Chapitre quatorze :

                                                                                      - Zayn Malik.-

Les jours défilaient et les choses ne semblaient pas évoluer pour autant. Harry et Zayn s'étaient quittés sur une fuite une première fois, et le même scénario s'était reproduit il y a trois jours. Il n'avait pas de nouvelles, mais c'était aussi un peu de sa faute car il ne sortait plus si souvent. A cause du temps qui commençait à se refroidir et parce qu'il n'en avait plus tellement l'envie non plus. Il allait à son atelier pour travailler, discutait avec les autres artistes et revenait chez lui. Une petite routine. Alors que, généralement, il aimait sortir. Que ce soit pour simplement boire un café avec ses amis ou prendre quelques photos du coucher de soleil, de la ville. Trouver l'inspiration. Il aimait particulièrement observer les bâtiments illuminés le soir, dans le début de la soirée, vers le dix-neuf heures quand le jour laissait place à la nuit. Tout ces points brillants. Ceux des habitations, ceux des voitures... Ou alors le matin très tôt, quand le ciel était un peu rosé et que le soleil commençait à pointer le bout de son nez, il pouvait voir ce beau spectacle aussi depuis la chambre de sa fenêtre. Mais le mieux était bien entendu quand il se rendait sur le Tower Bridge. Là, depuis quelques jours, il ne prenait même plus la peine d'aller admirer cela.

Et ce détail n'avait pas échappé aux yeux de Luke, qui, quand il rentra ce Mardi soir là. Il rangea d'abord ses affaires puis alla retrouver le métis dans sa chambre, il jouait à un de ces jeux-vidéos sur sa PlayStation. A côté de lui, sur le lit défait, était posé un carnet avec sa trousse de crayon. Le blond prit place à ses côtés en passant ses bras derrière sa tête. Zayn ne bougea pas d'un pouce, trop captivé par son jeu qui consistait à tuer des zombies en pleine guerre apocalyptique. Il était encore en pyjama, du moins vêtu d'un caleçon et d'un tee-shirt Marvel, quelques vêtements traînaient encore au sol. Ne voyant pas la moindre réaction de sa part, il mit sa partie sur pause en appuyant sur un bouton, sur sa manette, ce qui provoqua un grognement chez son meilleur ami. Au moins, il avait capté son attention, vu les yeux ronds qu'il lui jetait à présent.

« Allô, ici la terre ! »
« Qu'est-ce qu'il y a ? »
« Il y a qu'il est dix-sept heures, que tu es encore en pyjama et que tu n'as sûrement pas bougé de ton lit depuis ce matin. »
« Je suis passé au toilette et je suis allé me chercher un bol de céréales. »
« Tu veux une médaille ? Demanda Luke en haussant un sourcil. Sans déconner Zee, c'est quoi tout ça ? Et la galerie, alors ? »
« Je n'ai pas envie d'y aller aujourd'hui, c'est tout. »
« Mais, l'art c'est une échappatoire pour toi, justement ! Ça devrait t'aider. »

Le métis haussa les épaules et baissa le regard vers sa manette. Son ami sentait bien que quelques chose n'allait pas depuis quelques jours, que son humeur n'était plus aussi bonne, qu'il passait souvent ses journées ici, enfermé. A ne rien faire. Il dessinait, de temps en temps, surtout le soir. Aux heures où habituellement ils dormaient, parce qu'il se sentait moins prisonnier, plus libre de ses gestes. Mais la journée était ennuyante. Et ce, depuis ce fameux Dimanche où il avait renversé par m'égare sa tasse sur le torse du bouclé. Les choses s'étaient renversé, le monde bousculé. Plus encore depuis de baiser. Évidemment, il avait fait le premier pas, c'était lui le seul en faute dans cette histoire. Même s'il avait bien senti que Harry n'avait pas hésité à répondre à cet échange. Ce fut brusque, immédiat et divinement bon. Une poussée d'adrénaline qu'il n'avait pas su réfuter. A ce moment, il n'avait pas pensé aux conséquences qu'auraient ensuite ce geste. Il voulait aider le jeune bouclé, oui, mais il n'était plus certain qu'après cela, ce rôle dépendait encore de lui. Il ne savait pas s'il souhaiterait encore le voir, et il comprendrait parfaitement, bien que cette perspective lui brisait le coeur.

