CHAPITRE 17 - EVAN

29.10.17
Appartement n°14, Immeuble 050, Quartier d'East Village | MANHATTAN – 7:30 PM.

Je me mords la lèvre, un sourire débile placardé sur le visage. Mon cœur se réchauffe et je me sens ridicule à sentir mes yeux brillants d'admiration devant le message que je viens de recevoir  : une photo – encore – de Diego. Celle d'hier soir était carrément chaude – j'ai failli jouir rien qu'en la regardant!- mais celle-ci est totalement adorable. Sexy, mais adorable. Il est torse nu, allongé sur le dos sur des draps que je distingue blancs, et le selfie est pris d'en haut, bras tendus. Son sourire me fait craquer tout comme son torse musclé. Même s'il n'a pris que son profil gauche, c'est carrément suffisant.

Comme un amoureux transi, je viens la retaper en noir et blanc grâce à l'éditeur iPhone avant de la mettre en fond d'écran. C'est mon copain. Je frissonne. Je n'arrive pas encore à réaliser que, même si nous allons nous cacher, nous sommes ensemble. Ça me fait tout drôle.

- Evan, viens mettre la table  !

Connaissant ma mère, je m'empresse de la rejoindre à la cuisine. Elle est plantée devant le gaz, en train de faire réchauffer sa sauce bolognaise. Je jette un rapide coup d'oeil aux informations qui passent à la télé avant de récupérer les couverts dans le placard.

- Heu... papa dîne ici  ?

- Oui, il ne devrait pas tarder je suppose.

Je dispose nos trois couverts à leur place habituelle, puis je rejoins maman devant les casseroles.

- Ça sent trop trop bon , dis-je d'une voix enfantine.

- Merci mon chéri.

Elle m'embrasse sur la joue et je viens embrasser la sienne ensuite. J'adore ma mère, malgré son caractère parfois pète-sec. C'est une femme sublime et très intelligente. Je suis fier d'elle et de sa réussite. Comme elle, j'espère un jour pouvoir vivre de ma passion  : la chirurgie.

- Au fait, j'ai terminé mon livre.

- Ah  ? , je demande curieux.

- Oui. Je t'ai mis le PDF sur là clé USB, là.

Je suis son doigt pointé sur le comptoir. Je repère vite la petite clé USB bleue électrique. Je viens la ranger soigneusement dans ma poche.

- C'est trop cool, merci.

- Je compte sur toi pour ne pas le mettre en ligne  !

Elle me menace avec sa cuillère en bois, et j'explose de rire tout en la lui fauchant des mains.

- Oh si je vais le mettre sur internet comme ça personne l'achètera et ta carrière sera foutue  !!!

- Sale gosse  !

Elle me tape les fesses alors que je viens remuer la sauce dans la casserole. Les pâtes, elles, sont déjà prêtes.

- J'ai trop faim. 

- On va passer à table, tant pis si ton père mange froid  !

Elle me fait un clin d'oeil et nous rions de bon cœur. Une dizaine de minutes plus tard, nous nous retrouvons face à face à table, seuls. Je lui tends mon assiette pour qu'elle me serve. J'en ai déjà l'eau à la bouche, à voir les spaghettis enduits de sauce tomate tomber dans mon assiette. Je me munis de mes couverts et me mets à manger.

- Tu comptes aller à Harvard  ?

Je suis surpris par la question, posée très calmement de but en blanc. La bouche pleine, je décide d'avaler tranquillement avant de répondre  :

- Non. Pourquoi  ?

- Oh, comme ça. J'ai vu une brochure sur ton bureau.

- Ah, ça  ! Non, c'est pas pour moi.

Je suis ravi qu'elle ne pose pas plus de questions, mais son regard en dit long. Je me sens stupide  : je ne veux pas qu'elle espère quoi que ce soit. Pour moi, mon but premier, c'est d'avoir mon diplôme ici au lycée. Ensuite, trouver un hôpital ou faire mon internat et une école assez correcte pour étudier me suffit. Je ne rêve pas d'universités prestigieuses et de tout ce genre de choses.

