CHAPITRE 2
Installé dans le siège du bus, je regardais défiler à travers la vitre la verdure. Rapidement le visage du beau bouclé me revint en mémoire. Je revoyais ses adorables fossettes se dessiner et ses lèvres roses s'étirer en un sourire. Je n'avais jamais vu une beauté pareille. La façon dont ses lèvres s'étiraient faisant ressortir ses belles fossettes enfantines afin de former un magnifique sourire était l'une des plus belles choses au monde. Il pouvait facilement être la huitième merveille du monde à mes yeux.
Son image m'avait suivi toute la nuit et même la journée. Je me surprenais à le voir partout malgré moi. Je me demandais bien pourquoi je n'arrivais pas à oublier ce garçon. C'est vrai, on croise un nombre incalculable de visages tous les jours et on les oublie aussi vite qu'on les a croisés. Alors pourquoi je n'arrivais à me le faire sortir de la tête?
Je pinçais mes lèvres l'une contre l'autre agacée. Je n'aimais pas le fait que ce bouclé me colle à la peau comme çà. C'était idiot. Encore plus en sachant que je ne connaissais même pas son prénom.
Je serrais mon livre qui reposait sur mes cuisses un peu plus fort dans mes mains alors que je me rejouais la discussion avec le bouclé aux yeux étoilés en tête. « Et bien, pourriez vous me le faire ressentir un jour ?» Je me sentis frémir à ce souvenir qui me revenait dans un écho, sa voix grave et masculine résonnant encore près de mes oreilles faisant naitre en moi de drôle de sensations.
Quelle drôle de question ! On ne peut demander à une personne de lui faire ressentir l'amour. L'amour est imprévisible. Il ne se commande pas. Comment diable pouvait-il ne pas savoir çà ?
Il semblait si naïf sur ce sujet. Peut être même qu'il n'y avait jamais vraiment pensé. Ou peut être bien qu'il ne souhaitait pas connaitre ce sentiment. Il voulait sans doute profiter de sa jeunesse et ne se soucier de rien d'autre comme la plupart des jeunes. Et peut être même qu'il n'avait jamais ressentit ce sentiment. Ce qui est très probable parce que sinon il n'aurait pas posé de telles questions. Il saurait que l'amour est quelque chose de fondamentale.
« Arrêt Gorge II. » la voix féminine robotique résonnait dans le bus.
C'était son arrêt.
Je me penchais légèrement sur la droite pour voir les personnes qui montaient dans le bus. D'une part j'avais peur de le revoir suite à notre dernière discussion, mais d'un autre côté j'avais le coeur qui palpitait car je voulais le revoir. Tout mon corps était en ébullition à la simple idée de le revoir. Et je ne comprenais pas pourquoi j'étais si impatiente de le voir. Après tout il était une personne normale. Bon, il avait le physique d'un dieu grec et le visage d'un ange. Mais à part çà, il était tout à fait normal. Alors pourquoi mon coeur battait aussi vite à l'idée de le voir?
Je vis une personne âgée balayer le bus du regard cherchant une place. Le bus était vraiment plein ce jour là, alors je me résous à me lever et lui laisser ma place. Ma mère m'en aurait voulu si je ne l'avais pas fait, elle qui me répétait tout le temps qu'il fallait respecter les "anciens".
« Merci mademoiselle vous êtes bien aimable. » me remercia-t-elle.
Je lui fis un sourire qu'elle me rendit quelques secondes après tout en s'installant confortablement sur le siège. Je voulus ensuite attraper la barre en acier qui se trouvait au-dessus de moi pour me tenir pendant le voyage, mais le bus démarra avant que je ne puisse l'atteindre me faisant perdre l'équilibre. Et avant que je ne puisse toucher le sol, des bras musclés entourèrent ma petite taille me retenant. Je levais le regard pour voir le visage de mon bienfaiteur mais rapidement je sentis mes jambes devenir coton. Le bouclé de la dernière fois était mon bienfaiteur.
Pourquoi fallait-il que çà soit lui? Cela aurait pu être n'importe qui, mais non, il avait fallu que ce soit le bouclé avec qui j'avais vécu l'une de mes plus belles hontes qui me sauve de cette chute! Alors que je maudissais mentalement le destin où je ne sais qu'elle force qui nous avait réunit une deuxième fois, je réalisai enfin, la posture dans laquelle je me trouvais. Il me tenait contre son torse avec force, un sourire scotché à ses lèvres roses.
