ㅤ📃 CHAPITRE 41

Céleste aurait aimé discuter plus longtemps avec Connor. Pas parce qu'elle appréciait sa compagnie mais parce que ce qu'il avait dit l'intriguait. Pourquoi avançait-il l'idée que son frère puisse lui enlever sa liberté ? Elle gardait néanmoins à l'esprit qu'il parlait très certainement pour la troubler, accordait une maigre importance à ses paroles ; elle gardait tout cela en mémoire uniquement au cas où elle doive s'en servir un jour.

Alors qu'elle avait retiré sa main de la sienne, inconfortable à l'idée qu'il puisse la toucher ainsi, Lahssen était arrivé dans son dos. Oh, ils avaient parfaitement senti toute la retenue qu'il employait, voyait la tension dans ses épaules. Faisant tout son possible pour garder son calme, il avait demandé si tout allait bien, s'ils ne désiraient pas quelque chose à boire ou manger. La proposition sonnait plutôt comme une invitation envers le noble ; il valait mieux pour lui qu'il ait une soudaine déshydratation sévère.

Oh, le noble comprit parfaitement le message, prit congé. Il souffla cependant une dernière fois à la noiraude qu'il valait mieux qu'elle réfléchisse à leur conversation, qu'elle se rappelle qui était réellement ses alliés ici.

Désormais seule avec son ami, l'instructrice soupira une seconde, reprit immédiatement contenance.

« J'aurai peut-être pas dû faire ça.

— Non, tu as bien fait, il commençait à me balader dans tous les sens.

— Alors ? À quel point il va nous faire chier ?

— Pas tant que ça, j'ai l'impression. Il va falloir le garder à l'œil mais j'ai la sensation que les choses vont aller. Pour le moment... »

Lahssen ne rajouta rien.

Le reste de la soirée passa plutôt tranquillement. Assise à côté de Cassandre sur un canapé, Céleste prit plaisir à manger la viande qu'on lui avait servi. C'était la première fois depuis des années qu'elle regoûtait à un rôti et elle profita autant qu'elle le pouvait. À sa gauche, son ami se retenait de tout dévorer, faisait attention à ses quelques manières.

Il sentait suffisamment sur lui les regards, il ne voulait pas attirer plus d'attention sur lui.

Les musiciens jouaient plus doucement que tout à l'heure, offraient une ambiance plus intimiste, permettaient aux discussions de prendre place. Et puis, petit à petit, un espace se créa et une partie des invités se mit à danser.

Toujours assise, la noiraude regarda son frère prendre la main de sa femme, l'entraîner dans au centre de la pièce. Cette dernière rigolait alors qu'elle se laissait entraîner par son époux, tournoyait déjà autour de lui.

« Ils sont mignons.

— Ils se sont bien trouvés. »

Et elle le pensait. Voir son aîné s'amuser et valser avec la jolie blonde réchauffait son cœur ; il avait cet immense sourire sur ses lèvres qui dénotait avec le sérieux des autres invités, attirait les regards sans s'en soucier.

« Je sais danser ça...

— Bien sûr que oui, je te l'ai appris pour ton mariage.

— Alors c'est parfait. Viens. »

L'instructeur n'avait pas envie de passer toute la soirée installé sur un canapé à écouter des nobles qu'il ne connaissait pas et qui n'étaient pas intéressants pour un sou. Il avait vu, de toute manière, son amie regarder avec attention les danseurs, se doutait bien que ça lui ferait plaisir.

« Promis, je ferai attention à ne renverser personne.

— C'est la moindre des choses. »

Tout en attrapant sa main, Céleste prit congé des personnes avec qui elle avait passé une partie de la soirée, suivit le brun dans la salle. Il hésita plusieurs secondes avant de se mêler aux autres mais lorsqu'il le fit, il était lancé.

Un pas après l'autre, ils se balançaient, tournaient parmi les invités, se retenaient de rire. Des années plus tôt, elle l'avait aidé à maîtriser une valse basique lorsqu'il avait épousé Ophélie ; aujourd'hui, ils mettaient cet apprentissage à l'épreuve.