De fil en aiguille, suivant le temps et leurs échanges, il s'était attaché fortement au garçon. Quand bien même il était déjà en couple. Mais depuis qu'il avait découvert ce que Maël faisait dans son dos, les liens s'étaient d'autant plus resserrés. Ce baiser en avait été la preuve. Il ne savait pas encore s'il était amoureux, c'était encore trop tôt pour en être certain, mais il refusait de le laisser s'enfoncer plus encore. De le voir partir. De l'abandonner. Pourtant, avec l'erreur qu'il avait commise, il ne pouvait que se résigner à le laisser doucement s'effacer de sa vie. Comment pouvoir oublier la présence d'une personne, tout son être, quand il avait complètement bousculé votre quotidien ? Une question qui tournait en boucle dans sa tête depuis trois jours. Zayn ne regrettait pas son geste, il l'avait voulu, il l'avait senti, il l'avait apprécié. Depuis sa dernière relation, on l'avait bien sûr déjà embrassé, mais jamais ainsi. Pas avec autant de douceur et de couleur. Pas au point de sentir des frissons parcourir son échine, même quand il y pensait encore maintenant. Mais les choses n'étaient pas aussi simples, elles ne l'étaient jamais, parce qu'il y avait Maël. Parce que Harry était encore, peut-être, amoureux de lui et qu'il ne pouvait pas se permettre de bousiller la vie d'une personne aussi facilement.


« Tu sais, je suis ton meilleur ami Zayn, tu peux tout me dire... »
« Oui, je te remercie d'ailleurs, mais c'est très compliqué. »
« Vu la tête que tu tires depuis quelque temps, je devine que ce n'est pas simple. Cependant, j'ai tout mon temps et je pense que tu as besoin de parler aussi. »


Quelques secondes s'écoulèrent, alors que le métis jouait avec un bouton de sa manette, il lâcha finalement un soupir. C'était bien trop pesant de garder tout cela pour lui, il ne pouvait pas vivre avec ce poids sur ses épaules. Luke n'aurait peut-être pas de solution miracles, de conseils avisés, mais il avait besoin d'être écouté, de se confier, de sentir qu'il n'était pas seul.


« Tu te souviens de Harry ? »
« Le garçon déguisé en squelettes à la notre fête de Halloween ? »
« Oui, lui. Eh bien, tu sais... On s'est vu plusieurs fois depuis, on a déjeuné ensemble, on s'est parlé au café ou il travail et... Disons que, on s'est embrassés il y a trois jours. Enfin, je l'ai embrassé mais il a répondu aussi au baiser. »
« Attend mais... Le blond fronça les sourcils. Il n'est pas en couple ? »
« Justement, c'est ça le truc. Je suis allé à un bar le week-end dernier et là-bas, j'ai reconnu son copain, avec une fille. Ils se tripotaient, ils s'embrassaient. Apparemment, selon le barman, ce n'est pas la première fois qu'il venait ici, ni la première fille d'ailleurs. »
« Donc, si je comprend bien, tu es en train de me dire que le copain de Harry le trompe avec des filles ? »
« Oui, et depuis un moment. Après ça, je suis allé voir Michael, son meilleur ami, pour confirmer mon doute. Il n'a pas hésité une seule seconde, c'était bien lui. Je ne pouvais pas garder ça pour moi, je trouvais ça mieux d'aller lui dire, peu importe ce que cela coûtait, alors... Le lendemain, je suis allé voir Harry chez lui....»


