Tome I - Chapitre 37 : Au secours de Lily
Heureusement qu'ils n'avaient pas cours l'après-midi parce que l'ambiance de la matinée était déjà à elle seule suffisamment tendue. Alexia récapitula la situation dans sa tête encore une fois. De toute façon, Binns déblatérait toujours sur la fameuse guerre de Gobelins -ou du moins l'une d'entre elles puisqu'il y en avait eu une bonne dizaine dans l'histoire et un peu toujours pour les mêmes raisons- et donc elle ne culpabilisait pas vraiment de ne pas écouter.
Depuis la fin de leur petit déjeunée et le retour des élèves blessés, Sirius n'était pas revenu de son escapade et avait déjà loupé les trois premières heures. Ce n'était pas comme s'il ne séchait jamais mais, cette fois-ci, même James semblait nerveux, trépignant d'impatience sur sa chaise. Il jetait des coups d'œil à l'horloge sans arrêt et Alexia savait que si Lily avait été là elle en aurait été exaspérée. Car oui justement Lily aussi était aux abonnés absents ! Et si on pouvait encore trouver des excuses pour Sirius en invoquant la force de l'habitude, c'était plus surprenant pour Lily Evans.
Remus était revenu du cours de runes en disant que Lily n'y était pas non plus à la première heure, elle avait également loupé le double cours de métamorphose et personne ne semblait l'avoir vu depuis qu'elle avait quitté le petit déjeuner vers 8h30. Les filles avaient supposé qu'elle était malade, sûrement à l'infirmerie, même si Alexia trouvait ça un peu étrange étant donné qu'elle allait très bien ce matin.
En résumé, Sirius et Lily s'étaient volatilisés, ce qui était un mystère pour tous. Finalement, à midi pile, la sonnerie retentit et les élèves bondirent sur leurs pieds. Certains étaient encore à moitié endormie que James était déjà à la porte, marchant à toute allure comme s'il était monté sur ressort.
- Remus ! Appela Alexia. Où est-ce que...
- On va chercher Sirius, je pense qu'il s'est passé quelque chose, répondit-il précipitamment, à moitié hors de la salle de classe. Je te tiens au courant.
- Mais...
Trop tard. Les Maraudeurs venaient de s'enfuir à toute jambes tandis que Binns donnait les devoirs pour la semaine prochaine sans que personne n'y prête attention.
- Alex ? Tu viens ? On doit aller voir si Lily est à l'infirmerie.
- J'arrive !
Alexia attrapa son sac et emboîta le pas à ses amies. Dorcas et Marlène étaient devant, en train de débattre pour savoir ce qui avait bien pu arriver à Lily.
- Elle avait peut-être une réunion des préfets ?
- En plein milieu des cours ? Alors que Remus n'était pas courant ?
- Oui bon d'accord, concéda Marlène. Peut-être qu'elle est juste malade alors !
- Elle était en pleine forme ce matin !
- Je ne suis pas devin, Dorcas... Elle est peut-être en train de rédiger un devoir dans notre chambre et elle était tellement absorbé par la potion qu'elle a oublié qu'on avait cours...
- Ça serait tellement lyliesque, commenta Alexia en reprenant l'adjectif de James.
Elle sourit, même si elle avait elle-même des doutes sur cette dernière hypothèse un peu loufoque. Au prochain tournant, elles se séparèrent. Marlène se dirigea vers l'infirmerie pour vérifier au cas où tandis qu'elle allait à leur dortoir avec Dorcas. C'étaient les deux lieux les plus probables pour trouver Lily.
Il leur fallait une petite dizaine de minute pour rejoindre la tour de Gryffondor, aussi Dorcas engagea elle-même la conversation en voyant qu'Alexia semblait ailleurs.
- Tu n'as toujours pas parlé à Sirius ?
- Quoi ? Oh non...enfin pas encore, il a dit qu'on aurait une conversation ce soir mais comme il a aussi disparu j'ai des doutes...
- En même temps il a le droit d'être fâché.
Alexia manqua d'en trébucher, surprise.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je veux dire que tu devais bien te douter que cette histoire de secret allait t'exploser à la figure un jour ou l'autre.
- Ce n'est pas...enfin...
- Ne cherche pas à te justifier, je n'en ai pas besoin...
