Chapitre 26 : Le calme avant la tempête


Quand nous nous sommes réveillés ce matin là, Oboro et Yagi n'étaient déjà plus là. Il ne restait que nous trois. Je ne sais pas si c'est nos ébats d'hier soir ou la santé de mon oncle qui a fait qu'ils sont partis, mais je suis tout de même inquiet. Le fait de me découvrir une nouvelle famille m'a remplie de joie et de peur mêlée. J'ai donc dû attendre sagement dans la chambre avec Eijiro, car je n'ai toujours pas de nouveaux vêtements à me mettre. Nous sommes l'un contre l'autre, nous câlinant avec tendresse dans les couettes. Dehors il fait très beau, un temps propice à la balade. Dès que j'aurais de quoi me mettre, j'irais dehors pour explorer les environs. Aquariã est une ville côtière et c'est la première fois que je vois un tel paysage. Emmitouflé dans ses bras puissants, je regarde les cicatrices qui parsèment sa peau, retraçant chacune d'elle. Dans un calme impériale, seul notre souffle est perceptible. C'est d'ailleurs ainsi que nous entendons Katsuki revenir, et à l'entente des voix, il n'est pas seul. La porte s'ouvre, laissant place à mon Drākõn au sourire éclatant, très vite suivie par... Yuga ?

Je me relève, le draps tombant de mon torse, tandis que Eijiro derrière moi fait de même.

- Yuga ? Que fais-tu ici ? Dis-je en sentant les bras de Eijiro couvrir mon torse nu.

Il est habillé magnifiquement, comme on peut en attendre d'un être tel que lui. Une longue tunique lui arrivant jusqu'à ses chevilles, échancrée sur les côtés jusqu'au haut de sa cuisse. Il a la peau blanche et immaculée. Le doré du vêtement ressort parfaitement avec le bleu de ses yeux. Il replie ses ailes pour prendre moins de place, et je vois qu'il tient dans le creux de ses mains un vêtement blanc.

- Je suis venu faire le marché de Aquariã. On y trouve des perles, ainsi que des échantillons de tissus de très belles couleurs. Me rendant compte que je le détaille un peu trop, je me met à l'écouter activement pour ne pas récolter les foudres de mes compagnons. Quoi que, au vu de ce qu'ils m'ont fait hier, ce n'est pas si mal en fin de compte. Je n'ai pas été surpris de croiser mon roi, mais en revanche j'étais curieux de ne pas vous voir avec lui. Je comprends mieux pourquoi. Il regarde le sol où jonche les derniers morceaux de la tenue qu'il m'a offert.

- Je suis désolé. Dis-je en baissant la tête. Nous étions légèrement... Pressé. Je sens deux regards noirs sur moi, qui doivent sans aucun doute appartenir à mes compagnons, tandis que Yuga sourit discrètement en secouant la tête.

- Tu as de la chance que je sois là au bon moment, au bon endroit. Il s'assoit au bout du lit, et croise les jambes avec élégance et délicatesse. J'ai avec moi une tenue que je pensais échanger contre un vêtement plus beau mais, je suis sûr qu'elle va t'aller à la perfection. Il le dépose près de moi et je le touche du bout des doigts. Au toucher, il est très doux. Dépêches toi de l'enfiler. Il se lève et sort de la pièce avec un petit clin d'œil.

Je repousse le drap, et me lève sans quitter la tunique des yeux. Étant nu, je ne vais pas perdre de temps.

- Izuku~

Je sens une main descendre du haut de ma cuisse, et me fige en voyant Eijiro se lever, à genoux sur le lit. Son sexe au repos, ses muscles tendus, et son regard lubrique, il a une idée derrière la tête. Mais heureusement, Katsuki vient me sauver en le soulevant du lit d'une main ferme.

- Nous t'attendons dehors. Malgré ses yeux noirs de désir, il sort avec Eijiro qui tente par tout les moyens de se jeter sur moi. Je rigole légèrement, secouant la tête, et commence à enfiler la fameuse tunique.

Tout comme avec les autres vêtements que j'ai enfilé, je met toujours un petit moment avant de trouver le sens. Quand le tissu frôle ma peau, un frisson traverse mon corps. C'est vraiment très doux comme vêtement. N'ayant pas de miroir, je ne peux que me regarder de haut. Ouvert au niveau de mon torse, mes excroissances roses ressortent à l'air libre. J'ai également une ouverture sur le ventre en forme de losange, comme à mon torse. La tunique se finit en un pantalon galbant mes jambes jusqu'à la cheville. J'ai quelques reflets bleutés, et des broderies au niveau de mon cou. Il n'y a pas de doute, c'est un vêtement de luxe. Je souris grandement en mettant mes mains dans les manches, et accrochant le bout à mes majeurs. Je tourne sur moi-même, et me regarde longuement. Me jugeant fin prêt, je sors de la chambre, et gagne l'extérieur avec hâte. Dehors, l'air chaud m'accable alors que le vent marin caresse mes cheveux. Yuga, Eijiro et Katsuki se retournent vers moi, et j'attend leur verdict.