Et ainsi, Zayn lui raconta tout. Leur discussion, les révélations du bouclé, sa volonté de lui venir en aide, son bleu sur sa joue, son teint pâle et les autres coups et blessures qu'il avaient vu sur son torse. Puis le baiser. Il parlait, il enlever un poids de ses épaules, ce qui l'apaisait. Et Luke l'écoutait attentivement, il lui posait parfois des questions pour mieux comprendre. Il remplissait son rôle de meilleur ami. Celui qui consistait à l'aider à aller mieux, à lui donner son avis, lui procurer du soutient en dehors des beaux moments qu'ils pouvaient passer ensemble. L'amitié consistait en cela, aider l'autre à se relever, lui fournir de la lumière dans les moments sombres et lui tendre la main.

« Et donc... Tu comptes faire quoi maintenant ? »
« Je ne vais pas l'embêter plus encore, je crois qu'il a besoin d'espace pour réfléchir. Alors, je ne sais pas. Je vais le laisser vivre sa vie un peu. »
« Alors qu'il y a deux secondes tu me disais que tu voulais lui venir en aide ? Et là tu veux le laisser vivre dans cet enfer ? »
« Qu'est-ce que je peux faire d'autre ? Le basané haussa les épaules et passa une main dans ses cheveux. »
« Écoute... Le blond se redressa un peu pour mieux le voir. D'après ce que tu viens de me dire, ce garçon a l'air de tenir à toi aussi. Il a répondu à ton baiser, il t'a avoué qu'il ne pouvait quitter son copain, ce n'est pas anodin Zayn. Effectivement, c'est une situation horrible, qu'il ne peut pas prendre à la légère, mais je pense que toi, tu peux faire quelque chose. Il a besoin d'aider, forcément, ça crève les yeux. Puis merde, je t'ai jamais vu aussi déterminé et investi dans quelqu'un. Peut-être que tu auras mal, peut-être que tu souffrira, mais tu peux pas savoir tant que tu n'as pas essayé. Alors, je te le dis en tant qu'amis depuis des années, bouge des tes jolies fesses et saisis ta chance ! »
« Je ne sais pas Luke... »
« Et s'il attendait juste que quelqu'un vienne le sauver ? Et s'il t'attendait ? Et s'il ressentait la même chose ?... »
« On ne refait pas le monde avec des si.... »
« On ne refait pas le monde en restant avachit dans son lit, non plus. Franchement, tu tiens à lui ? Tu veux qu'il soit heureux ? Tu veux qu'il s'échappe de ce cauchemar ? Alors lève toi, fais toi une beauté et va lui montrer à quel point tu veux lui venir en aide. Tu ne peux pas passer ta vie à fuir et à repousser les chances qui s'offrent à toi. Qui dit que ce n'est pas le bon ? »


Et Luke n'avait pas tord, il disait vrai. Il devait prendre les devants, lui montrer que ce serait lui qui viendrait le sauver. Peu importe le prix et les conséquences. Il ne laisserait plus Maël toucher un seul cheveux du bouclé. Il lui montrerait que le bonheur et l'espoir était encore possibles. Le temps était trop précieux, il ne savait pas encore ce qu'il ferait le moment venu, mais il devait faire au plus vite. Il embrassa la joue de son meilleur ami en le serrant contre lui, frottant son dos, le remerciant au passage. Puis il saisit son portable pour envoyer un message à Michael, lui seul pouvait le renseigner en ce moment.

A Michael : Hey, tu as des nouvelles de Harry... ?

Le temps que la réponse arrive, il se leva du lit et éteignit la télévision pour aller préparer des affaires. Il souhaitait prendre une douche bien chaude et se détendre avant d'aller affronter le problème. Même si en fait, il craignait plus de tomber sur Maël que sur le brun, parce qu'il ne pourrait pas se retenir de lever le poing. D'habitude, il n'était pas violent, il n'avait d'ailleurs encore jamais frappé personne, seulement insulté. Mais quand on le poussait à bout, il pouvait à son tour enfreindre les limites. Et là, le copain de Harry avait brisé toutes les barrières. Juste avant d'aller dans la salle de bain, il vérifia son portable et se précipita sur le message non lu.