Le ton froid de Dorcas, celui qu'elle utilisait les rares fois où elle était vraiment contrariée, fit comprendre à Alexia qu'elle marchait sur des œufs pour ce début de conversation.
- Dorcas...
- Allez, dépêche-toi, il faut qu'on trouve Lily !
- Mais...
- Sérieux Alex, c'est bon. Je faisais juste une remarque.
- Tu ne fais jamais « juste une remarque », répliqua-t-elle. Si tu as quelque chose à me dire...
Dorcas soupira.
- Je ne veux pas rentrer là-dedans et toi non plus, crois-moi.
- Si justement. Je préfère que tu me dises ce que tu as à me dire plutôt de rester en colère contre moi dans mon dos.
C'était le problème entre elles. Si Marlène était timide et Lily raisonnée, Dorcas et Alexia avaient toujours été les explosives du groupe à leur manière. Dorcas pouvait être de mauvaise humeur, sarcastique, comportement qu'elle avait hérité de son éducation, tandis qu'Alexia avait plus tendance à être butée, incapable de reculer même quand elle le devrait.
- Très bien, tu l'auras voulu. Je n'ai rien dit avant parce que ce n'était pas le moment, Sirius se chargeait parfaitement de t'accabler et en bonne amie j'ai pris ton parti. Mais franchement Alex, c'était stupide !
- Stupide ?
- Evidemment ! Qu'est-ce que tu croyais ? Qu'on n'apprendrait jamais rien ?
- C'était le but oui !
- Ne sois pas idiote, dit Dorcas. Tu savais que ça arriverait et tu n'as pas eu le cran de l'anticiper. Bel exemple de courage pour une Gryffondor.
Le visage d'Alexia se vida de ses couleurs.
- Tu ne comprends pas...
- Ouais, c'est ce que tu n'arrêtes pas de nous répéter. Ça ne t'a jamais effleuré l'esprit que je pouvais comprendre justement ?
- Comment ça ?
- Merlin Alex ! J'étais terrifié de vous avouer la vérité sur Lucinda et moi ! J'ai attendu d'être sûre, soit deux semaines et pas des années, et j'ai tout dit de mon plein gré sans attendre que vous le découvriez par hasard. Et t'as remarqué ? Ça s'est beaucoup mieux passé que pour toi.
Les mots de Dorcas lui firent l'effet d'une gifle doublé d'un coup de poing en plein ventre. Elle ne savait pas si elle avait envie d'en pleurer ou d'en rire. Sa vie était un chaos complet. Incapable de se retenir, Alexia se mit à rire.
- Tu compares nos situations ? S'étrangla-t-elle. Sérieusement ?
- Pas besoin d'être hautaine.
- Dorcas, bon sang ! Tu es tombée amoureuse d'une fille et je vais mourir ! Y'a quand même un léger décalage !
- Je n'ai jamais prétendu le contraire, rétorqua-t-elle sans se départir de son calme froid. Ça ne change pas le fait que tu as tort.
- Tu ne le sais pas. Tu n'as jamais eu à voir le regard des gens quand ils savent.
- Quand ils savent ? Le problème c'était justement qu'on ne le savait pas !
- Mes parents savent ! Mon frère et ma sœur savent ! Ils...ils me regardent comme si j'allais mourir sous leurs yeux sans prévenir.
Dorcas secoua la tête.
- Et tu ne vois pas à quel point c'est une chance ?
- Une chance ?!
- Je doute que les miens remarqueraient même si je faisais un arrêt cardiaque devant eux, Alex. Le simple fait qu'ils s'inquiètent montre qu'ils se soucient de toi. Tu crois que Sirius est tellement bouleversé parce qu'il pense que tu as changé, que tu n'es plus la même ?
- Je...je...
- Il est en colère parce qu'il t'aime, dit Dorcas avec douceur.
Alexia baissa les yeux sur ses chaussures, le rouge aux joues. Elle n'avait jamais pris la peine de se mettre à la place des autres. Une vague de culpabilité la parcourut. Dorcas dû s'apercevoir qu'elle y avait été un peu fort car elle s'approcha.
- Désolé, je n'aurais peut-être pas dû le dire comme ça...
- Non, c'est bon, tu as eu raison. Merci.
