Paris - Octobre 2021

Et c'est comme ça que nous prenons la route de l'appartement de Saddam, chez qui la soirée vient de commencer. Le trajet en voiture me paraît interminable, je ne supporte déjà plus la voix de Valentine qui jacasse sans discontinuer. Alors pour passer le temps, je traîne distraitement sur Instagram et je tombe sur la story de Mathieu où il annonce publiquement la sortie imminente d'Enna Boost. Je zappe rapidement en roulant des yeux avant de refermer mon téléphone d'un geste sec. Il m'agace avec sa teinture blonde.

Quand nous arrivons enfin à destination, l'ambiance est déjà bien lancée si j'en crois la musique assourdissante qui nous parvient de l'intérieur. Une bouffée d'adrénaline m'envahit tandis que nous nous frayons un chemin jusqu'à l'entrée. Margot s'avance pour sonner mais Valentine nous bouscule vivement, Thaïs et moi, pour se placer devant. Pétasse va.

— Hey, salut vous... quatre, lance Saddam en ouvrant la porte, son regard s'attardant sur Valentine.

— Coucou, je te présente Valentine ma collègue, je me suis dit que ça poserait pas de problème, intervient Margot d'un air gêné.

— Non non t'inquiète, pas de souci.

C'est alors qu'Ormaz passe sa tête dans l'entrée en nous apercevant.

— Entrez, entrez, si vous restez là ça va faire contre-soirée. Faudrait pas voler la vedette au petit polak !

Nous nous engouffrons à l'intérieur où nous sommes accueillies par un nuage de fumée et une odeur entêtante de joints. L'appartement est bondé de monde et l'ambiance est déjà bien arrosée.

À peine entrées, Margot s'éclipse discrètement pour aller voir Lesram, suivie de près par Valentine qui se colle à ses basques.

— Allez, viens, je vais nous servir un verre, faut qu'on s'hydrate, me dit Thaïs en m'entraînant vers la cuisine.

Je la suis jusqu'à la petite cuisine en désordre, où elle se saisit de deux verres avant de nous servir généreusement de la vodka.

— À nous ! s'exclame-t-elle en me tendant un verre avec un clin d'œil complice.

— À nous, je renchéris en entrechoquant nos verres avant de boire une longue gorgée qui me brûle délicieusement la gorge.

— Tu pécho Orm ce soir ?

Elle me dévisage d'un air outré.

— T'es folle !

— Même pas.

Je la vois rougir alors je continue.

— Une petite galoche, juste ça. Pour me faire plaisir.

— A une condition.

— Laquelle ?

— Tu fais la même avec Boucle d'or.

Je m'étouffe.

— Arrête avec ce surnom c'est ridicule.

— Tu prends le pari ou pas ? elle me défie.

Je réfléchis un instant, pesant le pour et le contre, avant de lui répondre.

— Oui !

Sur ces mots, nous descendons d'une traite le reste de nos verres avant d'éclater de rire comme deux adolescentes. L'alcool aidant, une euphorie quelque peu inconsciente commence à m'envahir. Rien à perdre, tout à gagner ce soir !

Je guide Thaïs d'un pas décidé en direction du salon où nous rejoignons les autres. Ormaz nous fait de grands signes pour nous faire une place à côté de lui sur le canapé. Je laisse Thais s'installer en premier avant de poser mes fesses sur le fauteuil, un autre verre rempli à la main.

— Elles sont où les filles ? je demande à Ormaz d'une voix que j'espère désinvolte.

— Margot, elle est avec Lesram sur le balcon, me répond-il avec un clin d'œil. Et l'autre, je me souviens plus son nom, elle est avec Polak, dans la chambre de Saddam je crois.

— Pardon ?! s'exclame Thaïs d'une voix suraiguë.

— Ha non non mais pas comme ça, se reprend précipitamment Ormaz avec un geste apaisant de la main. Ils sont juste allés chercher un truc.

Je reprends une gorgée qui me brûle délicieusement la gorge tandis que je vois les deux "couples" revenir dans le salon. Elle est quasiment collée au corps du blond. Elle perd vraiment pas de temps cette Valentine.

Je suis un peu dégoûtée aussi de voir qu'il ne la repousse pas. C'est même pas une histoire de jalousie mais je l'imaginais pas comme ça. À courir après toutes les meufs pour les attirer dans son lit, enchaînant les histoires d'un soir aussi vite que les rimes de ses sons.

Je suis pas sûre de réussir à l'apprécier un jour. Tant pis. Je me contenterais de son image publique, de son masque de façade. C'est dommage, j'aurais bien aimé apprendre à connaître l'homme qui se cache sous sa carapace

— Alors Polak, tu nous la sors cette exclu que tu gardes pour toi ? lance Saddam en venant s'asseoir à côté de moi.

— Vas-y, répond Mathieu avec un sourire en coin avant de se connecter à l'enceinte.

— Je l'ai eu en avant-première moi, se vante aussitôt Valentine d'un air supérieur.

Je lève les yeux au ciel. Elle est exaspérante.

— Alors là, t'es une vraie privilégiée, renchérit Elyo étonné.

Les premières notes commencent à résonner, une mélodie entraînante aux accents hip-hop qui me fait immédiatement taper du pied. J'espère qu'on n'entend pas trop mes talons sur le lino.

Hein, hein-hein, hein-hein
J'ai connu des hauts et des bas
Hein, hein-hein, hein-hein
Quand j'partirai on s'souviendra d'moi
Hein, hein-hein, hein-hein
On a rien eu en claquant des doigts
Hein, hein-hein, hein-hein

— Mais t'es vraiment trop fort mon kho ! s'exclame Ormaz.

— Cimer Orm, répond Mathieu avec un petit rire modeste.

