Partie 1 : 12 - Obsesionnels.
Point de vue : Mélissa.
Je fixe Darren depuis le départ de son frère. Tout pousserait à dire que je dois le remercier or c'est tout le contraire actuellement. J'ai envie de lui hurler dessus, de lui dire que James aurait pu rester dans cette pièce et que tout ce serait bien passer.
Mais je sais que c'est impossible. Je sais que j'ai tort, alors je me tais. Pourquoi avais-je tant envie de parler au cadet Allister ? Sûrement par curiosité. Il est si lunatique –encore pire que son frère– que j'ai besoin de comprendre son mode de fonctionnement. J'ai besoin de le connaître. Pour la mission, ma mission. Celle que je me suis attribuée depuis maintenant plus d'une semaine.
Darren se retourne vers moi et me sourit à pleine dent, pourtant je perçois de la fausseté sur son visage, comme s'il me cachait quelque chose me concernant. C'est normal vu que chacune de nos familles retiennent en otage un des membres importants de celles-ci. Je sais bien que les vampires ne me disent pas tout comme moi je ne leur dis pas le fond de ma pensée, quelques fois.
— Excuse-moi Melissa, je dois régler quelques problèmes avec mon frère.
Je hoche la tête, encore un peu sous le choc de son départ. J'avais envie de discuter avec lui, comme je l'ai fait avec son frère. En fait, j'ai l'impression que la mentalité inculquée chez les Chasseurs est en partie erronée. C'est vrai, pourquoi les vampires ne ressentiraient-ils aucune émotion ? C'est absurde. Ça se voit qu'il n'ont pas vu comment cette race est lunatique, émotionnellement parlant. C'était comme si ils ressentaient tout plus fortement que nous avec une humeur changeante.
Perdue dans mes pensées, je n'entends pas l'un des deux frères rentrer. Il s'agenouille à mon niveau et place une des mèches de ma chevelure derrière mon oreille. Il me sourit et me dit :
— On va te ramener chez toi car James ne peut plus te voir dans cet état.
— Quel état ? demandais-je.
Darren soupira avant de me fixer dans le blanc des yeux et de me déclarer :
— Il ne supporte plus de te voir enceinte d'un autre.
Je ne m'y attendais pas. Mais alors pas du tout. Pourquoi cela le dérangerait? J'avouerais que je suis perdue. Complètement. Et Darren doit le remarquer car il s'empresse de rajouter :
— Enceinte de Daniel si tu préfères. Je sais que cet homme est ton mari mais je dois te mettre en garde contre lui. Il peut être dangereux, Melissa. Il...
— Cela fait plus de quatre ans que l'on est ensemble et je n'ai jamais eu de problème, répliquais-je sèchement, alors tes conseils ne valent rien car contrairement à toi je ne suis pas un vampire.
Sa mâchoire se contracte suite à ma réponse. Je ressens une légère culpabilité ; peut-être y suis allée trop fort avec lui ? Mais la nature revient au galop comme on dit, les vampires sont les ennemis. Pas mes amis.
— Bien, continue-t-il, mais nous allons devoir te ramener chez toi en échange d'Astrid. Et je sais que tu sais où elle est.
— Tu crois vraiment que je t'aiderais ?
Il resta interdit pendant quelques instants, me dévisageant.
— Melissa... Tu oublies que j'ai autant de compassion que toi, si ce n'est plus. Je ne suis pas le monstre que les Forces de l'Ordre mortelles t'ont appris pendant ta formation ou ce que Daniel a pu te dire. Particulièrement et sur moi et ma famille. Leur version des choses est erronée.
— Parque la vôtre est totalement vraie peut être ?
— Oui.
Je lui envoie un regard noir avant de croiser mes bras en signe de mécontentement.
— C'est vrai que monsieur à la science infuse.
Il me sourit à pleine dent, mais sincèrement cette fois-ci.
— Je n'ai jamais dit cela, mais je sais déjà plus de chose que toi avec des vingt-deux ans d'existence.
Je me préparais à répliquer une réponse sanglante mais quelque chose m'en empêcha. Du moins, quelqu'un.
Ce quelqu'un, c'est James.
Darren, se rendant tout de suite compte de sa présence, s'approcha de lui et lui murmura quelques mots à l'oreille. Des mots que je ne pus pas entendre en raison de ma condition humaine. James hoche la tête, acquiesçant ce que lui disait son frère aîné.
Pourtant, il n'a pas lâché son regard du mien. Pourtant, il n'a pas arrêté de me fixer. Pourtant, moi non plus.
Darren recule et sourie à son frère avant de le laisser seul avec moi. J'ai peur alors qu'il y a un instant, je voulais essayer de le percer à jour. J'ai peur de ce qu'il peut se passer en sa présence car j'ignore ce qu'il peut se produire.