Les deux filles se tombèrent dans les bras. Alexia s'accrocha à son amie, la boule dans sa gorge présente depuis un moment diminuant enfin. Elle avait eu besoin de cette conversation, d'être secouée ainsi, et seule Dorcas était capable de cela.
Finalement, elles reprirent leur route sans un mot, plus légères.
Aucune trace de Lily dans la salle commune quand elles arrivèrent, ni dans leur dortoir, ce qui était un peu inquiétant, mais elles attendirent le retour de Marlène avant de paniquer. Après tout la préfète pouvait très bien être à l'infirmerie ou avoir un rendez-vous improvisé avec un professeur. Ce n'était pas rare que McGonagall vienne lui parler pour les rondes ou encore que Slughorn la retienne en discutant du menu du prochain « club de Slug » comme l'avait surnommé les élèves.
D'ailleurs, la porte de la chambre s'ouvrit et Marlène entra, l'air sombre.
- Alors ?
- Elle n'est pas à l'infirmerie. Aucune trace d'elle, personne ne l'a vu depuis le petit-déjeuner ce matin.
- Là ça devient bizarre...
- J'ai même été à la volière, renchérit Marlène, juste au cas où elle aurait reçu une lettre de sa sœur et que ça se soit mal passé mais rien. Elle s'est juste envolée.
- C'est ridicule, protesta Doras. On est dans une école ici, il y a des Aurors à chaque coin de couloir !
Marlène sursauta.
- Vous croyez qu'elle aurait pu...se faire agresser ?
- Ne dis pas n'importe quoi, murmura Alexia.
- Elle est née-moldu, Rosier la déjà menacé !
- C'était pour provoquer James...
- On n'en sait rien !
Un lourd silence tomba. Les filles restèrent à se dévisager, anxieuses. Aucune d'entre elles ne semblaient savoir quoi faire. Au bout de quelques minutes, Alexia se leva d'un bond.
- Je vais demander aux garçons.
- Pourquoi ?
- C'est les Maraudeurs, si quelqu'un peut nous aider à trouver Lily dans le château c'est bien eux. Surtout James.
- D'accord. Vas y et nous on continu à chercher, ok ?
Alexia hocha la tête et partit en courant. Elle monta les marches quatre à quatre, angoissée. Ce n'était pas le genre de Lily de disparaître comme ça sans prévenir. Ce n'était jamais arrivée, elle s'était toujours arrangée pour les prévenir si elle avait quelque chose à faire.
Arrivée devant la porte des sixièmes années, elle tambourina à plusieurs reprises jusqu'à ce que le battant s'ouvre brusquement. C'était Sirius en face d'elle et il avait l'air de mauvaise humeur. Derrière lui, ses amis étaient assis sur un lit avec morosité. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle venait d'interrompre mais ça avait l'air grave.
- Alex, je sais que j'avais dit qu'on parlerait mais ce n'est pas le moment, est-ce qu'on peut...
- Ce n'est pas pour ça que je suis là, coupa-t-elle. Lily a disparu.
Moment de flottement.
- Comment ça « Lily a disparu » ? Demanda James, perplexe.
- On ne l'a pas vu depuis ce matin, elle n'était pas en cours et impossible de savoir où elle pourrait être ! Les filles sont reparties faire un tour dans les couloirs mais on est inquiète. Je me suis dit que vous auriez peut-être une info...
- Non aucune idée, répondit Remus honnêtement. Mais attends, on va la trouver.
Il fit un signe de tête à James qui ne perdit pas une seconde et ouvrit le tiroir de sa table de chevet avec empressement. Il en sortit un simple parchemin, bien qu'Alexia l'avait déjà vu avec à de nombreuses reprises mais elle supposait que c'était un autre des secrets des Maraudeurs. James chuchota quelque chose qu'elle n'arriva pas à entendre puis parcourut le parchemin du regard. D'un coup, il releva la tête, pâle.
- Elle est en haut de la tour d'Astronomie.
- Hein ? Fit Peter.
- Elle n'est pas toute seule, il y a Kevin Mells avec elle.
Alexia haussa un sourcil depuis le seuil de la porte.
- Mells ? Répéta-t-elle. Le nouveau batteur de l'équipe ?
- Ouais...
- Pourquoi est-ce que...
- Le traître, souffla James brusquement.
- Quoi ?
- C'est lui le traître !
Les autres parurent sceptique.
