9 ~ Grey Atlantis
Alors que je m'attendais à pique-niquer à même le sable, Calum m'attire un peu plus loin sur les rivages de l'Océan, où culminent des rochers recouverts d'algues bleutées. Ici le vent se fait moins sentir et cela nous évitera de nous retrouver avec du sable dans nos sandwichs.
Avec lui, je remarque que le basané a apporté un autre sac, un peu plus conséquent, duquel il sort deux longues serviettes qu'il étend au sol entre le sable et les rochers. Inutile de préciser qu'en bon chimiste, monsieur a également apporté quelques crèmes solaires pour nous protéger du soleil brulant du midi, en plus d'un petit pare-soleil.
«- Tu es bien équipe à ce que je vois -Dis-je avec un petit sourire-
-Et encore tu n'as pas tout vu ! »
J'hausse un sourcil lorsqu'il replonge sa main dans son sac. Qu'a-t-il amené d'autre ? Des transats pliables pour une éventuelle petite sieste ? Quoi qu'il en soit tout ça est bien différent de mon ancien mode de vie parisien. Je souris à cette pensée et même plus encore lorsque je vois mon appareil photo sortir du sac de mon meilleur ami.
«- Je me suis dit que ça te plairait de faire quelque photos, il y a un coin que j'aimerais te montrer tant que l'eau est basse.
-Oh merci Calum ! -Dis-je avec enthousiasme alors qu'il me tend mon appareil-
-Par contre, je sais que je suis beau, mais évite de prendre des photos de moi en mangeant, s'il-te-plait.
-Très bien -Je souris en coin- J'attendrai ton feu vert dans ce cas. »
Bien que ce soit la pause du midi et que je serai de retour au magasin d'ici peu, je ne ressens aucune pression, aucun stress. Curieusement j'ai l'impression d'être en vacances, de pouvoir lézarder au soleil sans réfléchir ni me provoquer du stress outre mesure. C'est agréable et je pense que je ne réalise pas encore quelle chance j'ai eu de pouvoir forcer le destin ainsi.
Tout ici me semble beau, lumineux. Certes je ne suis arrivée que récemment et je vois encore les choses avec mes yeux de touriste, mais je ressens quelque chose de différent, comme une sensation de liberté et de paix, loin de l'enclave qu'est la grande ville typique. Je me demande si Théo ne serait pas plus heureux ici, lui à qui on conseille de prendre le soleil. L'air marin lui ferait un bien fou et je pense que l'éloigner de la noirceur et de l'ambiance grisâtre de la vie dans laquelle il est piégé ne pourrait apporter que de meilleurs résultats. Mais c'est un enfant et bien que je sois celle qui le comprenne mieux que personne, je n'ai aucun droit sur lui, je ne peux que suggérer et le regarder s'enfoncer dans la maladie.
«- Est-ce que ça va Sia ? -Me demande Calum, coupant court à mes réflexions-
-Oh oui oui, je réfléchissais.
-Ta matinée s'est mal passée ?
-Non pourquoi ?
-Je ne sais pas, tu semblais... Maussade.
-Oh rien à voir avec le boulot -Dis-je en reprenant mon sourire- Tout s'est bien passé ce matin, j'ai réussi à suivre ce que ma responsable me disait et à le mettre en pratique. Je n'ai pas fait de grosse erreur et les clients ont été très polis et patients.
-J'espère pour toi qu'ils seront tous comme ça -Dit-il avec une petite moue- Si jamais quelqu'un t'embête, tu me le diras promis ?
-Je sais me défendre seule -Dis-je gentiment-
-Je n'en doute pas, mais c'est juste que je ne veux pas voir ce beau sourire s'effacer de ton visage.
-Es-tu en train de me draguer ? -Je glousse-
-Je te rends seulement la pareille -Il me fait un clin d'œil- C'est toi qui m'a dit un jour, dans une de tes lettres, que je devais continuer de sourire. Que dans ta tête tu m'imaginais avec un large sourire ineffaçable et résistant à toutes les épreuves et que c'était cette vision de moi qui te faisais sourire également. Il fallait que je sois souriant pour que tu le sois aussi.
-Tu t'en souviens ?