Heureusement, étonnement ?, Lahssen s'en sortait parfaitement, avait fait en sorte qu'ils se fondent dans le décor. Petit à petit, plus personne ne les remarqua et on se comportait avec eux comme s'ils avaient été toujours là. Pourtant, elle gardait une certaine gêne en son cœur ; son ami avait beau bien danser, il y avait quelque chose dans sa manière de faire qui était étrange pour elle. Peut-être était-ce parce qu'il la tenait avec un certain malaise ?

Il ne serrait pas sa taille avec conviction, ne la gardait pas fermement contre lui. C'était compréhensible, en vrai. Le brun avait toujours cette sorte de « peur » de la blesser s'il y mettait trop de force. Pourtant, elle savait que jamais il ne la laisserait partir ou tomber, qu'il serait toujours là pour la rattraper.

Lorsque la musique se termina, que tout le monde se salua, Céleste offrit son plus beau sourire à son ami. Elle aurait aimé danser dans un autre lieu, là où ils auraient pu réellement s'amuser mais elle était contente malgré tout.

Puisqu'il n'y avait que ça à faire, ils continuèrent à danser pendant le reste de la soirée. Parfois, ils se mêlaient avec Cassandre et Serena ; la noiraude avait pu retrouver son frère le temps d'une valse. Et elle se sentait bien, entourée de ceux qu'elle aimait, baladée au rythme d'une musique légère. Malgré la situation actuelle, son esprit était soudainement vide de toute inquiétude et il ne demeurait qu'une sérénité agréable.

Petit à petit, l'appréhension initiale de Lahssen s'était envolée. Il s'était pris au jeu avec un naturel surprenant. Même s'il avait toujours été doué pour s'adapter aux situations, trouver rapidement sa place peu importe le contexte, elle était heureuse de voir qu'il avait réussi à le faire ici aussi. De temps en temps, il finissait par discuter avec une inconnue qui s'intéressait à son sourire malicieux, se laissait une seconde charmer par sa voix. Mais la curiosité s'effaçait aussi vite qu'elle ne venait et il retournait toujours auprès des autres.

Malgré le masque de détente sur le visage du brun, Céleste voyait parfaitement ses épaules tendues, le poids invisible qui le pesait. Il ne la laissait plus disparaître loin de lui et il se moquait royalement que Charles-Henry l'avait invitée à le rejoindre ; il ne pouvait plus laisser l'instructrice disparaître.

Et si elle finissait encore une fois tourner en bourrique par un de ces mauvais ?

Lorsqu'il vit Connor esquisser un pas vers elle, il l'entraîna une fois encore dans une nouvelle danse. Qu'il la laisse en paix !

Il savait que son amie s'en rendait parfaitement compte. Elle ne s'en plaignait cependant pas. En réalité, elle était reconnaissante qu'il soit ainsi, qu'il reste fidèle et dévoué.

Parfois, elle se demandait ce qu'il se serait passé s'il avait fini par s'attacher encore plus à lui. S'il l'avait fait aussi. Les choses auraient été assurément différentes, très certainement plus compliquées pour elle. Pour eux.

Certes, leur relation pouvait porter à confusion, elle s'était elle-même demander quelques fois s'il n'y avait pas quelque chose de plus... Mais elle savait qu'il n'y avait que leur amitié, complexe et puissante. Parfois, elle enviait la complicité simple qu'elle voyait chez les autres, aurait préféré vivre ça plutôt que s'emmêler dans ses affections.

Cependant, si ça avait été ainsi pour elle aussi, elle aurait alors tiré un trait sur tout l'amour qu'elle portait à Becca, l'attachement qu'elle avait pour Lahssen, la tendresse qu'elle offrait à Kris.

« Je dois l'avouer, c'est amusant. »

Tout en laissant son esprit vagabonder, elle se laissait emporter par la valse de son ami. Les yeux fermés, elle suivait le mouvement avec instinct, sentait la chaleur réconfortante du brun. Dans ses bras, elle se sentait en sécurité, protégée du monde extérieur, gardée loin de tout ce qui pouvait la blesser.