- Tu es sûr ?
Mais James ne répondit pas, les yeux dans le vague. Tout s'assembla dans sa tête comme un puzzle. Au début d'année, quand un cognard l'avait frappé à épaule et avait manqué de le blesser gravement à cause de la chute, c'était Kevin qui était le plus près. Il aurait dû pouvoir le détourner mais il ne l'avait pas fait, tout simplement car il était complice. Pandora Van Houten avait déclaré que l'élève de Gryffondor qui l'avait agressé était grand et baraqué, tout à fait la carrure d'un batteur. Il avait révélé juste avant match avoir été élevé par son oncle à la mort de sa mère et il était sang-mêlé, exactement comme l'indiquait les articles qu'ils avaient trouvé sur Griselda Lynch. Si la jeune femme était sa mère alors les raisons de sa haine envers les moldus ou les nés-moldus s'expliquait facilement. Ses souvenirs remontèrent à plus loin. Lors de la toute première attaque, celle de Bertha Jorkins, Kevin était revenu plus tard que les autres dans la salle commune, prétextant avoir été à l'infirmerie pour obtenir des informations. Sûrement un mensonge de plus. Et puis, quelques jours après l'agression de Cornelia Flint, quand ils avaient trouvé la bague, Rosier les avait accostés pour la récupérer. Encore une fois, tout s'accorda dans sa tête et il comprit que Rosier avait juste voulu récupérer une potentielle preuve accablante contre un membre de son petit groupe. Il y avait aussi les messages « les sangs-purs triompheront » qui avaient été peint dans les vestiaires et leur salle commune, deux endroits auxquels Kevin avait naturellement accès.
- James ?
- Je suis sûr que c'est lui. Et il a enlevé Lily ! On y va !
- Attends, apaisa Remus avec calme. On ne peut pas...
- On ne peut pas laisser Evans avec un psychopathe ? Oui tout à fait. Allez !
Remus soupira. Il savait déjà par expérience qu'il ne pourrait rien faire pour le retenir, d'ailleurs James était déjà dans le couloir et les autres le suivirent sans autre forme de procès. Le préfet jeta un dernier coup d'œil à la carte du Maraudeur, histoire d'être certain, mais la carte ne mentait jamais. Les deux points immobiles en haut de la tour d'Astronomie étaient sans équivoque. Sans attendre, Remus sortit à son tour.
Quand il les rattrapa, ce fut au pied de la tour qui menait au bureau du directeur. La gargouille en pierre gardait solennellement l'entrée.
- Lunard, le mot de passe, vite !
- Mais...
- Tu es préfet, tu le connais forcément, dit Alexia, frénétique.
Remus obtempéra.
- Tarte au citron, lâcha-t-il.
Le mot de passe eut le mérite de faire tiquer ses amis qui sourirent une seconde, amusés, avant de reprendre un air grave. Ils s'engagèrent tous dans l'escalier en colimaçon dès que le passage apparut et restèrent silencieux tout le long de la montée. A vrai dire, ils ne s'étaient même pas réellement concertés pour venir ici mais s'il y avait quelqu'un susceptible de sortir Lily de cette situation sans danger, c'était bien leur directeur.
Une fois là-haut, ils restèrent face à la lourde porte en bois de chêne, soigneusement polie, avec un marteau d'airain en forme de griffon. Finalement, James s'avança et toqua.
- Entrez !
Avec un dernier regard à ses amis, James ouvrit le battant. Le bureau circulaire n'avait pas changé depuis sa première année, toujours aussi majestueux et remplit d'objets étranges posés sur les nombreuses étagères.
Dumbledore se trouvait debout près de la fenêtre et il se tourna vers eux avec un sourire bienveillant en les voyant tous arriver. Sur sa droite, McGonagall, un homme brun qui portait l'insigne des Aurors, Alastor Maugrey et Gemma Ackerley stoppèrent leur conversation.
- Excusez-nous de vous déranger, commença Remus poliment.
- Ne vous inquiétez pas, monsieur Lupin, je me doute qu'il doit y avoir une raison importante à votre visite.
- Oui professeur... Euh...On pense, enfin on est sûr, que Kevin Mells a...enlevé Lily.
- Lily Evans ?
- Oui...
- Pardon ? S'exclama McGonagall. Mais enfin qu'est-ce que vous racontez ?