De Michael : Oui un peu, enfin il est retourné pendant quelques jours chez ses parents là.

A Michael : Ses parents ?

De Michael : Ouais, ils habitent à deux heures de route d'ici.

Zayn fronça les sourcils et poussa un soupir. Cette annonce compliquait les choses. Si le bouclé était allé passer un séjour chez ses parents, c'était sûrement dans le but de s'échapper un peu de la réalité, du moins il émettait cette hypothèse. C'était une bonne chose, mais il ne pouvait s'empêcher de penser que c'était le moment opportun pour aller lui parler. S'introduire chez les gens n'était pas très poli, cependant il ne voyait pas d'autres solutions. Une fois de retour ici, il ne pourrait quasiment plus lui parler. Parce qu'il ferait tout pour l'éviter, il le sentait. Alors, il réfléchit quelques secondes avant de répondre.

A Michael : Tu as l'adresse ?
De Michael : Euh ouais, je t'envoie ça pourquoi ?
A Michael : Merci. Je dois discuter avec lui, je te raconte tout quand je serai de retour, promis.

Après cela, il mit son téléphone à charger le temps de prendre sa douche. L'eau chaude fit du bien à son corps crispé et tendu depuis ces quelques jours. Il ne dormait pas beaucoup et buvait beaucoup de café pour tenir, ce qui faisait qu'il était souvent sur les nerfs. Une fois qu'il eut terminé, il rejoignit le salon où Luke était en train de ranger quelques affaires qui traînaient, une odeur agréable de légumes flottait dans les airs.

« Tu veux des haricots ou des carottes avec tes pommes de terres ?»
« Rien. Je ne suis pas là ce soir, enfin pour le repas du moins. »
« Ah bon ? Tu vas où ? »
« Voir Harry. »
« A cette heure-ci ?! Et tu me laisses tout seul en plus ! »
« Invite Andrew ce soir, il sera content de venir. »


Zayn avait dit tout cela en enfilant une paire de chaussures et sa veste, il avait prit son porte-monnaie et son portable avec lui également. Les minutes défilaient et il avait déjà gaspillé assez de temps à rester enfermer chez lui. C'était à lui, à présent, de prendre le contrôle de sa vie. Il vint embrasser la joue de son meilleur ami, qui lui souhaita un bon courage en lui faisait promettre de le tenir au courant. Quand il fut au volant de sa voiture, il enclencha son gps puis y rentra ensuite l'adresse que Michael lui avait fourni. Selon les informations délivrées, d'ici dix-neuf heures, il serait au domicile des parents de Harry. Il était stressé et impatient à la fois. La même adrénaline naissait à nouveau dans ses veines et faisait battre son corps à des pulsions qu'il n'avait encore jamais connu. Comme s'il venait tout juste de courir le marathon. Un de radio en accompagnement, son véhicule s'élançait sur la route, avec détermination. Ce soir, les lumières brillaient pour lui.



                                                                                                         * * *


« Vous êtes arrivé à destination. »

Le cadran de l'horloge affichait dix-neuf heures trente, sa voiture était garée dans la rue depuis deux bonnes minutes, la musique était coupée, mais il n'osait pas sortir. Aucun geste. Il fixait la maison sur le côté droit, une fenêtre du haut et une du bas éclairée par de la lumière. Le quartier semblait tout à fait calme et chaleureux. Aucun bruit, aucun crissement de pneu, aucun aboiement. Le silence parfait. Ses doigts tapotaient nerveusement sur le volant, il était parti avec tellement de précipitation qu'il en avait oublié ses cigarette. Son dernier paquet qu'il lui restait était vide, encore gisant sur la banquette arrière. Maintenant qu'il se trouvait au bon endroit, à quelques mètres de Harry, il hésitait. Et s'il ne souhaitait plus le voir au final ? S'il était venu ici pour l'oublier ? Parce qu'il regrettait ce baiser et voulait continuer son histoire avec Maël ? C'était tout à fait insensé de vouloir rester avec une personne qui fait de votre vie un enfer, mais s'il l'aimait encore rien ne pouvait s'opposer à l'amour. Et justement, si on partait de ce principe, alors le métis pouvait très bien venir le rencontrer à nouveau. Comme Luke lui avait si intelligemment dit, il devait saisir sa chance avant qu'elle ne disparaisse de sa vue. Il devait prouver à Harry qu'il était là pour l'aider avant qu'il ne l'efface de sa vie.