- On ne peut pas le nier, j'ai bon goût en matière de vêtements. Yuga frappe dans ses mains, et me fait un petit signe. J'aimerais beaucoup rester avec vous, mais j'ai du travail qui m'attend.

- Tu repars ? Il sourit, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Pas dans l'immédiat, j'ai encore du travail ici. Il finit par disparaître entre les maisons, nous laissant tous les trois.

- Alors ? Ils s'approchent de moi, et viennent se mettre à mes côtés, posant leurs mains autour de mon corps.

- Tu es ravissant. Me complimente Eijiro en embrassant ma joue.

- Je dirais même, magnifique. Ajoute Katsuki en déposant un baiser dans le creux de mon cou.

- Ce n'est pas trop efféminé ? Ils me regardent avec des yeux ronds, et je me rends compte que ce terme ne veut rien dire pour eux. Je veux dire, vous êtes sûr que cela me va ? Ils sourient en même temps, et nous nous embrassons à trois, mêlant nos langues sans honte. C'est humide, et légèrement chaud, mais j'aime ça.

- Par où on commence ? Nous avançons vers le centre ville, alors qu'autour de nous, les couples sont partout.

- Apparemment, le marché est déjà fini. Il commence plus tôt qu'à Rokiā. Eijiro frotte son menton, l'air perplexe. Mais il y a plein d'activités à faire et une grande balade nous attend.

- Commençons par nous restaurer. Tu n'as rien avalé hier. Je hoche la tête aux paroles de Katsuki, et me laisse guider par leur bras musclés.

- Vous connaissez un bon restaurant ? Nous prenons la route en direction de la mer, et plus nous nous avançons en sa direction, plus les odeurs marines me parviennent.

- Une petite échoppe en bord de mer. Dit Eijiro en souriant, montrant ses dents pointues. Elle est bien située et ils font les meilleurs beignets de crevettes que je n'ai jamais mangé.

Nous rigolons devant son air affamé, tandis que nous passons des pavés blancs aux galets. Devant nos yeux, la mer s'étend à des kilomètres à la ronde. Elle est plus calme qu'hier, et quelque Drākõn nagent ensemble. Je vois le port au loin, où les bateaux sont amarrés. Ils n'ont rien de bien extraordinaire, et sont d'ailleurs assez petits, mais l'idée de prendre la mer n'est pas déplaisante. Nous arrivons devant une échoppe aux couleurs vives, mélange de jaune et de vert. Je m'assois à l'unique table présente devant la fenêtre, et regarde encore et toujours la mer. Mes compagnons reviennent une dizaine de minutes plus tard, leurs mains remplie de plats variés, comme la dernière fois. Nous ne mangeons pas tous les jours, mais quand ils mangent, c'est toujours avec plaisir et quantité. Eijiro me tend les beignets, et je m'en sert deux. La panure est délicieusement croquante et la chaire moelleuse à souhait. Un vrai délice pour mes papilles. La boisson est de l'eau citronné, légèrement salée, une boisson locale. Je n'apprécie pas tellement l'eau, mais le citron fait passer le goût particulier qui réveille mes sens. Nous prenons notre temps et rions gaiement. Eijiro a toujours une faim de loup et n'hésite pas à retourner plusieurs fois pour essayer tout ce qu'ils ont à proposer. Katsuki et moi partageons la même assiette, pour être sûr que notre compagnon ne nous vole rien.

Le repas englouti, le temps change, signe que l'après-midi est déjà arrivée. Nous décidons d'un commun accord d'une balade sur la plage, le meilleur moyen de digérer dans le calme. Katsuki et Eijiro se tiennent la main dans le creux de mon dos, alors que mes mains sont jointes sur mon ventre. J'apprécie cette journée qui s'annonce des plus douce. Se promener, flâner et découvrir Aquariã, c'est un programme qui me plait énormément. Ma soif d'apprendre et de découvrir est nourrie grâce à ce que je vis actuellement, et c'est à eux que je dois ça. Je me laisse choir sur leurs épaules, et ils me câlinent en marchant. Nous croisons des Drākõn qui s'en vont nager, et d'autre qui partent à la pêche. C'est fou comme le temps semble s'être arrêté. On ne dirait pas que plus loin, à Drakna, des hommes et des femmes souffrent. Non, ici, une toute autre image est renvoyée. Celle de l'insouciance, du partage et de l'amour.

