Chapitre 31




Bien consciente qu'il venait de lui offrir une parenthèse qui n'allait sans doute pas se reproduire, Abby fouilla dans son sac à la recherche d'une belle robe qui pourrait correspondre à l'endroit où il comptait l'emmener ce soir.

  - Abby ?

Elle sursauta en étouffant un cri et se retourna en tenant la serviette contre sa poitrine.

  - Oui ?

 L'homme au visage d'ordinaire très froid étudia la chambre avec un air moqueur.

  - Une bombe a explosé ?

Elle se racla la gorge pour masquer sa gêne et prit un air contrit.

  - Disons que je cherchais et je continue de chercher une robe pour ce soir.

Il souleva un sourcil étonné en s'approchant du lit pour plonger sa main dans le tas de vêtements sur le lit.

  - Je doute que tu trouves ton bonheur là-dedans si on part du principe qu'il n'y a que des pulls et des pantalons.

Abby lâcha un soupir désespéré en s'installant au bord du lit. Ses projets romantiques tombaient peu à peu dans l'oublie et pour une raison qui lui échappait Silas semblait très amusé.

  - Je suis sincèrement ravie de constater que ma situation t'amuse.

  - Tu es très stressée et c'est plutôt ça qui m'amuse, rectifia-t-il en pressant sur ses épaules pour la renverser sur le lit.

Il repoussa le tas d'affaires et captura ses lèvres avec sensualité.

  - Je ne suis pas stressée, mentit-elle lorsqu'il relâcha ses lèvres en plaçant ses coudes de chaque côté de son corps désormais prisonnier.

  - Pourquoi mentir alors que ton visage se joue de toi avec tant de facilité ? S'enquit-il en caressant sa joue avec son pouce.

Abby voulait croire en sa bonne humeur et elle voulait croire que ce moment était sincère alors elle se laissa conduire dans ce tourbillon de simplicité sans se tourmenter de questions.

  - Ce dîner en ville est la première chose qui me paraît réelle depuis que...depuis qu'on se connaît.

  - Je sais, murmura-t-il en la dévisageant intensément sans jamais cessé de lui caresser la joue. C'est pour cette raison que j'ai commandé trois robes pour cette occasion si spécial.

Abby dressa un sourcil surpris en posant ses mains sur ses épaules.

  - Donc depuis le début tu...

Il la coupa d'un baiser délicat et qui contrastait avec la force qui s'émanait de lui comme une aura noire.

  - Depuis le début je me suis joué de toi ma tendre Abby, murmura-t-il en faisant courir ses doigts sur sa cuisse nue.

Elle ferma les yeux en luttant à peine contre les sensations qui se propageaient déjà dans son bas-ventre. Lorsqu'il remonta sa main jusqu'à sa hanche elle se pinça les lèvres en feignant de repousser sa main alors qu'elle ne le désirait pas réellement.

  - Il faut que je me prépare.

Sourd à son dire il posa sa bouche dans son cou pour lui infliger la plus brûlante des caresses. Abby courba son dos en fixant le plafond qui commençait déjà à lui donner un aperçu du vertige qui la saisissait.

  - J'ai réservé pour vingt heures, nous avons largement le temps de...

Abby trouva le moyen de se redresser au plus grand regret de l'homme et se leva du lit.

  - Je veux que cette soirée soit parfaite alors te faudra être patient si tu désires un dessert. Un dessert très particulier.

Il arbora une moue faussement déçue en se relevant du lit avec l'aisance trompeuse d'un félin. Il se fondit sur elle et posa sa main sur son ventre et se pencha légèrement en avant pour lui glisser à l'oreille.

  - Tu auras peine à me résister jusqu'au dessert, chuchota-t-il avant de déposer un baiser sur sa joue.

Bien qu'elle se sentit prise d'un autre vertige irrésistible Abby ne voulait pas qu'il gagne aussi facilement.

Silas s'apprêtait à quitter la chambre quand il fut attirer par un léger bruissement derrière lui.

Il se retourna et la vit...complètement nue. Elle venait de faire tomber la serviette sur l'élégante moquette et se dirigeait sur la pointe des pieds en direction de la salle de bain tout en regardant derrière son épaule.