Mon portable vibre sur la table, près de mon assiette, et je n'ose pas répondre  : maman déteste que l'on utilise nos portables à table ou devant la télé lorsque nous regardons un film. Je souris malgré tout lorsque je vois le prénom de Diego affiché à l'écran. Résigné, je reviens me concentrer sur mes pâtes.

- Tu peux répondre, t'inquiète. C'est repas tranquille, ce soir.

Je ne me fais pas prier. La bouche pleine, mastiquant une bonne fourchette de spaghettis bien juteux, je viens déverrouiller mon iPhone. Mon cœur sursaute dans ma poitrine lorsque je vois le fond d'écran  : finalement, c'était peut-être une mauvaise idée.

DE  : DIEGO ✉
7:47 PM – Tu veux faire quoi, demain  ?

À  : DIEGO ✉
7:48 PM – Je sais pas. Toi  ?

DE  : DIEGO ✉
7:48 PM – On sèche  ?

Je me mordille nerveusement l'intérieur de la joue  : c'est tentant. Sécher les cours avec Diego Flores  ? J'en meurs d'envie. Dans un premier temps je suis tenté de dire oui, parce que l'idée de passer la journée avec lui me réjouit. Mais je déchante vite en me souvenant le savon que m'a passé mon père le mois dernier, quand j'ai séché pour aller au ciné, et la promesse que je lui ai faite. Je n'ai qu'une parole.

À  : DIEGO ✉
7:49 PM – Je peux pas. Mon père me tuerait. Déjà pour le cinéma le mois dernier j'ai cru qu'il allait faire une attaque. Désolé.

Je décide de poser mon portable pour ne pas abuser de la gentillesse de maman. Même s'il sonne à nouveau quelques secondes plus tard, je me fais violence pour ne pas regarder l'écran.

- Qui est-ce  ? , demande maman.

- Oh... c'est heu... Lily. C'est Lily.

- Mhmh.

Elle me regarde, un petit sourire au coin des lèvres. J'ai envie de rire  : je ne sais pas vraiment mentir, et je le sais. De plus, Diego me fait un tel effet que j'en perds totalement mes moyens.

Le repas se termine en silence une vingtaine de minutes plus tard. Pour une fois, maman est restée les yeux rivés sur l'écran de la télé à écouter avec attention les informations, tandis que je m'imaginais tout un tas de plans aussi rocambolesques les uns que les autres  : comment approcher mon copain incognito demain au lycée  ? Je n'ai toujours pas de réponse, et c'est la merde.

Alors que je range l'assiette de maman dans le lave-vaisselle, la porte d'entrée claque, suivie du bruit caractéristique du sac que papa laisse tomber dans l'entrée. Tête baissée et l'air blasé, il rentre dans l'appartement.

- Coucou  ! , je lance.

- On t'a gardé le repas au chaud mon amour , dit maman.

- Merci. Mais je suis crevé, je vais me coucher.

Il trace jusqu'à la chambre sans nous adresser le moindre regard. Je le regarde s'éloigner  : il agit de la même façon que lorsque ses migraines terribles lui prennent la tête. La surcharge de travail, sans doute  : on le voit très peu à la maison ces derniers temps.

- Je vais dans ma chambre, dis-je à maman. Commencer ton livre.

- Super  !

Je marche jusqu'à ma chambre les mains dans les poches de mon jogging, mes doigts jouant avec la clé USB de maman. Quand je passe près de la chambre de mes parents, je remarque la porte fermée. Inquiet, je toque deux petits coups avant de l'entrouvrir  : il fait noir à l'intérieur mais je distingue la silhouette de papa, allongé sur les draps, son bras sur son front comme lorsqu'il a mal au crâne.

- Tout va bien Inspecteur Steve ? , je m'amuse gentiment.

- Oui mon grand. Juste une migraine.

- Tu as pris un médicament  ?

- Oui, t'en fais pas. Il y a quoi au repas  ? , demande-t-il avec intérêt.

- Des spaghettis bolognaise.

- Mhmh..., je souris. Ça va déjà mieux. Je viendrai manger dans quelques minutes. Dis-le à maman.