-Il y a des paroles qu'on n'oublie pas Sia, tout comme on n'oublie jamais le jour où l'on se sent réellement important aux yeux de quelqu'un. »
Je pose mon sandwich sur ma serviette avant de rejoindre Calum sur la sienne pour le serrer dans mes bras. Si je me sens si bien ici, depuis mon arrivée, c'est aussi en majorité parce qu'il est là. Ce garçon que j'avais appelé meilleur ami alors que je ne l'avais jamais vu et que je pensais ne jamais le rencontrer. Combien de fois on s'était moqué de moi, me rappelant que c'était idiot de parler d'ami lorsqu'on ne voyait pas réellement la personne, comme si la distance était une barrière pour le cœur et l'esprit. Mais moi j'y ai toujours cru et c'est cette distance qui, au lieu de faire barrière, m'a permis de tisser des liens forts avec mon correspondant.
Et aujourd'hui je suis enfin avec lui, dans son pays, dans son appartement, passant ma pause déjeuné avec lui sur le sable, face à l'Océan. Ça semble fou, mais que serait l'existence sans une once de folie ?
*
Le reste du repas nous le passons à bavarder de tout et de rien, regardant les vagues déferler sous la brise du vent. Une fois mes mains nettoyées, je me risque à sortir mon appareil. Première utilisation sur le sol Néo-Zélandais et bien que les gens alentours me prendront sûrement pour une touriste, moi je profiterai de capturer l'instant présent. Ce que je fais rapidement.
Rien n'échappe à mon objectif, pas même Calum qui pensait s'étaler de la crème sur le ventre en toute intimité. Je capture chaque image, chaque détail, chaque petite chose, même ce qui semble le plus intéressant et futile. Comme disait ma grand-mère, « il faut savoir profiter sur Terre des choses que l'on perdra sous terre. » Et ça, je l'ai bien compris. Alors autant profiter de tout ce qui m'entoure.
*
Après avoir passé une bonne heure et demie face à l'Océan, Calum enfile de nouveau son débardeur et nous rangeons toutes les affaires dans le grand sac, retirant le plus de sable possible de nos serviettes. Bien que je propose de repasser par l'appartement pour tout ranger, le basané lui préfère profiter de l'heure qu'il me reste pour m'amener dans un coin qu'il juge intéressant pour des photos.
Nous continuons de longer l'Océan, nos pieds toujours dans le sable mouillé lorsqu'une petite pente se fait sentir et que nous passons par un chemin boisé. L'herbe est sèche à cause du soleil et de l'eau qui doit venir les submerger, raison pour laquelle j'enfile de nouveau mes chaussures. Je ne suis pas encore une véritable enfant du pays et lorsque je regarde Calum marcher d'un bon bas sur les herbes rêches, provoquant un bruit peu rassurant, je me dis que je ne le serais sûrement jamais.
J'ai l'impression que ce terrain est tout en pente, sauf qu'au lieu de continuer vers le bas, Calum me fait signe de grimper avec lui.
«- Il vaut mieux éviter de passer par en bas, le niveau de l'Océan est en train de monter et puis, la vue est plus intéressante d'en haut.
-Si tu le dis -Dis-je en me faisant un peu d'air-
-Auriez-vous besoin que l'on vous porte Princesse Alésia ? -Demande-t-il en articulant-
-Quoi ?! Mais pas du tout, pourquoi ça ?
-Je sais pas, t'as l'air de te ramollir -Dit-il avec un sourire en coin-
-C'est juste que le soleil est juste au-dessus de nous et que nous sommes en train de grimper. Je survivrais !
-J'espère bien, je ne t'ai pas amenée ici pour rien. »
Nous échangeons un regard complice alors que nous arrivons bientôt en haut d'une colline. Si mes repères sont bons, nous sommes quasiment au même niveau que le Pak'N'Save, à peine plus bas que l'appartement de Calum.
«- Ce que je veux et montrer est un peu plus loin, tu te sens prête ? »
Je fais oui de la tête et le suis d'un pas décidé.
C'est curieux mais plus on s'avance et moins il y a d'habitations. Beaucoup de champs, de fermes. Bien loin des buildings de la ville que l'on peut voir au loin. C'est silencieux. Et alors que je prends quelques photos de la ville au loin, Calum me demande de le rejoindre, son regard fixé vers le bas de la colline que nous venons de monter, mais du côté que nous n'avions pas encore traversé.
