ㅤ📃 CHAPITRE 38

Le lendemain matin, l'aube à peine levée, Becca et Kris s'en allèrent. Ils prirent néanmoins le temps de rester pour le petit déjeuner, partirent lorsque Lahssen s'en alla dans le jardin. Il n'avait pas vraiment envie de dire au revoir aux deux soldats, préférait plutôt disparaître et laisser Céleste s'occuper d'eux.

La noiraude embrassa le duo, leur fit promettre de faire attention sur la route et leur affirma qu'elle passerait les voir avec le brun, qu'ils n'allaient pas restés séparés trop longtemps.

Quand elle fut enfin seule, elle partit voir l'instructeur. En quelques mots, elle lui annonça qu'ils allaient monter sur Sina dans la journée, qu'il fallait qu'il soit prêt avant dix heures s'ils voulaient avoir le temps de faire quoi que ce soit. Son ami leva son pouce pour simple réponse et elle repartit dans sa chambre.

Là, enfin seule, elle attrapa l'enveloppe qui était restée scellée.

Après l'avoir ouverte elle en sortit deux feuilles. La première semblait un peu plus vieille que l'autre, légèrement abîmée sur les coins. Elle mit un temps à reconnaître sa propre écriture, pinça ses lèvres quand elle lut ce qu'elle avait écrit quatre ans plus tôt, avant de disparaître. Et si elle survola rapidement son texte, elle se pencha sur ces nouvelles lignes.

Levi lui avait répondu.

Quand avait-il rédigé ça ? Lorsqu'elle était partie ou là, quelques jours plus tôt, juste avant de donner la boîte à Becca ? Quelque chose lui disait que ça datait de plusieurs années, que ça avait été fait dans le moment.

Il ne s'en était jamais séparé...

Mais l'autre papier, lui, elle se doutait parfaitement qu'il n'avait pas quatre ans. C'était une feuille nettement pliée, lisse de toute bavure et rature. Et dès les premières lignes, Céleste sut que Levi répondait à ce qu'il avait reçu deux semaines plus tôt.

« Je n'ai jamais voulu que tu me quittes. Que tu disparaisses. Que tu décides de t'effacer, de t'en aller pour une durée indéterminée, de ne jamais revenir par toi-même.

J'ai détesté comprendre que tu étais de retour parce que tu y étais forcée. Que tu étais là, avec nous, parce que c'étaient les événements qui t'y contraignaient, pas parce que c'était quelque chose que tu avais réellement à cœur. Et tu as beau eu me dire que tu étais contente d'être revenue, je sais.

Je sais que tu avais aussi hâte de rentrer chez toi. De t'enfuir à nouveau. De ne plus apparaître. Je comprends, en réalité. Au-delà des récents événements, de l'angoisse et du stress, ce n'était aussi peut-être pas ce que tu voulais.

Et je lis, je relis, encore et encore, ce que tu as écrit et rien ne fait sens pour moi. Pourquoi tant de contraintes, de tourments, de chaînes. Quand je t'ai vue, j'ai eu la sensation de rencontrer quelqu'un de totalement différent, de ne plus être en face de la personne que je pensais connaître par cœur. Mais, la vie est ainsi et, quoi que tu diras, tu n'as pas tant changé que ça.

De toute manière, peu importe qui tu es aujourd'hui, je tiens toujours autant à toi.

Pendant quatre ans, je ne t'ai pas oubliée. Tu as hanté mes pas, continué à demeurer à mes côtés. Maintenant que tu es là, que tu es revenue, que tu existes encore, je ne veux plus que tu repartes. Tu peux reprendre ta vie telle qu'elle est, continuer à avancer dans le sens que tu veux mais sache que je ne veux, je ne peux, plus être laissé de côté.

Je veux continuer à marcher avec toi, retrouver un « nous » qui a pu exister et existe encore. Si tu l'acceptes, bien évidemment.

Maintenant, si tu souhaites savoir pourquoi je te rends tout cela, c'est parce que, tout simplement, ça t'appartient. Fais-en ce que tu veux, tant que tu le fais toi-même, que tu es certaine de tes actions. Peut-être que je n'aurai pas dû empêcher ces affaires d'être jetées, surtout si tu décides de t'en débarrasser au final, mais je ne regrette pas de l'avoir fait. Je te le dis, je les avais plutôt gardées pour avoir encore avec moi un souvenir de ton existence que dans l'espoir hypothétique de te les renvoyer. Aujourd'hui, je suis content de voir que j'ai bien fait ; même si je perds ce qui m'a aidé pendant quatre ans à te garder à mes côtés, je sais que tu retrouves les seules choses que tu as ramené de chez-toi, qui te restent de Claude, de nous.