Je ris avant de refermer la porte. Je fais rapidement la commission à maman avant de m'enfermer finalement dans ma chambre. Aussitôt, j'allume mon enceinte bluetooth que je connecte à ma galerie iTunes  : la voix de Danny O'Donoghue m'apaise instantanément. Je récupère mon macbook sur mon bureau, ainsi que la brochure d'Harvard cachée sous un bazars de cahiers et de classeurs. J'ai menti à maman  : je lirai son livre plus tard.

J'avais oublié l'existence de cette brochure. Je me souviens m'être retrouvé dans le couloir du lycée quand Diego a quitté la salle de classe de monsieur Powell comme une furie. Je l'ai vu marcher déterminé, tête baissée comme quand il est touché, avant de balancer une boule de papier dans une poubelle. Bien évidemment, ma curiosité ne changera jamais. Le seul papier qui s'y trouvait était cette brochure. Je n'ai pas compris, sur le coup, et je ne comprends toujours pas d'ailleurs.

En quelques clics, je me retrouve sur le site internet de l'université. Dans les nombreux onglets qui s'y trouvent, je cherche la liste des programmes. J'essaie de trouver un lien avec Diego. Je me souviens bien sûr de notre conversation à Central Park, lorsqu'il m'a dit qu'il avait de super notes dans les matières scientifiques. Malgré tout, c'est flou. Pourquoi serait-il sorti d'une salle de classe avec cette fichue brochure, pour la jeter à la poubelle ensuite  ?

Après une dizaine de minutes à fouiller sur le site, un programme en particulier attire mon attention  : physique et ses dérivées, notamment astrophysique. Les pièces du puzzle se mettent en place dans ma tête  : il adore l'astronomie. Son professeur l'a certainement compris. Powell pense-t-il vraiment que Diego aurait sa place à Harvard  ? Mon cœur se gonfle de fierté, avant de dégonfler subitement  : Diego ne fera jamais d'études, il me l'a bien fait comprendre. Je déglutis. Mon portable sonne.

DE  : DIEGO ✉
7:49 PM – T'inquiètes pas, on peut se voir après.
8:13 PM – Tu fais quoi  ?

À  : DIEGO ✉
8:13 PM – Je lis le nouveau livre de ma mère. Et toi  ?

En attendant sa réponse, je fixe le programme d'Harvard les yeux vides. Diego à Harvard  : ce serait quelque chose d'exceptionnel pour lui. Je comprends désormais pourquoi il a balancé la brochure à la poubelle avec tant de colère  : il sait que qu'il n'ira jamais là-bas.

DE  : DIEGO ✉
8:15 PM – Rien du tout, je m'ennuie.
8:15 PM – J'ai parlé de toi à ma sœur.

Je manque de m'étouffer avec ma salive. Il a parlé de moi à quelqu'un  ? À sa sœur  ? Mes doigts survolent l'écran de mon portable sans savoir quelle réponse taper. Finalement, j'envoie simplement  :

À  : DIEGO ✉
8:16 PM – Ah  ?

DE  : DIEGO ✉
8:18 PM – Elle t'a vu par la fenêtre quand tu t'es pointé au quartier. Elle t'a trouvé mignon.

Un sourire stupide étire mes lèvres. Je comprends. Je ne le connais même pas réellement mais, pourtant, je suis certain de l'avoir cerné sur ce coup là.

À  : DIEGO ✉
8:19 PM – Oh. Et je suppose que, jaloux, tu n'as pas su te taire  ?

DE  : DIEGO ✉
8:19 PM – Exactement.

Je me souviens de son premier message où, jaloux, il n'avait rien trouvé de mieux que me demander si je sortais avec Dylan Campbell.  J'adore son petit côté possessif, même si ça en énerverait plus d'un. Ça me fait craquer d'autant plus pour lui.

À  : DIEGO ✉
8:21 PM – Tu es tellement possessif.

DE  : DIEGO ✉
8:21 PM – Je n'aime pas l'idée qu'on ait des vues sur ce qui est à moi.

Mon sourire s'efface. Je me mords la lèvre, fort, presque jusqu'au sang. Ohlala. «  Ce qui est à moi  », sous-entendu que je suis à lui, donc. Je frissonne. S'il était là, je me serais jeté sur lui pour l'embrasser.

