Chapitre 41
Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Gareth
- Agapi Mou, tu peux m'aider avec ma cravate, s'il te plait ? Je demande à Eden pendant qu'elle finit d'accrocher une pince dans ses cheveux.
La pince dorée rend sa coiffure encore plus belle que celle qui la porte ne l'est déjà. Je ne peux pas m'empêcher de sourire en la voyant.
- Arrête de me fixer gros débile, tu me fais peur, elle me dit en s'approchant. Montre-moi ça.
Je lui tends les deux bouts de ma cravate qu'elle se met à tourner dans tous les sens. En moins de 2 secondes, le nœud est parfaitement fait ce qui me laisse sans voix.
- Trop forte, je dis en lui volant un baiser.
- Je sais, maintenant détend-toi, tu es pire qu'un arc. Ton frère ne sera pas là, c'est déjà une victoire.
J'acquiesce et me mets à genoux pour nouer mes chaussures. L'idée de me rendre chez mon frère m'angoisse beaucoup depuis que j'ai reçu cet appel peu avant la fête d'Eden. Elle a dû le sentir car après la soirée, j'ai eu du mal à trouver le sommeil. Elle a tout fait pour m'aider mais rien n'y a fait. Ce mauvais pressentiment me colle à la peau.
- Tu es prête ? Je lui demande.
Elle hoche la tête en se vêtant de son pull rose. Ce soir, elle est magnifique. Le jean à paillettes qu'elle a choisi lui fait un fessier d'enfer, quant à son pull très simple, il en reste très classe. Elle lève les yeux au ciel en voyant que je la reluque sans me cacher. En même temps, ma copine est canon.
- On va être en retard si tu me regardes comme ça, elle ajoute en mettant une paire de talons dans un sac. Déjà qu'on y va en moto, j'aimerais que tu sois en état de conduire.
- Pourquoi je ne le serais pas ? Je lui demande en m'approchant d'elle.
- Bas les pattes Gareth ! Tu sais exactement de quoi je parle ! Ce n'est pas le moment.
Je ris doucement et me contente de prendre le sac qu'elle tient pour y rajouter ma veste de costard. Elle a absolument tenu à ce que nous soyons bien habillés, alors quand j'ai sorti une chemise noire habituelle, j'ai cru qu'elle allait m'étouffer avec. La vicieuse avait prévu le coup en demandant à Greyson de me prêter une chemise blanche pour changer. Je ne m'en plains pas mais je n'ai pas l'habitude. Si ça lui fait plaisir, je suis prêt à tout accepter ou presque.
- Tu n'auras pas froid ? Je lui demande quand je saisis ma veste de motard.
- Euh, peut-être maintenant que tu me le dis. C'est vrai que ça se rafraîchit bien en ce moment.
J'acquiesce et part dans la chambre cherché un sac que j'ai caché en arrivant hier.
- Je voulais te l'offrir avant mais... on a été occupé en rentrant après la soirée, je lui dis en revenant dans le salon.
Elle me regarde en fronçant les sourcils mais saisit quand même le sac que je lui tends. Quand elle l'ouvre et qu'elle comprend son contenu, ses yeux s'illuminent.
Depuis qu'elle n'a plus de contact avec sa mère, elle revit réellement. Je ne l'ai jamais vu autant elle-même que le mois qui vient de s'écouler. Elle rit, elle sort, et elle laisse tout le monde entrer pleinement dans sa vie. Moi avec. Et j'adore ça.
- C'est trop bien, merci Agapi Mou !
Elle sort la veste noire de route que je lui ai acheté, avec des bordures multicolores pour rappeler un peu son univers. Elle la met directement et, à mon grand soulagement, elle lui va à merveille.
- Comme ça, une vraie motarde avec moi !
Elle me sourit et vient me sauter dans les bras. Je l'attrape au vol et ne la lâche pas. Au lieu de ça, je la porte jusqu'en bas de son immeuble après avoir fermé son appartement pour rejoindre ma moto. Je finis par lâcher la monkey-girl qui ne m'attend pas pour aller sur la moto.
