CHAPITRE 23
VERONICA
Je t'avais prévenue, La Corvée. Je ne suis pas le Prince Charmant !
Ces mots passent et repassent en boucle dans ma tête. Ça... et les événements qui les ont précédés. Chaque caresse, chaque souffle, chaque gémissement. Des milliers d'échos résonnent dans mon esprit, parfois si fort que j'ai peur que quelqu'un d'autre les entende. Je suis toujours en colère contre Dicey, seulement ces derniers jours elle supplantait le reste.
À présent, elle irradie toujours avec force, mais sans empêcher la sensualité et la frustration de se mêler à la partie. Je ne sais plus si je le hais ou si je le désire. Les deux à la fois, c'est possible ?
Pourquoi faut-il toujours que le passage du temps foute le bordel dans ma tête ? Je pensais avoir acquis des certitudes en signant mon nouveau contrat avec Gary&Co. Il faut croire que je me leurrais...
— Deux tequilas ! me lance Tania en les posant sur mon plateau.
Je m'assure d'avoir une prise ferme dessus puis je m'engage dans la salle, contournant plusieurs tables de jeux dont la roulette qui me fait de l'œil depuis que je bosse ici. Je me retiens de m'y installer pendant mes heures libres, de peur de tomber dans une spirale infernale. Dès que je commence les jeux d'argent, j'ai du mal à m'arrêter.
Les quarante mille dollars qui sont arrivés sur mon compte ce matin même, en guise d'avance sur droits d'auteur ne risquent pas d'arranger le phénomène. Mon job de serveuse me paraît bien abstrait subitement. Si je l'ai pris pour pouvoir écrire mon roman, je ne crachais pas sur l'argent qu'il me rapportait, vu la précarité de ma situation.
Enfin, ex-précarité...
En arrivant devant la table du Black Jack, j'affiche mon air le plus revêche et dépose les tequilas devant Dicey et Eiffel. Le premier m'avise de son éternel air fermé, comme si j'étais une vulgaire inconnue. Comme si les doigts qui enserrent ses cartes n'avaient pas fouillé mon intimité quelques jours plus tôt.
Un frisson me traverse.
— C'est pas trop tôt ! lâche le brun ténébreux. Vingt minutes pour avoir un verre.
— Les clients sont notre priorité, réponds-je avec professionnalisme. Les spectres passent au second plan pour le service. Ordre de Hawk !
Cette consigne étant tout à fait vraie, je ne vois pas ce que Dicey pourrait trouver à redire. Hawk maîtrise le côté business des établissements que les Bloodlust Spectrum possèdent. Les membres de sa famille peuvent jouer au casino, profiter du show au club de strip-tease, s'éclater en boîte de nuit. À la condition que les clients passent toujours avant.
« C'est eux qui ramènent le fric » m'avait dit Hawk pour se justifier. Vu les activités dans lesquelles il trempe, incluant trafic de drogue et d'armes, je doute que la recette légale de ses entreprises lui rapporte tant que ça.
À ce sujet, il me faut impérativement des chiffres et des détails sur l'écoulement de la marchandise. Comment et à qui la revendent-ils ? De quelle manière s'y prennent-ils pour blanchir l'argent ? Je ne peux pas me contenter d'approximation dans mon roman. Le premier jet s'en contentera afin de me permettre d'avancer, mais la version finale doit être irréprochable sur tous les plans.
— Brave fille bien élevée, raille Dicey.
Eiffel rit mais prend tout de même ma défense.
— Laisse la respirer deux minutes. T'es sans arrêt sur son dos !
Je m'apprête à en rajouter une couche quand Eiffel poursuit :
— Au sens figuré, malheureusement. Tu comptes passer la quatrième vitesse ? J'ai du fric en jeu, moi.
Au temps pour moi, « prendre ma défense » était présomptueux de ma part.
— T'avais qu'à pas parier !
— Tu plaisantes ? Qui raterait l'occasion de brasser de l'argent sur un événement aussi croustillant ?
Edgar conserve un air impassible mais je ne doute pas qu'il profite un maximum de ces commérages. Le croupier en est fria...
Une petite minute...
— Attendez, quoi ?! interviens-je. Vous avez lancé des paris sur...
