jungkook.

après cet après-midi, j'étais rentré chez moi. Taehyung m'avait déposé devant et quand j'ai passé le portail, il m'a tourné vers lui avec un grand sourire aux lèvres. il s'est penché avant de faire rencontrer délicatement nos lèvres ensembles. et c'était doux, cette manière qu'il avait de les mouver contre les miennes, cette manière qu'il avait de m'envelopper de son être petit à petit. j'aimais passer mes mains dans ses cheveux blonds, mordiller sa lèvre inférieure pour approfondir l'échange. j'étais déjà accro à ça, et ça me faisait peur. il s'était détaché de moi avant de glisser un doigt entre les mèches de ma frange pour la remettre correctement. il avait fini par me murmurer un 'au revoir' et était parti, ce même sourire qui ne quittait jamais ses lèvres.

je voulais rester avec lui, je voulais rester dans ses bras et me perdre comme je le faisais à chaque fois. car en rentrant chez moi, en longeant les murs de ma maison, les souvenirs me revenaient, et j'avais l'impression que ce n'était qu'une claque pour me rappeler qui j'étais réellement.

je me rappelais la veille de la disparition de ma sœur, j'étais jeune, terriblement jeune. et je ne me rendais pas compte que ce que je pouvais dire risquait d'avoir un impact. j'avais l'innocence des gestes, l'innocence des mots et pourtant j'étais coupable de tout. on était tous à table et j'étais content, beaucoup trop content. j'avais enfin embrassé le garçon dont j'étais amoureux depuis des mois. derrière un arbre, dans notre petit cour de récréation. alors j'ai lâché la bombe et inconsciemment, j'ai détruit une famille.

« aujourd'hui j'ai embrassé mon amoureux. »

le couteau de ma mère est tombée dans son assiette, faisant retentir d'une manière aiguë sa chute. mon père m'a regardé avec une expression figée, ayant perdu d'un seul coup son sourire. j'ai senti ma sœur se tendre à côté de moi; elle qui me répétait que j'avais le droit d'aimer n'importe qui. je me rappelle des cris de ma mère, de son énervement, du silence de mon père face à la situation et de ma sœur qui tentait de me défendre n'a pas supporté; les insultes se sont enchaînées tandis que les larmes coulaient le long de mes joues. je me rappelle des bras de ma sœur autour de moi avant qu'elle ne parte rejoindre son petit-ami de l'époque. de ses bras qui me serraient contre elle comme si j'étais la chose qu'elle chérissait le plus, celle qui fallait protéger avant tout.

et après cette étreinte, cette dispute, ces mots en trop, je ne l'ai plus jamais revu. comme si elle n'avait été que passagère dans ma vie, comme si elle était, à présent, un regret oublié. mais on ne l'a jamais oublié; jamais. notre famille s'est déchiquetée, cassée en milles morceaux et je ne comptais plus vraiment. la solitude qui m'habitait quand je poussais la porte de chez moi était constamment présente. on se regardait plus dans les yeux; ils disaient que c'était de ma faute. c'est pour cela que j'ai enterré mon amour pour un garçon et me retrouver avec Taehyung était un sentiment tellement libérateur que j'ai réalisé que j'avais oublié ce que c'était d'être libre.

être libre. se sentir vivant, capable de tout, de dire les choses les plus absurdes pour en finir par les plus concrètes. et ça m'avait manqué. et tout ça je lui devais à lui, à cet homme qui est arrivé beaucoup trop rapidement dans ma vie.

j'ai vu mon père dans le salon ce soir-là et je l'ai vu qui regardait une photo de famille qui traînait dans un placard depuis son départ. il avait un regard plein de regrets, comme s'il avait compris que cette famille était à présent sans espoir. ma mère nous avait tourné le dos, s'enfermant dans un silence qui nous hantait tous désormais et mon père s'est enfermé dans le passé même s'il est le seul à toujours m'avoir traité comme son fils. il me regardait toujours avec considération, il me faisait à manger, essayait de me parler comme avant. il essayait de redonner un sens à cette famille qui n'en avait plus un.

et ça me rendait triste, alors je le serrais dans mes bras chaque soir, me répétant dans ma tête que ça n'avait plus de sens de continuer, que c'était comme si j'étais déjà mort.

« je t'aime Papa, je suis désolé. »

mais je ne voulais pas que ça entraine quelqu'un avec moi, Taehyung, j'ai jamais voulu ça.

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mi bof mi bien :)

math