- Prochaine étape, un nouveau casque, je lui dis. Je compte t'en prendre un bientôt mais celui que je veux va être livré dans la semaine. En attendant met le mien.
Elle le prend comme à son habitude et le met sur sa petite tête. Je m'installe avec elle sur mon bolide, vérifiant qu'elle a mis sa visière. Comme ce n'est pas le cas, je la lui descends et elle prend un air boudeur.
- Pas de connerie cette fois, le trajet est un peu plus long, Agapi Mou. Donc soit sage et met ta visière.
Pour seule réponse elle ajuste sa visière et place ses bras autour de moi. Quand tout est ok, nous nous élançons sur la route, prêt à affronter ma famille désastreuse.
***
Après 40 minutes de route, je sens mon corps tendu de partout. Les courbatures commencent à se ressentir et la fatigue aussi. Je ne pensais pas qu'il y aurait si peu de monde à cette heure mais je me suis trompé. La route est vide, laissant place à des voitures plus dangereuses les unes que les autres qui n'hésitent pas à se hurler dessus au moindre accroc. Moi qui pensais arriver plus vite, ma vigilance doit être doublée à cause des voitures qui se croient les rois du monde, ce qui est épuisant.
Ce qui me rassure, c'est que dans un petit quart d'heure nous serons à destination, au chaud avec mon neveu et ma belle sœur.
Sentir les mains d'Eden autour de mon corps permet à mon cœur de battre un peu moins vite parce que l'appréhension est bien là. Elle connait ma famille maintenant, il n'y a plus de surprise. Mais ce qui me dérange, c'est ce que j'ai fais à Thomas avant de partir du restaurant. Il a forcément été ramassé par sa femme, et Roméo l'a forcément vu dans un piteux état. J'espère que son amour pour moi n'a pas changé à cause de cet événement parce que je ne suis pas sûr d'y survivre.
La route semblant vide, je me risque de regarder quelques instants Eden par le rétroviseur. Quand elle tourne son casque vers moi, je lui souris. Je pense qu'elle me rend mon sourire à travers la vitre opaque.
Mais je n'ai pas le temps de voir ce qu'elle essaye de me faire comprendre quand son bras quitte mon corps pour pointer la route devant moi. Quand je relève les yeux pour quitter son reflet dans le rétroviseur, une voiture sortie de nulle part se déporte légèrement en face de nous. En une seconde, lui comme moi n'avons pas le temps de réagir. Je ne peux pas l'esquiver.
Tout se passe très vite, ma moto percute de plein fouet la voiture qui a tenté un dernier coup de volant, en vain. Le choc est si violent qu'en une seconde, le noir m'envahit.
***
Tout est noir. Je tente d'ouvrir les yeux mais rien ne se passe. Ma tête et ma poitrine me font un mal de chien mais je dois ouvrir les yeux. Je dois voir où est Eden.
Il faut que tu dormes Gareth.
J'essaye de reprendre mon souffle malgré mes poumons qui me brûlent et parviens à ouvrir un œil. Tout est flou autour de moi. Je sens le sol dur contre mon corps, entouré d'un liquide poisseux qui semble être mon sang. Le rouge ne ment pas. Et il y en a beaucoup trop.
J'essaye de relever la tête mais n'y parviens pas, elle est trop lourde.
J'ai envie de dormir.
Mes yeux tentent une mise au point et me permettent reconnaître une voiture dans un fossé près de moi. Est-ce la voiture que nous avons percutée ?
Je tente de lever un bras pour vérifier mon crâne qui me fait mal mais rien ne se passe, aucun membre ne réagit.
Dans le coin de mes yeux, j'arrive à apercevoir quelque chose de rose qui ne peut être qu'une basket d'Eden. Il faut que je la voie. Elle ne doit pas être très loin.
Je suis si fatigué...
Je veux tellement la rejoindre mais mon corps n'est qu'une masse inerte et douloureuse.
Ça ne sert à rien Gareth, ils vont venir la sauver. Endors-toi maintenant, ça soulagera la douleur.
Alors j'inspire une dernière fois, et ferme les yeux pour accueillir les ténèbres sur mon coussin de bitume.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top