Chapitre 13

«Il me faisait tourner la tête mais ma tête tournait trop vite.»

Cinq jours s'étaient écoulés. Cinq jours où Justin m'avait à peine adressé la parole. Il avait évidement mal pris le petit geste déplacé qu'il y avait eu entre Cameron et moi. Il me disait à peine bonjour. Nevaeh avait réussi durant ces cinq jours à avoir comme colocataire Alexander et à coucher avec lui. Elle avait toujours ce qu'elle voulait au final. Cameron et moi s'étions un peu rapprochés mais il y avait une petite barrière entre nous parce que je n'arrivais pas à me forcer et j'avais l'impression que Cameron non plus. Donc il n'était pas à cent pour cent vrai avec moi. Je n'avais toujours pas cambriolé depuis la dernière fois et j'étais à deux doigts de tuer quelqu'un. Ma soeur ne se détachait plus de son copain Shaun et ma tante se faisait de plus en plus discrète.

Je m'étais préparée pour aller chez Justin pour m'expliquer avec lui. Il avait beau être celui qui faisait la tête, je lui reprochais moi aussi des choses. Je voulais mettre un terme à toute cette mise en scène qui ne servait à rien. Je voulais ne plus me prendre la tête pour les fêtes de fin d'année.

- Je reviens ! criai-je.

Je sortis de la maison et pris la voiture pour me rendre chez Justin. J'étais stressée, j'avais peur de sa réaction et de la mienne également. Je savais que j'étais très émotionnelle quand il s'agissait de lui et moi et je ne voulais pas me mettre à pleurer devant lui. Par chance, le portail était ouvert, une voiture passait, je pus donc entrer dans le quartier. Je me garai devant chez lui et traversai le jardin jusqu'à la porte d'entrée. C'était un orchestre dans mon coeur. Je sonnai et une femme m'ouvrit, ce n'était pas sa mère.

- Bonjour, que puis-je faire pour vous ?
- Je suis venue voir Justin, il est là ? demandai-je.
- Il est parti s'entraîner mais il ne va pas tarder à rentrer, tu peux l'attendre ici si tu veux.
- Ah d'accord, dis-je, oui je veux bien.

Elle se mit sur le coté et me laissa entrer. Je restais debout.

- Je m'appelle Marisa et toi ? engagea-t-elle la conversation.
- Alison.
- Tu es une amie à Justin ?
- Oui.

Je remarquai qu'elle était entrain de passer la serpiere. Elle devait être la femme de ménage.

- Oh je suis désolée, je suis en train de salir votre travail, dis-je en me plaçant sur le tapis.
- Oh non ne t'inquiète pas.

Marisa était rousse et devait avoir la quarantaine. Elle avait de remarquable yeux bleus. Elle portail un tablier blanc un peu taché et ses cheveux étaient coiffés en queue de cheval. Elle se remit à passer la serpiere.

- Qu'est-ce qu'il a le petit Justin ?
- Comment ça ?
- Oh tu ne viens pas lui remonter le moral ?
- Je devrais ?
- Je ne sais pas mais il n'a pas l'air dans son assiette. Il est désobligeant avec tout le monde ces derniers jours. C'est comme ça depuis mardi.

Mardi était le jour où Cameron et moi s'étions tenus la main. Je n'aurais jamais imaginé que cela affecterait même son comportement avec sa famille. Au moins je savais que cela lui préoccupait autant que moi.

- Je suis sure que c'est à cause de Savannah sa copine. Elle est insupportable.
- Qu'est-ce qu'elle vous fait ?
- Oh tu sais, elle me parle toujours mal, elle me donne des ordres mais ce n'est pas une gamine qui va me dire ce que je dois faire. Mais je ne devrais pas t'en parler, tu dois la connaître.
- Ne vous inquiétez pas, je ne dirai rien.
- Toi aussi tu ne dois pas trop l'apprécier. De toutes façons il n'y a que Patricia, la mère de Justin qui l'apprécie.
- Elle a sa personnalité, dis-je en souriant.
- Quand je pense que je vais devoir me la coltiner jusqu'à ma retraite. Elle et Justin vont sûrement bientôt se fiancer, j'en mets ma main à couper. Son père pourrait s'opposer mais c'est Patricia qui porte la culotte alors son opinion ne comptera pas.

Marisa ne devait pas souvent être écoutée pour déballer tout ça maintenant.

- Son père peut s'opposer parce que lui il n'aime pas Savannah et il veut que son fils profite à fond de sa jeunesse et qu'il soit épanoui. Ce qu'il n'est pas avec sa copine actuelle.