Oh mon Dieu ! Je ne veux même pas l'énoncer à voix haute.
— Sur le temps que ça prendrait pour que Dicey te grimpe dessus, complète Eiffel sans la moindre gêne.
Il tapote sur le cadran rectangulaire de sa montre.
— Tic-tac ! Le temps presse.
Il adresse son regard de chien battu à Dicey puis ajoute :
— Tu ne voudrais quand même pas que ton frère soit ruiné à cause de toi ?
Dicey soupire, secoue la tête, puis reporte son attention sur le jeu. C'est alors que je réalise un détail : les paris devraient être terminés. La teneur des événements dans la réserve pendant la soirée « retour de plage » remplit les conditions demandées.
À moins que ces gros machos de bikers considèrent qu'un rapport sexuel n'en est un que lorsqu'il y a pénétration avec un pénis. Je ne serais pas étonnée d'entendre ce type de discours.
La vérité, c'est que Dicey et moi avons couché ensemble. Dans cette réserve, quand il m'a traînée aux portes de l'orgasme avant de me le refuser. Mes joues s'empourprent au souvenir de ma frustration. Quand il m'a laissée seule, je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre les choses en main pour me satisfaire. Je ne pouvais pas rester comme ça...
Il va payer !
— Les paris continuent ? demandé-je innocemment.
Eiffel acquiesce. Dicey daigne enfin m'accorder un regard en coin. Il a beau dissimuler ses émotions avec brio, cela ne m'empêche pas de discerner un semblant d'inquiétude. Je le savais : il n'a rien dit à personne. Pourquoi ? Après tout, c'est moi qui devrais avoir honte de cette scène étant donné la manière dont j'ai été laissée pour compte. Lui à jouer au gros connard, je l'imaginais se vanter devant ses frères et sœurs.
Visiblement, je me suis gourée puisqu'il n'a rien dit.
— Je peux miser ?
Dicey écarquille les yeux tandis qu'Eiffel sourit comme si je venais de lui annoncer que Noël se produisait demain, finalement.
— J'ai déjà dit que je t'aimais bien, toi ? me lance-t-il.
— À ton service, beau gosse !
Les mâchoires de Dicey tremblent et il ne peut s'empêcher de railler :
— Ouais tu lui as déjà dit, juste après qu'elle t'a roulé une grosse pelle devant tout le monde.
Eiffel se pince les lèvres pour contenir son hilarité, tandis que je me la joue sérieuse en annonçant :
— Je mets deux cents balles !
Le français incline la tête, impressionné.
— T'as pas froid aux yeux, Veronica ! Pour quelle date ?
Je fais mine de réfléchir, tapotant de l'index sur mes lèvres, puis je glisse insidieusement :
— Samedi dernier.
Eiffel s'apprête à me corriger, en précisant qu'il faut donner une date après aujourd'hui quand une lueur s'allume dans ses prunelles.
— C'est pas vrai ?! s'exclame-t-il.
Il en pose ses cartes sur la table puis se tourne complètement vers Dicey qui l'ignore pour me crucifier du regard.
Ça rigole moins quand il faut assumer, hein ?!
Plateau calé sous le bras, je ne lui laisse pas l'opportunité de me mettre quoi que ce soit dans la gueule, en désignant le Black Jack d'un signe de tête.
— À défaut d'avoir une paire de couilles, je te souhaite au moins d'avoir une paire d'as !
Magistrale, je tourne les talons et regagne le bar sans un regard en arrière. Natalie, qui frotte le zinc avec un chiffon humide, m'observe longuement. Même si je m'entends bien avec ma collègue, je dois reconnaître qu'elle m'effraie un peu. Elle n'a pas peur de dire ce qu'elle pense – moi non plus, du reste – et elle porte des jugements incisifs sur un paquet de choses.
Là, je me sens dans sa ligne de mire et je me doute qu'elle ne va pas tarder à ouvrir le feu.
— Tu devrais faire gaffe à Dicey !
J'arque un sourcil et elle poursuit :
— Ça fait un mois et demi que tu es là, je côtoie ces bikers depuis des années. Crois-moi, tu t'exposes à un danger que tu ne mesures pas.