Après avoir réfléchi pendant quelques secondes, il se dit que finalement l'improvisation restait la meilleure solution. Il ne pouvait se permettre de défiler ou de le laisser s'éloigner plus encore. Le métis sortit de sa voiture et garda son portable dans sa poche, il de dirigea vers la maison, vérifia l'adresse avant d'avancer vers le porche. Une grande inspiration et il appuya sur la sonnette. Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine, ses mains devenaient un peu moites. Il n'était pas tellement de nature timide, plus discret, mais cette situation était tout de même stressante. A peine une minute plus tard, la porte s'ouvrit sur une belle femme d'un peu plus d'une trentaine d'année, un beau sourire sur les lèvres et de grand yeux sombres, noirs comme ses cheveux.

« Oui bonsoir, que puis-je faire pour vous jeune homme ? »
« Bonsoir, je... Je cherche Harry. Harry Styles. »
« Et, vous êtes ? Demanda-t-elle en fronçant les sourcils légèrement, en restant toutefois douce. »
« Je suis... un ami à lui. Je suis désolé de vous déranger si tard, mais je dois lui parler de quelque chose d'important. »
« Oh, eh bien dans ce cas, entre je t'en prie ! »

La femme se décala et le basané hésita quelques instants, surpris qu'elle l'invite à entrer, mais il franchit finalement le seuil. La chaleur de la maison réchauffa tout son corps. Il observa autour de lui, le couloir donnait sur un escalier qui menait à l'étage et deux pièces sur le côté d'où semblait provenir le son d'une télévision. La décoration était épurée, ça sentait bon la cuisine et le propre. Il comprenait tout à fait, maintenant, pourquoi le bouclé était revenu ici pour un petit séjour. Sa mère donner l'impression d'être une femme tout à fait charmante et gentille, comme son fils, et il comprenait d'où il tirait ces nombreuses qualités. Elle avait le même sourire que lui, les mêmes fossettes, en un peu moins prononcées toutefois.

« Harry ? Il y a quelqu'un pour toi dans l'entrée. »

Elle se mit à presque crier en bas de l'escalier, elle précisa au métis que le garçon arriverait d'ici quelques secondes et s'éclipsa dans le salon en lui souriant. En attendant, il ouvrit sa veste et fit voguer son regard un peu partout autour de lui. Ses yeux tombèrent sur un cadre qui se trouvait sur un mur à sa gauche, elle représentait trois personnes, une qu'il reconnu comme la femme de la famille, un homme qui devait être le père, et un garçon entre leurs bras qui ne devait pas être âgé de plus de trois ans. Sûrement le bouclé, en partant du principe qu'il n'avait pas un frère. Pourtant, il en était convaincu, ce visage angélique et enfantin lui était familier. Il se retourna quand il entendit des pas dans l'escalier et rapidement il aperçut la silhouette du brun, il fronça les sourcils en s'avançant vers lui.