Il s'assoie contre le mur, à côté de moi tout en ne cessant de me regarder. Une vague de frisson me parcourut et je reculai légèrement afin d'agrandir l'espace qui nous sépare. Je ne veux pas qu'il m'approche plus qu'il ne l'ai déjà.
— Qu'est-ce que tu veux, James?
Ma voix n'est qu'un murmure, à peine audible en brisant notre échange de regards.
— J'aime quand tu prononces mon prénom, dit-il simplement.
Je n'ose plus lever la tête vers lui, intimidée par sa soudaine sincérité. Une partie de moi me dicte pourtant qu'il se sert de moi par intérêt et qu'un jour ou l'autre il va me tuer.
— En fait, j'aime le son de ta voix et l'odeur que tu dégages.
— On ne se connaît vraiment que depuis une semaine, James.
Cette fois-ci, j'ose tourner la tête afin de voir sa réaction. Il a un air sérieux me répond :
— Tu sais, Mélissa, on se connaît depuis plus de quatre ans si on réfléchit bien. Depuis que tu es rentrée chez les Chasseurs, si on peut dire.
C'est vrai, il a raison. Chacun a fait des recherches sur l'autre, surtout que c'était moi qui devait étudier le cadet Allister tandis que Daniel s'occupait principalement de Darren. Astrid, c'était Charlotte, une autre Chasseuse et amie, qui la recherchait. Et pourtant, c'est moi qui ai attrapé la vampiresse. Elle ne m'a pas adressée un seul mot depuis la capture, sûrement par jalousie. À vrai dire, c'était plus l'amie de Daniel que la mienne. Je soupçonne qu'elle fasse des avances à mon mari, alors je la supporte seulement professionnellement. Cette femme n'a pas inventé l'eau chaude si vous voulez mon avis.
— A quoi tu penses ? Me questionne James en me tirant de mes pensées.
Je gardai là silence, ne sachant quoi lui dire. Qu'est-ce que j'en ai à faire de toutes manières de ses états d'âme ?
— Mélissa?
Je tourne la tête vers lui et je tombe sur ses yeux bleus. Aussi bleus que l'océan, lui donnant un air calme et sauvage à la fois. Je suis comme hypnotisée tout d'un coup.
Pourquoi ai-je ce genre de réaction avec lui? Pourquoi suis-je aussi déstabilisée et contradictoire à son contact?
Instinctivement, je pose une main sur mon ventre, qui n'est pas encore rebondi. Ce petit être va être mon ancrage à la réalité : j'aime Daniel. Les Allister sont mes ennemis, je ne dois pas sympathiser avec eux. Sauf si cela est stratégique. En l'occurrence, ils vont me ramener chez moi en l'échange de ma capture. Je dois faire comme si de rien n'était.
James n'a pas détourner le regard et il m'a l'air paisible. Lorsque nos regards se croisent de nouveau, il me sourit avant de déclarer :
— Je te ramène demain dans la journée, comme nous sommes ordinairement des Créatures de la nuit personne ne s'attend à me voir.
Je fronce les sourcils.
— C'est toi qui m'accompagneras ?
Je masque ma déception. J'aurais préféré Caleb.
Néanmoins, il prend un risque considérable en sortant en plein jour. Il s'expose à un grand nombre de soucis. J'espère pour lui qu'il saura se contrôler.
Il me répond par un hochement de tête et me prévient que j'allais recevoir de la visite bientôt.
-
Il commence à faire nuit car l'air s'est légèrement rafraîchi. Du moins je pense car la journée est passée lentement. Je me suis ennuyée car personne ne m'a encore rendu visite. Cela fait bien longtemps que je me suis sentie aussi à lassée. Avant j'étais une bosseuse, je n'arrêtais jamais avant d'avoir bouclé au moins un dossier. Sauf pour dormir, bien entendu.
Maintenant, je sais que je n'en verrais plus l'intérêt lorsque je serais rentrée. Je n'aurais plus le cœur a anéantir les vampires qui me supplient. Je n'aurais plus le cœur à passer des heures et des heures sur une seule et même dossier. Et je n'aurais plus le cœur à rester éloigner de mon mari seulement pour le travail. Surtout que je me sens coupable de l'avoir trahi, en quelques sortes.
En fait, je me sens mal. Pourquoi? Peut-être est-ce parce que je ne lui avais pas annoncé la futur naissance. Pourtant, je sais qu'il y a autre chose.
Un cliquetis, maintenant familier, me tire de mes pensées. Je lève les yeux vers la porte, me demandant qui peut bien me rendre visite.
Lorsqu'il rentre dans pièce, j'arrête de respirer.