— Il ne me fait pas peur !
Cette réponse visait surtout à soulager mon ego blessé. En réalité, Dicey me terrifie. Si je ne le détestais pas à ce point, je craindrais sûrement de l'approcher. Mon ressentiment fait tampon et me permet de ne pas baisser les yeux quand le biker m'affronte.
Natalie esquisse un sourire qui me file la chair de poule.
— Ne dis pas que je t'aurais pas prévenue !
Ça veut dire quoi, ça ? Que si je ne ploie pas sous la volonté du grand brun, je vais finir dans un sac poubelle au fond du bayou ? J'aimerais jouer la forte tête en disant que ça ne me fait ni chaud ni froid, mais c'est faux. La pointe glaciale qui s'enfonce au creux de mon ventre me trahit.
Natalie attrape mon plateau, le charge de quatre coupes de champagne, puis s'éloigne dans la salle.
— Merci de prévenir qu'on permute, grommelé-je.
Soudain, une forte pression me vrille le bras et me fait pivoter à cent quatre-vingts degrés. Je me retrouve vulnérable sous le feu de deux projecteurs noisette qui menacent de m'immoler par une trop forte exposition. Et ces doigts qui s'enfoncent dans ma peau... ceux-là même qui ont disparu en moi l'autre soir.
Un tremblement m'agite.
— C'est quoi ton putain de problème, La Corvée ?!
Passée la torpeur, je me dégage de son étreinte, non sans me faire mal au passage, puis rétorque :
— C'est toi mon putain de problème, Darcy ! Alors comme ça tu paries avec tes potes que tu vas me sauter ? Première nouvelle, puisqu'à priori, je ne t'intéresse pas.
Il serre les dents tandis que je le contourne pour ne pas me retrouver bloquée entre le comptoir et lui. Le souvenir de la cloison de la réserve est encore bien trop prégnant...
— Je n'ai rien à voir avec ces paris à la con ! Je l'ai appris au dernier moment.
Étonnée par sa réponse, je me radoucis. Je pensais qu'il allait répliquer par réflexe, comme toujours. S'en suit un échange de piques de plus en plus virulentes jusqu'à ce que l'un de nous deux remporte la manche. À aucun moment je ne m'attendais à le découvrir sincère.
Un détail attire soudain mon attention.
— Tu n'as pas confirmé... murmuré-je.
Dicey fronce les sourcils.
— Quoi ?
Je m'apprête à expliciter lorsqu'une série de bruits saccadés retentit.
Coups de feu.
Bris de glace.
Cris de panique.
Affolement.
Mon cœur s'emballe.
Que se passe-t-il ?
Je n'ai pas le temps de réfléchir que Dicey m'attrape par la taille, me retourne et plaque mon dos à son torse. D'une pression, il m'oblige à plier les genoux pour nous retrouver accroupis. Ma joue heurte le bar tandis que le biker forme un bouclier entre moi et l'entrée du Golden Ghoul.
Les hurlements de détresse des clients me vrillent les tympans au rythme d'une pluie de balles qui détruit tout sur son passage. Quand un goût salé se dépose sur mes lèvres, je prends conscience que je pleure.
Merde ! Mon corps tout entier est en train de me lâcher...
Dicey colle sa bouche à mon oreille et murmure d'un ton qui ne laisse place à aucune contradiction :
— Fais ce que je te dis sans poser de questions !
En proie à la panique, je ne songe même pas à lui tenir tête. J'acquiesce et attends patiemment l'ordre qui va suivre.
— À mon signal, on contourne le bar et on se planque derrière !
Mes mains tremblent comme une feuille, mes jambes aussi. J'ai l'impression que mon corps va me lâcher et que je n'arriverai pas à faire un pas, aussi minime soit-il, lorsqu'il le faudra. Les doigts de Dicey serpentent entre les miens et se calent dans leurs interstices. La fermeté de sa poigne et ses paumes gelées ont l'effet surprenant de me réchauffer de l'intérieur.
Dicey n'est pas un brasier ardent, il est un blizzard qui consume mon âme. Seule la glace peut infliger une brûlure aussi vive...
Soudain, des tirs proviennent de notre côté et je comprends que les spectres contre-attaquent.
