« Bonjour, je m'appelle Harry, j'ai 24 ans et je suis militaire. Je suis déployé en Afghanistan depuis maintenant 2 ans...

Je ne sais pas qui lira cette lettre, peut être même qu'elle ne trouvera pas de destinataire, mais j'ai besoin d'exprimer ce que je ressens depuis bien trop longtemps.

Aujourd'hui, le jeudi 28 Novembre, je me suis fait tirer dessus. Je savais que ça arriverait un jour, mais je ne pensais pas vivre encore après.

Le médecin m'a conseillé de retourner chez moi mais j'ai peur. Ça me fait encore plus peur que la guerre elle même. Je sais que si je retourne chez moi je serai seul psychologiquement et physiquement. Je n'aurais plus mes camarades avec moi ni même mon meilleur ami.

J'ai peur de revivre ce qui s'est passé lors de ma dernière permission.

J'étais amoureux. Amoureux d'un garçon pour qui j'avais sacrifié ma famille en leur avouant la vérité sur mon amour. J'étais prêt à tout assumer pour lui.

Mais lorsque je suis rentré de la guerre, personne n'est venu me chercher à la gare. J'étais au milieu d'une foule de militaires qui embrassait leurs femmes, leurs enfants, et moi j'étais là comme un con.

Je pensais d'abord qu'il avait du retard et je ne suis parti que quand la gare fut vide.

Je suis rentré dans mon petit studio et c'est là que je l'ai vu.

Mon petit copain avec sa meilleure amie dans mon lit.

J'étais anéanti. J'avais tout perdu. J'ai tout perdu.

Je n'ai plus de raison réelle d'exister.

Je suis seul et triste et je ne fait que repasser ce moment dans ma tête.

Je ne crois plus en rien. Ni à la paix ni à la douceur ni même l'amour, ce qui est paradoxale car je suis un romantique né.

C'est donc avec un trou dans le cœur et maintenant un trou dans l'estomac que je combats pour mon pays. Je n'ai même plus de contact avec le monde civile.

Je lance donc cette bouteille à la mer avec l' espoir secret que quelqu'un me reponde, me parle et m'écoute. J'en ai terriblement besoin.

Bien sincèrement,
Harry .»