'écarquillèrent, son corps entier se tendit. Il protestait, donnait des coups au hasard, criait désespérément mon nom. Il n'était qu'a quelques mètres, si ces deux brutes ne me labouraient pas l'épaule, j'aurais pu l'aider.

Les policiers, supérieur en nombre, armés de leur lourde matraque, frappait sans pitié mon père. J'entendais des craquements qui résonnaient dans la salle, sous la lumière vacillante. 

Puis, dans un affaissement, je vis mon père rouler en avant et rester inerte au sol. Son visage, figé de peur et d'inquiétude me fixait alors que ses meurtriers finissaient de l'achever. Chaque coup me faisait tressaillir. De sa bouche il articula silencieusement:

"Je t'aime..."

Il ferma péniblement les yeux avant d'expirer son dernier souffle, le corps ensanglanté et lacéré. Baltazar applaudissait hautainement avant de reporter son attention sur moi.

J'haletais. Mon visage, lessivé par mes larmes, se crispa. Un gout acide et amer emplit ma bouche tandis que mes mains se mettaient à trembler. J'avais l'impression que mon cœur venait de se faire transpercer par des milliers d'aiguilles. Ils venaient d'assassiner mon père, celui qui avait toujours été là pour moi, celui qui était constamment fière de moi, sous mes yeux. Je me mis à éprouver une haine inqualifiable. Il m'avait enlever la seule chose qui me faisait sourire sur cette terre, il allait le payer tôt ou tard.  

Bouillante de rage, je leva les yeux vers le meurtrier. Son regard pris une teinte d'effroi . Il fit un mouvement de recule en lâchant un petit cris. Mes deux gardiens baissèrent la tête pour trouver la cause de cette soudaine peur et firent de même en me libérant de leur emprise. Tous étaient rassemblés devant moi, le visage tordu de panique. 

Ma colère ne fit qu'augmenter. Je ne l'avais pas remarqué, ma la chaise tremblait en dessous de moi. Non, c'est mon corps tout entier qui tremblait. Pas de peur, mais de fureur; une colère indescriptible. Je levai un bras et vis l'atrocité.

Mes veines prirent une teinte pourpre avant de devenir entièrement noires. Que se passait-il? D'un bond, provoquant un nouveau mouvement de recul de la part du groupe, je sautai de la chaise. Autour de mes doigts semblait flotter une sorte de fumée aussi sombre que la couleur de mes veines.

Alors que je contemplais sans comprendre ce léger nuage noir, un policier sortit du troupeau et tenta de me maîtriser. Je tendis violemment ma main vers lui et agrippai son avant-bras. J'enfonça mes doigts dans sa peau; il hurla. Le gaz obscur pénétra sa chair avant de colorer ses propres veines. Ses yeux, exorbités, prirent la même couleur. Il blêmit avant de s'effondrer au sol, tel une masse, figé comme une statue.

Les autres, complètement horrifiés, se mirent à crier. Moi-même étonnée par ce que je venais de faire, je tournai sans cesse ma main pour l'examiner.

Sans que je fasse attention, un des policier venait de se glisser derrière moi. Il m'asséna un coup en traître. 

 Trou noir instantané.

Mon réveil fut difficile et froid. Allongée par terre, je me redressa brusquement. Mes veines ayant repris une couleur normale, j'examina l'endroit où je me tenais.

Une cellule. Alors que j'étais complètement perdue, quelqu'un se racla la gorge. Je ne suis donc pas seule... Je les reconnus immédiatement; Délia Koshiba, Lénora et son frère Alphée Mélié puis pour finir Cosme Willer...

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Bonjour, Bonsoir^^

Enfin terminé! Qu'avez-vous pensé de cette fin de chapitre? Que va-t-il se passer? Est-ce que, comme moi, la mort du père de Thalia vous a touchée?

J'attends avec impatience vos commentaires et vos avis, c'est très important pour moi^^

Une dernière chose! Je tiens à remercier comme il se doit, @DuBleuDansSesVeines ! C'est une personne adorable, touchante et qui écrit des textes magnifiquement époustouflants (je viens d'inventer cette expression :-p) Elle prend la peine de lire cette histoire et de corriger mes fautes (Faut dire que là dessus, il y a du travail ^^'). Ses commentaires sont très instructifs et m'encouragent beaucoup. Donc, allez suivre cette délicieuse personne! Allez lire "Esmantium" parce que c'est juste magnifiquement époustouflant! 

Merci à tous!^^

A bientôt <3

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