Elle faisait son propre dialogue et répondait à des questions que je n'avais même pas posé. Ainsi elle me permettait de savoir des choses que je ne savais pas auparavant.

- C'est triste parce que Justin est un gentil garçon et il mérite de trouver quelqu'un a sa hauteur, continua-t-elle.
- Oui, je comprends tout à fait.
- Je dois t'ennuyer avec toute cette histoire.
- Non, dis-je en souriant. Mais je vais monter dans la chambre de Justin si ça ne vous dérange pas.
- Oui bien sûr,  je t'en prie.

Je rejoignai les escaliers en faisant bien attention de ne pas trop salir le sol qui venait d'être lavé. Je regagnai la chambre de Justin. Je me le permettais parce que Justin m'avait dit que j'avais l'entrée libre. Je retrouvai la tapisserie blanche et bleu représentant les couleurs des Nuggets de Denver. Je me dirigeai vers son bureau qui faisait sûrement deux mètres de long et un mètre de large. On pourrait dormir dessus.

Sur le mur, juste au dessus du bureau se trouvait des rangées de trophées. "Champion de la saison 2012/2013" "Meilleur joueur du championnat 2011" "Champion de la saison 2010/2011" "Champion du Colorado 2014"

Et il y en avait tellement d'autres. J'étais fière de lui même si je n'avais pas vu un seul de ses matchs. Il méritait vraiment de poursuivre son rêve au lieu de reprendre l'entreprise de son père.  Je fouillais un peu la table en l'attendant. Il y avait quelques affaires de cours qui traînaient, Marisa ne devait pas être encore passée par là. Je trouvai une petite peluche qui servait de porte-clé, quelques pièces de monnaie, des gants, son ordinateur évidemment, des gobelets de café qui renfermaient des billets quelques fois, des bracelets par ci par là, trois paires d'écouteurs, un chargeur de téléphone, un casque, c'était un vrai champ de bataille. C'était un garçon, il fallait sans douter. Je remarquai la présence d'un téléphone, il avait du l'oublier. J'appuyai sur le bouton de déverrouillage et devins toute rouge en trouvant une photo de moi avec la robe asymétrique en fond d'écran. J'arrivais pas à croire qu'il aimait autant cette photo au point de la mettre en fond d'écran.

- Carter.

Je sursautai,  il m'avait encore fait peur cet abruti. Je me retournai. Il était tellement beau même vêtu de sa tenue de basketteur. Je croisais les bras sur ma poitrine.

- T'as pas perdu ta manie de tout fouiller, continua-t-il en souriant.
- Mais toi t'as perdu une bonne occasion de te taire, dis-je sèchement.
- Wow qu'est-ce qui t'arrive ? J'aime pas qu'on m'agresse dès que je rentre de l'entraînement.

Il jeta son sac sur le lit et vint se mettre devant moi.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Je sais pas, c'est à toi de me le dire.  Tu me fais la tête depuis mardi.
- Normal, tu as vu ce que t'as fais avec ce con de Mendes ?
- Ça devrait pas te déranger, rétorquai-je.
- Oui bah ça me dérange ! J'y peux rien.
- Je vais pas me priver pour toi alors qu'il ne se passera jamais rien entre toi et moi.

Il s'assit sur son lit et mit sa tête entre ses mains.

- J'ai pas envie de me rapprocher de toi puis te voir embrasser Savannah l'heure d'après.
- Alors tu veux quoi ? Qu'on s'ignore ? Mais moi je suis pas heureux comme ça.
- Tu as bien réussi pendant cinq jours, rétorquai-je.
- Parce que je t'en voulais.
- J'en ai marre d'être ta roue de secours Justin.
- Alors là, t'as pas le droit de dire ça. Combien de fois tu es passée avant Savannah ? Combien de fois je t'ai préféré à elle ? J'arrive pas à croire qu'après tout ça, tu penses ça !

J'avais les larmes qui montaient. J'étais perdue, je ne savais pas quoi dire ni faire. La seule chose que je savais était que je partirais anéantie de cette pièce.

- Tu comprends pas.
- C'est bon casse toi ! cria-t-il.

Mon coeur se brisait un peu plus.

- Justin...
- Non casse toi ! Je veux plus t'entendre, je veux plus te voir ! T'as eu ce que tu voulais ! Casse toi maintenant !