« Zayn ? Qu'est-ce que tu fais la ? »
« Salut. Répondit-il légèrement timide en enfonçant ses mains dans ses poches. Je dois te parler, en fait. »
« Tu as fait toute la route depuis chez toi là ? »
« Oui. Je suis désolé si je viens assez tard, mais je ne savais pas que tu étais ici. Ça ne pouvais pas tellement attendre. »
« Je suis partis sur un coup de tête... »
« Et je suis venu sur un coup de tête aussi. »
« Tu as fait cette route juste pour moi ? »
« Oui. Mais, si j'avais su avant je serai venu plus tôt. »

Un petit silence s'installa. Le bouclé observait Zayn alors que lui baissait le regard vers le sol, un peu gêné de s'imiter comme ça dans sa vie alors qu'il devait sûrement chercher la paix, et non pas encore plus d'ennuis. Il se sentait comme un intrus, même si la femme de la famille l'avait accueillit avec un grand sourire et un grand respect. Finalement, au bout du compte, il trouvait cela un peu bête et stupide de venir d'un coup, sans prévenir. Mais il n'avait pas tellement pu le mettre au courant non plus. C'était une visite à l'improviste. Pourtant, contre toute attente, il sentit un corps fondre et se coller au sien. Un douce chaleur. Il sursauta légèrement et sentit les bras du bouclé passer autour de sa taille. Il avait pu sentir son coeur s'arrêter. C'était inattendu. Un coup de tête aussi. Et si agréablement. Le métis resserra l'étreinte , il sentait qu'il en avait besoin, qu'il avait besoin qu'on le protège des cruauté du monde. Un être fragile. Des ailes brisées. Mais il allait l'aider à reprendre son envol, à toucher les nuages. A frôler les étoiles. Ce n'était pas bien compliqué au fond, il fallait juste un peu d'entraînement, de pratique.

Finalement, le bouclé se recula au bout de quelques secondes. Son odeur de cerise et de menthe resta encore un peu ancré dans les narines de Zayn, qui le regardait sans vraiment comprendre son geste. Il l'avait serré avec tellement de force, comme s'il avait essayé de lui communiquer quelque chose. Il n'eut pas attendre bien longtemps pour avoir la réponse, puisque Harry glissa sa main vers la sienne et, sans toutefois lier leurs doigts, la serra doucement. Puis, ses lèvres prononcèrent dans un murmure à peine audible un « merci » qui, pourtant, signifiait bien plus que tous les mots du monde. Il le remerciait. D'être là. De s'être déplacé pour lui. D'avoir compromis sa soirée pour le voir. Il le remerciait de l'avoir remarqué. Leurs regards se croisèrent à nouveau et celui, vert, du plus jeune transmettait une grande sincérité.

« De quoi tu veux me parler alors... ? »

« J'ai beaucoup de choses à dire, en fait. »

« Suis moi. »

Harry lâcha sa main et se tourna pour monter les escaliers, le garçon le suivit sans protester. Ils seraient mieux à l'écart plutôt qu'en plein milieu de l'entrée, là on pouvait les entendre. Ils arrivèrent dans l'ancienne chambre du bouclé, le lit était défait et son sac était posé sur un tabouret à côté du bureau. Son appareil était sorti, il avait sûrement dû prendre quelques clichés le temps de son séjour ici. La pièce était embaumée d'un parfum de fleurs, ce qui était sûrement dû à la petit bougie qui brûlait sur la table de chevet. Seule la lampe de l'autre côté servait d'éclairage, donnant une ambiance chaleureuse à l'endroit. Harry prit place sur le lit, Zayn resta debout près de la porte fermée derrière eux. Il retira sa veste et la posa sur la chaise. Le silence avait remplacé le bruit de la télévision, on pouvait clairement entendre leur respiration. Et peut-être aussi les battements de leurs coeurs. La tension de leur dernière entre-vue se flottait encore dans l'air, ce courant électrique et indéniable. Qui les appelait à se rencontrer à nouveau, qui invitait leurs lèvres à se redécouvrir. Encore. C'était presque une nécessité. Un fruit défendu. Tellement que les mains du basané se mettaient à trembler un peu, il serra les poings et s'approcha légèrement du lit.