- Kevin Mells est l'agresseur de Gryffondor ! Il a enlevé Lily ce matin, personne ne l'a vu depuis et on sait où ils sont.
- Comment ?
Léger malaise. Les Maraudeurs gardèrent le silence, ne pouvant se résoudre à révéler la vérité sur la carte. Heureusement, Dumbledore vola à leur secours.
- Je ne doute pas de leur sincérité, Minerva, mais vous comprenez bien qu'il va nous falloir des preuves.
- On en a, assura Peter. Regardez !
Il plongea la main dans sa poche et s'avança vers les adultes. Au creux de sa paume se trouvait la bague de Griselda Lynch.
- Un bijou ? Grommela Maugrey, sceptique.
- Pas n'importe lequel, c'est celui retrouvé près de Cornelia Flint après son agression.
Les sourcils de McGonagall menacèrent de sortir de son front sous le coup de la surprise.
- Puis-je savoir au nom de Merlin pourquoi êtes-vous en possession de cela, monsieur Pettigrow ?
- Longue histoire, éluda-t-il, mais on a fait des recherches. On pense qu'elle appartient à la mère de Kevin. Si c'est elle alors tout concorde !
Ils se tournèrent tous vers Dumbledore, fébriles. Le vieux sorcier marcha lentement jusqu'à son bureau et parut réfléchir un instant avant de soupirer.
- La mère de monsieur Mells se prénommait Griselda Mells, née Lynch, dit-il solennellement. Elle avait fait ses études à Serdaigle et était une jeune femme brillante avec un réel talent pour les bouchons baveux. Elle s'est marié peu de temps après avoir quitté Poudlard. Elle et son mari, un moldu, ont eu un petit garçon. J'ai appris avec tristesse son décès quelques années plus tard.
- C'est elle, confirma James. Kevin a gardé la bague de sa mère en souvenir, c'est un objet de famille. Il a dû la perdre pendant l'attaque de Cornelia Flint. Il faut qu'on aille chercher Lily !
- Ça ne prouve rien, nuança Maugrey. Cette gamine est sûrement quelque part dans le château à sécher les cours.
Cette affirmation parut encore plus scandalisée le professeur McGonagall qui tourna si brusquement la tête vers l'Auror que son chapeau à motif écossais menaça de tomber.
- Je peux vous assurer, Alastor, que mes élèves sont des plus sérieux, en particulier Miss Evans ! Elle est préfète et n'agirait certainement pas de la sorte.
- Il n'empêche qu'on ne peut pas délaisser la sécurité de l'école pour une simple hypothèse, intervint l'Auror inconnu en prenant part à l'échange. Il faut d'abord songer à protéger les élèves. On ne peut pas ordonner à une dizaine d'Auror de laisser le château sans protection pour une seule personne. J'en suis navré mais Miss Evans n'est pas notre priorité.
- Mais elle est la mienne, rugit James.
Dumbledore contourna à nouveau son bureau pour venir se tenir entre eux au milieu de la pièce. Tout le monde se tut immédiatement.
- La sécurité de l'école est assurée par mes soins, je vous l'affirme. Il est hors de question de laisser Miss Evans dans un danger potentiel. Minerva, allez tout de suite chercher les autres directeurs de maisons et dites-leur de me retrouver à la Tour d'Astronomie. Alastor, Gemma et Mike, vous venez avec moi. Quant à vous, termina-t-il en se tournant vers leur groupe, veuillez retourner à votre salle commune.
- Quoi ? Mais...
- Monsieur Potter, je vous promets que nous allons gérer ce problème et, que nous le prenons très au sérieux. S'il vous plait, vous et vos amis serez plus en sécurité là-bas.
James voulut protester, dire qu'il pouvait être utile, mais une main se posa sur son épaule. Remus secoua lentement la tête. Sans faire de vague, ils ressortirent tous du bureau, hébétés et reprirent le chemin de la tour de Gryffondor. Alors qu'ils allaient s'engager dans un couloir du troisième étage, James se figea.
- James ? Appela Sirius.
- Faut que j'y aille.
- Tu es entendu Dumbledore, dit Peter. Ils vont aller la chercher.
- Et s'il était trop tard quand ils arrivent ?
- Ne dis pas ça ! Protesta Alexia.
- J'y vais.