J'hausse un sourcil et m'approche de ce qu'il juge intéressant pour des photos, m'attendant à tout sauf à un petit village bien étrange.
« - On arrive juste à temps ! »
Cette réflexion aurait pu paraître banale si le ton de sa voix n'avait pas été aussi couvert par l'excitation. Est-ce une sorte d'attraction ? Va-t-il y a avoir une animation, de spectacle de rue ? Quoi qu'il en soit nous somme bien trop hauts et loin pour voir quoi que ce soit mais à ma grande surprise, Calum ne me laisse pas m'avancer.
« -Regarde Sia. »
Que dois-je regarder au juste ? Ce village, bien que mignon, semble inintéressant. Il est grisâtre, caché du soleil à cause de la colline et il n'y a pas grande agitation parmi ses habitants. Seul l'Océan qui le borde à quelques kilomètres apporte un peu de couleur et de mouvement.
A en croire Calum, ce doit être un spectacle avec une vue imprenable, pourtant je ne vois rien.
Je prends quelques clichés pour lui faire plaisir lorsqu'un bruit retenti, faisant écho dans la vallée.
On dirait une sorte d'alarme, comme celles qu'on utilisait pendant la guerre lorsqu'une attaque aérienne était proche. C'est d'ailleurs assez étrange et alors que je m'attends à voir quelque chose en rapport avec l'armée, chose qui a l'air de faire tressaillir Calum « Regarde Sia ! Là-bas ! », je pousse un petit cri de stupeur.
Moins de 3 minutes après que l'alarme ait retenti, l'Océan se met à gonfler et en un rien de temps, envahi tout le petit village. Ca ne fait aucun bruit.
Je reste stupéfaite face à cette vision d'un village qui sombre silencieusement sous l'Océan. Hormis l'alarme, rien ne semble alerter les populations alentours, personne n'accourt pour aller aider les gens qui ont dû rester au village en bas et je me demande même si quelqu'un d'autre que nous a entendu cette alarme. Elle résonnait si fort à travers la vallée, mais une fois au loin, chez Calum par exemple, l'entendrait-on ?
«- Tu ne prends pas de photos ? -Demande Calum alors que je suis encore choquée de voir l'eau monter à une telle vitesse, engloutissant les maisons jusqu'à ce qu'on ne voit plus que le clocher d'une Eglise-
-Je... Comment veux-tu que je prenne des photos de ça ? C'est... C'est horrible !
-C'est la nature Sia -Dit-il d'un ton calme en observant ce qui maintenant semble être un lac et qui était un village ennuyeux cinq minutes auparavant-
-Mais et tout ces gens ?! J'ai vu des personnes courir ! Ils sont peut-être noyés à l'heure qu'il est ! Cette population qui vient de disparaitre, tu n...
-Eh calme toi -Dit-il en se tournant vers moi, la mine troublée-
-Calum un village vient d'être totalement rasé sous mes yeux -Dis-je sans le regarder-
-Il est vide Sia -Murmure-t-il en prenant mes mains dans les siennes- C'est un village fantôme, cela fait des années maintenant qu'il a été englouti pour la première fois. Aujourd'hui ce n'est qu'un tas de ruines et d'habitations en béton qui ont tenu le choc des multiples inondations.
-Multiples ?
-La première inondation a eu lieu il y a 20 ans. A l'époque il y avait un barrage qui protégeait l'entrée au village lors de la période des pluies, mais un jour il a cédé. L'Océan est bien trop fort et chaque année il gagne du terrain, il gonfle plus facilement et les crues sont beaucoup plus violentes qu'à l'époque. Voilà pourquoi on ne construit plus en contre-bas. Les campagnes se rapprochent du centre-ville et les endroits sensibles d'être touchés par les inondations sont désormais équipés pour permettre aux habitants de rester chez eux sans risquer leurs vies. Si j'ai bonne mémoire, Ashton a une petite maison qu'il partageait avec son colocataire, un peu plus loin et étant située proche d'un lac, ils étaient chaque année inondés, tu devrais lui en parler.