« Je suis désolé tu sais Harry. Pour le... Le baiser je veux dire. Tu as déjà assez de problèmes comme ça dans ta vie alors je n'avais pas à en rajouter en jouant l'égoïste. »
« Zayn... Commença le bouclé en secouant la tête. »
« Tu as le droit de me détester, de me reprocher ça, mais je ne veux pas perdre mon amitié avec toi. Tu comprends ? Je tiens à toi, à ce qu'on apprenne encore se connaître. Je t'apprécie, tu es quelqu'un de bien et... Je peux réparer mes erreurs. Si tu veux m'en laisser la chance ? »
« Ces derniers jours, j'ai eu le temps de réfléchir calmement à la situation, j'ai appris des choses. »
Harry baissa les yeux vers le sol, son regard se dirigeant vers les chaussettes noires qu'il portaient habituellement. Le métis passa une main dans ses cheveux et posa son dos contre le mur derrière lui en poussant un soupir. Les mots étaient sortis bien plus vite qu'il ne l'avait prévu, sûrement dû à l'anxiété. Le stress. Il se contenait trop depuis quelques jours. Il n'avait plus tellement touché à un pinceau ou un crayon de bois et il avait besoin de s'exprimer. De tout projeter contre une toile. Un papier blanc immense où il ferait tout ressortir. Parce qu'il gardait toutes ces émotions dans son être, qu'elles le rongeait petit à petit et qu'il ne savait pas les faire taire.

« Tu sais, je n'ai eu aucun message ou appel de mon copain. Je lui avais laissé un mot Dimanche soir en partant et depuis je n'ai eu aucun signe. Normalement, n'importe qui aurait appelé pour prendre des nouvelles, mais lui n'est même pas capable de ça. Et toi... Toi qui me connais depuis seulement un peu plus d'un mois, tu débarques chez moi pour venir me voir. Ce n'est pas un reproche, loin de là. Je suis même impressionné et touché. Simplement, je m'en veux de ne pas avoir vu ces mensonges avant, de ne pas être assez fort pour tout plaquer et prendre les devants. »

« Pourquoi tu ne viens pas vivre ici ? Tes parents comprendraient, non ? »

« Ce n'est pas ça le problème. La maison est trop loin du café, de la ville et... Je ne pourrai plus me permettre de faire l'aller retour chaque jour pour aller travailler là-bas, puis j'ai tout mes amis. »
« Mais tu ne peux pas rester toute ta vie comme ça, Harry. Ce n'est pas humainement possible. Tu as bien trop subit pour toute une existence. »

Le bouclé hocha la tête et souffla un simple « je sais » avant de serrer une de ses mains, posé sur son genoux, autour de son jean. En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, un premier reniflement se fit entendre, qui brisa le silence et la glace. Puis s'en suivit un deuxième, un troisième et il fondit en larmes. Les gouttes salées coulaient le long de ses joues, sa tête baissée, et Zayn s'approcha sans attendre. Il s'agenouilla devant lui et posa une main sur son menton pour le relever lentement. Ses doigts libres allèrent saisir doucement sa main, en caressant le dos avec son pouce. Il l'apaisait. Du moins, il essayait, car il ne cessait pas de pleurer. Ses yeux étaient clos, sa lèvre inférieure tremblait. Il ne faisait pas de bruit, simplement quelques reniflements, et c'était sûrement ce qui faisait le plus mal. Qu'il n'était plus capable de crier, de relâcher sa peine. Qu'il était beaucoup trop brisé pour savoir le faire. Toute la douleur, la souffrance se lisait sur son visage fatigué, ravagé par tout ce qu'il devait subir. Entre deux sanglots, il murmurait qu'il était désolé. Sa respiration était saccadé, lourde.

