10. Violation de Domicile

En approchant de ma maison, je tentai de repérer de potentiels guetteurs, et voir si j'avais été pris en filature, mais rien de suspect ne retint mon attention. A dix-neuf heures, je pus être de retour chez moi, sain et sauf.

'' Comment va ta poule aujourd'hui ? '' Demandai-je à Adèle au moment de me coucher.

'' Elle faiblit de plus en plus. J'espère qu'elle survivra à cette nuit. Demain, j'aurais l'avis d'un second vétérinaire... As-tu pu confronter Kazamuadi ? ''

'' Négatif. Il n'a pas eu le courage de se pointer au bureau. ''

'' Désertion ? ''

'' Absence pour raison de maladie. Voyons voir jusqu'à quand il se cachera. Mais, il y a plus... ''

'' Je t'écoute. ''

'' Un attentat était prévu contre ma personne au lieu de mon rendez-vous de seize heures, dans la forêt, chez Mbuta, le vieux voleur. Et c'est ce dernier qui m'en a averti. ''

'' Crois-tu que c'était fomenté par ton adjoint ? ''

'' J'en suis à cent pour cent certain. En complicité avec ses copains bandits du quartier. Kazamuadi a manifestement décidé qu'il arriverait à ses fins, même si cela devait me coûter la vie. ''

'' As-tu pris suffisamment de précautions en rentrant ce soir ? ''

'' J'avais mon pistolet sur moi, mais je ne risque rien sur les routes très fréquentées que j'empreinte. Soyons surtout vigilants la nuit. ''

'' Préviens la police du quartier, Bosco. ''

'' C'est déjà fait. Le commandant m'a promis que sa patrouille de nuit passera régulièrement devant la maison. ''

'' Il faut t'occuper de Kazamuadi et vite. ''

'' J'ai déjà ce qu'il faut pour le faire renvoyer, mais je sais qu'il commettra bientôt une erreur irréparable, et se mettra tout seul la corde au cou. ''

'' Ne te mets pas en danger non plus, Chéri. ''

'' Dans ma famille, nous manions des armes à feu depuis des générations, ne l'oublie pas. Je saurais toujours me défendre en cas d'attaque. ''

Adèle ne parvint pas à dormir cette nuit-là, sillonnant la maison toute la nuit. Vers trois heures du matin, elle me réveilla, disant avoir entendu du bruit et aperçu comme une ombre mobile à l'arrière de la maison, près du poulailler. Je pris mon pistolet et une torche que je gardai éteinte. Silencieusement, j'inspectai une à une chaque pièce de la maison. Jeremy dormait paisiblement, rien ne me parut suspect en regardant à l'extérieur depuis la fenêtre de sa chambre. En pénétrant dans la cuisine, je détectai du mouvement venant de l'arrière de la maison. M'approcher de la fenêtre fermée m'aurait exposé à la lumière du dehors, et à quiconque se trouverait derrière le mur de cette fenêtre. Toutes les lumières intérieures étaient éteintes. Je pouvais tenter d'agir en premier ou bien patienter jusqu'à ce que l'intrus, qui pouvait très bien n'être qu'un chat, se laisse apercevoir. Sur la pointe des pieds, je retournai dans ma chambre demander à Adèle d'appeler la police du quartier pour qu'elle intervienne de toute urgence. Je lui remis mon fusil de chasse qu'elle savait manier et gardai mon Colt 45. Jeremy dormait toujours. Tenter de le réveiller pouvait susciter l'attention de tout intrus.

