Chapitre 39

— Voilà comment ça va se passer, finit Andrew en déposant son crayon sur la table.

Cela fait déjà quelques heures que nous repassons tout le plan d'attaque. J'ai grand besoin de m'étirer, de marcher. Cette réunion m'a épuisée.

— Vous pouvez vous reposer maintenant. Nous avons besoin d'être en forme pour demain, déclare Andrew.

Je suis le mouvement des autres, me dirigeant déjà vers la porte du réfectoire qui a été exceptionnellement utilisé pour que cette grande réunion puisse avoir lieu. Mais la voix d'Andrew m'appelle. Je me retourne, attendant qu'il poursuive.

— Tu peux rester deux minutes ? J'ai à te parler.

J'acquiesce et retourne m'assoir. Une fois le réfectoire vide, il prend la parole.

— J'ai besoin que tu restes ici, à l'Immeuble pour protéger le reste des habitants qui n'iront pas à la guerre.

Je me tend automatiquement. C'est une blague ?

— Pardon ?

— Nous avons besoin de personnes pour rester ici, comprend que si les rebelles décident d'atta...

— Il est hors de question Andrew. Cette guerre est la mienne. Je ne vais pas rester ici à attendre que mes amis fassent le sale boulot. Je ne me permettrais pas de rester à l'abri pendant que les autres se mettent en danger, pendant que ma famille tente de survivre dans une guerre incontrôlable qu'ils ne comprennent même pas. Je sais me battre, je suis autant capable que les autres, je m'exclame en me levant.

Il reste silencieux pendant un moment puis se lève pour s'approcher de moi. Sous mon regard plein d'incompréhension, il me prend dans ses bras.

— Tu as raison. Pardonne-moi. Tu as tout à fait y'a place dans cette guerre.

Je finis par me détendre, même si ce geste de la part d'Andrew me surprend encore.

Nous quittons enfin le réfectoire et je cours vers ma chambre pour prendre une bonne douche. Peut-être la dernière...

Une fois sous l'eau, je tente de faire le vide dans ma tête, au moins le temps de ce bain. L'eau s'imprègne dans mes cheveux, je ferme les yeux de délice.

***

Ce soir encore, mes pensées m'ont mené à l'extérieur de l'Immeuble.

Je soupire et une fine fumée s'échappe de mes lèvres, dû au froid de plus en plus présent. Je frotte mes mains entre elles, dans l'objectif de me réchauffer. J'observe calmement les beaux jardins, comme si c'était la dernière fois que je le faisais. Je veux me souvenir de chaque fleur, chaque recoin de cet endroit si apaisant. C'est ma maison désormais.

Des mains se referment sur mon ventre et je sens un torse ferme contre mon dos. Je sursaute, mais souris déjà. Nous restons quelques minutes dans le silence, puis je finis par me retourner pour faire face à Erwan. Il me fixe sans rien dire et passe une main le long de ma joue. Le contact est électrisant. Je ferme les yeux pour mieux profiter.

Alors que mes yeux sont toujours clos, ses lèvres se posent délicatement sur les miennes. Je me colle un peu plus contre lui et la chaleur que m'offre son corps me réchauffe instantanément. J'enfouis ma tête dans son cou pendant qu'il enserre ma taille de ses mains. Je me sens si bien dans ses bras, comme si le reste du monde n'existait pas, comme si demain n'arriverait jamais. Et qu'est-ce que je ne donnerais pas pour que ce soit le cas.

Au bout de quelques longues minutes, je m'éloigne et attrape sa main.

— Erwan, j'ai peur...

— Tu vas y arriver, nous allons y arriver. Ais confiance en toi Victoire.

— Comment peux-tu être si sûr de toi ?

— Je ne le suis pas. Mais je dois être optimiste, et tu devrais l'être aussi.

Je détourne le regard alors qu'il passe une main dans mes cheveux.

— Victoire, tu es forte. Et nous tous, unis, le sommes encore plus, reprend-il.

— Toi qui parles d'être unis ? Ça fait bizarre...

— Je sais.

Un silence s'installe à nouveau. J'entends seulement le son de nos respirations et du vent qui souffle dans les arbres autour de nous.

— Erwan...

Je ne le regarde pas mais je sais qu'il me fixe, attendant patiemment que je poursuive.

— Je t'aime.

Je me suis tournée vers lui en prononçant ces mots. Mon corps frissonne à la simple énonciation de cette phrase qui veut tout dire. Mais il était temps. Il était temps que ça sorte et peu importe si ce n'est pas réciproque. Peu importe si tout change entre nous, s'il s'éloigne à nouveau. J'ai enfin exprimé mes sentiments, et c'est tout ce qu'il fallait que je fasse.

Un magnifique sourire s'étire sur ses lèvres.

— Moi aussi, je t'aime Victoire.

Mon cœur rate un battement et je défait mon regard du sien, quelque peu bouleversée.

— Wow.

— C'est si surprenant que ça ? demande-t-il amusé.

— Cela paraît tellement peu probable...

— Pourquoi ?

