42 ~ Paper and voice

POV Michael

       Une fois à l’intérieur je referme doucement la porte pour ne pas la réveiller, écoutant le bruit de sa respiration qui me brise le coeur. Ce n’est pas un bruit normal, elle ne respire pas comme avant, non chaque inspiration sonne comme s’il s’agissait de son dernier souffle, comme si elle essayait d’avaler le plus d’air possible. Sûrement est-ce dû à sa gorge qui ne doit laisser filtrer que peu d’air. Je mords ma lèvre et m’avance doucement vers le lit avant de chuchoter.

« - Heidi ? Heidi c’est Michael –J’entends le bruit du draps qui bouge- Heidi –Je m’approche d’elle et passe doucement ma main sur la sienne sauf qu’elle se recule vivement- Heidi du calme, c’est moi, je vais allumer la lumière d’accord ? »

        Elle ne me répond pas mais je ne me dégonfle pas pour autant, appuyant sur l’interrupteur de ma lampe de chevet qui bientôt nous inonde dans une faible lueur orangée. Lorsque ses yeux se posent sur moi elle semble se détendre, relâchant doucement son emprise sur les draps et régulant son souffle paniqué.

« Je ne voulais pas te faire peur –Dis-je gêné en fixant mes genoux- Je…. Je suis simplement venu pour voir comment tu allais –Elle me désigne sa gorge tout en arborant un visage triste- Je sais que tu ne peux pas parler, je… Je vais trouver un solution. »

        Ceci étant dit je pars fouiller dans mon bureau et en sors un bloc note avec un stylo. L’écriture est le seul lien qu’il nous reste et je ne veux pas le perdre. Je reviens rapidement près d’elle et lui tend le bloc qu’elle pose sur ses genoux.

«  Je vais te parler tu n’auras qu’à me répondre sur le papier –Je souris doucement- après tout, c’est un peu comme ça qu’on s’est connu. »

        Elle me rend un faible sourire et commence à écrire de sa main tremblante alors que je l’observe. Ça me fait tellement de mal de voir son état et l’éclairage n’arrange rien, créant des zones d’ombres sous ses pommettes saillantes, creusant encore plus ses joues.

        J’ai envie de la prendre dans mes bras, de l’embrasser, de lui dire qu’à mes yeux elle est toujours aussi belle, mais elle semble encore effrayée à l’idée que quelqu’un l’approche.

Ou alors il n’y a que moi qui l’effraie ?

Je croise mes bras sur le rebord du lit et attend qu’elle me tende le calepin.

« Pourquoi est-ce que tu as changé la couleur de tes cheveux ? »

Son écriture est presque méconnaissable tant ses mains n’arrêtent pas de trembler, je me demande même si elle n’écrit pas pire que moi. Mais au moins elle n’a pas perdu l’usage des mots.

« - Les médecins m’ont dit que si tu avais hurlé c’était parce que tu avais confondu mes ch… –Je me stoppe en voyant ses yeux s’agrandir- Euh je… Je me suis dit que ce serait sympa d’avoir la même couleur de cheveux que toi, tu… Tu en penses quoi ? Tu trouves que ça me va bien ?"

        Elle tire rapidement le calepin contre elle et se met à écrire plus vite que jamais, faisant de grands gestes. Je ne sais même pas si je vais réussir à la relire si elle écrit comme ça. Mais lorsqu’elle me donne le calepin je suis surpris, ce n’est pas des mots qu’elle a écrit, elle a fait un dessin.

Le dessin d’une fille aux cheveux noirs, des yeux ronds et une bouche tordue, tenant en sa main un couteau dont semble couler une multitude de gouttes de sang.

Je suppose qu’il s’agit d’Amarande.

« Heidi pourquoi tu… -Elle me montre le dessin du doigt et désigne ensuite mes cheveux- Oui je sais que tu as confondu –Je soupire- Parlons d’autre chose s’il-te-plait, comment tu te sens ? »

« Je n’arrive pas à oublier ce qu’il s’est passé Michael. J’ai mal partout, je ne peux même plus parler, quand je dors j’ai peur de m’arrêter de respirer et de mourir. Je revois des choses dans ma tête, le passé et le présent se mélangent, je n’arrive pas à la sortir de mes souvenirs, elle me hante. »

« - Heidi tu es en sécurité ici, tu ne devrais plus penser à elle. Tu es en vie et je ne remercierai jamais assez Ashton pour ça –Je la regarde qui se met à trembler- Je sais que rien ne pourra jamais plus t’enlever de la tête ce qu’il s’est passé, mais… Mais je te promets que tout est fini, tu es en sécurité, je… Je te protège maintenant. »

