Diane

Je me réveille avec une migraine. J'ai très mal dormi cette nuit. Je n'ai pas arrêté de me tourner et me retourner dans mon lit, mon esprit toujours hanté par ces deux yeux rouges sang qui sont apparus dans ma tête hier soir. Dès que mes yeux se fermaient ces deux points pourpres et terrifiants me revenaient. C'est lorsque mon corps ne pu plus se tenir éveillé que je me suis finalement endormie.

Ma chambre est plutôt sombre, peu de lumière passe aux travers de mes rideaux. J'imagine qu'il doit encore être très tôt. Je jette un coup d'œil à mon réveil sur la table de chevet et découvre avec surprise qu'il est plus de midi. Étrange, il faut aussi sombre qu'à cinq heures du matin.

Je me lève sans empressement, je me sens toujours fébrile. Je m'approche de ma fenêtre et l'ouvre après avoir écarté les rideaux. Le ciel est couvert, on dirait qu'un orage va éclater d'un instant à l'autre. Voilà une mauvaise journée qui s'annonce.

Je vais dans ma salle de bain et prends une douche. Le jet d'eau chaude me réconforte et soulage mon corps endolori. Je ferme les yeux et repousse mes longs cheveux noirs en arrière laissant l'eau les coller à mon dos.

Je repense à la soirée d'hier soir. Quelle catastrophe ! D'abord mon père qui revient à moitié mort et ensuite ma crise dans la chambre.
Hier soir, avant que je ne me couche, maman a redonné à mon tapis sa forme originelle grâce à sa magie afin de faire disparaitre ces mots qui m'ont donné froid dans le dos "sauvez moi". Si le souvenir des yeux rouges n'était pas aussi vivace dans mon esprit j'aurais pu penser que tout cela n'était qu'un mauvais rêve.

Maman et papa avaient vraiment l'air inquiets. Et si pour une fois mon pouvoir avait senti quelque chose de dangereux que les autres n'avaient pas encore détecté ? Avec la bande de vampires qui s'est introduite à Benevento, papa qui se fait attirer dans un piège sur une mission donnée directement par le CJN et moi qui me mets à faire des appels à l'aide, j'ai bien peur qu'un gros complot ne nous tombe dessus.

Sur ces pensées noirs je sors de la douche et me sèche. Une fois habillée avec ce que j'avais sous la main, je descends.
Je m'approche de la cuisine et entends mes parents discuter. Je ne capte pas grand chose de ce qu'ils se disent, je réussi simplement à entendre "Venator", "protection" et "Henri".

Lorsque j'entre dans la cuisine, je découvre mes parents assis autour de la table. Mon père tient la main de ma mère et semble la reconforter. Lorsqu'ils me remarquent, ils se taisent et se relèvent brusquement avant de m'observer. Je me fige lorsque je vois des larmes dans les yeux océan de ma mère. Je suis choquée, maman ne pleure presque jamais. La boule d'angoisse qui avait pris place dans mon ventre hier soir grossit en voyant l'expression de mes parents.

Après quelques secondes de silence, ma mère s'approche de moi et me serre fort dans ses bras.

- Comment as-tu dormi ma chérie ? Demande-t-elle.

Elle se met ensuite à m'embrasser le front, les joues, le bout du nez et me serre encore plus fort dans ses bras allant presque jusqu'à m'étouffer.

- Euh... Pas très bien, reponds-je un peu déconcertée par cet excès d'amour soudain.

- J'en suis désolé ma cherie, reprend maman tandis que mon père s'approche à son tour et nous entoure toutes les deux dans ses bras.

Lui aussi nous serre très fort et m'embrasse au sommet du crâne. Ok, la il y a clairement quelque chose qui cloche.
Je les repousse gentiment et les regarde avec inquiétude.

- Il s'est passé un truc ?

Ma voix est peu assurée et mon cœur se met à battre plus vite en attendant leur réponse.

Mes parents se regardent un instant et j'ai la certitude que quelque chose d'autre s'est passé.

- Diane, ma chérie, commence maman, j'ai fait un rêve cette nuit qui m'a confirmé que tu étais bel et bien en danger. Quelqu'un en a après toi et te veut du mal.

- Qui ? Pourquoi ? Demandé-je la gorge serrée par la surprise et la peur.

- C'est une traîtresse, répond simplement ma mère.

Cette réponse n'est pas suffisante, comment ça une traitresse ? Quelle traîtresse ? À quelle race appartient-elle ? Pourquoi me voudrait-elle du mal ?
Mes interrogations doivent se lire sur mon visage puisque maman tente de m'expliquer.

- C'est une ancienne Chasseuse qui a pactisé avec les vampires. Elle a été chassée de la communauté sous notre témoignage et nous pensons ton père et moi qu'elle veut se venger en s'en prenant à toi.

Je reste abasourdi devant cette déclaration. Jamais mes parents n'ont mentionné cette traîtresse. Je suis tellement choquée que je ne sais pas quoi répondre.

Trop. C'est trop pour moi. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour mériter tout ça ?

Je sens une main chaude me caresser la joue avec douceur. Je relève les yeux vers mon père qui à l'air désolé.

- Diane, reprend la sorcière, nous pensons qu'après la venue des vampires sur le territoire des loups et les manifestations inquiétantes de notre magie tu n'es plus en sécurité à Benevento.

Je la regarde avec égarement.
Qu'est-ce que ça veut dire je ne suis plus en sécurité à Benevento? C'est l'endroit le plus sûr d'Aliumnos pour une sorcière comme moi. C'est ma ville, c'est ma maison, mon foyer.

Je ne comprends pas où veut en venir ma mère. Toute cette histoire de vengeance n'est qu'un cauchemar et je vais finir par me réveiller, c'est sûr.

Dehors le ciel semble s'assombrir davantage. Le soleil de midi semble incapable de percer les nuages noirs.

J'allais ouvrir la bouche pour leur dire que tout ça c'est n'importe quoi, mais je suis devancée par mon père. Il prend la parole pour la première fois aujourd'hui au même moment que le tonnerre tonne faisant trembler la terre.

- Diane, nous t'envoyons à Venator.