Réponds à cette lettre si tu le souhaites, reviens au Bataillon quand tu veux, ignore-moi sinon... Sache seulement que si demain tu décides de venir, même pour quelques minutes, et que nous nous revoyons, je le prendrai comme une invitation à revenir dans ta vie. »

Céleste ne put réprimer son sourire. Avec le temps, il s'était un peu amélioré en rédaction, il ne lui avait pas écrit quelque chose sur deux lignes. Malheureusement, elle savait qu'elle ne pourrait pas retourner au Bataillon avant un moment et...

Le fourbe ! Elle lui avait dit qu'elle viendrait peut-être le voir pour aller dans les bas-fonds et il n'avait très certainement pas oublié cette information ! Si elle venait vraiment le chercher, il le prendrait automatiquement comme une porte ouverte et... Et quoi ? Est-ce que ça voulait dire qu'elle devait agir avec lui ? Faire d'autres pas dans son sens ? Non. C'était lui qui devait les faire.

Elle avancera à nouveau lorsqu'il lui dira clairement ce qu'il attendait. Ce qu'il voulait.

« Mamie ! Tu es prête à partir ?

— Dans deux minutes ! »

Le cri soudain de son ami la ramena sur Terre.

Avec tout ça, elle avait oublié Lahssen et leur sortie pour Sina. Rapidement, elle attrapa des vêtements simples, s'attacha les cheveux, récupéra son sac. Elle récupéra son argent sur le chemin, prit les escaliers pour mettre ses chaussures. Certes, elle n'avait absolument pas l'allure d'une riche acheteuse avec le brun mais ils allaient faire du cheval pendant un moment, ils devaient penser au voyage.

Et puis, ils avaient l'invitation, elle suffisait.

Sur le chemin, elle ne mentionna à aucun moment la lettre. L'instructeur n'avait pas besoin de tout savoir et elle voulait que cet échange, aussi court et simple soit-il, il ne reste qu'avec elle. Dans son esprit et contre son cœur.

Et puis, elle trouva d'autres sujets de conversation assez rapidement. Les heures de route qui s'annonçaient devaient être comblées et les deux avaient toujours un truc à dire quand ils étaient ensemble. Peu important le thème de leur discussion, ils finissaient à chaque fois par se relancer, finir par se perdre dans leur échange.

Ainsi, le « voyage » sembla durer moins de temps à leurs yeux et ils arrivèrent au début de l'après-midi à Sina. Et même s'ils étaient tentés de d'abord faire les boutiques, leurs ventres grondants les rappelèrent vite à l'ordre.

Lahssen et Céleste s'achetèrent rapidement de quoi grignoter, ils ne voulaient pas perdre plus de temps ici. Ils prirent néanmoins le temps de s'installer dans un petit parc, sur un banc à l'ombre. Tout en continuant de manger, ils regardèrent les passants. Ce fut l'instructeur qui brisa le silence, mal à l'aise.

« Je me posais une question...

— Dis-moi.

— Pourquoi est-ce que la mère de Kris refuse de le voir ? Tu n'as jamais voulu me l'expliquer et maintenant qu'on est d'accord sur le fait qu'on devrait lui dire, ça serait bien que je sache... Je me demande d'ailleurs comment le gamin fait pour ne pas encore s'en rendre compte.

— Je pense qu'il sait. Ou en tout cas se doute, il n'est pas parfaitement idiot.

— Ça ne répond pas à ma question. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— C'est parce que c'est de ma faute si on en est là. Quand il est entré aux Brigades d'Entraînement, elle m'a contacté. Elle voulait que... Que j'aide Kris. Que je le garde envie pendant ce qu'il lui restait aux Brigades. Et que je l'aide, aussi, à rentrer dans les Brigades Spéciales.

— Si elle a décidé de couper les ponts parce que son merdeux est dans le Bataillon, je te jure que-

— Kris est le portrait craché de Zeyn. La mort de son premier fils a eu des conséquences sur sa santé. Que le deuxième suive le même chemin... Quitte à ce qu'il rentre dans l'armée, autant qu'il soit dans une position confortable pour lui. Quand elle s'est rendu compte qu'il était décidé, elle m'a demandé de lui faire changer d'avis.

— Je vois que tu es super forte à ça.

— J'ai essayé. Mais j'ai vite compris que ça ne marcherait pas. Alors je lui ai dit clairement. Le retour de flamme a été violent. Elle en a profité pour m'accuser de la mort de Zeyn, me dire que j'avais le sang de ses deux enfants sur les mains. Et elle m'a dit qu'elle préférait considérer ne plus avoir d'enfant du tout plutôt que savoir son fils bientôt mort une nouvelle fois à cause de moi. »

La pure expression incrédule de Lahssen voulait tout dire. Sourcils haussés, sourire pincé aux lèvres et yeux plissés, il attendait très certainement que Céleste dise qu'elle racontait n'importe quoi. Mais elle restait sérieuse et l'instructeur ne put que soupirer.

