Chap 11.1 : Dimanche 10 mai 2015
*******HENRI*******
Je me réveille aux premières lueurs de l'aube, Emma collée à moi, le visage reposant sur mon bras, un léger filet de salive aussi. Je suis étonné de presque trouver cela mignon, enfin disons plutôt que cela ne me dégoûte pas. C'est naturel tout ça. Les sentiments que j'ai pour Emma sont au-delà de ce type de considération. Ce n'est pas juste une fille de passage dans ma vie à qui je montre un visage tout lisse et qui doit en faire autant. Nous allons vieillir ensemble je l'espère et il n'est pas question de gêne entre nous. Hier soir déjà quand j'ai rafraîchi son intimité j'ai pu constater ce que cela lui faisait mais le temps sera notre allié et ça sera de moins en moins difficile ou bizarre pour elle.
Je la regarde, attendri par ce spectacle dont je ne me lasse pas depuis une semaine maintenant. Ses beaux traits fins sont détendus, elle sourit dans son sommeil, heureuse, oui heureuse et moi je suis heureux d'être l'artisan de ce bonheur, notre bonheur. Je me défais finalement de son emprise non sans l'entendre émettre un râle de protestation. Je pose délicatement sa tête sur le coussin du canapé qui me servait d'oreiller. Nous nous sommes endormis, nos corps repus, en laissant tout en plan. Je ramasse nos assiettes à dessert et les verres à vin pour les déposer à la cuisine. Je tire les rideaux pour éviter que le salon ne soit trop vite baigné de lumière et ne réveille trop tôt ma petite marmotte, quoique... je ne suis même pas sûr que ça la réveille. Je plie nos vêtements éparpillés autour de nous, sur le canapé, passe par la salle de bain et reviens me coucher à côté de mon ange. À mon contact elle se cale aussitôt contre moi, soupire d'aise et je me rendors, bercé par son doux ronflement.
Il est 9h quand j'émerge à nouveau. Je n'ai pas l'habitude de dormir aussi tard. J'essaie de réveiller Emma en douceur par des petits bisous sur son visage, son nez, dans son cou, son épaule. Elle ne bouge toujours pas, je l'appelle doucement, murmurant à son oreille, je finis par obtenir un petit soupir, son petit nez mutin se fronce mais ses yeux restent ostensiblement clos.
- Emma. Mon ange, il est l'heure de te réveiller.
N'obtenant pas plus de réaction de la part de ma dormeuse, je décide de faire autrement. Je m'abaisse au niveau de sa poitrine découverte et commence à suçoter doucement un de ses mamelons et curieusement très vite, j'obtiens une réaction en fait un ronronnement pour être précis. Je souris contre sa peau chaude. Maintenant que j'ai toute son attention je m'arrête.
- Nonnn ! Encore réclame-t-elle
Et là je ris franchement devant le sourire éclatant qu'elle m'offre, les yeux toujours clos.
- Non ? Encore ? Je dois comprendre quoi ?
- Continue !
- Quoi ?
- Ce que tu faisais !
- Et je faisais quoi ?
- Humm tu sais bien...
Elle bascule sur le dos et m'ouvre les bras. Je ne me fais pas prier plus longtemps et prends ses lèvres d'assaut et je sais déjà que je ne m'arrêterais pas à ça.
*******
Nous sommes attablés pour le petit-déjeuner et je regarde ma magnifique femme, radieuse dans sa robe soleil bleu ciel. Une tasse de thé fumante à la main.
- Qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ?
- C'est l'anniversaire d'Audric et ce soir il y a un dîner chez ses parents... J'aimerais que tu m'y accompagnes... enfin si tu n'as rien de prévu bien sûr.
- J'en serais très heureux.
- Alors ce matin il faut que je lui trouve un cadeau. Je peux te retrouver en début d'après-midi et on prendra la route pour Montreux ?
- Tu ne veux pas que je vienne avec toi pour acheter son cadeau ?
- Ben, je ne pensais pas que ça te tenterait d'aller magasiner avec moi...
- Et pourquoi pas ?
- Les hommes ne sont pas franchement attirés par ce genre d'activité.
- Avec toi, tout m'attire.
- Ok ! Alors on finit notre petit déjeuner et on y va.
- Il faudrait que je passe par chez moi récupérer des affaires pour ce soir. On pourrait y aller en partant d'ici, on déjeunera en ville et on partira ainsi directement pour Montreux.