« Tu as d’autres choses à faire que de te soucier de moi, tu n’as pas à perdre ton temps comme ça. Tu as déjà tes propres problèmes. C’est inutile, on ne peut même plus s’approcher de moi sans que je repense à ses mains qui m’ont torturé. Même avec toi Michael je n’arrive pas à faire la différence, je vois bien que c’est toi devant moi, je sais que tu ne me feras rien, mais quand tu approches ta main j’ai l’impression qu’on va m’étrangler à nouveau. Pardonne-moi d'être aussi faible. »

«  Je ne perds pas mon temps –Dis-je en serrant la couette pour ne pas pleurer- Je… Je sais que ça en vaut la peine ! Tu en vaux la peine ! Si… Si il faut que j’attende alors j’attendrai que ces images s’en aillent de ton esprit, mais je t’en prie ne me demande pas de faire une croix sur toi –Je fronce les sourcils et essayant de garder une voix stable malgré mes sanglots- Ne me demande pas de t’oublier pour quelque chose que je peux surmonter ! Je ne le ferais pas ! C…Comme lorsque je t’ai dit de ne pas m’approcher parce que j’étais différent, tu es quand même passé outre ce détail et tu… Tu as dit m’aimer ! Tu t’es accroché alors moi aussi je m’accrocherai ! »

        Je vois trouble et d’épaisses larmes viennent ruisseler sur mes joues. Elle ne peut pas me demander de la laisser comme ça. Je m’y refuse ! J’avais peur d’entendre ces mots, je m’y étais un tant soit peu préparé, mais maintenant que je les entends, ou plutôt que je les lis, je prie pour ne les avoir jamais lu. Je serre avec force les draps et enfoui ma tête dedans pour y pleurer abondement.

« Je t’aime bordel ! »

        Je renifle dans les draps et sursaute lorsque quelque chose frôle mon crâne et s’enfoui dans mes cheveux. C’est sa main. Je redresse lentement la tête et l’observe à travers mes larmes. Il me semble qu’elle pleure aussi mais elle ne me regarde pas, elle fixe le lit, comme si elle avait peur de croiser mon regard.

« H..Heidi ? –Elle continue de fixer le lit, ses larmes plus nombreuses- Heidi je t’en prie… Dis-moi… Dis-moi que toi aussi tu m’aimes ! Q….Que cet incident n’a pas modifié notre relation ! »

        Sa main se retire de mes cheveux et elle enfoui son visage dans ses bras pour y pleurer silencieusement, me laissant voir son corps meurtri pris de tremblements. Qu’est-ce que je dois comprendre ? Qu’elle ne m’aime plus ?

        Blessé je me retire d’un coup de contre le lit et m’en vais pour sortir lorsque j’entends des sifflements, ou plutôt est-ce des cris, je me tourne et la regarde crispée contre les rampes de mon lit, la bouche grande ouverte. Elle n’expulse que de l’air, aucun son, pas même un murmure, seulement un sifflement discontinu qui me déchire le cœur.

        Je ne comprends pas ce qu’elle veut me dire, tout ce que j’arrive à lire c’est le mot Michael sur ses lèvres abimées et je lâche la clenche de ma porte pour revenir rapidement vers elle, prenant son visage penché au-dessus du lit dans mes mains. J’ai horreur de la voir comme ça et malgré son refus je ne peux la laisser seule.

« Heidi calme-toi –Dis-je alors qu’elle halète contre mes mains, luttant pour trouver de l’air- Heidi ! –J’attrape le calepin sur ses genoux et essaye de lui faire du vent mais je ne fais qu’aggraver les choses- Doucement, tout va bien je reste là ! »

        Elle se retire de mon étreinte et s’allonge, avalant de grandes brassées d’air, sa cage thoracique se mouvant à une vitesse fulgurante. Je suis effrayé, surtout de savoir que je ne peux rien faire d’autre que de la regarder agoniser de la sorte. Ses larmes perlent le long de ses tempes et finalement elle réussit à se calmer, laissant échapper de longs râles de délivrance qui me détendent à mon tour.

Pourquoi faut-il que la malchance s’abatte sur elle et moi ?

« Heidi ? –Elle ne tourne pas la tête mais ses yeux se posent du mieux qu’ils peuvent sur moi- E…Est-ce que je peux venir dans le lit avec toi ? »

        Elle hoche faiblement la tête et je prends appuis sur les rampes, galérant pour grimper sur le matelas avant d’allonger mes jambes raides. Je ne bouge pas et tourne simplement la tête pour la voir qui ronge nerveusement ses ongles, son regard fixé sur le plafond. D’un geste doux j’enroule ma main autour de la sienne et la porte le plus lentement possible à mes lèvres alors qu’elle me regarde avec appréhension. Du bout des lèvres je caresse la paume sa main et embrasse chaque parcelle de sa peau, faisant de légères succions pour ne pas l’effrayer.