Je me demandais bien comment ses lèvres pouvaient être aussi roses. Elles étaient si roses qu'on pouvait que les désirer. Comme une délicieuse sucrerie à laquelle on ne pourrait résister. Elles étaient si parfaites que tu n'avais qu'une envie : y goûter.
Je me donnais mentalement une claque. Reprends toi Bella, je me dis intérieurement. Ses yeux étaient rivés sur moi et j'avais l'impression qu'il lisait en moi. C'était une sensation très étrange.
« Je vois que vous n'êtes pas vraiment à l'aise avec la gravité. » ajouta-t-il avec un sourire ce qui me destabilisais. Je me défis rapidement de ses bras. Non pas parce que je trouvais cela désagréable, mais parce que je me sentais mal à l'aise de ce contact si soudain. Après tout, je ne le connaissais pas. Mais le sort s'acharnant sur moi, le bus prit un virage ce qui me fit une nouvelle fois perdre l'équilibre. Il replaça alors son bras autour de ma taille me tenant tout contre lui pour ne pas que je tombe encore une fois. Je me maudissais d'être aussi maladroite.
« Tenez-vous à moi. » Il dit doucement, ne voulant pas faire parraitre ses paroles comme un ordre, mais comme une suggestion. Etant bien trop petite pour attraper la barre accrochée au plafond du bus je n'avais pas de réelles solutions. J'agrippais alors sa veste grise de mes fins doigts essayant de limiter tout contact avec lui, le regard posé à l'opposé du beau bouclé. Il esquissa un sourire ce qui me mit plus mal à l'aise. Je regardais alors mes pieds, que je trouvais soudainement très intéressant. Mais rapidement je dérivais sur ses chaussures. Des converses noires. À côté des lui, mes pieds étaient ridiculement petits.
Il resserra son bras autour de ma taille alors que le bus tournait dans un rond-point ce qui me fit frissonner. Pourquoi réagissais-je ainsi? Être si près de lui, même collé à lui faisait bouillir mon corps entier. Je ne comprenais pas pourquoi mon corps réagissait ainsi avec lui. Ce n'est pas comme-ci je n'avais jamais été aussi proche d'une personne.
Son bras était étonnamment musclé. En un seul bras, il pouvait me maintenir tout contre lui pendant qu'il se tenait avec l'autre à la barre qui était bien trop haute pour moi, mais largement accessible pour lui.
En plus d'avoir un charme fou, il était aussi doté d'une force hors-norme. Pourquoi diable était-il si parfait? Il ne me facilitait vraiment pas la tâche, lui aussi. Personne n'est parfait, il doit bien avoir un défaut, me rappela ma conscience.
Mon regard chuta sur sa main compressée contre mes hanches. Je me mordis la lèvre inférieure. C'était drôle de penser que j'aimais me sentir ainsi près de lui, de savoir qu'il me tenait tout contre lui alors que je ne savais rien de lui.
Mais rapidement je revins à la réalité. Je n'avais pas le droit de penser ainsi et de vouloir être proche de lui. Cela m'était interdit.
« Arrêt Marshall. » Je défis ma légère pression sur sa veste et me retirais de son emprise incroyablement sécurisante. Je sentis son regard insistant sur moi alors que je me retirait de ses bras. « Merci. » le remerciais-je rapidement. Il arqua un sourcil alors que je passais entre les nombreuses personnes, zizaguant jusqu'à l'entrée. Je descendis rapidement du bus rouge le fuyant. Et quand je me retournai pour regarder le bus partir, je le vis bousculer quelques personnes se rapprochant de la sortie principale à son tour. J'écarquillais les yeux surprise. Il arriva devant l'entrée aussi vite que moi et il descendit du bus se plaçant devant moi. Les portes se refermèrent aussitôt derrière lui. Il était descendu du bus in extremis. Une seconde de plus et il aurait été bloqué par les portes.
Le bus redémarra alors que je le fixais ne comprenant pas pourquoi il avait fait cela. Il se courba légèrement pour plonger son regard émeraude dans les miens.