Au bout d'un moment, ils arrêtèrent tout de même. Même si elle voulait continuer à danser, elle savait qu'il valait mieux retrouver les autres, se mêler un petit peu aux invités. Lahssen et Céleste suivirent le mouvement, rencontrèrent des amis du couple Fosten.

Au fil des heures, la fatigue finit par se faire sentir. Petit à petit, les invités commençaient à s'en aller, saluaient le maître des lieux. Voyant que la pièce se vidait lentement, les deux instructeurs commencèrent à se dire qu'il valait très certainement mieux pour eux de disparaître maintenant.

« Comment on fait pour le retour, au fait ?

— Comme je vous l'avais dit à votre arrivée, vous pouvez récupérer la voiture qui vous a emmené ou rester dormir ici.

— Alors je vais aller chercher notre carrosse. Mamie, attends moi ici et ne fais pas de bêtises, d'accord ?

— Je ne comptais pas m'enfuir. »

Lahssen suivit le mouvement vers l'extérieur, laissant la mamie seule avec sa famille.

« Il va mettre un moment à revenir.

— Je sais.

— Va voir père maintenant. S'il faut, j'occuperai ton ami. Dépêche toi. »

Poussée dans le dos par son frère, Céleste se dirigea du pas le plus assuré possible vers le maître des lieux. Ce dernier saluait un couple qui s'en allait, regarda sa fille arriver jusqu'à lui sans ajouter un mot. Quand elle fut à sa hauteur, il releva légèrement le menton, la toisa silencieusement.

« Je vois que tu as préféré t'amuser comme une enfant plutôt que venir à moi.

— N'est-ce pas là la preuve que votre soirée était réussie ?

— Plutôt celle que tu ne sais pas établir tes priorités et est toujours une petite désobéissante. Cependant, je suis content de voir que tu as réussi à te débarrasser de ton pou.

— Je n'apprécie guère vos insultes envers mon ami.

— Ce que tu penses ne m'intéresses pas réellement. Je dois malgré tout avouer qu'il a été plutôt malin pour te garder ce soir, un véritable enfant accroché à sa mère... Je vais devoir être obligé de te rappeler ici. Sans lui.

— Je comprends. Je ferai le nécessaire.

— J'apprécie néanmoins ton honnêteté concernant la réussite de cet événement. Et je suis aussi agréablement surpris quant au fait que tu aies toujours tes bonnes manières. Douze ans avec la vermine de l'armée ne t'aura visiblement pas fait tout oublier.

— Malgré tout, je reste votre enfant, non ? Il serait bien étonnant que toute votre éducation soit effacée en si peu de temps.

— Cette répartie, ce n'est pas moi qui te l'ai apprise, au contraire.

— Père, je suis la fille que vous méritez. »

Elle savait que sa phrase était pleine de double sens. Que Charles-Henry pouvait la comprendre comme il le voulait. Lentement, il plissa ses yeux, sembla jauger si ce qu'elle disait était positif ou négatif. Céleste n'était pas aidante, elle ne laissait rien transparaître sur son visage, se contentait simplement de le fixer en silence.

« De toute ma vie, je ne me suis jamais dit que tu étais l'enfant que je devais avoir.

— Le contraire m'étonnerait.

— Ma fille, qu'as-tu de plus que ton frère à part une arrogance innée ?

— Une amitié avec la reine actuelle. Et un héritage que vous n'avez pas et désirez. »

Pour la première fois de sa vie, la noiraude vit la contenance de son père se transformer en incrédulité. Ce n'était pas de la colère ou de la peur, plutôt une surprise telle qu'il se mit à trembler.

Alors qu'il retrouvait son assurance, l'instructrice vit Lahssen revenir, commencer à la chercher du regard.

« Je vais devoir partir, mon cavalier m'attend. Mais rassurez-vous, comme vous l'avez dit, nous nous reverrons. »

l'écriture de ce chapitre a été assez difficile mais la fin omg ?? ; 

céleste ma vie, quelle assurance, d'où tu nous la tires comme ça ??? ; 

cette femme, mais cette femme omg, elle va avoir notre peau 

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