— Maintenant !
Sous l'impulsion de Dicey, je me redresse suffisamment pour pouvoir me déplacer derrière le comptoir. Une balle passe devant mes yeux pour s'enfoncer dans le bois. Je me pétrifie, à deux doigts de m'effondrer sous l'impact de la terreur.
— Veronica, bouge !
Entendre Dicey prononcer mon prénom me fait prendre conscience de la réalité de la situation : si je reste immobile, je vais me retrouver criblée de balles.
Je ne veux pas mourir...
Alors je puise au fond de moi l'énergie d'avancer, pas après pas, jusqu'à trouver refuge derrière ce bar où le plus grand danger devrait être ma maladresse avec des verres en main.
Les tirs se poursuivent en tous sens et je me surprends à ciller à chacun d'eux. Mon cœur menace de me broyer les côtes. Je me passe les mains dans les cheveux et tire dessus de toutes mes forces. La douleur qui s'infiltre dans mon crâne est difficilement soutenable, mais au moins, je la maîtrise. Elle me distrait temporairement du carnage qui est en train de se dérouler et sur lequel je n'ai aucun pouvoir d'action.
— Pourritures d'aigles ! grogne Dicey.
Sa voix me donne matière à me concentrer.
— Les Desert Eagles ? l'interrogé-je d'une voix criarde.
Dicey acquiesce puis ajoute mystérieusement :
— Ils réclament vengeance ! J'avais pourtant prévenu le prés'...
Le crâne reposant contre le bois, le biker souffle par les narines.
— Et j'ai pas mon gun avec moi... Putain de règles à la con !
— Quelles règles ?
Dicey abaisse un regard intrigué vers moi, puis consent à répondre :
— Non pas que ça te regarde, mais Hawk refuse qu'on soit armés quand on traîne au casino. Ça ferait fuir les clients.
Comment lui donner tort ? Au même instant, je tourne la tête et aperçois Libertine aux deux mains bien occupées par ce que je crois être des revolvers. L'un s'abaisse quand l'autre prend le relais. Juste derrière elle, j'identifie Scar, Arès et Delta qui concentrent leurs forces au même endroit.
Dans la surface réfléchissante d'un bout de crédence en inox, j'ai l'impression de reconnaître Hawk, le dos plaqué contre une machine à sous. Il attend sûrement le moment pour sortir de sa cachette et donner de sa personne.
Au nombre de coups de feu que j'ai entendus, je doute que tout le monde ait réussi à se couvrir. Il y a forcément des morts.
Ma gorge se serre. Déglutir devient un supplice.
À la simple pensée de me lever pour jeter un œil à la salle et constater l'ampleur des dégâts, mes organes se liquéfient. J'ai côtoyé une certaine forme de violence par le passé et des environnements malsains. Mais jamais au grand jamais je n'ai vu la mort en face, ni même des cadavres baignant dans une flaque de sang.
Sam avait raison : le monde dans lequel je me suis embarquée est bien trop dangereux pour moi. Je ne sais pas ce qui m'a pris... tout ça pour la gloire, pour l'argent...
Non ! Ce n'étaient que des excuses pour mieux anesthésier la véritable plaie que je peine à panser.
Tout ça pour prouver à ma mère que je suis digne de son intérêt. Quelle conne ! J'aurais dû avoir plus de jugeote et me poser les bonnes questions au lieu de me jeter corps et âme dans la quête de la satisfaction maternelle.
Mes pensées partent dans tous les sens, mon affolement alimentant ma détresse. La panique me pèse sur la cage thoracique et si je ne trouve pas une distraction solide, je vais succomber à une crise...
C'est alors que je remarque que Dicey grimace. Une fois, deux fois, trois fois. Il semble faire son possible pour ne rien montrer, or à défaut d'être adroite, je suis une fouineuse de première catégorie. Une sacrée bonne fouineuse, pour ne rien gâcher.
Plutôt que de lui demander si tout va bien au risque de me prendre un silence vexant, comme souvent quand Dicey n'a pas envie de parler, j'inspecte son corps entier du regard. Je réalise alors qu'il se tient le triceps de la main.