« Pourquoi êtes vous descendu alors que ce n'est pas votre arrêt? » osa-t-il me demander, sa voix légèrement essouflé par la rapidité dont il avait fait preuve pour descendre du bus.
- Je pourrais vous poser la même question dis-je en maintenant son regard, qui à la base n'était pas menaçant, même étrangement doux.
- Et bien, je suis descendu pour vous poser cette question. Et vous, quelle est votre raison ?
- Je voulais vous éviter, mais je vois que j'ai échoué. » j'ai jeté en l'air en gardant un ton incroyablement calme ce qui le perturba.
Je me retournais me mettant dos à lui me rapprochant de l'abri voulant regarder à quelle heure le prochain bus passerait. Je l'entendis me suivre, déterminé.
« Pourquoi voudriez-vous cela? Ai-je fais quelque chose qui vous aurait aggacez?
- Non, fis-je toujours dos à lui.
- Alors pourquoi ? insista-t-il.
- J'ai mes raisons et je n'ai pas l'obligation de vous les dire. »
Je m'installais sur le banc posant mon sac contre mes cuisses. Il resta quelques instants debout sûrement légèrement troublé par ma dernière phrase. Il devait surement ne pas être habitué à être rejeté car il avait absolument tout pour lui. Ils devaient même avoir des tonnes de filles à ses pieds et je me demandais bien pourquoi il perdait son temps avec moi.
Et puis il semblait être une bonne personne. Son visage était si doux et si chaleureux. Rien qu'en le regardant on avait l'impression qu'on pouvait se confier à lui, qu'il était une personne de confiance. Il faisait partie de ces personnes à qui on parle très facilement. Je pense que pendant sa période scolaire il devait faire partie de ses personnes dites populaires. Il avait dû faire chavirer bon nombre de coeur et avoir de nombreux amis. Et comme si sa beauté naturelle ne suffisait pas, il avait ce magnifique sourire communicatif. Il lui suffisait de sourire pour que l'on fonde comme de la glace sous le soleil. Son sourire avait le pouvoir de nous faire accepter tout et n'importe quoi. Je me demandais justement comment ses parents ont pu s'en sortir pour le punir ou lui refuser quelque chose avec un sourire pareil. Il était une personne qui attirait tous les regards que se soit femmes, hommes ou enfants. Il dégageait un charme fou et le pire dans tout çà c'est qu'il ne faisait rien de particulier pour. C'était inné chez lui.
Les personnes comme lui étaient vraiment rares sur Terre. Si on nous considérait comme des étoiles, lui aurait été une étoile filante. Lumineuse, gracieuse, d'une beauté incroyable. Elle ferait passer nous autres étoiles comme de simples poussières dans le ciel sombre. Il fallait donc être vraiment bête pour rejeter une personne comme lui. Étais-je bête de réagir ainsi avec lui? Non tu te protèges c'est tout, me rappelait ma voix intérieure me rassurant.
Je glissais alors ma main dans mon sac à main pour y sortir mon livre. Je l'ouvris délicatement et y sortis mon marque page. Je vis le jeune bouclé s'installer à mes côtés observant mon livre.
« Cela ne vous dérange pas si je m'assois auprès de vous?
- Non. » fis-je en reprenant ma lecture.
Un silence plana entre nous me permettant de me plonger dans mon livre. Mais rapidement il le brisa.
« Puis-je savoir votre nom au moins?
- Je lis. » fis-je sans le regarder.
Il se tut me laissant reprendre ma lecture. Je sentis son regard sur moi ce qui me déstabilisait. Ses yeux avaient le don de me brûler la peau quand il me regardait. Une sensation à la fois agréable et déstabilisante.
« Marie? » Il essayait de deviner.
Je l'ignorais continuant de lire mon livre. « Clara? » continua-t-il. « Patricia? » J'haussai les yeux au ciel. « Laurie? » Il fit une légère pause cherchant un autre prénom. « Marguerite? » Je posais mon livre sur mes cuisses légèrement agacé par son petit jeu.
« Ai-je une tête à m'appeler Marguerite?» je dis le fixant avec de gros yeux.
- Quoi ? Vous n'aimez pas ce prénom ? Il me demandait avec un ton enfantin.
- Non, c'est juste qu'il est....vieux.