Je n'avais vu Justin dans cet état et cela me donnait des frissons. Ma gorge était nouée. J'avais mal. Il me faisait mal. Il savait à quel point je m'étais attachée à lui et que cela me faisait autant mal que lui de prendre mes distances mais je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas prendre le risque de tomber amoureuse. Pas de lui. Je commençai à traverser la chambre pour la quitter. Mes jambes tremblaient. Avant de franchir la porte je lançai ces quelques mots :

- On est entrain de foncer dans un mur et il n'y a que moi qui m'en rends compte.

Je claquai la porte derrière moi et effaçai les quelques larmes qui avaient échappé à mon contrôle sur mes joues. Je rescendis à toute vitesse les escaliers et retrouvai Marisa entrain de faire la poussière sur les meubles.

- Tout va bien ? J'ai entendu des cris, dit Marisa.
- Oui, mentis-je. Tout va bien.
- Bon, dit-elle dubitative.
- Pourrais-je avoir le code du portail pour sortir ?

Le code, je ne l'avais pas oublié.

- C'est 6789, répondit-elle en souriant.
- Merci !

Putain ! J'aurais pu le trouver toute seule !

- Je vais y aller, bonne soirée, annonçai-je.
- D'accord, à toi aussi !

Je quittai la maison. Marisa était vraiment une gentille femme et elle méritait de servir une autre famille que celle des Bieber. Mon coeur battait encore très vite. J'avais la haine contre Justin et je croyais bien l'avoir contre moi-même aussi. Pourquoi je m'étais autant attachée à lui ? Pourquoi ? Je n'aurais pas du me laisser aller. J'aurais du me controler dès le départ. Je savais qu'il me plaisait et pourtant j'avais décidé de continuer à le fréquenter. Je comprenais pas ce qu'il m'arrivait. Il me faisait tourner la tête mais ma tête tournait trop vite. Je regagnai ma voiture et rentrai au plus vite chez moi. J'avais juste envie de m'enfermer dans ma chambre et de pleurer. A la maison, je m'empressai d'aller dans la chambre et me jetai sur le lit. Ma tête enfouie dans un coussin, je fondus en larmes. Je ne contrôlais plus rien. J'avais mal. Encore. C'était comme si on m'avait poignarder en plein coeur.

- Alison ?

Je pleurais tellement fort que je n'avais pas entendu ma soeur entrer dans ma chambre.

- Qu'est ce qu'il t'arrive ?
- Laisse moi tranquille ! répondis-je en gardant la même position.
- Mais qu'est ce que t'as ?
- Tu vois pas que j'ai besoin d'être seule ? criai-je.

Quelle conne ! Elle ne voyait pas que ce n'était pas le moment de me déranger !

- Mais...
- Sors de là putain ! hurlai-je.

Je me levai et la poussai de force hors de la pièce.

- Laisse moi ! criai-je en claquant la porte.

Une vraie lourde cette fille et je pesais mes mots. J'avais envie de foutre en l'air, de casser les murs. J'en avais marre de cette putain de vie. Je me détestais. Personne ne me comprenait ici. Personne.

- Qu'est ce qu'il se passe ici ?

Ma tante avait déboulé sur le champs. Je ne pouvais definitivement pas être tranquille.

- Pourquoi tu pleures ?

Je m'ecroulai dans ses bras. J'avais finalement besoin de réconfort. Elle ferma la porte tout en me gardant dans ses bras. Puis elle détacha d'elle.

- Viens, on va parler toi et moi.

Elle s'assit sur mon lit et me fit signe de la rejoindre. Je m'assis alors à coté d'elle, séchant mes larmes.

- Dis moi, qu'est ce qui ne va pas ? commença-t-elle.
- Tout. Je viens de m'apercevoir que j'ai des sentiments pour un mec qui s'en fiche royalement de moi. J'ai envoyé mon ex copain en prison. Ma meilleure amie est partie dans un autre continent. Tout va mal.

Ma gorge me faisait mal tellement elle était nouée.

- J'ai pas ma place ici.
- Dis pas ça Alison. Je comprends que ce n'est pas facile depuis que Nevaeh soit partie mais ça va aller.
- C'est moi le problème. Je suis pas assez bien pour n'importe qui. Tout le monde finit par me quitter.
- C'est Justin qui te met dans cet état ?
- Il est pas fait pour moi, dis-je en me remettant à pleurer.

C'était bizarre de me dévoiler comme ça à ma tante. On avait jamais vraiment eu une conversation sérieuse comme celle qu'on était entrain d'avoir en ce moment.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- J'ai coupé les ponts avec lui. Je ne sais même pas pourquoi. Ça me fait plus de mal que si j'avais décidé de continuer à le fréquenter.
- Pourquoi tu as fais ça ?
- J'ai peur... J'ai peur qu'il devienne une nécessité pour moi.