« Chut, ce n'est rien. Laisse toi aller. Tu en as besoin. »

Et cela dura encore quelques minutes. Zayn ne le lâchait pas du regard, il tentait de l'apaiser. Avec des gestes et des mots. En passant parfois une main dans ses boucles emmêlées qui se collaient à sa joue humide. Le bouclé le remerciait en serrant sa prise autour sa main, la sienne tremblait assez fort. Tout comme son souffle. Il était vulnérable, faible. Mais le basané était là pour lui, pour le soutenir et le relever. Il l'avait promis et il tenait toujours ses promesses. Cette scène l'atteignait aussi, droit dans le coeur. Il était accablé. En colère qu'on puisse vouloir faire du mal et blesser une personne aussi merveilleuse. On devrait plutôt la chérir et la protéger des parasites du monde. Ne vouloir que son bonheur, au lieu de le piétiner le réduire à une position de prisonnier. Il comprenait la position de Harry, il comprenait qu'il ne pouvait pas se permettre de tout lâcher d'un coup, de tout abandonner, ses amis, son travail et son toit pour retourner chez ses parents. Mais d'un autre côté, il ne pouvait pas non plus continuer de vivre dans un tel enfer. Il ne pouvait pas se faire tirer vers le fond, loin de la lumière pendant encore des années.

Ce n'était pas humainement possible. Qu'il accepte que son copain le brise physiquement et mentalement. Maël allait finir par l'anéantir, totalement. Lui même le savait. Mais la situation l'empêchait d'avancer. Et Zayn refusait de le voir souffrir encore. Il était prêt à surveiller ses moindres faits et gestes, à tout faire pour le maintenir en sécurité. Parce qu'il n'était définitivement pas dans un environnement saint. Les choses ne feraient qu'empirer, se dégrader. Comme son état, comme sa santé. Parce que le bouclé avait compris, seulement trop tard. Parce qu'il ne ressentait plus aucun sentiment. A part du dégoût et de la tristesse. Sa poitrine était un trou béant et son corps un tas d'os brisés. Mais le basané ne laisserait plus les choses se passer ainsi. Si le brun ne pouvait plus prendre soin lui, alors il le ferait à sa place.

« Je suis là, Harry. Je suis là pour t'aider. Tout va s'arranger, je te le promets. »

Le plus jeune lâcha ses mains, Zayn s'attendait à être repoussé, mais il se passa tout le contraire. Toujours les paupières closes et des gouttes roulant sur ses joues rosées, il étendit les bras et les passa autour de sa taille. Le basané se redressa et s'assit juste à côté de lui pour qu'il mieux se blottir contre lui. Il n'attendit pas une seconde de plus pour le faire, sa tête se nicha directement au creux de son cou. Ses larmes mouillèrent un peu sa peau nu, mais il n'en tint même pas rigueur. Tout ce qui lui importait, c'était cette étreinte. Il caressait son dos doucement pour calmer sa respiration et la sensation de son coeur qui battait bien trop rapidement contre sa cage thoracique. Les mains du bouclé s'accrochaient fortement à son pull, comme pour ne pas qu'il le lâche. Pour ne pas qu'il le laisse partir. Pour ne pas tomber encore plus bas. Un geste qui voulait dire : Ne me lâche pas. Il le sentait trembler comme une feuille qui serait secouée par des rafales de vents. Un souffle dévastateur. Celui de la vie qui lui avait insufflé tellement de malheur qu'il ne croyait plus que l'espoir ou le bonheur étaient encore possibles. Pourtant, le basané était là pour lui prouver le contraire.
Zayn avait fait deux heures de route pour le voir, pour lui montrer qu'il n'était pas tout seul dans cette bataille, qu'il y aurait sûrement des obstacles mais qu'ils allaient la gagner. Ensemble. Tout n'était pas encore perdu. Il y avait du noir, beaucoup de noir, mais la lumière pointait au bout du tunnel. Elle était scintillante, chaude et rassurante. Celle de la liberté. Et de l'amour. Zayn l'avait vu, il l'avait remarqué, il avait lu en lui. En tout ces signes qu'il ne cessait d'envoyer. Maël serait le seul perdant dans l'histoire. Et, pour la première fois en plusieurs minutes, Harry prononça ses premiers mots. La voix tremblante.

« Ne me laisse pas Zayn.... J'ai besoin qu'on m'aide. Ne m'abandonne pas, je... Je t'en prie. »

Son appel à l'aide avait été entendu.

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