- Non ! James !
- James, bon sang reviens !
**
*
Lily frissonna quand un nouveau coup de vent vint balayer ses cheveux roux et s'engouffra sous sa veste. Elle ne portait que son uniforme en dessous, car elle partait pour les cours avant que tout cette affaire ne commence. A vrai dire, elle ne savait plus trop quelle heure il était. Il lui semblait que ça faisait une éternité qu'elle était en haut de la tour d'Astronomie, assise contre la rambarde pendant que Kevin Mells piétinait devant elle, de plus en plus nerveux.
Le jeune garçon tenait fermement sa baguette dans une main et n'arrêtait pas de s'assurer que celle de Lily, qu'il lui avait prise tout à l'heure, était bien hors de sa portée, tout comme son sac. Bon ce dernier ne contenait que des plumes, des parchemins et des livres de cours mais l'Histoire de Poudlard pouvait vite se transformer en arme si on se le prenait sur la tête au vu de son poids.
- Mells...
- La ferme Evans !
- Mells, qu'est-ce que tu es en train de faire ?
- Je ne vais pas me mettre à parler avec toi.
- Je ne te demande pas de parler, je te demander d'arrêter ça. Tu n'es pas obligé de...
- Ne me sors pas ton baratin Evans ! Tu fais ça pour t'en sortir !
Lily se mordit la lèvre. Son cerveau tournait à plein régime. D'après ce qu'elle avait observé depuis trois ou quatre heures, Kevin était sur les nerfs et surtout un gamin apeuré. Cet élément pouvait jouer à son avantage.
- C'est faux, dit-elle avec douceur. Je vois bien que tu as peur mais tu n'es pas obligé d'aller plus loin. Si tu me laisses partir maintenant, personne n'aura été blessé, on pourra en discuter. Tu as juste besoin d'aide.
- Arrête ! Il y a eu des blessés !
- Tu veux parler des élèves agressés ? Tu n'étais pas seul Kevin, tu n'as pas à prendre la faute.
- Non, c'est trop tard. Je...je ne peux pas reculer maintenant.
- Pourquoi ?
- Parce que Potter et les autres sont déjà au courant ! Les professeurs vont le savoir aussi, je vais être renvoyé !
- Non, tu...
- Je vais devoir retourner chez les moldus !
Lily se figea.
- C'est...c'est ça qui te fait peur ? Kevin...
- Tu ne comprends pas ! Maintenant tais-toi !
Mais elle secoua la tête, incapable de se retenir.
- Tu déteste le monde moldu, dit-elle lentement, ça je l'ai compris. C'est pour ça que tu as participé aux agressions ?
- Evans...gronda-t-il.
- C'est Rosier qui t'a mis tout ça dans la tête ?
- Non ! Je n'ai pas besoin qu'on m'influence !
- Alors pourquoi... ?
- Parce que les moldus ne comprendront jamais les sorciers. Ils nous méprisent !
- C'est faux...
- Vraiment ? Répliqua-t-il. Pourtant ma mère est morte à cause d'un moldu. J'ai entendu des choses aussi, je suis assez doué pour être discret. Tes relations avec ta sœur on en parle ? Et celles de Cassidy avec son beau-père hein ?
Soudain, Lily eut la gorge sèche et déglutit. Il commença à s'agiter, faisant des allers-retours sur la plateforme de la tour.
- Comment... ?
- Je te l'ai dit, j'écoute les rumeurs. Ce ne sont pas des secrets d'états, il suffit de savoir demander aux bonnes personnes. Les sœurs Zabini sont une source incroyable d'information et Tessie Ryan est ravie de partager les ragots.
- Tu veux dire qu'elles sont aussi dans votre groupe ?
- Peut-être, peut-être pas. Je ne dirais rien Evans.
- Kevin... les Aurors sont dans le château, tu ne peux pas...
- Je ferais ce que je veux !
- Tu te berces d'illusion. Rosier ne viendra pas à ton secours, il te dénoncera à la première occasion, cria-t-elle.
- Tais-toi !
Kevin braqua sa baguette sans sa direction et elle se tassa sur elle-même, la respiration haletante. Elle avait l'impression que son cœur allait exploser. Si elle avait été paralysée de terreur pendant l'attaque de Pré-au-Lard, c'était tout le contraire aujourd'hui. Son corps était saturé d'adrénaline et elle se sentait presque fébrile tellement chacun de ses muscles étaient crispés.