Lorsqu'il me remarque, je n'ose plus parler.
Lorsqu'il s'approche de moi, je n'ose plus bouger.
Lorsqu'il se retrouve enchaîné à mes côtés, j'arrête de penser.
Il n'ose pas me regarder.
Il n'arrête pas de dévier le regard d'un bout à l'autre de la pièce, un de ses tics nerveux.
Il n'ose pas me toucher.
Il n'arrête pas de souffler bruyamment, sûrement pour masquer sa gêne.
Cela fait une semaine environ que je ne l'ai pas vu, pourtant j'ai l'impression que cela fait une éternité.
J'aimerais le prendre dans mes bras, mais quelque chose m'en empêche.
J'aimerais lui dire combien il m'a manqué mais j'ai comme une boule dans ma gorge, m'empêchant de parler.
Ne sachant que dire et que faire, j'eclate en sanglot. Sans aucune gêne et aucune honte, bizarrement. Comme si la pression ressentie ces dernier temps devait être évacuée. Là, maintenant que je le sais près de moi.
Mais le savoir distant avec moi ne me perturbe pas tant que cela, en fait. Je me contenterais seulement de sa présence, à lui.
Je m'attends tout de même à ce qu'il me console mais il ne fait rien. Je sèche mes larmes le plus rapidement que je peux. J'aperçois Darren me regarder avec compassion avant de fermer la porte et laisser Daniel et moi, seuls.
Je me décide et regarder mon mari. Il a quelques bleus et égratignures au visage ainsi qu'une plaie qui m'a l'air récente. Je parcours des yeux son corps avant que lui toucher sa joue encore en état et de lui faire tourner la tête vers moi. Il a les yeux fermés et j'ai l'impression qu'il est en colère contre moi en même temps qu'il culpabilise.
Difficilement, j'arrive à lui dire :
— Daniel, regarde-moi. S'il te plaît.
Son regard croisent immédiatement le mien. Ses yeux verts me poignardent comme des lames quand je lis la haine qu'il ressent. Je ne l'avais jamais vu comme cela.
— Comment as-tu pu partir en portant mon enfant ? En mission qui plus est !
Je reste interdite. Il m'a pris de cours et de toutes évidences il a besoin qu'on se dispute.
— Alors, Melissa, comment?
Je déglutis face à la colère perceptible dans sa voix. Et bizarrement, je pense qu'elle est dirigée contre moi ainsi que les vampires. Comme si j'avais été de mèches avec eux. Comme si je l'avais déçue. Comme si je n'étais plus sa femme.
C'est un peu excessif comme réaction de ma part, la sienne est compréhensible. C'est vrai, j'ai réagi impulsivement. J'ai mis en danger ma vie mais aussi celle de notre enfant. Alors je ne peux pas me mettre en colère car contrairement à lui, j'avais conscience du risque encouru. Lui, c'est en partie ma faute s'il s'est fait capturé et manipulé par une louve.
— Je suis désolée, est la seule chose que j'arrive à lui dire.
Je baisse la tête, évitant ses yeux accusateurs. Cela me brise de l'intérieur.
— Arrête deux secondes de faire la victime, Mélissa.
Son ton est moins sec qu'il y a un instant pour laisser place à une once d'inquiétude. Mais sa colère est toujours palpable.
— Mélissa...
Il prend mon visage difficilement entre ses deux mains à cause des chaînes qui le retiennent. Il plaque ses lèvres contre les miennes avec tellement de puissance que je me force à accentuer le baiser pour que ce soit agréable.
Petit à petit, je sens sa colère de transformer en un désir puissant. Pourtant nous ne pouvons rien faire. Du moins pas maintenant alors que les Allister –et sûrement Caleb– nous entendent de là où ils sont.
Nos respirations sont saccadées lorsqu'il se détache de moi. Il arbore un sourire pleins de sous-entendus avant de me déclarer :
— Tu n'imagines même pas tous ce que j'aurais souhaité te faire si nous n'étions pas ici.
Il passa sa main dans les cheveux avant de les passer sur mon visage et de descendre jusqu'à mon ventre.
— Et n'oublie pas que malgré tout, je t'aime. Toi et mon futur enfant.
~~
Bonjour à tous !
Je vous annonce que j'ai trouvé le temps de vous écrire le chapitre 12 pour aujourd'hui ! J'espère qu'il vous aura plus ;).
N'hésitez pas à laisser un commentaire et me dire ce qu'il va ou pas dans mon histoire dans le but de l'améliorer :).
Bisous à tous.
PS : du coup je l'ai posté pendant mes vacances, j'avais de l'inspiration alors je me sentais obligée de l'écrire. J'avais peur de perdre mon idée.
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