Chapitre 5
C'EST TOI QUE J'ATTENDAIS
Chapitre 5
Ce soir-là, Kuroko eut beaucoup de mal à s'endormir. Il avait des étoiles plein les yeux et des images d'Akashi plein la tête. Ce fut donc avec beaucoup de difficultés qu'il se leva le lundi matin pour aller en cours.
En voyant les cernes qui s'étalaient sous les yeux du bleuté, Ichigo ne put s'empêcher de le taquiner.
- Alors Tetsu, on a du mal à dormir ?
- ...
- Serait-ce un beau roux aux yeux rubis qui t'aurait empêché de dormir ?
Le jeune homme lança un regard blasé à son ami.
- Pour ta gouverne, j'ai dormi seul. Tout le monde n'est pas un pervers comme toi.
- J'suis pas un pervers, comme tu dis. C'est juste que j'suis amoureux et que Byakuya a un corps de rêve. Ce s'rait vraiment un crime de pas en profiter. Et puis on se voit pas tant qu'ça. Même s'il nous arrive de pouvoir passer un week-end ensemble, ça reste assez rare. La plupart du temps, on ne se voit que quelques heures ou alors en coup de vent.
Le regard du plus grand affichait une lueur triste que le plus petit ne manqua pas. Il eut un pincement au cœur pour son ami.
- Je suis navré, Ichi. Je ne voulais pas te faire de peine. Je ne pensais pas qu'il était si difficile pour vous de vous voir.
- Il dirige une grande société et est à la tête de son clan. Il a beaucoup d'obligations, du coup, ça limite pas mal son emploi du temps. J'pensais qu'à force, j'm'y f'rais, mais c'est plus dur que j'le pensais. Il m'manque vraiment.
En entendant ces mots, le bleuté se rendit compte qu'il avait de la chance de voir Akashi aussi souvent et qu'à l'avenir, il devrait en profiter un peu plus, car cela ne durerait sûrement pas. Lui aussi dirigeait une grosse entreprise et était noble. Par contre, il ne savait pas s'il était le chef de sa famille.
Comme s'il lisait dans ses pensées, Ichigo déclara :
- Akashi n'est pas à la tête de son clan. C'est son père, Masaomi, qui est le chef de famille. De même, c'est son père qui siège à la maison mère. Lui, il a son bureau dans un aut' bâtiment. Celui qui s'occupe de l'informatique et des biotechnologies, j'crois. Mais t'y as été, nan ?
- Non, je n'ai pas visité son bureau, seulement le musée et le labo.
- Ah bon. Mais c'est d'jà pas mal.
- Oui.
- Et vous avez été où, hier ?
- Voir la finale de la coupe d'Asie, Japon-Chine.
- Quoi ?! Tu plaisantes ?! Les places étaient hors de prix et en plus, ils ont dit à la télé que le match s'était joué à guichet fermé !
- On était en tribune d'honneur.
- Ah oui, c'est vrai, les tribunes d'honneur. J'y avais pas pensé. J'espère que t'en as bien profité, au moins.
- Oui. C'était un super match.
- Ah ! Pourquoi Bya était occupé justement ce jour-là ?! J'aurais tellement aimé y assister !
- Surtout qu'on a gagné. Tu aurais dû voir ça, il y avait une ambiance de folie.
- Oh ça va, hein, n'en rajoute pas !
Le roux était visiblement très déçu de ne pas avoir assisté à cette finale et savoir que son ami avait pu être dans les gradins, en tribune d'honneur en plus, ne faisait que renforcer ce sentiment de frustration.
- Sinon, vous allez vous revoir ?
- Oui, mais ne me demande pas quand. Il ne me l'a pas dit.
- Je suis bien placé pour savoir pourquoi. Avec sa position, il n'est pas maître de son temps et il doit sûrement avoir peu de temps libre, un peu comme Bya, la responsabilité du clan en moins.
Et sur ces mots, les deux étudiants se rendirent en cours, frustrés de ne pas pouvoir passer plus de temps avec les deux hommes d'affaires.
À la pause déjeuner, comme chaque jour, Kuroko reçut un message du rouge.
- Bonjour, Tetsuya. J'espère que vous allez bien, aujourd'hui.
