10h14

— Il est en salle de réanimation. Il a reçu un violent coup à la tête qui l'a immédiatement plongé dans le coma. Vous êtes arrivé à temps. Quelques minutes de plus, et il n'était plus des nôtres.

Pam se remémore les paroles du chirurgien tandis qu'elle observe Young-sun, inconscient et étendu, dans un lit. Il a un gros bandage autour de la tête et respire avec l'aide d'une machine. Pam lui tient la main depuis qu'elle est arrivée, mais elle se sent inutile. Elle voudrait lui dire qu'elle est là, près de lui, mais elle n'y arrive pas. Sa gorge se noue à chaque fois qu'elle pose les yeux sur lui. Elle sursaute quand la porte s'ouvre à la volée. La tête de Sang-kyu apparaît. Il est essoufflé. Ses yeux passent de Young-sun à Pam d'un air sidéré.

— Noona !

Cette dernière éclate à nouveau en sanglot. Sang-kyu se rapproche d'elle et attire sa tête contre lui. Pam lâche la main de Young-sun et serre la taille de son meilleur ami. Elle sent que Sang-kyu caresse le haut de son crâne.

— Je suis désolé Noona, tellement désolé...

Il se détache d'elle et s'accroupit pour pouvoir la regarder dans les yeux, à sa hauteur. Sang-kyu prend son visage dans ses mains.

— Je suis là, Noona. Tu n'es pas toute seule, tente-t-il de rassurer.

Il passe ses pouces sous ses yeux pour essuyer ses larmes.

— Hyung ! hurle une seconde voix, ce qui fait sursauter, encore, Pam.

Sang-kyu la lâche et se lève pour comprendre ce qui se passe. Pam aperçoit le lieutenant Jung entrer dans la pièce et se précipiter vers Young-sun. Il se penche au-dessus de lui et attrape sa main droite pour la serrer dans la sienne.

— Hyung, tu m'entends ? Allez... Arrête de faire le con, et ouvre les yeux ! ordonne-t-il.

— Hyung ! réprimande Sang-kyu.

Il pense que Pam ne l'a pas vu faire, mais il a tort. La jeune étudiante vient de voir Sang-kyu faire les gros yeux au lieutenant Jung, et la désigner ensuite du menton. Le lieutenant Jung, honteux, pose son regard sur la jeune femme et ouvre la bouche.

— Je... Mademoiselle Cosson...

Il lâche la main de Young-sun et fait le tour du lit pour la rejoindre. Il prend les mains de la Française et s'accroupit à sa hauteur.

— Mademoiselle Cosson... Veuillez pardonner mon odieux comportement... Je ne voulais pas vous choquer davantage, je... Je suis là, au besoin, d'accord ?

Le lieutenant lâche ses mains et vient caresser le haut de son crâne, à son tour. Une nouvelle personne pénètre dans la pièce sans frapper. Pam lâche un gros soupir. La colère monte petit à petit en elle...

Ce n'est pas un moulin cette chambre, bordel !

Le lieutenant Jung et Sang-kyu se mettent sur le côté pour que Pam puisse voir.

Pam se sent aussitôt idiote en voyant le docteur Kang au chevet de son élève. Le grand sage a posé un bouquet de fleur sur la table de chevet, et caresse prudemment la tête de Young-sun. On dirait un père et son fils... Voir cette scène fend encore plus le cœur, déjà en miettes, de Pam. Le docteur baisse la tête à un moment. Refoule-t-il ses émotions devant ses proches ? Il ne devrait pas...

Quand il se redresse, il a les yeux rouges. Il prend une grande inspiration avant de prendre la parole.

— C'est un funeste jour pour notre équipe, déclare-t-il.

Pam plisse des yeux. Elle n'aime pas vraiment ce mot... « Funeste ». Il se rapproche trop de la mort.

— Comment ça ? questionne Sang-kyu en essuyant ses yeux.

Le docteur Kang remet correctement ses lunettes.

— Je reviens tout juste de la Vieille Bâtisse, avec le lieutenant Baek, commence-t-il.

À ses mots, le mentionné apparait à son tour dans la pièce et s'incline par respect devant Young-sun et Pam. La jeune femme a un mauvais pressentiment à cet instant... Quelque chose cloche, et elle sent que ça n'a rien avoir avec ce que va annoncer son ainé.

— Nous avons été vandalisés... Tout a été retourné, révèle le docteur Kang.