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Une semaine est passée depuis le rendez-vous chez le gynécologue. Je me projète plus depuis que je sais que j'attends un garçon. Être enceinte, c'est un maelström d'émotions. C'est une expérience absolument hors du commun. Je suis entrée dans mon deuxième trimestre, les nausées se sont espacés.

Je profite plus de ma grossesse, mon entourage est au petit soin pour moi. Je me sens belle, je me sens aimée et désirée. Après ma première grossesse qui fut très brève, je suis heureuse de vivre celle-ci.

Ce matin-là, Ibrahim est parti travailler très tôt. Je dormais encore lorsqu'il a claqué la porte. À mon réveil, je décide de prendre mon temps pour me préparer un bon petit déjeuner.
Celui-ci une fois avalé, je range un peu pour éviter que le bazar ne s'accumule. Lorsque j'attrape la veste que je portais il y a quelques jours, un papier glisse de celui-ci.

Il s'agit du numéro de cette femme qui m'a interpelé dans la rue. Pendant un moment, je réfléchis à ce que j'en fait. Dois-je le jeter ? Mais ma curiosité prend le dessus. Que veut cette femme et surtout que veut-elle à mon mari ? Je décide de composer le numéro.

« Allô ? Dit la voix au téléphone.

- Bonjour, je suis Azhar.

- Bonjour Azhar, j'ai attendu ton appel. »

Ça sonnait presque comme un reproche. Je n'aimais pas du tout le ton.

« - Qui êtes vous madame ?

- Pouvons nous discuter de tout ça de vive voix.

- Vous êtes une inconnue madame, je ne préfère pas. »

Depuis mon enlèvement et mon agression, je suis très méfiante.

« Azhar, je suis là mère d'Ibrahim.

- [...]

- Je sais que ça parait fou mais je voudrai retrouver mon fils.

- Je vois.

- Pourrions nous discuter ?

- Je ne sais pas. Je ne veux rien faire derrière son dos.

- Je ne te demande pas de le faire derrière son dos, tu pourras lui dire que tu m'as vu. J'aimerais m'expliquer.

- Ce n'est pas à moi qu'il faut donner des explications mais à lui. D'ailleurs, comment m'avez vous trouvée ?

- Je me suis rendue chez ma cousine, je t'ai vu sortir de là-bas plusieurs fois. J'ai demandé a une voisine, elle m'a dit que tu étais la femme d'Ibrahim. Je te demande quelques minutes Azhar.

- Très bien, mais je vous choisi où. »

[...]

Le vent souffle fort lorsque j'entre dans le restaurant. Ibrahim m'a emmené ici une fois c'est assez petit et offre de l'intimité. Parfait pour l'occasion.

La femme qui m'attend est très belle et très élégante. Des cheveux parfaits, un maquillage parfait. Une posture soignée. Elle me sourit mais je ne parviens pas à lui rendre son sourire.

« Merci beaucoup d'être venu Azhar.

- Je ne vais pas pouvoir rester longtemps.

- Je comprends mais avant de commencer, je voulais te donner ça, dit-elle en me tendant un sac. C'est un cadeau d'une mère à une autre.

- Merci. »

J'ouvre le sac et y découvre une grenouillère pour bébé dans des couleurs neutre et avec inscrit dessus « le bonheur de maman et papa ».

« C'est gentil merci.

- C'est votre premier enfant ?

- Oui.

- C'est une chance d'être mère. Je m'en suis rendue compte trop tard.

- [...]

- Ibrahim ta déjà parlé de moi ?

- Très peu, il m'a expliqué avoir été adopté très jeune et c'est tout.

- J'étais jeune quand je suis tombée enceinte. J'ai été rejetée et reniée par ma famille. Le père d'Ibrahim...n'était pas un homme bien. Il n'a pas tenu ses promesses, la dernière fois que je l'ai vu il m'a battu et m'a dit de me débarrasser du bébé. »

Comment pouvait-on être aussi cruel ? Je pense à mon mari et mon coeur se serre.