- Bonjour, Seijūrō-kun. Je vais bien. Merci de vous en inquiéter. J'espère que vous aussi, vous allez bien.
- Eh bien, ça d'vient une véritable habitude, dis-moi. On dirait bien qu'il peut plus s'passer de toi. En fait, on dirait que vous pouvez plus vous passer l'un de l'autre.
- Je me passerais bien de tes commentaires, Ichi.
Le petit bleuté avait les joues qui rosissaient sensiblement. Il commençait à manquer sérieusement de répartie sur ce qui concernait sa relation avec le millionnaire. À chaque fois qu'il était question de lui, il se sentait troublé et son cœur se mettait à battre la chamade. Son téléphone se mit à vibrer et il lut le message qui s'affichait.
- Je vais bien, merci. J'ai vraiment passé une journée délicieuse, hier.
- Je suis content que vous alliez bien. Moi aussi, j'ai beaucoup aimé la journée d'hier.
- J'aurais aimé qu'elle se prolonge un peu plus, Tetsuya.
- Oui, moi aussi. Vous me manquez déjà.
Et le jeune homme appuya sur envoyer, avant de regretter ce qu'il avait écrit. Voyant son trouble, son ami le taquina un peu.
- Alors, on s'envoie des messages coquins ?
- Hein ? Mais... mais... pas du tout !
- Alors pourquoi tu rougis ?
- Je ne rougis pas !
- Si, tu rougis.
- Je ne sais pas.
- Il te laisse pas indifférent, hein ?
- Je... Je crois que... je suis... en train de tomber amoureux.
- Y a pas de mal à ça. T'as pas à en rougir ou à en avoir honte. Moi, j'dis que c'est même plutôt une bonne chose !
- Je n'en ai pas honte. C'est juste que ça me fait peur.
- J'vois pas pourquoi. C'est pas parce que ton dernier mec était un parfait enfoiré qu'il faut te fermer. Akashi est pas comme lui. Il lèvera jamais la main sur toi. C'est pas son genre.
- Qu'est-ce que t'en sais ? Tu ne le connais pas personnellement, que je sache.
- C'est vrai, mais Bya le côtoie depuis longtemps et il a pas la réputation d'être quelqu'un de violent. Autoritaire, mais pas violent.
- Lui non plus, il n'avait pas cette réputation et pourtant...
- Tout le monde est pas comme lui, j'te l'ai d'jà dit. Ça fait des années qu't'es célib. Tu veux pas lui laisser une chance ?
- Si, peut-être bien.
- Peut-être ?
- Je vais essayer, promis.
À ces mots, le roux étira un sourire franc. Il souhaitait plus que tout que son ami retrouve une vie normale et surtout, qu'il soit heureux. Il méritait le bonheur plus que quiconque, selon lui. Il avait été témoin de ce que lui avait fait subir son ex et il avait tout fait pour l'aider à se sortir de là. Il ne voulait surtout pas que cela recommence, mais il ne voulait pas non plus que son meilleur ami se ferme à la moindre chance de bonheur. Il ne voulait pas qu'il vive dans la peur. Il devait se libérer de ce passé douloureux et pour cela, quoi de mieux qu'un nouvel amour ? Surtout si celui-ci était réciproque et sincère. Et il était persuadé que le millionnaire et l'étudiant étaient faits l'un pour l'autre, un peu comme une intuition ou une sorte de sixième sens.
Le téléphone du bleuté vibra de nouveau.
- Vous me manquez aussi. Mais le travail m'appelle. Vous m'en voyez désolé.
- Moi aussi, je dois retourner en cours. Passez une bonne journée, Seijūrō-kun.
- Passez une bonne journée également, Tetsuya.
Les deux jeunes hommes retournèrent étudier et le plus âgé retourna à ses obligations professionnelles.
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Le mercredi soir, alors que Kuroko et Ichigo sortaient de l'enceinte de la fac, ils remarquèrent une berline de luxe noire. Le bleuté reconnut tout de suite le chauffeur d'Akashi qui s'inclina dès qu'il l'aperçut. Il ouvrit la porte à son employeur qui sortit du véhicule.
- Bonsoir, Tetsuya.
- Bonsoir, Seijūrō-kun. Que... que... enfin...
