Le repas de midi se déroule dans une étrange gêne entre Jisung et Chan. Alors qu'ils sont installés à la table, une sorte de malaise flotte dans l'air. Chacun semble hésiter, ne sachant pas vraiment comment briser le silence. Jisung, plus que jamais, se sent obligé de trouver un sujet de conversation pour alléger l'atmosphère. Soudain, une idée lui traverse l'esprit. Il se rappelle des paroles de Chan pendant le cours d'histoire, lorsqu'il avait exprimé ses doutes sur Amélia. Peut-être est-ce le bon moment pour en parler davantage.

« Chan ? » appelle Jisung, brisant ainsi le silence gênant.

« Bah vas-y, dis-moi. Je pourrais peut-être t'éclairer de mon génie. » répond Chan, la bouche encore pleine de son repas.

Jisung lève les yeux au ciel, amusé par la réponse, avant de répondre avec un sourire moqueur. « Quelle grande classe. » Après avoir avalé sa bouchée, il reprend. « Mais je comprends pas pourquoi t'es pas sûr de vouloir sortir avec Amélia. Je veux dire, vous vous entendez bien tous les deux, et puis... et puis vous allez bien ensemble. » Il marque une pause, hésitant. « Je... je veux dire, c'est ce que je pense. »

Chan, l'air pensif, hausse les épaules. « Bah, je sais pas trop. Je pourrais pas t'expliquer clairement. C'est bizarre. »

Jisung, déterminé à comprendre, tente une autre approche. « Essaie avec une métaphore ? »

Chan semble réfléchir un instant, avant de répondre, un peu hésitant. « Euh... C'est comme si on mangeait un pangolin. » Jisung le regarde, complètement perdu. « Ça n'a aucun sens, c'est pas pareil que de la vraie viande. Bah, avec Amélia, c'est pareil. J'ai l'impression que la Amélia que je vois après les cours, c'est pas la même que celle des poèmes ou de la sortie au musée. Tu te souviens ? »

Jisung se fige un instant. Il n'avait pas réalisé que Chan et Amélia étaient sortis après les cours. Ça lui fait un choc. « Vous êtes sortis après les cours ? » demande-t-il, la voix soudainement plus tendue.

Chan, sans se douter de l'effet de ses mots, répond simplement. « Oui, plusieurs fois même. Et c'était pas comme d'habitude. On dirait qu'une fois qu'on ne partage plus par écrit, c'est une personne différente. »

Jisung sent son cœur se serrer. Il veut réagir, mais il n'arrive pas à trouver les mots. Pourquoi Chan lui parle-t-il de tout ça ? Il ne doit pas découvrir la vérité. Alors, il se contente de lui donner une réponse rassurante, tout en tentant de cacher son malaise. « Mais non, c'est juste que tu dois pas trop y penser. C'est tout. Comme on doit passer du temps ensemble pour le travail d'histoire, je t'aiderai, si tu veux. » Il essaie de cacher la nervosité dans sa voix.

Chan semble soulagé par l'offre et acquiesce, mais une lueur d'incertitude reste dans ses yeux. « Ouais, pourquoi pas. Merci. »

Jisung, quant à lui, se retrouve une fois de plus dans une situation qu'il déteste. Il a l'impression de se perdre dans un tourbillon de complications. Il ne veut pas être là, dans ce rôle d'ami, avec ce secret qu'il n'ose partager. Il se demande pourquoi il n'a pas juste choisi quelque chose de plus simple, comme aimer le foot, comme les autres garçons. Si ça avait été le cas, tout aurait été plus facile. Amélia n'aurait jamais eu besoin de lui, et lui n'aurait pas à se retrouver pris dans ce jeu complexe qu'il ne maîtrise absolument pas.

Jisung soupire intérieurement, regrettant parfois d'avoir été ce simple intello, seul avec ses livres. Là, au moins, il savait où il en était. Mais maintenant, avec tous ces liens compliqués, ces secrets qu'il doit cacher et ce désir de protéger Amélia et Chan, il se sent complètement perdu.