Elle suivit Kevin du regard tandis qu'il allait s'appuyer sur la rambarde, les mains crispés sur la barre de sécurité. Il avait l'air au bord de la crise de nerfs. Lily avait vite compris que rien de tout ça n'avait été préparé, c'était trop chaotique, et que son camarade avait juste paniqué en entendant James dire au petit déjeuner de ce matin qu'il attraperait le traître bientôt grâce à ses indices.
Alors que Kevin était toujours occupé à essayer de recouvrer son calme, elle se décala doucement vers la droite. En constatant qu'il ne paraissait pas l'avoir vu, le souffle de Lily se bloqua dans sa gorge. Elle n'aurait peut-être pas d'autre occasion. Bien que le jeune homme lui fasse de la peine et qu'elle savait qu'il était juste effrayé, elle ne comptait pas rester plus longtemps à jouer les psychologues.
- Hé ! Qu'est-ce que tu fais, Evans ?!
Brusquement, Lily se jeta en avant. Ses mains se refermèrent sur la chose la plus proche d'elle, à savoir son encrier. Sans réfléchir, elle le lui jeta au visage.
Elle n'attendit pas de voir si son tir avait atteint sa cible mais au vu du cri que poussa Kevin elle avait dû réussir. Alors qu'elle dévalait les escaliers de la tour, elle se promit intérieurement de remercier Alexia pour lui avoir appris à tirer avec un souaffle quand elles s'étaient entraînées pour les essais de Quidditch de la brune en troisième année.
- Evans ! Hurla-t-il. Reviens ici !
Lily manqua de louper plusieurs marches à cause de ses jambes tremblantes et elle accéléra malgré tout en entendant les bruits de pas dans son dos qui se rapprochaient. Sans sa baguette, elle savait qu'elle ne pourrait rien faire face à lui. Même s'il était en cinquième année, et donc qu'il avait un an de moins, il faisait bien une bonne tête de plus qu'elle. De plus, avec sa carrure de batteur, elle ne voulait absolument pas avoir à l'affronter.
- Evans !
Lily poussa la porte du bas de la tour de toutes ses forces, le battant allant frapper le mur avec fracas. Une brève vague de soulagement l'inonda quand elle se mit à courir dans les couloirs familiers du château mais cela fut de courte durée. Le cœur au bord des lèvres, elle sentit la présence de Kevin toujours derrière elle. Il ne lui faudrait pas longtemps pour la rattraper. La peur lui tordait le ventre et Lily se demanda une seconde si elle n'allait pas s'écrouler sauf que sa foulée redoubla. Courir. Courir le plus vite possible. C'était la seule chose à laquelle elle pouvait penser.
Soudain, elle tourna à l'angle et manqua de rentrer dans quelqu'un. Un cri lui échappa.
- Evans ?
- Potter !
De toute sa vie, jamais Lily n'avait été aussi heureuse de voir James Potter !
- Qu'est-ce que tu fais là ? J'étais venu accomplir un sauvetage héroïque !
- Désolé, je me sauve toute seule, rétorqua-t-elle.
James la dévisagea, surpris, puis il la serra contre lui sans prévenir.
- Bon sang, j'ai cru...j'ai cru...
- Je viens bien, je vais bien, assura Lily, la voix étouffée par son pull. Kevin Mells ! C'est Kevin Mells ! Il...
Elle ne put terminer sa phrase car à ce moment-là, il y eut un grand bruit à quelques mètres d'eux. Lily sursauta. Une seconde après, une jeune femme tourna dans le couloir. Elle se figea en les voyant.
- Gemma ! S'exclama James. Qu'est-ce que...
- On vient d'avoir Mells. Il était juste en bas de la tour d'Astronomie quand on a débarqué, il n'a eu aucune chance. C'est toi Lily Evans ?
- Oui...
- Viens avec moi. Tu es blessée ?
Lily secoua la tête, toujours fermement accroché à James. Elle s'en rendit compte mais ne se dégagea pas de peur de s'effondrer si elle bougeait. Tout allait trop vite, tout s'enchaînait trop vite. Il parut s'en apercevoir.
- Je reste avec toi, Evans, chuchota-t-il. Je te le promets.
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