- Ma chérie ! Ce soir, c'est le réveillon de Noël et j'espère que cette année, l'homme en rouge va m'apporter ce qui m'est le plus cher au monde !

Je vous explique : moi, je suis Clémentine et le rêveur, c'est Maxence. Nous sommes en couple depuis bientôt sept ans et cela doit faire environ cinq ans qu'il me demande en mariage. Ma réaction, à chaque tentative lui fait beaucoup de peine, mais il m'est impossible de lui donner une réponse positive. Ne croyez pas que j'ai des doutes sur mon amour pour lui, non... C'est bien plus compliqué que cela !

- S'il te plaît mon amour, ne te fais pas de mal inutilement !

Ma phrase le percuta telle une lame de couteau dans l'abdomen. Son teint mat, blêmi à vue d'œil et se perdait dans la blancheur de la neige fraîchement tombée. Les quelques pas qui nous séparaient de la maison de mes parents se firent dans un silence de plomb. La question qui me hantait depuis les dernières fêtes de fin d'année, ne pouvait plus continuer à me polluer l'esprit. Combien de temps allais-je pouvoir me défiler devant cette demande d'union pour le meilleur et pour le pire ? Max n'allait pas passer sa vie à rêver d'un idéal avec moi, un jour, si je persistais dans mon refus, je le perdrais pour toujours.

- Bonsoir mes chéris !

- Bonsoir maman !

Et c'était parti pour une valse des bisous... tonton, tata, cousins, neveux, etc. Toute la famille était réunie, le feu dans la cheminée réchauffait nos mains glacées par cet hiver rude, seul un oui accordé à mon bien aimé aurait rendu cette soirée parfaite. Je sentais au fond de moi, que cette fois-ci, je ne pourrais plus me défiler et que je devrais expliquer à Maxence, la raison de mon refus. Or, dès lors qu'il serait au courant, il me détesterait et préférerait me maudire plutôt que de m'épouser. Toutefois, il me fallait affronter ce que j'avais fait des années auparavant, pour être là où je suis aujourd'hui.

- Clémentine ! Viens près de moi, nous allons déballer les cadeaux.

Aïe... Son regard me donnait froid dans le dos. Il me tendait la main, pour que je m'asseye à ses côtés, au pied du sapin. Je m'exécutais et le suivais comme une condamnée à mort sur le chemin qui la mène à la chaise électrique. Avec douceur, il me tend un paquet, que j'ouvre lentement et malgré le parfum de luxe qui était caché à l'intérieur, je ne réussis pas à détendre suffisamment mon visage pour décrocher un sourire. À mon tour, je lui tendis un présent, mais à ma surprise, il le posa au sol et plaça ma main gauche entre les siennes. Ensuite, il ancra ses beaux yeux bleus dans le marron des miens et me demanda à nouveau ce que je redoutais le plus.

- Clémentine Charrier, veux-tu devenir ma femme ?

Ses yeux m'imploraient d'accepter, ses mains tremblaient et son souffle était saccadé. Mon secret tant gardé devait être révélé, car je prenais conscience en le regardant, que pour me protéger, je le faisais terriblement souffrir.

- J'aimerais... Je t'assure que j'aimerais, mais quand je vais te confier la vérité, c'est toi qui ne voudras plus de moi !

- C'est impossible ! Tu sais que tu es la seule femme que je désire, rien ne pourra changer cela !

-Si, malheureusement... Tu te souviens quand on s'est rencontré ?

-Evidemment, c'est le plus beau jour de ma vie... Pour l'instant.

Une lueur d'espoir venait de s'allumer dans son regard.

-Tu étais en train de te séparer de ta compagne de l'époque.

-Oui et je ne vois pas ce qu'elle vient faire là-dedans !

-Si, justement, ça la concerne aussi...

Je voyais l'incompréhension se dessiner sur son joli visage, mais il allait bientôt saisir où je voulais en venir.

-Je ne t'ai pas dit toute la vérité sur notre rencontre. Je ne t'ai pas croisé par hasard dans un bar... Je savais que tu allais dans ce café, chaque samedi à la même heure...

-Pardon ? Mais ce n'est pas possible, tu ne me connaissais pas !

-Si... mon métier n'est pas journaliste, mais... détective privée...

Je laissais le temps à ma bombe d'atteindre son objectif. Touché ! Coulé en un seul coup !

-Marine ? Tu m'espionnais pour son compte ? Mais comment as-tu osé feindre un coup de foudre pour moi ? Tu te joues de moi depuis le début ? Mais, c'est ignoble !

Il se leva brusquement, prêt à fuir loin de moi, mais je m'agrippais à son bras, de toutes mes forces, afin qu'il écoute mon histoire jusqu'au bout. Ensuite, il ferait ce que bon lui semble et moi, je subirais en silence.

-Non ! Jamais je ne t'ai joué la comédie ! Certes, je t'ai filé pendant plusieurs semaines, mais... Je suis tombée amoureuse de toi ! Tu sais, j'ai essayé de me convaincre que ça allait me passer, que je ne devais vivre une relation avec ma cible comme on dit dans mon job, mais j'avais tout faux ! Comment pouvais-je te dire une chose pareille ! Ma punition depuis toutes ses années, c'est de vivre à tes côtés sans avoir le droit de porter ton nom, car je ne le mérite pas !

Les larmes envahissaient mes yeux et des trémolos déformaient ma voix, mais quel soulagement d'être enfin honnête avec l'homme qui compte le plus pour moi.

***

-Mademoiselle Charrier Clémentine, consentez-vous de prendre, Monsieur Lepage Maxence pour époux...

- Oui, je l'veux !

Miss_Plume