- C'est parfait ! Je vais juste prévenir matante Ruth que je viens avec toi.
- Tu es sûr que ça ne te dérange pas ?
- Pour une fois que c'est moi qui t'y invite directement, ça te fait peur s'amuse-t-elle.
- Non, non, ça ne me fait pas peur. Mais je t'avoue que je crains un peu...
- Tu crains ? Pourquoi donc ? Ça s'est toujours bien passé pour toi là-haut !
- Oui mais avant... je ne couchais pas avec leur nièce... Et je ne sais pas si j'arriverai à rester indifférent quand tu passeras à côté de moi mon ange, à garder mes mains sagement sur mes genoux.
- Et qui te demande de l'être ? Sûrement pas moi !
- Tu veux dire que je pourrais te prendre dans mes bras ? T'embrasser quand je veux ?
- J'espère bien que tu le feras. Ils savent qu'on sort ensemble et lors de mon dernier déjeuner avec Olly, j'ai laissé entendre qu'il y avait un vrai rapprochement entre nous. Elle ne trouvera pas bizarre qu'on soit proche ce soir. Et puis bientôt tout cela sera derrière nous n'est-ce pas ? J'ai tellement hâte de leur annoncer notre mariage.
- J'ai hâte moi aussi. Tu n'imagines même pas.
- Oh oui j'ai hâte. Tellement hâte de vivre une vie normale de couple. Nous installer ensemble et fonder notre foyer. Si on m'avait dit il y a encore quelques mois en arrière que je serais impatient d'endosser le rôle de mari et père avec autant d'entrain, je lui aurais sûrement ri au nez.
- Donc ce soir, on ne sera pas des étrangers ou de simples collègues ou devrais-je dire un collègue du genre stalker qui me traquait à l'époque
- Te traquer ? Tu y vas fort.
- C'est l'impression que cela donnait en tout cas.
- Ok ! Mais regarde comment ça se termine ce n'est pas si mal comme traque, tu ne crois pas ?
- Attends, tu n'es pas en train de dire que tu as eu raison de le faire ?
- Mo chridhe, quand ça se termine par un mariage avec une amante aussi prometteuse, comment pourrais-je ne pas le dire ?
- Une amante prometteuse tu dis ? Tu trouves que je suis prometteuse alors ?
- Non je n'ai pas dit ça...
- C'est exactement ce que tu viens de dire pourtant.
Emma se lève, me pousse à m'écarter de la table et s'assied à califourchon sur moi. Sa robe remonte et j'en profite pour glisser mes mains le long de ses cuisses. Sa peau est douce, un toucher velouté que j'adore sentir sous mes doigts et sous ma langue. Elle prend mon visage en coupe pour capter toute mon attention.
- Je suis heureuse que tu me trouves prometteuse car j'avais peur justement que tu me trouves trop...
- Emma, Rome ne s'est pas construite en un jour.
- Tant mieux.
- Inquiète ?
- Non. Je voulais juste être certaine que tu sois conscient d'avoir une petite pépite entre les mains.
J'éclate de rire devant ses propos et son sourire éclatant fait resplendir son visage.
- Mon Dieu j'ai créé un monstre.
- Non ! Une femme, une amante dévouée et sincère.
- Oh !
Elle plonge sur mes lèvres et picore ces dernières de tendres, doux et légers baisers pendant qu'elle parle.
- Tu... as... beaucoup... de chance... d'avoir... une élève... aussi...attentive... et... désireuse... d'apprendre... que moi !
- Il faut aussi préciser que le maître est excellent dans son domaine et très bon pédagogue.
Je souris contre ses lèvres, attendri par tout cela. Oui je sais la chance que j'ai de l'avoir pour femme. Elle se redresse, ses mains toujours en coupe autour de mon visage, tandis que je fais glisser les miennes vers ses fesses pour la plaquer contre moi et lui démontrer tout ce qu'elle m'inspire.
Elle reçoit le message cinq sur cinq et passe ses bras autour de mon cou pour un baiser long et profond cette fois.
******* EMMA*******
- Nous sommes bientôt arrivés ma puce.
En disant cela, Henri pose la main sur ma cuisse, me tirant de ma sieste. Je n'ai même pas eu conscience de m'endormir.
Nous avions quitté Genève juste après le déjeuner en direction de Montreux et la première heure avait été consacrée au jeu des plaques minéralogiques, à chanter le plus faux possible et à raconter des anecdotes sur notre enfance ou encore les bons mots de nos neveux et nièces.