À  : DIEGO ✉
8:22 PM – Je n'appartiens à personne, Diego.

J'omets volontairement de mettre un petit émoji  : ça maintient le mystère. Clairement, il peut dire que je suis à lui cela ne me pose aucun problème  : j'aime bien le concept. J'ai juste envie de jouer un peu. Un sourire mesquin étire le coin de mes lèvres quand mon portable tinte dans ma main.

DE  : DIEGO ✉
8:24 PM – On verra demain si tu tiens toujours le même discours... ;) Bonne nuit Evan.

Oh. Bordel. De. Merde. Il me chauffe, là, non  ? Une bouffée de chaleur m'envahit et je me mords la lèvre inférieure encore une fois. Je vais défaillir. J'ai envie d'entrer dans son jeu, de lui poser des questions, mais je ne le fais pas. Je commence à comprendre comment il fonctionne  : son «  bonne nuit  » m'indique qu'il ne me répondra plus jusqu'à demain. Je le hais  : il le fait exprès pour me faire mariner. Frustré, je soupire.

Je pose mon portable sur le lit près de moi. Puis, lassé, je reviens fixer l'écran de mon ordinateur. Harvard. Mon cœur se serre.

Il mérite tellement mieux que cette vie qu'il mène là.

X   X   X

30.10.17,
East Side Community High School | MANHATTAN – 9:26 AM.

Ce cours est d'un ennui à mourir. Je ne parle toujours pas un mot d'Espagnol – mis à part les quelques mots glissés à l'oreille de Diego – et l'histoire de Madrid ne m'intéresse en aucun cas. Je suis à deux doigts de me tirer une balle, et Léa aussi même si elle passe son temps à gribouiller des dessins dans son carnet secret. Moi, je n'ai aucun talent artistique pour m'occuper. Je soupire une énième fois en regardant la pluie à travers la fenêtre  : la seule occupation que je trouve, aussi chiante soit-elle, c'est compter les secondes entre l'éclair et le tonnerre. La semaine s'annonce terrible.

Je suis mort de fatigue, à avoir presque passé une nuit blanche. La raison de mon insomnie  ? Des bras tatoués, des beaux yeux gris-noisette et un prénom latino. J'ai pensé à lui toute la nuit, à fantasmer sur ce que serait une nuit passée avec lui ou même une journée à traîner dans Central Park. Parfois je me demande pourquoi c'est tombé sur moi. Je veux dire, c'est un beau garçon. J'aurais craqué sur lui dans tous les cas, mais à quel moment, moi, j'ai assez de chance pour tomber sur un gars qui s'intéresse à moi  ? C'est clairement la première fois que ça m'arrive, et il a fallu que ce soit Diego Flores. J'ai envie de me claquer. Foutu karma.

Mon portable vibre dans ma poche et je m'empresse de le sortir discrètement, soulagé d'avoir enfin quelque chose à faire de mes deux mains. Je souris.

DE  : DIEGO ✉
9:31 AM – Toilettes du bâtiment A, deuxième étage. Maintenant.

Je pouffe de rire, tandis que mes joues s'empourprent malgré moi. Je prie pour que Léa ne le remarque pas. Mon cœur commence à battre de façon irrégulière dans ma poitrine. Je panique  : j'ai trop hâte de le voir, enfin. Le croiser ce matin en arrivant et ne pas pouvoir l'approcher m'a foutu mal au ventre. Je lève la main.

- Señor Wright  ?

- Je peux aller aux toilettes, s'il-vous-plaît  ?

- En español ?

- Hem... puedo ir al baños ? , je demande peu convaincu. Por favor ?

- Sì.

Je quitte ma chaise calmement pour ne pas attirer l'attention sur moi. Dans le couloir désert, je trottine et me précipite dans les escaliers pour descendre d'un étage. Je me jette presque sur la porte des toilettes, qui s'ouvre en un grincement. Je souris comme un débile, le coeur à deux doigts d'exploser, quand je le vois appuyé contre les lavabos : ses bras croisés sur son torse lui donnent un air autoritaire. Je m'efforce d'effacer le sourire niais de mon visage.