Plus loin, au bord d'une falaise surplombant la mer, je vois les restes d'une cité détruite.

- Dites moi, qu'est-ce qu'il y a là-bas ? Ils suivent mon regard et nous nous arrêtons pour regarder de loin.

- Ce sont les ruines de Aquariã. Jadis, nos ancêtres vivaient près des falaises. Avec le temps, et la montée de la mer, ils ont regagnés les montagnes et le centre des terres. Je hoche la tête. De là où nous sommes, je ne vois que les vestiges de maison en pierre blanche. Rien à voir avec celles de Rokiā.

Nous regagnons les routes de pavé par l'escalier centrale, et nous nous asseyons près de la fontaine. Je me met sur les genoux de Katsuki, et de Eijiro. Ils me serrent entre leurs bras et bécotent ma peau. Heureusement que personne ne semble gêné par tant de démonstration affective. On dirait même que c'est normal pour eux et qu'il n'y a aucune honte à avoir. Après tout, c'est vrai. Nous ne faisons rien de mal, si ce n'est nous aimer.

- Je voudrais rester comme ça pour toujours.

Leurs baisers qui ont repris de la vigueur cessent. Ils déposent leur tête dans mon cou, et leur souffle se répandent sur ma peau, caressant la naissance de mes cheveux.

- On le pourrait, si le temps était de notre côté. Murmure Katsuki.

- Nous arrêterions le temps pour aller où tu veux, et faire tout ce dont tu as envie. Souffle Eijiro près de mon oreille.

- J'aimerais voyager. Aller par delà les mers et les océans. Découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles personnes. Je baisse les yeux, et les ferme doucement. Explorer le monde, et ensuite, revenir ici. Fonder une famille, vous épouser.

Ils posent leur nez contre la peau sensible de ma nuque et je les sens sourire.

- Je ne sais pas pourquoi, mais j'en étais sûr. Tu aimes voyager, tu adores cela même. Katsuki se remet droit, et entoure mes reins. C'est une bonne idée, après tout. Cela pourrait nous faire du bien. Eijiro l'imite et pose également ses doigts au creux de mes reins.

- Si seulement tu n'étais pas roi. Dit le rouge en cassant notre rêve. Je fais une tête blasé, et lui frappe l'épaule. Aïe, pourquoi tant de haine ?

- Il faut toujours que tu gâches tout. Dit Katsuki en l'éloignant de nous, me déposant sur ses genoux. Eijiro change de regard, et vient vers nous, félinement.

- Vous êtes en train de me rejeter ? Dit-il en posant sa main sur son cœur, faignant d'être blessé. Nous rions encore plus. Allez, faites moi une place. Il s'impose entre nous, nous dérobant un baiser à chacun.

- J'ai l'impression que nous sommes fait pour nous retrouver ici. Rouge pivoine, je sors de cette amas de tendresse, et me remet droit sur mes pieds. Oboro et Yagi sont bras dessus, bras dessous, et je me sens affreusement gêné. Voyons, Izuku, pas de ça entre nous. Yagi joue de ses sourcils et je comprend qu'il lui a tout raconté. Je passe une main dans mes cheveux.

- Yagi vous a tout raconté ?

- Sans oublier une seule virgule. Il prend son compagnon dans les bras et le câline. Je suis vraiment le plus chanceux de tous. Yagi rougit, alors que leurs mains se rejoignent sur son ventre.

- Je suis heureux pour vous. Dit Katsuki en venant vers nous. Sachez que vous avez tout mon soutien.

- Vous êtes important pour Izuku. Rajoute Eijiro. Et je ne vois pas en quoi le Grand Conseil serait contre.

Nous sourions tous les cinq, et Oboro s'avance vers moi. Yagi me sourit tendrement, et je regarde le doyen de Aquariã poser un genou à terre.

- Que faites-vous ? Je regarde autour de nous alors que la foule s'amoncelle. J'ai une impression de déjà vu.

- Izuku, compagnon de Katsuki et de Eijiro, je te donne ma bénédiction quant à votre union prochaine. Puisse les dieux des mers vous protéger et vous apporter prospérité. Il se relève, et hurle bien fort. Longue vie à Izuku !

- Longue vie à Izuku ! Hurlent les Drākõn nous entourant. Joie et prospérité ! Je suis prie dans le flot du mouvement, et bien vite, des Drākõn que je ne connais ni d'Ève , ni d'Adam, viennent me souhaiter longue vie. Ils serrent ma main, me font une accolade. Je me laisse faire, comprenant ce que cela signifie. J'ai enfin la bénédiction de tous les membres du Grand Conseil. Nous pouvons enfin planifier notre mariage.

