La rencontre
Année de première en classe littéraire, les meilleurs années de ma vie allaient normalement commencer d'après mon très chère entourage qui rêverait d'être à ma place, dans la fougue de la jeunesse, selon la plupart de leurs témoignages...
Je partais m'asseoir sur une chaise qui ne semblait pas très accueillante, comme le bon nombre qui étaient disposés dans cette pièce avec une allure de prison, j'étais seule et dans le calme en attendant l'appel de mes camarades et moi même.
La plupart des prénoms qui étaient appelés reflétaient des visages d'anciennes connaissances et d'inconnus, désormais dans le même panier que moi.
Lorsque l'emploi du temps était enfin sous nos yeux, je constatais avec horreur que j'avais allemand dès le lendemain matin, cette matière, si nous pouvons la qualifier de tel, m'insuportais au plus au point pour des raisons qui me sont inconnus. Je demandais à quelques connaissances présentes derrière moi si elles avaient le même emploi du temps que moi, leur réponse était un non catégorique, elles faisaient espagnol.
Alors en rentrant de cette première journée de cour haute en couleur et forte en émotion, je jetais mon sac violemment dans un endroit reculé de ma chambre et tout aussi dépitée que mes peluches qui traînaient ici depuis des années, prenant un peu plus chaques jours la poussière, je soupirais plusieurs fois, allongée sur mon lit moelleux et réconfortant en fixant mon plafond d'un blanc laiteux,
"Encore une année pourrie et rempli d'invisibilité saupoudrée d'hypocrisie".
Que de poésie dans cette vie maussade, il le fallait bien, j'étais tout de même en littéraire.
Le gris du lycée teintait mes journées depuis que j'y avais mis les pieds, une véritable horreur cet endroit, enfin pour moi.
Seulement, le lendemain, une des âmes pures, rares dans ce qu'on appelle de nos jours un lycée, apparaissait face à moi comme une bénédiction. Une jeune fille aux cheveux blonds et lisses aussi clairs que les blés en été avec des yeux bleu ciel, une petite allemande dans mon cours d'allemand...
Je m'approchais alors timidement pour essayer de faire connaissance avec une technique rarement vu dans le commun des mortels, transmise de génération en génération dans ma famille...
"Hey salut...On est dans la même classe je crois...Commençais-je avec une petite voix pour entreprendre la conversation."
Je l'avais aperçu hier au cour de l'appel et entendu son prénom tandis qu'avec sa voix mélodieuse elle qualifiait sa présence mais ensuite plus rien, elle n'avais plus ouvert la bouche de la journée comme une colonne de marbre.
Suite à ma tentative de communication, elle me regardait d'un air presque cadavérique cependant sans aucune méchanceté, ne me donnant aucune réponse audible ou visuelle, je continuais alors ma technique d'approche.
" Geneva, c'est ça ? J'aime beaucoup tes cheveux, ils sont très beaux ! Affirmais-je en prenant délicatepent une mèche de ceux-ci. Ça te dis on se met à côté en cour ? Demandais-je avec un grand sourire et pleine d'entrain."
C'est alors que cette jeune fille qui se tenait devant moi, m'offrait enfin un léger sourire et enfin une réponse.
" Pourquoi pas ça pourrait être amusant. Répondait-elle en riant à cause de ma technique imparable."
Alors nous nous installions toutes les deux côte à côte à une table placé près d'un coin sans trop de bruit, dans ce cour que je détestais, discutant tranquillement pour apprendre à ce connaître l'une et l'autre.
" Au fait je mon nom c'est Avalon ! Ravie de te rencontrer Geneva ! Disais-je heureuse de partager quelques mots avec une personne sympathique telle qu'elle.
- De même, j'espère qu'on va bien s'entendre. Répondait-elle simplement avec un petit sourire sincère, presque invisible."
Et depuis...cela fait un an que elle et moi traversons les tréfonds de nos âmes, riant, jouant et découvrant nos personnalités qui semblaient plus que compatibles, notre quotidien de petites lycéennes timides devenait jour après jour des souvenirs aussi précieux que des bijoux...Plus étincelants, plus intenses et plus qu'irremplaçable même si tout n'était pas toujours rose avec nos caractères totalement opposés.Ça c'est un fait que nous ne pouvons pas le nier...
Pourtant je ne peux plus me passer de Geneva à un point où je ne pensais pas que cette petite allemande aux origines remplies d'orges alcoolisées, allait autant compter pour une fille aussi banal et insipide que moi...
" Qu'est ce que tu griffonne encore sur tes feuilles d'allemands au lieu de travailler Avalon ? Demandait-elle en tendant son stylo prête à gribouiller sur ma feuille, comme à son habitude, tout en me regardant fixement à travers ces lunettes de secrétaire.
- Oh non, rien rien...T'en fais pas va...C'est pas très important, un jour je te le montrerai...Enfin si j'y pense...Répondais-je un peu honteuse d'encore être inatentive laissant Geneva travailler seule."
Je cachais alors ma feuille avec l'aide d'une de mes mains, avec écris dessus d'une encre bleue hésitante et presque illisible, justement ce que vous êtes en train de lire.
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