Silas masqua ce désir fulgurant qui l'envahissait peu à peu avec un sourire en coin et quitta la chambre rapidement avant de céder au désir.

Ce soir il donnerait la parenthèse qu'elle voulait parce qu'il voulait lui prouver que sa détermination pour retrouver l'imitateur qui était peut-être Jack Roth n'était pas seulement son unique priorité, même si tout était lié.

Abby avait besoin de vivre autre chose que cette peur constante et parfois si forte que son visage en était imprégné de façon violente.

  - Deux personnes dans un seul et même tueur ? Voilà un détail qui risque d'être intéressant, lança une voix derrière lui.

Silas soupira en fermant brièvement les yeux.

  - Que fais-tu ici Nikki ?

Il se retourna pour lui faire part de son mécontentement de la voir, mais la mafieuse balaya sa question en brassant l'air avec sa main.

  - Avec toutes les informations que j'ai réussi à obtenir de Massimo tu ne croyais tout de même pas que j'allais rester sans rien faire alors que le grand Silas alias Vincenzo joue l'un des plus grand remake de film d'horreur.

Son air moqueur ne l'amusa guère et il lui fit savoir en lui jetant un regard noir.

  - Tu pensais sérieusement que j'allais rester sagement en Italie alors que Massimo lui-même s'inquiète pour toi ? Ajouta-t-elle en se dirigeant vers le bar pour se servir un verre.

  - Inutile de s'inquiéter pour moi, répondit Silas froidement. Si tu veux bien j'ai un dîner ce soir et une femme qui...

  - Oh tu veux dire ton ancienne captive, la coupa-t-elle en feignant d'être surprise.

Silas demeura silencieux, laissant la colère qui grondait en lui s'identifier dans son regard.

  - Je sais que tu te sens trahi, poursuivit-elle en reprenant son sérieux. Seulement n'essaye pas d'en vouloir à Massimo il n'est pas responsable. Ton départ précipité n'est pas passé inaperçu et ta présence nous manque.

Silas éclata de rire...un rire froid et moqueur.

  - Je pensais que j'étais ennuyeux et que je faisais peur.

  - C'est le cas, confirma-t-elle en grimaçant, mais justement c'est ça qui nous manque.

Elle but une gorgée de bourbon en faisant quelque pas vers lui.

  - J'ai écouté les conversations de Massimo, et j'ai fini par comprendre qu'il se passait quelque chose. J'ai insisté, j'ai fait des recherches.

  - Et donc tu as décidé de faire tout ce chemin jusqu'ici pour voir si j'allais bien ?

Nikki jeta un coup d'œil derrière lui en direction de la porte qui renfermait Abby.

  - Massimo dit que vos conversations téléphoniques sont inquiétantes alors il m'a gentiment demandé de me rendre ici pour voir comment tu te portes.

  - Je vais très bien Nikki ! S'emporta Silas en lui barrant le passage. Tu peux partir maintenant !

  - Tu es bouffé par le remords de t'être trompé, lança Nikki en soutenant son regard d'avertissement. Tu t'en veux et je suis bien placée pour savoir que ça peut faire mal Vincenzo. Je sais qui tu es et je sais que ça peut finir mal si tu décides de...

  - Dìo ! Je ne suis pas suicidaire ! La coupa-t-il en s'éloignant. Vous pensez tous que mon but ultime c'est de me donné la mort pour réparer mes fautes, mais vous faites tous erreurs. Si j'étais réellement suicidaire je me serais tiré une balle dans la tête à l'instant précis où j'ai compris que j'avais fait une erreur.

Nikki s'apprêtait à rétorquer mais il la coupa en levant la main.

  - Abby est derrière cette porte et je lui ai promis que ce soir serait merveilleux. Je lui ai promis que ce soir elle va vivre comme n'importe quelle jeune femme normale qui désire penser à autre chose que la mort. Je lui ai fait la promesse que ce soir elle ne va pas éprouver de la peur, mais de la joie et ta présence risque de l'inquiéter ! Et d'ailleurs je peux savoir comment tu as réussi à entrer dans cette suite ?

Un sourire dansa sur les lèvres de la mafieuse.

  - Disons que je suis convaincante, dit-elle d'une voix traînante.