- Je suis tellement fière de toi. Yagi s'approche et me prend dans ses bras. Il me serre si fort que je peine à lui rendre son étreinte. Si tes parents te voyaient. Il essuie une larme, et m'offre un énorme sourire. Ils seraient aussi fières que moi.

- Merci, mon oncle. Une nouvelle fois nous nous câlinons, avant d'être interrompu par un Drākõn flamboyant.

- Izuku ! J'étais sûr que c'était toi. Il se fraie un chemin à travers la foule et vient vers nous. Il illumine la place rien que par sa présence. Il me fait penser à Lindel, avec son aura de pureté. Il n'y a que toi pour créer pareil rassemblement. Il me fait une bref accolade et me secoue l'épaule. Vous allez enfin pouvoir vous marier, et vous unir. Il hausse les sourcils et sourit en coin. Eijiro vient à ma rescousse.

- Ne met pas la charrue avant les bœufs. Cela ne se prépare pas en un jour. Yuga ne l'écoute pas, me prenant par les épaules.

- Laisse moi faire ta tenue de noce, et de mariage. Je suis le meilleur couturier qui existe. Yagi nous regarde tour à tour.

- Une tenue de noce ? Demande t-il en baissant les yeux sur nous. Oboro rit sous cape.

- Tu connaîtras cela aussi, ne t'en fais pas. Devant l'air étonné, presque apeuré de Yagi, nous rigolons tous tandis qu'il se réfugie dans les bras de son homme.

- Je ne préfère pas y penser. Yuga reporte alors son attention sur moi.

- En tout cas, passe à la boutique dès ton retour. Je te conseille d'aller à Yulïna si tu souhaites voir des merveilles. Cela t'aidera à te décider. Je hoche la tête et lève les yeux vers mes compagnons qui me regardent intensément.

- Il me tarde de rentrer au château. Dit Katsuki en caressant le haut de mon épaule. Nous avons un mariage à planifier. Il se baisse pour m'embrasser, très vite seconder par Eijiro.

- Ah, l'amour. Dit Yuga en tapotant dans ses mains. Vous allez me rendre jaloux.

Alors qu'autour de nous, une fête commence à prendre forme, une ombre plane au dessus de nos têtes. Tous, nous regardons le ciel pour savoir de quoi il s'agit. Un Drākõn en armure, possédant une épée dans le creux de sa main, se pose sans ménagement sur la fontaine. Il accourt vers nous, et son air affolé n'annonce rien de bon.

- Mon roi, c'est une catastrophe. Il reprend son souffle et prend appuie sur le bras de Katsuki. Du sang coule de son corps. C'est Yulïna, mon roi. La citée est assiégée par les humains.

Eijiro vient vers le garde pour aider Katsuki à le soutenir, et autour de nous, le silence règne.

- Une armée humaine est arrivée de nulle part. Nous n'avons pas d'armée assez puissante pour les repousser.

Orenji apparaît entre la foule et accourt vers nous. Il s'agenouille pour évaluer l'étendu des plaies. Katsuki, un air grave sur le visage, parle fort pour se faire entendre.

- Que les familles et les enfants retournent chez eux et n'en sortent pas. Il s'adresse à Oboro. Va à Rokiā pour avertir Enji et vole ensuite jusqu'à Oranaï. Il faut mobiliser les troupes. Oboro hoche la tête, et avec un dernier regard pour nous, mais surtout pour Yagi, il s'envole dans les cieux, obéissant au roi. Yuga, ramène Izuku au château et protège le. Eijiro et moi allons à Yulïna. Il est sur le point de s'envoler, me laissant là, sans réponse.

- Non ! Je hurle en m'accrochant à leurs bras. Ne me laissez pas en retrait, je vous en prie.

- Izuku, je ne veux pas que tu risques ta vie. Eijiro embrasse mes doigts, alors que Katsuki tente de m'adresser un doux sourire. Mais il se fane bien vite.

- Nous serons vite de retour. Ce n'est peut-être rien, d'accord ? Je l'embrasse avec passion, l'embrassant comme si ma vie en dépend. J'offre le même traitement à Eijiro, essayant de retenir mes larmes.

- Revenez le plus vite possible. Ils m'offrent un dernier regard et disparaissent dans les nuages. Je me retourne vers Yuga, qui n'a pas bougé. Il me tend sa main, que je saisie. Je regarde Yagi suivre Orenji, et baisse les yeux.

- Suis-moi. Yuga m'implore du regard d'avancer et je le fais, difficilement.

Mais que se passe-t-il ? Pourquoi mon monde prend un tournant aussi effroyable ?

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Tadam ! Je viens de le corriger, un chapitre tardif car demain je suis occupé à écrire la suite de The Sweet Prisoner en plus d'un nouvel OS pour mon recueil !

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