« J'étais perdue, j'étais une gamine j'avais des rêves...Je savais que je n'étais pas à la hauteur pour lui. Je l'ai laissé en sécurité. Je suis partie à Marrakech, j'ai travaillé comme gouvernante pour une famille. J'y ai rencontré Abdel mon mari, mon avons déménagé aux Pays-Bas. Je suis revenu pour Ibrahim.

- Qu'attendez-vous de moi.

- Je voudrai le rencontrer, juste une fois. Je voudrai qu'il sache que je l'aime et que j'ai toujours pensé à lui.

- Vous avez d'autres enfants ?

- Oui, j'ai deux filles et un fils.

- Votre famille sait qui est Ibrahim ?

- Oui... »

Elle a refait sa vie. Elle l'a abandonné lui mais a eux d'autres enfants qu'elle a gardé. Ça va le détruire. Elle va le détruire. Ce n'est pas le bon moment nous allons être parent et elle va briser notre harmonie.

J'ai honte de penser ainsi et je me sens égoïste mais je dois protéger mon foyer. Je dois protéger mon mari et mon enfant.

« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

- [...]

- Vous allez le perturber. Ibrahim est tout pour moi et vous allez lui faire du mal. Je suis désolée, si vous voulez lui parler allez le voir, mais moi je ne peux rien faire

- Vous essayez de l'éloigner de moi ?! »

Pardon ?

« Pour s'éloigner il faut avoir été proche à un moment donné. Ibrahim a déjà une mère.

- Pourquoi réagissez vous ainsi ? Je pensais que vous seriez plus empathique que ma cousine.

- Il va devenir papa, sa priorité c'est censé être notre enfant. Votre venue va le rendre malheureux. Je ne veux pas être complice de cela. Au revoir. »

Je prends mon sac et sort rapidement du restaurant laissant le cadeau. Cette femme ne m'inspire pas confiance, elle se comporte comme une gamine pourrie gâtée a qui nous devons tout. Elle ne mesure pas les conséquences de ces actes aujourd'hui tout comme il y à 29 ans lorsqu'elle l'a laissé.

Je ne la juge pas d'avoir abandonné son enfant mais je juge son manque de compréhension. Parce qu'elle a décidé de revenir, elle va détruire notre équilibre et au nom de quoi ?

De retour à la maison, je reçois un appel de Yousra qui prend de mes nouvelles. Je ressens le besoin de parler mais je préfère ne rien dire. Elle me dira que j'ai fait une erreur en allant la voir et je ne veux pas l'entendre de quelqu'un d'autre.

Le soir venu je ne suis pas d'humeur et d'une piètre compagnie. Je n'ose pas lui parler alors je prétexte une grosse fatigue pour aller au lit. Il m'a rejoint quelques minutes plus tard l'ordinateur en mains.

« Tu penses pouvoir voyager ?

- Oui.

- Il faut voir ce qu'en pense ta gynécologue.

- Je suis sure que ça ira.

- Je ne prends pas de risque.

- Tu veux qu'on voyage ?

- Oui, ça fait deux ans qu'on est mariés et je ne t'ai emmené nul part.

- Ça ne fait pas officiellement deux ans.

- Dans quelques jours, dit-il en souriant. »

Je comprends qu'il veut célébrer nos deux ans de mariage avec une lune de miel un peu en retard. Il est tellement prévenant, je me sens si honteuse de lui mentir.

« J'ai fait quelque chose ?

- Comment ça ?

- Tu es bizarre depuis que je suis rentré.

- Je suis juste fatiguée Ibrahim.

- Hummm d'accord.

- Vient montre moi tout ça. »

Il s'installe à mes côtés sur le lit mais très vite les choses dérapent. Je le laisse faire car j'en ai envie mais aussi parce que je n'assume pas de le voir me préparer une surprise alors que je lui mens.

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