-Pour rien au monde je ne parlerais inondations avec ce connard.
-Oh je vois que tu t'entends à merveille avec lui -Grimace le basané-
-Certes et d'ailleurs pour rien au monde je ne veux parler de lui maintenant alors que je vais devoir reprendre le boulot d'ici peu.
-Je comprends -Il soupire et reporte son attention sur le lac en contre-bas- Tu veux prendre une photo ?
-Si tu me jures que les personnes que j'ai vu courir ne sont pas mortes noyées et que je ne photographie donc pas une scène de crime, alors ok.
-Ils sont partis. L'alarme est faite pour ça. De nombreuses personnes sont revenues après que l'eau se soit retirée, pour retrouver les corps de leurs amis et famille mais aussi pour récupérer des choses encore en état. Des objets, des souvenirs, que l'eau n'aurait pas emportés. Aujourd'hui quelques familles viennent encore pour récupérer des choses, mais la majorité des gens que tu trouveras en bas sont des voleurs et sans-abris qui partent dérober quelques matériaux et objets. Plus personne ne vient ici, ça n'attire pas vraiment les touristes compte-tenu du danger.
-L'inondation peut se provoquer n'importe quand ?
-Seulement lors de la montée des eaux, mais comme tu as pu le voir, c'est extrêmement rapide. Et si tu ne régis pas dans les secondes qui suivent, alors oui tu mourras noyé.
-C'est plutôt joyeux -Dis-je avec un petit sourire-
-Je ne voulais pas te déprimer, juste te montrer ce spectacle qui a mon sens représente bien l'idée de la nature qui reprend ses droits. Toi qui aime bien la nature, te voilà servi. »
En un sens il a raison et si on enlève la dimension dramatique de ce phénomène, il est vrai que c'est une sensation poignante que de voir un village sombrer dans l'innocence, devenant un paisible lac sur lequel des jeune viendront se risquer à faire de la planche à voile ou un peu de surf. J'ouvre donc à nouveau mon appareil et ronchonne en voyant de nouveau une sorte de poussière blanchâtre dans l'objectif, comme lorsque j'ai pris la première photo avant l'inondation.
Je frotte la lentille de l'objectif à l'aide d'un petit chiffon et fronce les sourcils en voyant que la poussière est toujours présente, comme suspendue dans les airs.
A cette pensée je déglutis et baisse d'un geste rapide mon appareil.
«- Calum ?
-Oui ?
-Combien de personnes sont mortes le jour de l'inondation ?
-Je n'ai pas de chiffre exact mais pour répondre autrement, je dirais que seuls ceux qui travaillaient en ville à ce moment-là ont survécu. Donc moins d'un tiers de la population du village. C'était en pleine matinée. Les enfants étaient à l'école, à cette époque il y avait encore de nombreux commerces et structures importantes au pied du barrage... Tu imagines le résultat ? »
Je fais oui de la tête et observe à nouveau le village depuis mon appareil, cette épaisse poussière blanche encore au même endroit. Je déglutis et tourne à présent l'appareil vers Calum.
La poussière a disparue.
Ne revenant seulement qu'à l'instant où je repose l'objectif en contre bas.
Ce n'est pas de la poussière.
«- Tu ne prends pas de photo ? -Demande Calum-
-Mon appareil ne rend pas très bien. Il y a de la poussière -Dis-je en prenant une photo-
-Fais voir ? -Il se penche et observe le cliché- Où est-ce que tu vois de la poussière ? C'est une jolie photo. Tss quand est-ce que tu apprendras à aimer ce que tu fais Sia ! »
Si seulement ça ne pouvait être que ça.
Je fais mine de sourire et range mon appareil à la hâte, jetant un dernier coup d'œil au lac bien trop paisible en bas alors que nous repartons en direction de Pak'N'Save. Je ne me sens pas très bien. Autant Calum m'avait fait relativiser quant au fait que le village était vide, mais maintenant je pense à tout autre chose. Ces pauvres gens qui ont été pris au dépourvu ce jour-là, les enfants dans les écoles, les parents loin d'eux au boulot, n'imaginant pas un instant que le barrage puisse céder.
Tout ces gens, toute cette poussière qui semblait figée au-dessus du village, errant sans but.