- Héy , dis-je.

Il ne me répond pas et s'approche de moi. Je me tourne pour le regarder, une fois dans mon dos, tandis qu'il tourne le verrou intérieur de la porte pour la verrouiller. J'ai chaud, et je n'arrive pas à me détendre. Je suis tendu comme pas possible, dans l'attente.

- Holà monsieur Wright.

Sa voix fait que ma peau se recouvre de chair de poule. Je le sens derrière moi, son torse contre mon dos. Ses grandes mains se posent sur ma taille tandis qu'il attire mon bassin contre le sien : je jurerais pouvoir sentir sa virilité contre mes fesses, même si je suis conscient qu'il ne bande pas. Moi non plus, d'ailleurs. On sait se tenir un minimum, même si j'avoue que c'est parfois difficile de garder mon calme face à un apollon pareil.

- Monsieur Flores.

Je sens son souffle contre mon oreille et, là, je sais qu'il sourit. Je le sens à ses lèvres contre ma peau quand il dépose un baiser dans mon cou, presque sur ma nuque. Je me crispe et, dans un geste un peu trop brusque, je viens agripper ses poignets avec mes mains. Il dépose quelques baisers sur ma peau. C'est trop lent, il me fait mariner : je gémis de frustration.

- Alors ? Je t'ai manqué ? , demande-t-il tout bas à mon oreille d'une voix hyper sexy.

- O-oui.

Je couine comme un lâche quand il mordille ma peau, là où se rejoignent mon cou et mon épaule. Je brûle. Bordel, qu'il arrête. Ses mains caressent mon ventre par dessous mon hoodie d'une marque de skateboard. Je soupire d'aise.

- Et t-toi ? , je bégaie.

- Oh oui.

Je souris, amusé, alors qu'il dépose un baiser dans mon cou. Je ferme les yeux et balance la tête en arrière. Je les rouvre lorsque je sens qu'il me fait tourner entre ses bras. En un claquement de doigts, je me retrouve assis sur les lavabos, ses mains sur ma taille par dessous mon pull. Ses doigts remontent peu à peu plus haut, vers mes pectoraux, tandis que j'écarte les cuisses pour qu'il vienne s'y glisser. Je le regarde dans les yeux, sans ciller.

Je pose mes mains sur ses bras que je sais tatoués dans les manches de sa veste en cuir. J'adore ses tatouages. Puis, doucement, je me penche pour l'embrasser. Nos nez se frôlent, nos lèvres s'effleurent, je brûle, mais il tourne finalement la tête.

- Tutut... , m'empêche-t-il. Tu vas m'embrasser, là ? , demande-t-il amusé.

- Bah... oui  ?

- Dis-le.

- Quoi donc ?

Je fronce les sourcils, mon visage si près du sien que je sens son souffle chaud et son haleine sur ma peau. Je pouffe de rire quand je le vois sourire en coin. Il va finir par me rendre dingue.

- Que tu es à moi.

Je ricane, comme un imbécile. C'est ridicule, mais je ne peux pas m'empêcher de trouver ça adorable et terriblement sexuel aussi. Je suis à lui ? Je l'ai déjà dit : j'aime ce concept là. Mais, comme un maso, je décide de m'amuser un peu.

- Je te l'ai dit, je n'appartiens à personne.

Je sens ses mains glisser sous mon pull, en des caresses que je ressens pleines d'envie. Ses doigts sont chauds, et j'apprécie. Ses yeux dans les miens, son bassin contre le mien tandis qu'il se tient debout entre mes cuisses, j'ai l'impression d'être sur le point d'exploser.

- Oh, tu es sûr ? , il s'amuse.

- Oui.

Je le regarde droit dans les yeux en m'efforçant de répondre avec sérieux et aplomb. Il tique, un peu, et je crois avoir gagné. Sauf que ce n'est pas le cas.

- Oh... ah...

Je gémis bruyamment, et je balance la tête en arrière et m'agrippe à son poignet sous mon pull pour le stopper. Il fait rouler mon téton sous son pouce et le pince avec son index. Une décharge d'électricité me parcourt le corps. Malgré le fait que j'essaie de l'empêcher, il récidive et m'arrache un nouveau gémissement aigu.