- Les prénoms ont un âge maintenant? » Un sourire malicieux était sur ses lèvres.
Je levais une seconde fois les yeux au ciel. Bon c'est vrai que c'était un peu drôle.
« Je dis juste que je ne m'appelle pas Marguerite, je dis, gardant mon sérieux.
- Cela serait plus simple si vous me disiez votre prénom vous savez?
- Je trouve çà bien plus amusant de vous voir le chercher désespérément, je dis, réprimant un sourire.
- Oh je vous amuse alors? » précisa-t-il un sourire aux lèvres.
J'esquissais un sourire amusé par sa répartie. Il était très doué pour çà.
« Vous avez un très beau sourire vous savez, fit-il tendrement.
- Et vous, vous êtes un horrible dragueur.
- Qui ne tente rien n'a rien. » il ajouta faisant référence à son insistance envers moi.
J'esquissais un autre sourire ce qui fit agrandir le sien. Il était vraiment persévérant.
« Alors, aurais-je l'honneur de connaitre un jour votre prénom? » J'ouvris la bouche pour lui répondre, mais je la refermai immédiatement quand je vis le bus se rapprocher de l'arrêt.
« Peut être un autre jour. » Je me redressai rangeant mon roman dans mon sac. Je me rapprochai du bus suivi de près par le jeune bouclé. Je validai ma carte, puis je m'aventurai au fond du bus cherchant une place. Je m'installai dans un siège beige contre une vitre. Je fus rapidement rejoint par le bel inconnu.
« Encore vous?
- Oui, je me suis dis que ce serait bien qu'on fasse plus ample connaissance.
- Et vous vous êtes demandé si je le voulais au moins?
- Oui pendant une seconde mais je me suis dis que ce détail n'avait peu d'importance. »
J'esquissais un sourire alors que le moteur du bus rugissait mettant en marche celui-ci.
« Je suppose que vous n'allez pas lâcher l'affaire n'est-ce pas?
- Parfaitement.
- Et bien, dans ce cas arrêtons les formules de politesse et tutoyons nous.
- Avec plaisir. »
Je compressais mon sac contre mes cuisses sous le regard du bouclé.
« Elodie?
- Toujours pas, répondis-je amusé.
- Je le trouverai un jour, je ne lâcherai pas.
- Je n'en doute pas. » fis-je avec un sourire.
Un long silence se glissa entre nous alors que je jouais avec mes doigts pour me détendre un peu étant légèrement déstabilisé par sa présence.
« Tu es étudiante? me demanda-t-il soudainement. Le fait qu'il me tutoie me fit une drôle de sensation. Et le fait qu'il le fasse me faisait étrangement plaisir.
- Oui, en art.
- Oh c'est impressionnant !
- Pas vraiment. Il arqua un sourcil surprit.
- Pourquoi çà ne le serait pas ? Je veux dire, j'ai toujours trouvé l'art complexe. Beau, mais complexe. Il faut du temps pour comprendre une œuvre. En commençant par l'intention de l'artiste, la technique qu'il a utilisée et les émotions qu'il y met. Pour moi c'est souvent juste quelques couleurs sur un bout de papier blanc, mais pour d'autres c'est beaucoup plus parlant. Donc oui, c'est impressionnant, il conclut.
- C'est vrai. » affirmais-je.
Il esquissa un doux sourire alors que je le regardais.
« Et toi ? demandais-je intrigué.
- Quoi moi?
- Tu fais quoi?
- Oh, je travaille dans le garage de mon père. Je répare des voitures tout çà quoi.
- Ce doit être difficile non?
- Non, je baigne dedans depuis que je suis petit alors c'est un jeu d'enfant pour moi.
- Je comprends. »
Le nom de mon arrêt résonna dans le bus. Je me levais alors en prenant soin de prendre mon sac avec moi. Le bouclé me laissa passer pour que je puisse accéder à l'allée principale.
« Et bien, à demain, il lança un sourire aux lèvres.
- Oui, à demain. » dis-je avec un sourire.
Je me retournais et descendis du bus. Je fis face ensuite au bus pour le regarder. Il me fit un léger signe de la main que je lui rendis maladroitement. Puis le bus démarra à nouveau l'emmenant loin de moi.
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