De retour dans la cuisine, il ne fit plus aucun doute qu'il s'agissait bien d'un individu qui s'était introduit par effraction dans ma parcelle. Les doigts d'une main étaient désormais visibles, tâtant le bas de la fenêtre afin de vérifier si elle était fermée. J'anticipai que la venue des policiers pousserait l'intrus à s'échapper par le mur de derrière, chez mon voisin. Je ressentis alors une autre masse s'éloignant du mur de la cuisine. Il pouvait y avoir plusieurs intrus armés, et par conséquent, une tentative d'entrée de force dans la maison. Je n'avais plus le temps d'attendre l'arrivée des policiers ; ma famille était en danger. Pour éliminer tout risque d'échange de tirs, je devais effrayer ces intrus et les pousser à s'enfuir. Il me suffisait pour cela de tirer quelques coups de feu dont ils ne sauraient déterminer la provenance exacte. Le salon se prêtait bien à l'exercice mais fut aussi la seule pièce où je n'étais pas encore entré. Peut-être y avait-il déjà des intrus, me dis-je. Adèle se tenait à la porte de notre chambre à coucher, gardant un œil sur le couloir. Je lui fis signe qu'il s'agissait bien d'intrus humains. Elle me répondit par des gestes qu'elle irait tirer deux coups de feu dans le sol, à travers la fenêtre de la chambre, comme je le lui avais appris. L'une des fenêtres du salon donnait une vue sur la cour à l'arrière, par où s'enfuiraient certainement les intrus, alors je commençai à m'y diriger en attendant les tirs de mon épouse.

Un premier coup de feu retentit. Un cri indiscernable s'en suivi et vite des bruits de pieds se laissaient entendre. Je ne voyais encore personne à l'arrière tentant d'escalader le mur. Je compris alors que les intrus avaient décidé de s'échapper par l'avant pour tomber directement sur la rue éclairée, malgré que cela les exposerait. Ma femme devait alors pouvoir les voir depuis notre chambre à coucher. Je courus la rejoindre aussi vite que possible. Mais en entrant dans la pièce, mon sang ne fit qu'un tour. Ma femme était à terre, allongée sur le dos. Elle saignait de la bouche et commençait à suffoquer. Devant la fenêtre ouverte, se trouvait une silhouette humaine. D'une arme pointée sur moi jaillit un éclat de feu qui m'éblouit du grand bruit qu'il fit. La balle effleura mon épaule gauche, me laissant la sensation d'une étrange brûlure. Mon bras droit se tendit par reflex et deux coup partirent de mon pistolet pour se loger droit dans le mur derrière l'assaillant pris de panique. Une autre personne se tenait près du tireur mais n'était pas dans mon champ de vision. Les deux criminels s'enfuirent aussitôt à toute allure, courant vers la cour arrière. A travers le treillis de la fenêtre troué par les coups de feu, je fis sortir mon bras droit afin de tirer à l'aveugle dans la direction où s'échappaient les intrus, mais ce fut un autre coup perdu.

Je me penchai sur ma femme.

'' Tiens bon, mon amour. Tu t'en sortiras '' lui dis-je en pressant ses mains contre sa blessure. '' Jeremy ! Ta mère est blessée ! Viens la secourir ! '' hurlai-je en accourant dans le salon d'où je pus voir trois personnes s'empressant de prendre fuite en grimpant le long du grand mur de derrière.

Deux des bandits étaient encore dans ma parcelle tandis qu'un troisième disparaissait derrière le mur. A travers la fenêtre que j'ouvris de la même main droite qui tenait mon arme, mon bras gauche, couvert du sang d'une entaille à l'épaule étant devenu douloureux à contrôler, je tirai deux fois sur celui qui était agrippé au mur, le plus à ma portée. Il s'écroula, le dos et le cou perforés. Pris de panique, l'autre assaillant descendit brusquement du mur en se laissant tomber, afin de ne pas subir le même sort que son copain, puis se mit à courir vers l'avant de ma maison. Jeremy surgit de sa chambre pris de panique.

'' Ils ont tiré sur ta mère ! Va dans la chambre et tente de la sauver ! appuie sur la plaie pour réduire l'hémorragie et appelle nos voisins, '' lui criai-je, tout en me hâtant d'ouvrir la porte d'entrée et sortir pourchasser l'homme qui fuyait dehors.

