Chapitre 30

Le garçon a très vite arrêté de faire le malin quand il s'est rappelé qu'il était entouré de deux machines. Son frêle corps à lui, a dû sentir passer le coup de poing dans l'estomac que lui a asséné Erwan quand il a refusé de nous mener au laboratoire. Il s'est plié en deux, les mains serrées sur son ventre pendant que le visage d'Erwan restait complètement égal.

— Au sous-sol.

Nous quittons l'immense appartement pour reprendre l'ascenseur. Théo appuie sur le bouton du -1 et bientôt, les portes métalliques s'ouvrent sur une grande porte en verre. Il faut évidemment un code pour y entrer. Ce serait trop facile.

— Fait le code, ordonne Julie.

— Jamais de la vie ! cri le fils du tant aimé.

Erwan lui assène un nouveau coup de poing qui atteint directement le nez du pauvre garçon. Enfin, pauvre peut-être pas. Du sang s'écoule de son nez rougi et Laurie qui n'avait pas dit un mot jusque là intervient.

— Erwan, stop. On a besoin de lui. Vivant.

— C'est bon, je m'en occupe, soupire Théo.

Il se positionne face à l'écran à côté de la porte et fait ses tours de magie. La porte s'ouvre dans un nouveau cliquetis.

— Bon, on cherche n'importe quoi qui peut incriminer Geoffrey ou nous donner des indices sur ce qu'il prévoit.

— Qu'est-ce que vous avez contre mon père ? Qu'est-ce qu'il vous a fait ? C'est un homme bon, il ne fait de mal à personne. Il maintient l'ordre et la paix à Altalie. Pourquoi lui en avez-vous après lui ?!

— Ferme-la gamin, ordonne froidement Théo qui ne relève même pas les yeux, trop occupé à fouiller les moindres recoins du laboratoire.

Soudain, la voix d'Enzo se fait entendre dans nos oreillettes.

— Les gars, noir ! Vous êtes où ?

— On a trouvé le laboratoire, où es-tu ?

— Dans la voiture, je vous attend dehors et je surveille la secrétaire. Bougez-vous, il est presque midi.

— Ok.

Nous cherchons de plus belle, et bientôt, je semble mettre la main sur quelque chose. Une petite boîte en métal noire. Je l'ouvre délicatement et y trouve une espèce de puce électronique. Je ne m'y connais pas vraiment dans ce genre d'engin technologique alors je m'empresse d'appeler les autres.

— Regardez ça.

Tout le monde s'approche pour voir de plus près.

— Je pense qu'on tient un truc, déclare Théo

— Dépêchons-nous, ordonne Laurie.

***

Nous sommes rapidement rentrés à l'appartement pour mieux analyser la découverte. Simon, le fils de Geoffrey, est attaché au pied du canapé afin d'éviter une éventuelle fuite.

— Moi, je propose qu'on mange dehors ! déclare Enzo en s'asseyant à table.

— Tu ne trouveras rien de merveilleux pour tes papilles gustatives, je lui fais remarquer.

— Je m'en fiche, c'est pour notre dernière soirée à Altalie ! C'était pas mal ce séjour mine de rien.

— Parle pour toi... je rétorque à voix basse.

Malgré tout, tous semblent apprécier l'idée et bientôt, nous sommes prêts à quitter pour la troisième fois aujourd'hui l'appartement. Cette fois, pour une raison un peu plus amusante. Quoi que, s'infiltrer dans une maison doit être une véritable partie de plaisir pour Julie.

Nous arrivons au restaurant. J'avais autrefois l'habitude d'y venir avec mes parents et parfois même mes amis. Simplement parce que c'est l'unique restaurant qui propose autre chose que des légumes. Mais maintenant que j'ai pu goûter à la nourriture de l'extérieur, celle-ci ne doit plus avoir aucun goût.

Je prends place à côté de Laurie, qui elle, est assise près de Julie. Les garçons prennent place face à nous et un serveur s'approche.

— Moi, je vais prendre un filet mignon avec des frites ! s'exclame Enzo.

— Un... Pardon ? demande le serveur surpris.

Je ramène ma main contre mon propre front en lançant un regard exaspéré à Enzo. Quel idiot.

Le monsieur dépose les menus sur la table avec méfiance, puis s'en va. Quelques minutes plus tard, un nouveau serveur s'approche de nous et nous commandons. Nous discutons, rions. À part Erwan qui reste toujours sur la réserve, tout le monde semble bien s'amuser. Le temps de cette soirée, nous oublions notre mission, nous oublions pourquoi nous sommes ici, nous oublions même où nous sommes. Et que demain nous rentrons chez nous, à Phandrès. Que Simon est enfermé seul à l'appartement. On laisse tomber la pression.

Enfin, presque.