J'avoue, ce son a l'air dingue. J'essaye de faire genre mais j'ai terriblement envie de balancer la tête et de me laisser emporter par ce rythme entraînant.

Mathieu s'assoit sur la dernière place de libre et se retrouve à la gauche de Valentine qui jubile. Celle ci ne se gêne pas pour coller leurs cuisses entre elles. Et bah si avec ça, il comprends pas qu'elle veut le croquer...

— Et si on faisait un action ou vérité, ça fait longtemps ! lance soudain Zeu. Y'a plein de nouvelles têtes à connaître.

— Mais vous avez quel âge sérieux ? je souffle en rigolant

— Si t'es pas contente, tire-toi de là, rétorque sèchement Mathieu.

— Attention, monsieur sort les crocs ! je réplique du tac au tac.

Je sais pas pourquoi il me provoque en permanence mais il n'aura pas le dernier mot avec moi.

— C'est bon vous deux ça suffit, coupe Lesram avant que le blond en face de moi n'ait eu le temps de me répondre.

Le jeu débute rapidement, rythmé par les éclats de rire et les gages plus ou moins osés.

Lorsque vient le tour de Valentine, elle n'hésite pas une seconde.

— Action !

— Ok, dans ce cas... Tu dois t'asseoir sur les genoux de la personne de ton choix pour le reste de la partie ! la défie Elyo avec un grand sourire entendu.

Je me raidis sur mon siège tandis que Valentine se lève d'un bond, un air de triomphe plaqué sur le visage. Elle vient s'installer sur les cuisses de Mathieu avec un petit déhanché provocateur, passant un bras autour de ses épaules d'un geste possessif. Lui ne dit rien mais semble apprécier la vue.

— Thais à toi, dit Lesram.

— Vérité.

Elle répond ça depuis deux tours, elle a trop peur que je lui dise d'embrasser Ormaz, ma bichette.

— Mhhh, t'es en couple ou célibataire, demande Saddam.

— Libre comme l'air, elle répond d'un ton léger, soulagée de la question.

— Océ, c'est ton tour, glisse Margot.

— Action !

Je joue avec le feu ce soir mais je n'ai pas envie que l'on me pose des questions trop personnelles.

— Ok, tu dois embrasser le mec que tu trouves le plus beau dans la pièce, me challenge Thaïs avec un clin d'œil. Avec son accord évidemment.

A ces mots, Mathieu se redresse légèrement, Valentine toujours installée sur ses genoux. Un sourire arrogant étire ses lèvres, comme s'il s'attendait à ce que je fonde sur lui. Non mais les chevilles de ce type.

Je me lève d'un bond sous les sifflements appréciateurs. Mais au lieu de me diriger vers Mathieu comme Thaïs et Margot le voudrait, je me tourne vers Saddam qui hoche la tête.

Sans plus attendre, je me penche en avant pour poser mes lèvres sur les siennes. Un baiser d'abord chaste qui s'enflamme rapidement lorsque je sens sa main gauche venir agripper ma taille pour me plaquer contre lui.

Oh, il embrasse bien dis donc.

Mais au fond de moi, s'il y a bien des lèvres que j'ai envie de goûter, c'est pas celles là. Oh mais reprends toi Océ, une fois que Mathieu t'aura eu une fois, il passera à d'autres lèvres.

Lorsque nous nous séparons avec Saddam, je suis à bout de souffle, les joues rougies et les lèvres gonflées à cause du baiser. Du coin de l'œil, je capte le regard brûlant que Mathieu pose sur moi. Un sourire étire mes lèvres tandis que je me redresse lentement, savourant l'instant et que je regagne ma place.

Peut être que si t'avais eu personne sur les genoux, blondinette, ça aurais été ton tour !

— Ok, à qui le tour ? demande Valentine.

— C'est au Polak, action ou vérité ?

— Action Ormaz, comme d'hab, il répond d'un ton détaché.

Je me cale contre le dossier du canapé, impatiente d'entendre son gage. Quelle connerie les garçons vont bien encore pouvoir inventer ?

— Ok, dans ce cas... commence Ormaz. Tu dois enlever un vêtement, je te laisse choisir celui que tu veux.

Mathieu écarquille les yeux, pris au dépourvu.

— Allez, fais pas ta chochotte ! le charrie Lisko.

Le blond hésite encore quelques secondes avant de finalement hausser les épaules avec un petit rire désabusé. Puis, sans plus de cérémonie, il décale Valentine et retire son t-shirt pour le balancer négligemment par terre.

Des sifflements admiratifs s'élèvent tandis que je ne peux m'empêcher de le détailler avec avidité. Son torse musclé et imberbe et ses abdos parfaitement dessinés sont magnifiques. En photo c'était déjà quelque chose mais en vrai... De l'air !

La partie se poursuit et je quitte la pièce pour aller fumer. Même s'ils fument tous à l'intérieur, j'ai besoin de prendre un peu l'air. Entre l'alcool, le jeu et les différentes fumées, j'ai un peu la tête qui tourne.

L'air frais de la nuit me saisit lorsque j'ouvre la porte-fenêtre. Je m'accoude à la rambarde, savourant la sensation grisante qui m'envahit. Attrapant mon paquet de cigarettes, j'en porte une à mes lèvres avant de l'allumer d'un geste instinctif. Les premières bouffées me détendent immédiatement.

C'est alors que la porte du balcon s'ouvre à nouveau dans mon dos. Je n'ai pas besoin de me retourner pour deviner de qui il s'agit.

— Salut, lance la voix grave de Mathieu.

Hésitez pas à me laisser des petits commentaires pour savoir ce que vous aimez ou pas dans l'histoire ! Ça peut me permettre de m'améliorer et puis ça fait toujours plaisir d'avoir des petites réactions. ☺️