- Et là ? , demande-t-il en souriant en coin.

- Toujours pas.

C'est complètement maso, mais j'ai envie de voir jusqu'où il est capable d'aller comme ça. Il me fait un effet monstre et je m'étonne moi-même de ne pas être encore en train de bander. Lui, étonnamment, est très calme. Sa main libre, la gauche, vient claquer mes fesses au même moment qu'il pince mon téton. J'en crève. Je manque de tomber en avant tant le plaisir, à cet instant précis, est intense. Je me rattrape de peu, mon front sur son épaule. Ses deux mains finissent leur course sous mon pull. Il entame alors une terrible torture sur mes tétons. Je brûle, je soupire. Je ne vais pas tarder à devenir dur s'il continue ainsi, et je n'en ai aucune envie.

- Je suis à toi...

- Quoi ? , je l'entends sourire.

- Soy todo tuyo.

Je souris comme un débile quand ses mains abandonnent mes tétons pour mon visage. Il le prend en coupe entre ses mains et dépose un baiser tendre sur mes lèvres. Je m'attendais à ce que ce soit fougueux, voire hyper saliveux et langoureux, mais ce n'est pas du tout le cas. Au contraire  : c'est tendre, lent et hypnotique. Son souffle est chaud et lourd, signe de désir. Je frissonne, et viens poser mes mains sur ses poignets. Je m'y agrippe tandis que je lui rends son baiser. J'ai l'impression que tout disparaît autour de moi, et qu'il n'y a plus que nous deux. Jamais auparavant je n'ai ressenti ça avec un garçon. Jamais.

- T'es sadique...

Je me plains quand il se sépare doucement de moi pour mettre fin au baiser. Il sourit et me vole un petit baiser chaste, avant de poser ses mains sur mes cuisses. Les lèvres brillantes, il se contente de me fixer. Il hausse les épaules.

- Je t'avais dit que tu changerais de discours.

Je donne un petit coup de poing dans son épaule carrée et musclée. Il rit. Son odeur quand il revient m'embrasser chastement les lèvres me fait planer. Mon coeur bat tellement fort que je l'entends tambouriner dans ma tête.

- À quelle heure tu finis ce soir ? , me demande-t-il.

- 4 heures, pourquoi ?

- Ça te dit qu'on aille se balader, toi et moi ?

Je fais la moue. En général, lorsque je finis à 16 heures, je vais voir Abby à l'hôpital. Ma petite soeur me manque, bien sûr, et je sais à quel point elle est heureuse de me voir. Je crois que le malaise se voit sur mon visage.

- Tu ne veux pas ? , s'inquiète-t-il.

- Non. Enfin... si. C'est juste que... d'habitude je vais voir Abby.

Il fronce les sourcils, signe qu'il réfléchit. Je lui ai vaguement parlé d'elle : je suppose qu'il a oublié son existence. Après tout, nos conversations se comptent sur le doigt d'une main alors...

- Oh, d'accord. T'en fais pas, c'est normal.

Il a l'air déçu. Il baisse les yeux sur ses chaussures et je trouve ça juste adorable. Je reprends :

- Par contre, vers 5:30 c'est possible.

- Va pour 5:30 !

Il m'attire dans un baiser hyper doux et agréable. Je me laisse faire, mes mains crochetées sur sa nuque où je caresse ses cheveux bruns : ils sont doux. J'adore.

- On va où, par contre ? , je demande en descendant des lavabos.

- Tu me fais confiance ? , demande-t-il mystérieusement.

- Ouais.

- Je t'envoie l'adresse par SMS , il m'embrasse sur la joue, à ce soir !

J'ouvre la bouche pour lui répondre mais c'est inutile, car il s'est déjà enfui. Je profite de cet instant seul pour me passer un peu d'eau sur le visage et recoiffer mes cheveux mis en pétard par ses doigts. Peu à peu, mes joues redeviennent pâles et j'ai l'air moins ahuri. Je souris.

Je m'empresse de retourner en cours, impatient d'être à ce soir. 

.   .   . #eastriverFIC 

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