- Vous m'avez bien dit que je vous manquais, n'est-ce pas ?
- Euh, ou... oui.
- Vous me manquiez aussi. J'ai donc pensé que si vous n'aviez pas d'autres obligations, nous pourrions dîner ensemble.
- Oui, c'est une très bonne idée. Répondit l'étudiant, rougissant légèrement, mais affichant un petit sourire timide.
Kuroko monta dans la voiture, après avoir salué son meilleur ami qui resta bouche bée. Akashi devait être sacrément mordu. En quatre ans de relation, Byakuya ne lui avait jamais fait ce coup-là. Il se demandait bien pourquoi, même s'il savait que ce n'était pas dans le caractère de son homme d'être aussi démonstratif en public. Et ce fut quand même en décrochant son téléphone pour l'appeler qu'il prit le chemin de chez lui.
- Ichigo. Un problème ?
- Non. Je voulais juste entendre ta voix. Tu me manques.
- Tu me manques aussi. J'aimerais pouvoir te consacrer plus de temps.
- Moi aussi, j'aimerais bien. Mais t'inquiète. Je sais que t'as beaucoup de boulot. C'est pas d'ta faute, j'le sais bien. Mais de voir Akashi venir chercher Tetsu à l'improviste, j'avoue que ça m'a rendu un peu jaloux. Je m'suis dit que moi aussi, j'aimerais pouvoir te voir en pleine semaine. Même si je sais que Tetsu mérite un peu de bonheur plus que n'importe qui d'autre.
- Akashi a fait quoi ?
Le noble était plus que surpris, ce qui n'était pas courant chez lui.
- Ils viennent juste de partir pour un dîner surprise. Pourquoi ça t'étonne autant ?
- Ce n'est pas le genre de cet homme. Il est plus épris que je ne le pensais. C'est la première fois que je le vois amoureux en plus de dix ans de collaboration.
- Tetsu aussi a l'air d'être accro. Tant mieux. Si Tetsu peut être heureux avec lui, alors c'est tout c'que j'souhaite. Il en a assez bavé comme ça. Il est temps que la vie arrête de s'acharner sur lui. Plus jamais je veux devoir le conduire à l'hôpital et le voir entre la vie et la mort.
- Oui, j'imagine. Ça doit être dur de voir son meilleur ami dans cet état.
- C'était horrible.
La voix du roux n'était plus qu'un murmure. Les souvenirs de cette époque revenaient le hanter. Il avait tellement eu peur de le perdre, lui, son ami, son frère. Ils se connaissaient depuis le bac à sable. Il n'imaginait pas une vie sans lui, une vie où il ne pourrait pas lui raconter ses malheurs, et surtout ses bonheurs, et où il ne pourrait pas entendre les siens.
- Je ne devrais pas finir trop tard, ce soir. Veux-tu que je passe chez toi ?
- Mais tu dois pas bosser ? Je voudrais pas te déranger.
- C'est moi qui te le propose.
- Alors oui, j'adorerais.
- À ce soir.
- À ce soir.
Ichigo raccrocha. Heureux de savoir que lui aussi verrait son homme ce soir, mais le cœur encore lourd des images qui lui étaient revenues en mémoire. Ce fut dans cet état d'esprit qu'il entra dans son appartement. Il se déchaussa, jeta son sac dans un coin et se jeta sur son canapé, ses pensées encore tournées vers le passé.
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De leur côté, Kuroko et Akashi étaient arrivés au restaurant et avaient été conduits dans un petit salon privé.
- J'ai remarqué que vous étiez plus à l'aise dans les salons privés, lors de notre premier rendez-vous.
- Je... euh... merci.
Le bleuté rougissait, ne sachant trop quoi répondre et visiblement touché par l'attention.
Ils furent coupés dans leur conversation par le serveur qui venaient prendre leurs commandes.
Quelques instants plus tard, leurs apéritifs arrivaient. Ils entamèrent une discussion plus légère, le rouge dévoilant qu'il aimait le shogi et l'équitation, en plus du basket. Le bleu avoua ne rien connaître au shogi et n'être jamais monté sur un cheval.