« Je comprends légèrement mieux la situation. Tu aurais pu m'en parler dès le départ, je t'aurai aidée.

— Te dire qu'elle ne voulait plus le voir était déjà beaucoup, pour moi, à l'époque. Je n'avais pas à cœur de t'expliquer les raisons... Même si toi tu ne me tiens pas coupable de tout ça...

— Vu comme ça, c'est plutôt logique. Enfin, maintenant que c'est dit, on va pouvoir avancer concernant cette histoire. Mieux vaut tard que jamais. »

Un instant, la noiraude regarda son ami. elle connaissait cet air mieux que quiconque ; le brun voulait la rassurer, cachait son inquiétude derrière son maigre sourire. Ah, il était comme elle quand il était comme ça.

« Bon, on y va ? On a assez traîné comme ça et les boutiques ne vont pas rester ouvertes jusqu'à la tombée de la nuit. J'espère seulement que ça ne me coûtera pas trois bras, j'en ai encore besoin.

— Ça, je ne peux rien te promettre. Avec un peu de chance, on trouvera quelque chose de pas trop cher... »

Tout en se remettant en route, le duo se mit à regarder les vitrines. Lahssen se rendit rapidement compte que la plupart des vêtements étaient faits sur mesure, ne seraient jamais prêts à l'heure. Il fallait donc prendre une pièce plutôt simple, déjà existante et qui pouvait être directement adaptée à eux... Mais c'était clairement en deçà de ce qu'il serait porté lors de la soirée.

« Je ne veux pas paraître pessimiste mais on est dans de beaux draps, non ? Je veux dire, on ne trouvera très certainement rien avant la soirée et-

— Ne panique pas. Tu crois sincèrement que Cassandre nous aurait envoyé l'invitation sans penser à ça ? Dans son post-scriptum, il disait qu'il nous enverrait une voiture.

— Oui, pour nous emmener là-bas. Je ne vois pas vraiment le rapport.

— Pour nous emmener et nous aider. Je connais mon frère, je sais qu'il a écrit ça pour ne pas éveiller les soupçons mais je sais parfaitement ce que ça veut dire. Nous aurons des vêtements. Ce qu'il nous faut, cependant, c'est ce qui va autour. »

En douze ans, l'avenue commerçante avait beaucoup changé. Certaines enseignes, cependant, demeuraient toujours et l'une d'entre elles intéressait particulièrement la noiraude. À pas assurés, elle s'avança jusqu'à une boutique claire, ouvrit la porte sans attendre son ami qui la suivait à la trace.

C'était un lieu assez sobre, où plusieurs bijoux et accessoires étaient présentés. Du regard, Lahssen parcouru tous les présentoirs, écouta en silence Céleste qui expliquait la situation à un vendeur. Aucune hésitation se faisait entendre dans sa voix, alors qu'elle demandait clairement ce qu'elle voulait.

C'était rare qu'elle soit ainsi, tiens ; le menton levé, le dos droit, le regard ferme. Même lorsqu'elle enseignait, elle avait toujours un moment de trouble, où ses doigts se mettaient à trembler et où elle regardait ailleurs le temps de se reconcentrer. Là, il n'y avait aucun doute, seulement une certitude née. Qu'elle le veuille ou non, elle était parfaite dans le rôle de la noble.

« Monsieur désire-t-il quelque chose en particulier ?

— Je laisse madame décider, elle a de bien meilleurs goûts que moi. »

C'était la stricte vérité. D'ailleurs, la noiraude montrait déjà des montres à gousset, se tendait vers son ami pour voir si elles lui iraient.

À cet instant précis, Lahssen sut que la soirée qui arrivait serait plus que mémorable et peut-être plus intéressante que ce qu'il pensait.

LEVI MAIS ENFIN MON GARCON ????? ; MAIS MON ENFANT, DIS-LUI CLAIREMENT QUE TU L'AIMES C'EST BON, ON A COMPRIS PTN, POURQUOI TOURNER AUTANT AUTOUR DU POT ?? ;

et instant shopping, maison du style pour lahssen et céleste mdr, madame a de l'assurance pour une fois, ça fait plaisir ; 

et comment ça la daronne de kris ?? ; écoutez, outil surprise qui nous servira plus tard ça aussi <3 ;

un peu triste en vrai pour kris, bichette, mais ne vous en faîtes pas, il gagnera au change 

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