Aussitôt arrivé à la véranda j'aperçus le malfrat tentant d'escalader mon portail. Un genou à terre, mon pistolet dans la main droite soutenue par ma main gauche s'appuyant sur un muret, je visai à dix mètres et abattis de trois balles l'homme qui se hissait vers le sommet de la grande porte d'acier. C'était le tireur de la chambre.

De retour à l'intérieur, Jeremy, en pleurs, me supplia de sauver sa mère. Adèle était grièvement blessée et perdait peu à peu conscience, s'agrippant à son fils comme pour s'accrocher à la vie. J'appelai mon ami et voisin d'en face Mutete, du plus vite que je pus, afin d'utiliser sa voiture pour transporter ma femme vers l'hôpital le plus proche. La Police ne fut toujours pas arrivée lorsque nous quittâmes à bord de son van japonais, laissant les deux corps sans vie des assaillants dans la parcelle.

Mon fils était fortement accablé. Je débordai de rage au point de ne pas réaliser qu'une plaie béante à mon épaule me vidait de mon sang. Je perdis connaissance peu après notre arrivée aux urgences.

Une demi-heure plus tard, je repris conscience et quittai le lit après avoir retiré une aiguille épicrânienne de mon bras, recherchant ma femme. Elle était en salle de réanimation, dont on m'interdit l'accès. J'appelai le commandant du poste de police du quartier. Il me confirma qu'il avait bel et bien reçu l'appel au secours de mon épouse, et dépêché trois agents vers ma résidence.

L'homme qui avait réussi à s'enfuir par la parcelle voisine de derrière, avait été rattrapé par une patrouille de police, et les deux assaillants étaient effectivement décédés à l'arrivée des policiers dans ma parcelle, m'annonça le commandant. Il ajouta que mes agresseurs étaient tous des militaires. Cette dernière information me laissa perplexe.

L'état de santé de ma femme nécessitait une intervention chirurgicale urgente. Je pressai alors l'hôpital de contacter le chirurgien le plus proche, pesant de toute mon influence sur le seul médecin de nuit présent. Dévasté comme jamais auparavant, mon fils Jeremy se tenait assis dans le couloir des urgences, le regard profondément inquiet. Je me disais que tout cela était de ma faute, quoi qu'il en soit. Attendre un chirurgien s'avéra incroyablement pénible.

Il me fallait retrouver le militaire arrêté par la police avant qu'il ne soit relâcher sur ordre de sa hiérarchie, probable commanditaire de l'attentat. A l'arrivée du chirurgien, je pris mon garçon dans mes bras, lui demandant d'être le plus courageux qu'il put, puis je sortis me rendre au poste de police du quartier. Mon téléphona sonna en chemin. J'eus peur que cela fut pour m'annoncer le pire. Un bref apaisement me traversa en constatant que l'appel était de Madrid. Il était cinq heures du matin, et il m'annonça l'assassinat du sénateur Kiyungu. Je raccrochai sans dire mot, et continuai ma route vers le sous-commissariat. Sur les lieux se trouvaient une demi-douzaine d'agents dont deux dans une pièce étroite, à proximité d'un homme assis et menotté à sa chaise. J'ordonnai aux deux brigadiers de me laisser seul avec le suspect.

'' La seule raison qui peut m'empêcher de te tuer comme tes deux amis c'est que tu me livres tout de suite celui qui vous a envoyés. ''

'' Je n'ai rien à voir avec tout ça. Vous vous trompez de personne. ''

Je sortis mon arme à feu, enlevai le cran de sureté et mis la sortie du canon contre le front du détenu.

'' Je vous en supplie. Je suis un soldat... qui ne faisait qu'obéir aux ordres, '' supplia-t-il, désespérément.

'' Nous nous reverrons en enfer, soldat. ''

'' Non, pitié ! C'est Kams qui nous avait envoyés. ''

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'' Nous admirons la bonté mais les cruels réalisent nos plus belles prouesses.

Nous vénérons la nature qui tourne le dos aux fragiles innocents.

Nous n'avons pu trouver le temps de faire Anuarite demi déesse.

Avons-nous pû oublier combien un tyran nous a saigné en trente-deux ans ? ''

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