« Tu n’as pas à avoir peur de moi Heidi –Je murmure contre sa main- j’ai toujours été là pour toi et je le serai toujours, même dans ton état actuel –Elle renifle doucement- Je sais que tu t’en sortiras, tu es une fille forte, tu n’as jamais rien laissé t’abattre. J’ai confiance en toi –Je la regarde dans les yeux- M…Même si tu ne me voies plus comme avant, sache qu’à mes yeux tu restes la même. Tu es ma petite Tornade à moi. »

Elle mordille sa lèvre avant d’attraper le calepin et de retirer sa main de la mienne pour se mettre à écrire un petit mot qu’elle me tend.

«  Et toi tu es mon Bulbizarre. »

J’ouvre grand mes yeux et la regarde qui sourit timidement malgré ses yeux et son visage ravagés par les larmes.

« Est-ce que tu m’aimes Heidi ? »

        Elle semble hésiter un instant avant de finalement hocher la tête en guise de réponse, ce qui fait exploser mon cœur de bonheur. Je souris bêtement, euphorique et ouvre doucement mes bras pour lui laisser le loisir de venir s’y réfugier, à son rythme.

        Elle tremble légèrement et s’approche de mon corps avec une pointe d’appréhension, la laissant s’allonger sans la brusquer. Sa peau m’avait manqué, sa chaleur, son odeur. Tout. Elle enfoui sa tête dans mon cou et je me décide enfin à enrouler son corps de mes bras, restant attentif à sa moindre réaction.

Je ne veux pas lui faire de mal.

        Les battements de mon cœur s’accélèrent et je sens les siens résonner contre mon torse. Il bat à une vitesse folle tant qu’il pourrait bientôt lâcher. Alors je caresse doucement ses cheveux et la berce avec tendresse. L’aidant à se détendre.

        Comment quelqu’un avait-il pu s’en prendre à cette fille ? Pourquoi lui a-t-on fait tant de mal alors qu’elle n’avait rien demandé ?

        Si un jour j’attrape le salaud qui est derrière tout ça, je le tue. Et ce n’est pas mon fauteuil roulant qui m’en empêchera. Personne n'a le droit de faire du mal gratuitement.

« M…Mi –Je redresse doucement la tête à l’entente de ses petits bruits étouffés-

Heidi ne parle pas, tu es encore trop faible, laisse-le temps à ta voix de se remettre –Elle redresse la tête et me regarde, je rougis doucement à la proximité de nos deux visages et j’approche doucement ma main de sa joue, elle ferme ses yeux- Ne bouge pas, je vais juste te faire une caresse, je ne vais pas te blesser. Je t’aime trop pour ça. »

        Elle ouvre un œil et me laisse faire courir mes doigts le long de son visage. Je frisonne au contact de ses os mais je passe outre, continuant de caresser chaque partie de son visage. Je glisse mon pouce sur sa lèvre abimée et un soupir de tristesse m’échappe. Elle ouvre les yeux et me fixe.

« - Tu ne méritais pas ça mon petit cœur…Je m'en veux de n'avoir rien pu faire »

        Elle baisse les yeux avant de venir embrasser le bout de mes doigts. Je suis surpris mais ne me recule pas, la laissant faire. Ses fines lèvres parcourent mes doigts avant de descendre jusqu’à mon poignet, me faisant frissonner.

« Heidi embrasse-moi »

Elle me regarde un instant avant de venir sceller nos lèvres ensemble, remplissant mon corps d’une chaleur que je pensais ne plus jamais ressentir.

Finalement je suis bien content qu’Ashton soit parti la chercher.

~ Bonsoir :) Ce chapitre est un peu plat mais bon, j'espère qu'il vous rassure un minimum :) les prochains chapitres apporteront des réponses et ensuite le dénouement qui mènera à l'épilogue :)

Je vous remercie de votre soutien, je vais bientôt conclure ma deuxième histoire et vous êtes toujours là à me motiver, vraiment vous êtes les meilleures lectrices :) je n'oublie pas la publication d'AYWK, je finis juste la mise en page et la correction avant de faire des tests (autoédition et envoi à un éditeur). Je vous tiendrai au courrant et je verrais pour faire un sondage aussi, histoire de voir qui je dois tenir au courant si jamais ça se fait ^^

Encore merci !

Kactus.

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