- Désolée, je me suis endormie
- C'est que tu en avais besoin.
- Oui on se demande bien pourquoi ?
- Serais-tu en train de te plaindre que je te sollicite de trop ?
- Je n'ai rien dit de tel... Mais je dois avouer qu'en effet tu me sollicites beaucoup... Je crois que je n'ai jamais autant fait de sport de toute ma vie... même pendant la période où je pratiquais à haut niveau...
Il éclate de rire. J'adore son rire, il est si cristallin, si joyeux et ses yeux brillent d'un éclat plus intense. Je suis touchée de voir de lui une facette que beaucoup n'ont pas le loisir de voir, ça démontre un degré d'intimité. Par contre, en parlant d'intimité, je suis aussi consciente que je suis la seule femme avec qui il ait couché et qui ne l'a jamais vu entièrement nu. Après qu'on a fait l'amour je me promets de le laisser s'endormir pour le regarder à loisir mais je ne tiens jamais, je m'endors avant et me réveille par ses bons soins. Je sais que c'est un jeu pour lui mais je compte bien avoir dans son ensemble, ce qui m'appartient. Je tourne le visage vers lui, qui sourit toujours, sa petite fossette, sur la joue droite apparaît et le rend si sexy. Pour le trajet, il porte un jean noir, un tee-shirt noir sous une chemise crème. Son blouson en cuir est sur le siège arrière. J'ai opté pour un jean moi aussi, stone cette fois et une chemise à carreaux dans un camaïeu de parme et mon manteau en feutrine noire est lui aussi posé derrière à côté du blouson d'Henri. Je suis détendue et tellement heureuse d'aller à Montreux avec MonsieurRegardAcier.
- Il faut bien ça pour te préparer aux jeux olympiques.
- Euhh tu sais qu'il faut aussi du repos, histoire de laisser reposer le corps et récupérer pour mieux repartir.
- Tu veux dire que le repos de la journée n'est pas suffisant ?
Et il éclate encore de rire, avant de recevoir une tape sur l'épaule de ma part, moi aussi riant de bon cœur avec lui.
- Je ne t'ai pas demandé... il y aura qui ce soir ?
- Ma tante et mon oncle bien sûr. Olly, Matthieu et Ellie ainsi que le principal intéressé seul ou accompagné, je ne sais pas, mais j'opterais pour la première hypothèse.
- Il n'est pas en couple en ce moment de toute façon.
- Audric n'a pas de couple quoi qu'il en soit, Audric à des petites copines du moment. Il ne tient pas à s'attacher, il se trouve bien trop jeune pour cela.
- Il n'a pas tort...
- Ça ne m'étonne pas que tu comprennes son point de vue... tu le partages
- Partageais... je le partageais. Maintenant j'ai tout ce qu'il me faut et crois-moi j'en suis très heureux. Pour rien au monde je ne voudrais revenir en arrière.
Je suis émue par sa déclaration qui bien sûr me fait extrêmement plaisir.
- Tu penses sincèrement ce que tu dis ?
Je regrette aussitôt d'avoir posé la question. Une peur irraisonnée qui n'a pourtant plus lieu d'être.
- Bien sûr Emma. Je ne l'aurais pas cru possible et j'étais le premier à dire que j'attendais la trentaine pour penser à éventuellement me caser, mais une jeune femme m'a percuté dans un parc et m'a aussitôt volé mon cœur.
- Aussitôt ? Tu exagères un peu... Les choses ont commencé à se profiler bien trois quatre mois après notre première rencontre...
- ...Pas pour moi !
Devant mon air perplexe, il commence à me raconter.
- En fait ce jour-là, quand j'ai fait demi-tour pour rentrer, c'est parce que je venais d'écouter le message que l'assistante de mon père m'avait laissé la veille. J'étais de sortie donc je n'avais pas pris le temps de consulter ma messagerie. D'ailleurs je ne me serais pas attendu de recevoir une convocation de mon père pour le lendemain, un dimanche, à 7h. J'avoue que je n'ai pas respecté la règle de circulation et j'ai fait demi-tour et c'est là que tu m'es entré dedans...
- Que TU m'es entré dedans.
- Que nous nous sommes entrés dedans alors... bien que l'idée de te rentrer dedans ne me déplaise pas.
- Henri m'offusquais-je, avant qu'il n'éclate encore de rire.
