CHAPITRE 69

29 Novembre 2023

— Nam Joo-ri est la seule survivante. On l'a mise au chaud en attendant son interrogatoire. On veut que vous soyez présente pour y assister, explique le lieutenant Baek.

Pam dévie son regard de la vue qu'elle a depuis la fenêtre de sa chambre d'hôpital. Ses mains jouent nerveusement avec les draps de son lit. L'odeur du produit désinfectant embaume la pièce. Elle pose les yeux sur le lieutenant Baek.

— Merci de m'avoir sauvé la vie, en fait.

— Je n'ai fait que mon devoir.

Il s'installe sur le fauteuil à côté du lit.

— Comment avez-vous su qu'ils étaient là-bas ? questionne-t-elle.

— La reconnaissance faciale. Plusieurs caméras les ont reconnus et on a suivi leur chemin.

Pam secoue la tête, fatiguée d'elle-même.

— J'ai été si stupide. Je me suis fait avoir en beauté alors que je connaissais les codes. J'aurais dû me douter que quelque chose n'allait pas.

— Disons que vous avez une fâcheuse tendance à vous mettre dans la merde. Vous le savez, au moins ?

— Ce sont les risques du métier.

Quelqu'un frappe à la porte. Elle s'ouvre et Young-sun apparaît. Le lieutenant Baek se lève et s'efface sans dire un mot. Young-sun referme la porte derrière lui. Pam et lui s'observent pendant plusieurs secondes.

— Comment a été votre nuit ? questionne ce dernier.

— Douloureuse.

Il met les mains dans les poches de son manteau. Il indique le gros bouquet de fleur sur la petite table près du lit.

— C'est de la part du lieutenant Jung ?

Pam tourne la tête pour observer le bouquet.

— Oui.

Mais elle s'en fout. Elle revient vers Young-sun et lâche un soupir.

— Est-ce que le docteur Kang m'en veut ?

— Comment ça ?

Il la rejoint et s'installe au pied du lit.

— J'ai détruit son lieu de travail.

Young-sun ne laisse transparaître aucune émotion... Comme au début de leur rencontre.

— Ne vous inquiétez pas pour ça. Il a une assurance et il gagne bien sa vie.

— Ça va me faire bizarre de revenir la prochaine fois...

— Vous devriez éviter.

Les sourcils de Pam se froncent.

— Comment ça ?

— Ça fait déjà deux fois que vous allez à l'hôpital depuis le début de votre stage. Il serait peut-être temps de se poser les bonnes questions, non ?

— Je ne comprends pas...

— Oh si, vous comprenez parfaitement.

Elle lâche un soupir courroucé.

— Je ne veux pas partir. Ce stage est intéressant et j'apprends des choses. Le docteur Kang veut me voir partir ?

— Non, mais...

Youngsun-shi, c'est comme ça... Je suis journaliste. C'est mon devoir d'enquêter à fond. C'est comme demander à un lion de devenir végétarien. C'est impossible !

Young-sun se lève d'un bond. Si elle ne le connaissait pas aussi bien, elle dirait qu'il est en colère, même s'il tente de le cacher du mieux qu'il peut.

— Bon sang... Il faut vous mettre dans un sac mortuaire pour que vous arrêtiez ?

— Pas du tout ! Arrêtez de dramatiser, je ne vais pas mourir !

— Mais si vous continuez comme ça, cela arrivera. En dehors de votre stage, pourquoi vous restez ? Vous n'avez rien à perdre. Vous avez encore du temps pour recommencer ailleurs.

Elle reste sans voix. Une raison pour rester ? Il y en a bien une, mais...

— C'est que, je...

— Vous détestez cet endroit. Vous le dites quasiment tous les jours.

— Mais merde ! Vous allez arrêter de me couper la parole à chaque fois que j'essaie de m'exprimer ? s'énerve-t-elle.

Ils se toisent, tous les deux. Pam veut ajouter autre chose, mais Young-sun la coupe dans son élan.

— Ça suffit. Je vous laisse.

Ils ne parleront donc pas de ce baiser et du comportement de Young-sun ensuite... Pam est perturbée. Elle sera nerveuse toute la journée si elle ne fait rien. Young-sun ouvre la porte et fait un pas. Pam le stoppe avant qu'il n'aille plus loin.

— Je peux mourir heureuse, lâche-t-elle subitement pour tenter de le retenir.

Pourquoi a-t-elle dit ça ? Elle a paniqué. Quelle idiote !

Young-sun se retourne vers elle et l'observe longuement. Elle tente de décrypter sa réaction, mais elle n'y arrive pas. Il n'affiche aucune émotion. On dirait qu'il ne comprend pas. Il referme la porte sans rien dire. Elle secoue la tête d'un air dépité. À quoi s'attendait-elle exactement ?

— Harin j'te jure... Je vais te tuer...  

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