- Vraiment ? Il faudra que je vous fasse essayer. Je ne connais rien de plus grisant. Je me sens tellement libre quand je monte, c'est vraiment une sensation merveilleuse.
- J'aimerais beaucoup.
- Seriez-vous libre ce week-end ?
- Ça dépend...
- De quoi donc ?
- Eh bien, je n'ai rien de spécial de prévu, mais je dois consacrer quelques heures à mes révisions. Les derniers partiels de l'année sont pour dans à peine quelques semaines. Si j'attends le dernier moment, je serai submergé de travail et je n'y arriverai pas. Je préfère m'y prendre tôt pour être sûr de ne pas manquer de temps.
- C'est tout à votre honneur.
- Merci.
- Justement, ce samedi, je dois recevoir quelques partenaires de travail. Cette entrevue doit se passer dans le manoir de ma famille, à la campagne. J'ai pensé que vous pourriez m'y accompagner et que nous pourrions y passer le week-end. Je pourrais vous apprendre à monter un cheval. Et pendant que je reçois ces messieurs, vous auriez tout le temps nécessaire à vos révisions.
- Ce serait vraiment... formidable.
- Bien. Je passerai vous prendre vendredi soir, aux alentours de 20h. Cela vous convient-il ?
- Oui, c'est parfait.
- Bien.
Tout en parlant, le rouge avait posé sa main sur celle de Kuroko. Dans un premier temps, ce dernier s'était tendu, puis se souvenant de la promesse qu'il avait faite à Ichigo, il se détendit progressivement. Au final, il trouva même la chaleur de cette main très agréable et il se surprit à souhaiter que ce contact ne s'arrête pas.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ayant une fin, ils durent séparer leurs mains lorsque le serveur apporta les plats qu'ils avaient commandés. Cependant, une certaine intimité semblait s'être créée entre eux et l'interruption du serveur ne réussit pas à la briser. Aussi, après le départ de celui-ci, les mains reprirent naturellement leurs positions. Et avant même le dessert, comme poussés par un besoin irrépressible, ils s'étaient levés et s'étaient embrassés. Certes, le baiser avait été chaste, mais pour le bleuté, c'était un grand pas. Il n'avait plus embrassé personne depuis "lui" et son cœur s'était mis à cogner furieusement dans sa poitrine.
Une fois le repas terminé, Akashi raccompagna sagement l'étudiant qui avait cours le lendemain. Il ne put cependant pas s'empêcher de lui donner un dernier baiser que Kuroko accepta, le cœur battant.
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Ichigo, quant à lui, attendait l'arrivée de son brun. Il était près de 20h et il savait qu'il ne tarderait plus. D'ailleurs, le bruit d'une clé qui ouvre une porte lui indiqua que son amant venait d'entrer dans l'appartement. Il se leva pour aller l'accueillir. Il l'embrassa, mais le regard triste qu'il adressa à son amant ne trompa personne. Kuchiki voyait bien à quel point son roux s'inquiétait pour son ami qu'il considérait comme son frère.
- Ne t'en fais pas Ichigo. Akashi est quelqu'un de bien. Ce n'est pas un homme violent. Bien au contraire, il est d'un calme olympien en toutes circonstances.
- Comme toi, en somme.
- Au risque de t'étonner, son self-control dépasse le mien, je t'assure.
- Ah. Eh bien j'espère qu'il sait quand même exprimer ses émotions un minimum.
- Il sait faire comprendre ce qu'il veut faire comprendre au moment où il veut le faire comprendre. Ne t'en fais pas pour ça. Si ton ami décide de lui laisser une chance, je ne pense pas qu'il en sera malheureux.
- Je l'espère, Bya. Je l'espère de tout mon cœur.
- Fais-moi confiance.
- Je te fais confiance.
Ichigo ayant préparé le repas, ils dînèrent ensemble et le noble, voyant l'état de son amant, décida de rester pour la nuit, chose rare en semaine. C'était le signe qu'il s'inquiétait pour son petit ami. Ce fut donc dans les bras réconfortants de Byakuya qu'Ichigo s'endormit, tout en se demandant comment Kuroko ferait pour raconter son passé à Akashi. Si leur relation devait aboutir sur quelque chose de sérieux, il faudrait bien qu'il le fasse.
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