- Bref, sur le coup ça n'était pas franchement le genre de rencontre qui m'aurait laissé un souvenir impérissable et pourtant je me suis surpris le jour même à repenser à toi et je crois avoir même rêvé de toi ce soir-là.
- Carrément ?
- Carrément !
- Pourtant tu avais été odieux.
- Euh, j'ai l'impression qu'on ne parle pas de la même rencontre. Je n'ai pas été odieux, loin de là. Toi par contre tu m'as traité de connard...
- Quoi ? Non mais ça ne va pas ? Je n'aurais jamais fait ça. J'ai dit triple con...
- Ah tu t'en souviens alors ?
Remarquant qu'il m'avait fait marcher et que j'avais couru, tombant dans son piège, je lui tape encore le bras de mon poing cette fois.
- Vous n'êtes violente qu'avec moi, ou tout le monde a droit à ce traitement de faveur de Mlle Scott ?
- Juste vous Monsieur Mc !
- Mon Dieu quel privilège !
- Vous faites bien de le reconnaître parce qu'en effet c'est un privilège.
Il tourne la tête vers moi, il a l'air ému. Et je comprends pourquoi. Nous revenons de tellement loin et quand on voit la nature de notre relation maintenant lui comme moi, sommes conscients qu'on aurait pu passer à côté de tout cela. Quel gâchis cela aurait été !
- Et pourquoi le fait que ton père veuille te voir un dimanche matin semblait te perturber ?
- Ben cela n'augurait rien de bon à mon sens et l'histoire m'a donné raison. Tu ne devineras jamais ce qu'il voulait.
- Dis-moi alors.
- Il voulait me parler mariage.
- Mariage ? Tu veux dire qu'il voulait que tu te maries avec Pétra ?
Tout à coup je me sens mal. Si Monsieur McEverty père voulait voir son fils épouser cette femme, apprendre que c'est finalement moi qu'il a épousé risquait de lui déplaire. Notre future fin de semaine à Marlborough house me semble bien compromise maintenant.
- Non ! Mon père ne connaissait pas Pétra. Il voulait parler mariage de façon générale. Pour lui il était temps que je me case. Même si je ne crois pas que Pétra aurait fait l'unanimité comme toi. D'ailleurs elle n'a rencontré que Mary et en même temps que toi qui plus est, tu sais, quand tu pensais que Mary était ma maîtresse.
Pour toute réponse, je lui tire la langue le faisant rire.
- Ne me cherche pas toi. Comment voulais-tu que je devine que Mary était ta sœur ?
- Je ne te cherche pas, je sais que je t'ai trouvée, nous nous sommes trouvés Mo chridhe et je suis tellement heureux.
Les mots d'Henri font montrer des trémolos dans ma gorge et je semble ne pas être la seule personne que ça émeut. Il se racle la gorge avant de poursuivre.
- Paola ne sera pas là ? Je ne vais quand même pas croiser Ed à Montreux ?
- Non ! Ça s'est décidé tard. Ma tante Ruth m'a téléphoné vendredi dans la journée. Jusqu'à jeudi soir elle ne savait toujours pas si Audric serait présent ou pas. Il devait être à Zurich en fait. Tiens, comme toi d'ailleurs. Mais ça aurait pu être cocasse si elle était présente et avec Edward.
- C'est le risque quand on sort avec des cousines. Et oui et si ça se trouve on est revenu par le même train. C'est cool qu'il soit là du coup, ça me donne l'occasion de revoir ton oncle et ta tante. Et puis ce 10 mai va nous faire de nouveaux souvenirs, bien plus heureux que le dernier.
Il fait allusion à l'année dernière, le fiasco du séjour à Torgon. Ça me parait tellement loin tout ça maintenant. Aujourd'hui nous fêtons Audric et je suis moins triste à l'approche de mon propre anniversaire, le premier où je ne serai pas avec Nick. Même si lui et moi nous nous refusions à l'évoquer, nous savions que ça finirait par arriver. Nous habitons sur deux continents différents, je suis mariée et Nick le sera bientôt j'espère. Alors oui les choses changent mais pas forcément en pire. Je serai avec l'homme que j'aime et je sais qu'il fera tout pour que cette journée soit exceptionnelle. J'espère juste que de son côté, Nick aura lui aussi une belle fête.
- Les mauvais souvenirs, il faut les noyer sous des flots de petits bonheurs rajoutai-je simplement.
Il n'était pas nécessaire d'en dire plus.
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