Silas ouvrit la bouche pour rétorquer mais ce qu'il redoutait depuis l'entrée fracassante de Nikki arriva. La jeune femme ouvrit la porte de la chambre et fit quelques pas timide dans le salon en les regardant tour à tour.

  - Abby je te présente Nikki, s'empressa-t-il de dire en allant la rejoindre. Elle fait partie de la mafia et elle était sur le point de partir.

  - Belissima ! S'exclama Nikki en tendant sa main vers la jeune femme. Je suis ravie de te connaitre enfin !

  - Oh...moi aussi, répondit la jeune femme en s'efforçant de lui sourire.

Le regard percé d'une froide colère, Silas vit dans les yeux de la jeune femme une lueur incertaine accompagnée d'une expression légèrement embarrassée.

Elle était toujours enveloppée dans un peignoir mais s'est cheveux était coiffé d'un élégant chignon.

  - Je...la robe, je viens juste récupérer les robes, bafouilla-t-elle en désignant du doigt les housses dans lesquelles les robes reposaient.

Silas plissa le front en l'étudiant attentivement et s'aperçut trop tard que la jeune femme pensait à tort.

Elle traversa le salon et reprit la direction de la chambre en marchant maladroitement.

  - Elle est si belle et si...

  - Tu l'as rendu mal à l'aise ! Gronda-t-il en la fusillant du regard.

  - Ou alors je lui ai fait de l'effet, rétorqua la mafieuse en terminant son verre. Je te laisse, mais sache que je reste dans le coin. Tu es trop important pour la famille pour que je prenne le risque de te croire sur parole.

Hors de lui mais faisant tout son possible pour se contenir, Silas resta de marbre et attendit que la porte se referme sur elle pour entrer en trombe dans la chambre. Son souffle se coupa en la voyant dans la robe bleue nuit et une montée de désir lui noua la gorge.

L'expression fermée de la jeune femme le ramena aussitôt à la réalité.

  - Je suis plutôt flatté de constater que tu es jalouse mon ange mais tu te trompes.

  - Ah oui ? S'enquit-elle en fuyant délibérément son regard. Elle avait pourtant l'air de te manger sauvagement du regard.

Un furtif sourire se glissa sur les lèvres du mafieux.

  - Nikki n'est pas très penchée sur les hommes mais plutôt les femmes, révéla Silas en guettant sa réaction.

Elle releva les yeux très lentement pour le dévisager avec méfiance et étonnement mêlés.

  - Les femmes ? Répéta-t-elle l'air septique.

  - Oui elle aime les femmes et elle est en ce moment avec une femme. Si tu souhaites une confirmation il te suffira de lui demander toi-même ou d'attendre qu'elle te fasse une démonstration.

Un soulagement s'empara d'elle mais la jeune femme faisait son possible pour ne pas le montrer, ce qui le fit sourire.

  - Que fait-elle ici ? Demanda-t-elle après s'être raclée la gorge.

L'amusement qui brillait dans ses yeux opaque disparut pour être remplacé par une lueur plutôt froide.

  - Il semblerait que tout le monde ce soit passé le mot à mon sujet et elle craint que je sois trop affecté.

Elle fronça des sourcils.

  - Affecté par moi ?

  - En quelque sorte oui, confirma Silas en l'admirant avec un profond désir logé dans le creux de ses reins. Je crois qu'ils ont énormément de mal à me laisser m'occuper seul de mes affaires. La mafia de Massimo Di Marzio se révèle être une grande famille où il est presque impossible de pouvoir gérer ses problèmes seul. Ils se sentent obligé d'intervenir quand c'est l'un des leur.

  - Je trouve cela très loyal.

  - Certes, admit-il en comblant l'espace qui les séparait. Seulement j'ai décidé de régler ce problème seul et je ne veux pas d'aide.

Il lui prit la main et déposa un baiser dans le creux de son poignet.

  - Tu es magnifique Abby, murmura-t-il d'une voix rauque.

  - Merci.

Il voulut l'embrasser mais ne voulait pas abîmer ce chef-d'œuvre. Du moins pour l'instant...

  - Il est temps de partir, notre table nous attends.

Enfin ses lèvres se marquèrent d'un sourire heureux et Silas espérait que personne d'autre prendrait le risque de gâcher cette soirée...


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