Chapitre un
AZALÉE
On va tous mourir un jour. Certains rêvent de vivre une longue vie aux côtés de la personne qui réussira à combler le vide en eux, d'autres ne comprennent pas pourquoi et veulent vivre seul.
Quant à une petite partie de la population, elle veut juste mourir pour moins souffrir dans ce monde d'abrutis. Je suis plutôt dans cette partie. Sinon je vais bien. Mais de toute façon, tout le monde s'en moque, n'est-ce pas ?
Personnellement, je connais déjà la façon dont je vais mourir. Le suicide. La seule option qui à ce jour ne me rendra ni heureuse, ni malheureuse. Étant donné que je ne pourrai plus rien ressentir mes problèmes n'existeront plus.
J'en ai juste marre de cette terre de débiles. Pleurer pour un mot prononcé ou rabaisser les autres pour se faire accepter. Voici le monde d'aujourd'hui. Désolée de dire la vérité.
***
J'ai dessiné dans mon cahier de français des petits dessins tels que des roses ou des nuages pleins de brouillard. Ils étaient tous gris foncés à cause de mon crayon à papier. Je n'en avais rien à faire du français. Dessiner sur ce cahier ne me faisait pas de peine. Au contraire, il rendait un cours de français supportable.
Le professeur m'a regardée et s'est mis à sourire. On voyait même ses dents jaunâtres. Il s'est approché de moi, son cahier à la main et les yeux rivés sur mes dessins.
J'ai immédiatement arrêté et j'ai lâché mon stylo. Puis, j'ai pris un air inoffensif en fixant le professeur. Celui-ci à ris en me regardant de haut.
- Et bien, Azalée Haswell, tu devrais t'inscrire au cours de dessin. A-t-il dit suffisamment fort pour que la classe entende. Tu es beaucoup plus forte qu'en français. Après, si tu te retrouves plus tard éboueuse, ne viens pas pleurer.
Toute la classe s'est mise à rire, à applaudir ou à faire des petites réflexions sans importance. Certains se sont levés pour voir mon cahier rempli de dessins.
D'autres qui n'écoutaient même pas le cours se sont mis également à rire, histoire de ressembler à la foule d'adolescents immatures. On aurait dit qu'on était au zoo.
Il m'avait bien énervée. Et, c'est le genre de choses à ne jamais faire à Azalée Haswell. La plupart du temps, je fais peur aux élèves alors que je me tais souvent. Mais quand quelqu'un m'exaspère j'ai deux choix qui s'offrent à moi : Le détruire ou me taire.
La deuxième option m'arrive qu'avec Alyssia et Adelyne, les seules filles avec qui je reste dans la cour du lycée. Au lieu de me retrouver seule, elles viennent me parler et me tiennent compagnie quand je suis sur mon téléphone.
Je ne m'entends pas super bien avec elles. Je veux dire qu'elles me parlent mais je m'en moque de leur vie.
J'ai choisis la première, bien sûr, mais le détruire équivaudrait à me détruire moi-même. Je m'explique. Je suis dans un lycée -certes d'abrutis- mais si je m'en prends aux adultes, je devrais changer de lycée -ce qui ne me dérangerait pas tant que ça- mais je ne veux pas avoir une réputation. Et encore moins une réputation d'une personne virée du lycée. Ça me ferait passer pour une gamine -que je ne suis pas- et je le refuse !
J'ai alors opté pour lui faire une petite réflexion. Rien de bien méchant. Histoire que mon besoin impardonnable de me venger sur les gens se calme.
- Monsieur, votre métier consiste à faire chier les élèves ? Si c'est le cas, bravo. Vous avez un grand talent ! Ai-je répondu sans réfléchir.
J'ai baissé la tête et j'ai continué mon dessin qui commençait à ressembler à quelque chose. Les pétales de roses étaient cette fois-ci, bien fait. Quant au dessin en lui-même, il me restait que les ombres à faire. Je n'écoutais même pas l'homme à lunettes, j'étais bien inspirée.
J'aime dessiner ce qui me vient à l'esprit. Certains pensent que les dessins sont ce que nous pensons au fin fond de notre cœur et qui nous fait soit énormément de mal, soit énormément de bien.
Alors, je dois être différente. Je dessine la première chose qui me passe par la tête.
J'ai levé la tête. C'était une grande erreur de ma part. Le professeur était rouge. Il était très énervé. Les élèves riaient et s'agitait. D'autres me fixaient calmement comme s'ils attendaient ma mort.
L'homme est retourné à son bureau en marmonnant des choses que moi-même je ne comprenais pas. Il a ouvert le tiroir de son bureau de bois. Il a pris une feuille, fou de rage, il a rapidement écrit quelque chose. Il s'est rapproché de moi et m'a tendu ce papier d'un air fier et le sourire aux lèves : Le même sourire de satisfaction que lors de sa première réflexion.
Je l'ai fixé. J'étais exclue.
- Exclusion de cours. Quel manque de respect envers un adulte ! S'est-il écrié en faisant un rapide geste du bras, puis il est retourné à son bureau.
Alors, j'ai appris des choses durant ma petite vie de seize années, dont une chose importante : les adultes se croient supérieurs à nous. Nous ne sommes que de pauvres adolescents boutonneux.
Entre autre, les adultes ont le droit de mal me parler. Si j'ose leur répondre c'est un manque de respect horrible et cruel envers toute l'humanité et je mérite la mort.
Malheureusement, je ne dis que la vérité. On dit souvent que la vérité blesse. Alors que ceux qui disent ça n'osent pas dire la réalité des choses : l'injustice de l'enfant. Personne n'en parle, d'autres n'y croient pas.
En revanche, j'y crois dur comme fer. Ce n'est pas parce que on a moins de 18 ans que l'on ne doit pas être respecté.
Je suis sortie de la salle, le papier à la main et mon sac sur mon dos. Je n'ai même pas jeté un regard à la classe que j'entendais encore rire. J'ai claqué la porte et c'est comme si toute la classe s'était calmée d'un coup.
***
Jusqu'à la fin de l'heure, je me suis ennuyée. Je n'avais ni le droit de dessiner, ni le droit de parler, à me demander si j'avais le droit de vivre tandis que les surveillants me regardaient comme si j'étais une voleuse, une hors la loi ou encore une tueuse.
J'ai rejoint mes amis dans la cours de mon lycée, assise près de mes amis à fixer mon téléphone. Je n'écoutais pas du tout leur conversation comme à mon habitude.
Je ne sais même pas pourquoi je reste aussi souvent avec elles. Elle ne me servent que de marionnettes. Car si je suis accompagnée personne ne vient m'embêter. Personne, sauf les personnes avec qui je suis accompagnée.
De temps en temps, il m'arrive de me lancer dans leur discussion. Mais je finis par abandonner la plupart du temps et je retourne dans mes réponses telles que "oui", "non", "je ne sais pas". Puis je fixe mon téléphone. La routine est en marche.
Je pourrais vous dire quelque chose du style : un événement à tout déclenché"dans ma vie de jeune lycéenne" mais ce n'est pas la réalité.
J'étais bel et bien assise sur un banc de la cour du lycée, mon sac noir à mon dos à jouer sur mon téléphone, ni super héro, ni princesse n'est apparu devant moi.
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