Non je ne dois pas y penser.
«- Au fait, comment s'appelait ce village ?
-Le nom a été perdu, mais aujourd'hui on le surnomme Grey Atlantis.
-L'Atlantide Grise -Je murmure en français-
-Tu verras qu'ici les gens sont très attachés aux mythes et légendes. C'est ce qui fait notre charme, dans un sens. »
*
Par contre si il y a bien quelqu'un ici pour qui le mot charme ne soit pas effectif, c'est bien pour Ashton Irwin. Ce dernier fumant une énième cigarette à l'entrée du magasin tout en me détaillant de haut en bas. Si Calum ne m'avait pas accompagné je lui aurais volontiers montré mon majeur, mais la présence de mon meilleur ami me rassure et me donne le courage d'ignorer le sourire moqueur du bouclé.
«- Je passerai te chercher ce soir -Dit Calum avec un sourire bienveillant alors que je remarque le bouclé qui nous écoute-
-Tu n'auras pas cours ?
-Je peux bien me libérer pour ta première journée de travail -Dit-il en pinçant ma joue- A ce soir Sia. »
Je réponds par une étreinte et le regarde qui s'en va, me laissant seule avec une étrange sensation de lourdeur. Pourtant je n'étais pas mécontente à l'idée de retourner bosser toute à l'heure. Quoi qu'il en soit je remarque qu'Irwin jette sa clope non loin de mes pieds, le signal qui m'annonce que je dois décamper.
«- Je m'attendais presque à ce qu'il te refasse tes lacets et que tu l'appelles papa -Ricane le bouclé alors que je m'éloigne de lui- Eh la moche, je te cause.
-Va te faire foutre -Dis-je en me tournant face à lui, sa tête dépassant la mienne-
-Rien que ça ? -Il sourit en coin-
-Ta gueule.
-C'était qui ? Ton copain ?
- Je t'ai dit de te la fermer -Je grogne alors qu'on nous observe arriver en même temps-
- Mh non c'est vrai que t'es trop moche pour ça... Alors un sexfriend dans ce cas ? -Me demande-t-il en marchant à ma hauteur alors que j'essaie de le semer au niveau des caisses- Etant donné les preuves que tu as faites ici, ce doit être ton domaine non ?
- Mon domaine ? -Je manque de m'étouffer et m'arrête au niveau du local- Quelles preuves, de quoi est-ce que tu parles espèce de...
- Bah quoi, tout le monde sait que tu as sucé le fils du directeur pour avoir un poste aussi vite. »
Cette petite blague qu'il m'avait déjà faite aurait pu être facile à ignorer si seulement il ne l'avait pas prononcée suffisamment fort pour que les clients, caissières et filles de l'accueil inclus, puissent l'entendre, provoquant un froid intersidéral.
«- Woh ! Ca c'était de la blague, tu te surpasses Ashton ! -Dit Caitlin d'un rire forcé, rompant le silence gênant- Vous avez entendu ? Ridicule comment il joue le jaloux. Non vraiment ils n'en ratent pas une pour faire des blagues ces deux-là, je les adore ! »
Les clients semblent être rassurés et se mettent à rire en même temps que Caitlin qui me lance un regard désolé. Shauna elle ne dit rien, quant à Mariann elle se contente de fusiller Ashton du regard, ce dernier se faisant virer royalement par Ermione.
«- Est-ce que ça va Alésia ? -Me demande cette dernière alors que j'essaye de me contenir- Prends l'air cinq minutes, il n'y a pas trop de monde.
-Je... Je vais bien.
-Bon, prends ton temps dans le local dans ce cas. »
Je la remercie et m'engouffre dedans, honteuse. Mes joues deviennent si rouges que ça jurerait presque avec mes cheveux et bientôt d'épaisses larmes viennent border mes yeux. Ne pas pleurer, ne pas pleurer. Même si ce sont des larmes de colère.
Je ne veux plus avoir à pleurer inutilement.
En tout cas, si je me sentais un peu mal avant de reprendre, maintenant je me sens encore plus mal que jamais. Seul le sourire compatissant de Caitlin me remonte le moral quand je sors du local et même Latoya m'encourage d'un signe de tête.
Je sens que cette année risque d'être dure.
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