— Parce que... c'est l'aspect que tu te donnes ? Le méchant garçon froid qui repousse tout le monde.

— C'est comme ça que tu me vois ? interroge-t-il en lâchant un rire.

Je ne peux m'empêcher de rire moi aussi. Ça fait tellement du bien de le voir comme ça.

— Plus maintenant.

— On dirait bien que tu as percé ma carapace.

— Et ton cœur, je continue en riant.

— Et mon cœur, répète-t-il, sourire aux lèvres.

Je plonge à nouveau dans ses beaux yeux bruns et ses lèvres attirent inlassablement les miennes. Ses gestes sont doux, il caresse lentement ma joue et replace une mèche de cheveux derrière mon oreille.

— Je t'aime tellement. Tu es si belle, si courageuse et rayonnante. Mes sentiments sont si grands que ça me fait peur. Je ne contrôle pas tout ça. Je crains tellement de te faire du mal, de te perdre.

— Erwan...

— Dès que je t'ai vu je savais que tu étais différente. J'ai senti que tu n'étais pas comme les autres et je ne pouvais pas envisager le fait que tu te mettes à m'aimer. Tu es une fille en or et tu mérites tellement mieux que moi...

— Hé...

Je le force à se tourner vers moi.

— Erwan, la seule chose qui me fait mal c'est lorsque tu me repousses comme tu sais si bien le faire.

— Ne crois pas que c'est facile pour moi Victoire. Je n'aurais jamais dû craquer, mais je suis tellement nul que j'ai succombé. Je n'aurais jamais dû perdre le contrôle ce fameux soir dans la forêt.

— Tu regrettes ?

Je marque une courte pause et reprend :

— Tu regrettes tout ça ? Nous ?

Il me fixe un instant.

— Ai-je le droit d'être heureux ? Ai-je le droit d'aimer moi aussi ?

— Évidemment Erwan ! Pourquoi ce ne serait pas le cas ?

— Parce que j'ai trop merdé. J'ai trop déçu. J'ai fait des choses horribles Victoire, j'ai vécu des choses horriblesque je ne surmonterai sûrement jamais.

Je le regarde tristement. Erwan a souffert, c'est évident. Il a souffert et il souffre encore. Il a beaucoup de mal à mettre son passé de côté, à le laisser derrière lui. Je suis prête à l'aider. Si nous sortons vivants de cette guerre, je ferais tout ce qui est dans mon pouvoir pour qu'il parvienne enfin à se laisser le droit d'être heureux sans se démériter constamment.

Il est si beau, là, au clair de lune. Les reflets de celle-ci caressent sa peau légèrement bronzée, ses cheveux tombent sur son front.

— Laisse-moi t'aider, je t'en supplie...

Au bout de quelques longues secondes, il répond :

— Et si je finis par te faire du mal ? Et si tu finis par t'en aller, ou pire, par mourir ? Je ne suis pas prêt à encaisser une nouvelle mort...

— Tu ne crois pas que c'est déjà trop tard ?

Il sait que j'ai raison. Nous sommes déjà beaucoup trop attachés l'un à l'autre pour supporter une telle chose.

Sans crier gare, il me prend dans ses bras, à ma plus grande surprise.

— Tu me rends fou, chuchote-t-il à mon oreille.

Je souris contre son épaule et il s'écarte légèrement de moi pour prendre mes lèvres avec une passion nouvelle. Ses mains s'invitent dans mon dos et le contact de sa peau brûlante contre la mienne gelée me fait lâcher un soupir de plaisir. Il se lève en attrapant ma main et m'entraîne à l'intérieur de l'Immeuble. Je m'assieds sur le petit canapé du hall et il vient rapidement vers moi. Son corps imposant se presse au-dessus du mien. Je me retrouve allongée sur le dos, il bloque mes poignets de chaque côté de ma tête et me contemple avec envie.

Il commence ses baisers dans mon cou et j'ondule instinctivement sous son corps. Il lâche un de mes poignets pour relever mon haut et presse sa main dans le bas de mon dos pour me coller un peu plus à lui. J'en profite pour passer la mienne dans ses cheveux.

Il s'écarte légèrement pour faire passer le tissu au-dessus de ma tête et laisse tomber mon pull au pied du canapé. Nos regards se croisent un instant et je peux y lire toute l'envie qu'il a pour moi.

Il retire son propre tee-shirt à mon plus grand plaisir. Je scrute chaque parcelle de son torse et un sourire se dessine sur ses lèvres.

— Le spectacle te plaît ? demande-t-il amusé.

— Oh que oui, souris-je.

Il entreprend cette fois d'enlever mon bas de survêtement. Il défait le lacet avec une lenteur calculée et fait glisser le pantalon sur mes cuisses, sans cesser de sourire, provoquant.

— Tu es si belle...

Il se retrouve sur moi et s'empare à nouveau de ma bouche, sans me laisser le temps de dire un mot. La sensation est délicieuse, ses mains qui s'agitent sur mon corps, sa langue qui joue passionnément avec la mienne.

— Je t'aime, je t'aime, je t'aime...

— Erwan...

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