Je m'étais rendue compte que je ressentais des choses que je n'avais même pas ressenti avec David. Il me faisait passer dans des émotions qui m'étaient alors inconnu jusque là. C'était horrible parce que je n'étais plus maître de moi-même. 

- Alors tu as eu bien raison de faire ça.
- Mais je suis une égoïste et maintenant il me déteste.
- C'est lui l'egoïste parce qu'il n'a pas su faire la part des choses comme toi tu l'as fais. C'est lui qui est en couple mais pourtant c'est toi qui décides de tout arrêter. Il a de la chance d'être tombé sur toi. Il ne te mérite pas.
- Mais j'ai l'impression de m'être enfuie comme je l'ai fais avec David. Je suis une lâche. Je fuis toujours.
-  Alors tu bloques toujours sur ce qu'il s'est passé avec David ?

Elle pensait que j'avais tourné la page. Je ne l'avais clairement pas fait.

- Je m'en veux. Je devrais être avec lui à cette heure-ci.
- Non ! Lui aussi n'a que ce qu'il mérite ! Arrête de te remettre en question ! Tu as fais le bon choix dans les deux cas.
- Tu ne comprends pas. Si tout va mal c'est parce que j'ai fais ces choix. Je devrais me sentir bien mais c'est tout l'inverse. Donc j'ai fais les mauvais choix.
- C'est parce que tu te sens coupable mais tu ne l'es pas. Crois moi.

J'avais arrêté mes sanglots.

- C'est gentil de vouloir me réconforter mais c'est dur pour moi de penser que je suis une sainte et que je ne fais rien de mal. Je cambriole, je...
- Je ne dis pas que t'es une sainte, me coupa-t-elle. Mais tu devrais pas te sentir aussi mal.
- Je n'y arrive pas. Je perds de plus en plus l'estime que j'avais de moi.

Pourtant j'avais réussi à le retrouver quand Justin me complimentait.

- Te prends pas la tête, sérieusement. Et puis tu as des examens à la fin d'année, tu devrais te concentrer sur ça.
- Je sais. Merci d'être venue me parler, écourtai-je le dialogue.
- Je serai là dès que tu en auras besoin.
- Merci.

Je l'embrassai puis elle quitta la pièce. Je ne savais pas si cette discussion servirait au final mais cela m'avait fait plus ou moins du bien. Je décidai d'aller m'expliquer avec ma soeur. Je lui devais des explications sur mon comportement de tout à l'heure. Je toquai à sa porte.

- Oui ?
- C'est Alison, dis-je en ouvrant sa porte.
- C'est bon, t'es plus à deux doigts de me tuer ?
- Haha, roulai-je des yeux.
- Allez entre pour m'expliquer.

J'entrai et fermai la porte derrière moi. Je m'installai sur une chaise, le dossier devant moi tandis qu'Ella prit place sur son lit.

- Je suis désolée d'avoir réagi comme ça mais j'étais vraiment pas bien.
- Pourquoi ?
- Je me suis disputée avec Justin et j'ai décidé de ne plus lui adresser la parole.
- Non ! lança-t-elle avec les gros yeux.

J'hochai la tête. 

- Je ne veux pas m'attacher pour rien.
- Tu penses être entrain de tomber amoureuse de lui ?
- Je sais que j'ai des sentiments pour lui.
- Tu sais, tu devrais continuer de le voir. C'est quelqu'un de bien et lui aussi doit avoir des sentiments pour toi.
- Peu importe qu'il soit quelqu'un de bien ou pas, il n'est pas fait pour moi. Et même s'il a des sentiments pour moi, il restera avec Savannah.
- Je comprends ce que tu as voulu faire mais c'est dommage. Tout le monde l'aimait bien.

Je baissai la tête, désespérée.

- En fait, tu t'en fiches de ce que moi je peux ressentir.
- Si. Mais je pense que ça aurait pu se passer autrement. Et regarde comment tu as pleuré, ça te fait plus de mal qu'autre chose.
- Je sais mais il n'y a pas de bon côté dans cette histoire et je préfère arrêter maintenant que quand il sera trop tard.
- J'espère que ça ne te changera pas.
- Ne t'inquiète pas.

Je souris. Je savais bien que Nevaeh et Ella voulait Justin à mes cotés seulement pour que je me sente bien et que je tourne enfin la page avec David. Elles avaient peur que je l'attende et que je revienne vers lui. Peut-etre que c'était ce que je ferais au final ? Le rejoindre. 

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