Alors que nous attendons patiemment nos plats, tout en plaisantant, quelqu'un m'interpelle. Mon sang se glace automatiquement à l'entente de mon prénom. Je reconnais directement sa voix et mon cœur se serre. Mon regard croise le sien, on dirait que le temps s'est arrêté autour de nous. Ses cheveux d'un brun presque noir, sa peau pâle, ses grands yeux verts émeraude. Je crois que plus personne ne parle à table, toute l'attention est portée sur ce qui est en train de se passer. Je me lève doucement pendant qu'il s'avance jusqu'à moi. Bientôt, ses bras entourent mon dos pour me serrer contre lui. Son odeur virile emplit mes narines.

Romain...

— Où étais-tu ? demande-t-il en m'écartant légèrement de lui.

— C'est... une longue histoire. Comment se fait-il que tu te souviennes de moi ?

— T'as toujours été ma meilleure amie, j'allais pas t'oublier si facilement ! s'exclame-t-il dans un sourire.

Je souris à mon tour, à la fois rassurée et perplexe. Comment se fait-il qu'il se souvienne de moi alors que ma propre mère ne se souvient pas ?

— Je ne veux pas interrompre vos retrouvailles de meilleurs amis pour la vie, mais maintenant, il va devoir venir avec nous.

Je me tourne vers Enzo, qui comme d'habitude, est là pour tout gâcher.

— Avec vous où ? Qui sont ces personnes ?

Je m'apprête à lui expliquer la situation, mais je suis encore une fois dépassée, par Julie cette fois-ci. Décidément ces deux-là forment un parfait duo.

— Tu auras tes explications plus tard mon grand, ravie d'enfin te rencontrer. Mais maintenant, suis-nous.

Romain me lance un regard plein d'incompréhension, mais le reste du groupe se contente de suivre Julie qui se dirige vers la sortie.

— Et notre repas ?! s'exclame Théo, visiblement pas du même avis.

— Ferme-là.

Il lève les yeux au ciel et suit le groupe. J'indique à Romain de me suivre et nous retournons à l'appartement. Lorsque nous entrons dans le salon, son regard croise immédiatement celui de Simon. Il attrape fermement mon poignet, me forçant à m'arrêter.

— Qu'est-ce que ces gens foutent avec le fils de Geoffrey ? demande-t-il à voix basse visiblement nerveux.

Un mélange de peur et de méfiance flotte dans son regard. Il n'est pas rassuré et ça se comprend...

— Ces gens sont mes amis, tu peux leur faire confiance. Je sais que tout va te paraître dingue, je suis passée par là moi aussi... Je t'expliquerai tout, mais pour l'instant, tu dois me faire confiance.

Je sais qu'il ne comprend rien à ce qui est en train de se passer. Il ne connaît même pas encore la vérité. Je n'imagine pas sa réaction quand il sera au courant.

— Le petit brun, tu dors sur le canapé si ça ne te dérange pas. Enfin, même si c'est le cas, t'as pas trop le choix, c'est ça ou par terre.

Romain jette un coup d'œil à Enzo. Je sens qu'il va vite l'énerver. Romain déteste le genre de mec arrogant, qui fait des blagues qui ne font rire que lui-même et qui se moque ouvertement des autres. Le genre de mec qu'est Enzo quoi. Je pose une main sur son avant bras en espérant que ce geste le calme un peu. Il se retourne vers moi dans un sourire.

Erwan se lève du canapé et part dans la chambre sans un mot. Le fils de Geoffrey qui n'avait pas ouvert la bouche jusque là se prononce enfin :

— Je peux avoir à manger s'il vous plaît ?

— Désolé mon pote mais, ce soir tu devras t'en passer, avise Enzo en retirant son propre tee-shirt avant d'entrer dans sa chambre.

— Bonne nuit les gars ! s'exclame Julie.

— Déjà ? Mais il est super tôt ! proteste à nouveau Théo.

— Si tu veux rester réveillé et parler à notre cher ami Simon, rétorque-t-elle ironiquement, fais-toi plaisir. Évite seulement de trop en dévoiler.

Je souhaite bonne nuit à Romain avant de retrouver ma chambre. Je m'installe dans le lit où Erwan se trouve déjà. Son dos me fait face.

— Merci pour... aujourd'hui.

— De rien.

Je ne comprends pas cette distance soudaine. Pourtant, ce matin il était si attentionné avec moi, pourquoi est-il froid soudainement ?

Je ne cherche pas à le comprendre plus longtemps, c'est son caractère après tout, je commence à le savoir. Je commence à avoir l'habitude avec ses sautes d'humeur.

Je me retourne sur le côté et me laisse emporter par les bras de Morphée.

Mon sommeil est bien moins apaisant que la veille. Et je sais exactement pourquoi. Il manque quelque chose. Ou quelqu'un. Il manque la chaleur apaisante de son corps tout près du mien, on dirait qu'une mer nous sépare.

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