Mon attention entièrement focalisée sur ma trouvaille, je me mets à genoux pour me pencher sur lui, essayant d'ignorer les coups de feu, cris et insultes qui fusent sans interruption.
— Laisse-moi voir !
— C'est rien ! contre-t-il sèchement.
Voyant qu'il ne lâchera pas le morceau, je fouille dans la poche de son jean sans lui demander son autorisation. L'opération est délicate vu que le tissu n'est pas extensible. Cela me demande de me contorsionner et de forcer sous le regard ébahi de Dicey.
— Le danger t'excite à ce point ? Pour info, ma queue est un peu plus par là.
— La ferme ! Je cherche...
Allez, encore un petit effort !
— ... ça !
Le fameux dé en main, je cherche la face numéro quatre puisque j'ai bien compris que c'était la seule capable d'accorder un oui à Dicey. Je réfrène ma curiosité qui me pousse à lui demander pour quelle raison, puis j'assène :
— Voilà ! Le dé a dit oui. Maintenant laisse-moi voir !
Contre toute attente et en dépit de l'urgence de la situation, c'est un sourire qui pousse sur les lèvres du biker.
— Tu recules devant rien, La Corvée ! Pas vrai ?
— Enlève ta main !
Il consent à obéir, me permettant de découvrir une plaie superficielle.
— La balle m'a seulement frôlé, dit-il.
— Suffisamment pour creuser un trou dans la chair, souligné-je.
Et laisser plusieurs sillons écarlates sur sa peau. Je conserve toutefois ce détail pour moi et me hisse légèrement pour atteindre l'étagère au-dessus de nos têtes. Tania y range la trousse à pharmacie qui n'a servi qu'à moi depuis que je suis arrivée. Mes épisodes de maladresse m'ont poussée à me couper plusieurs fois avec du verre. Rien de sérieux, mais un pansement reste le bienvenu.
Je tire sur la fermeture éclair pour récupérer des compresses stériles, du désinfectant et du sparadrap.
— Tu vas encore jouer à l'infirmière ?
Un rire mi-nerveux, mi-amusé me secoue.
— T'habitue pas trop, quand même !
Mes doigts tremblent tellement que je n'arrive pas à attraper les deux pans du paquet qui renferme les compresses. Dicey finit par poser ses mains sur les miennes pour me stabiliser et guider le mouvement.
Mon regard trouve le sien et si j'y lis toujours la même noirceur qu'au premier jour, celle-ci me paraît moins effrayante tout à coup. Le véritable danger, il n'est pas face à moi. Il se trouve de l'autre côté du comptoir, armé de mitraillettes, sulfateuses, baïonnettes ou qu'en sais-je ? Je ne suis pas experte en armes à feu...
Je pensais que seule la lumière pourrait m'offrir du réconfort, or c'est dans les ténèbres de Dicey que j'en trouve, en situation de crise. Dans l'œil du cyclone, il est celui capable de me rassurer. Sa seule présence est le dernier rempart qui me permet de ne pas perdre les pédales. Tant qu'il est là, j'ai l'espoir de m'en sortir.
Une fois la compresse sortie de l'emballage, j'asperge généreusement la plaie de désinfectant, puis je nettoie le sang qui coule encore ainsi que celui qui a séché.
— Pourquoi tu t'es interposé ? demandé-je en gardant les yeux rivés sur la blessure de Dicey.
Il m'attrape le menton avec une douceur qui ne lui ressemble pas et m'oblige à plonger dans ses prunelles noisette.
— J'allais pas te laisser crever ! Avec qui je me clasherais si t'étais plus là ?
— Scar est un bon candidat !
Dicey ricane.
— C'est vrai.
Je souris.
— Mais il ne m'excite pas, lui.
Mon cœur tombe dans mon estomac. Oh seigneur ! Vient-il vraiment de l'admettre à voix haute ? Sans me laisser le temps de me remettre de cette révélation, Dicey attrape un pansement lui-même. Il déchire les parties protégeant l'adhésif puis le colle grossièrement sur son triceps.
La détermination brille dans ses iris. Son corps commence à se mettre en mouvement. Je demande alors :
— Où vas-tu ?
Le tonnerre gronde dans sa voix quand il répond :
— Aider ma famille !
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