CHAPITRE N°4


Los Angeles - quelques heures plus tôt

Louis Tomlinson

Je ne sais pas comment tout cela a commencé, mais en tout cas, je crois que Léo a à moitié emménagé chez moi. Même les magazines à scandales sont au courant, et nous voient comme la nouvelle liaison interdite de Los Angeles. Je me sens évidemment un petit peu envahi par mon ami, mais... on peut difficilement dire non à Léo. Quand il décide un truc, on ne peut pas le faire revenir en arrière. Il a décidé que j'étais son nouveau "poulain", sans mauvais jeu de mot, donc je me laisse faire. Même si je dois m'attirer les foudres de tout Hollywood.

C'est parti tellement loin que même ma soeur y a cru le temps d'un instant. En même temps, à force de nous voir côte à côte en ville en train de faire les boutiques ou bien le soir dans les bars en tête à tête, évidemment qu'il y a de quoi douter. Mais non il n'y a rien. Léo en rigole et il en joue ! C'est ça le pire ! Mais il s'est attaché à ma vie comme un parasite. Sauf que je l'aime bien. Il est envahissant et parfois passablement étrange, mais je l'aime bien.

Ce soir, j'avais besoin de tranquillité. Je voulais passer ma soirée avec Danielle, on devait aller se faire un restaurant. Mais Nick a insisté pour l'accompagner, jaloux comme un pou que nous passions la soirée à deux. J'ai eu la bonne idée d'en parler à Léo en râlant et il m'a proposé de cuisiner CHEZ MOI pour nous quatre. Alors j'ai abandonné et j'ai accepté.

Je suis donc maintenant installé sur la terrasse de chez moi, un verre à la main, pendant que Danielle et Léo discutent du prochain film dans lequel ils doivent tourner. Je suis content de voir qu'ils s'entendent bien. Danielle n'a de toute façon pas eu le choix. Elle passe beaucoup de temps chez moi, mais, avec la présence de Léo ces derniers jours, et bien nous avons passé beaucoup de temps tous les trois.

Bref, Danielle vient de signer un contrat pour un film historique. Une histoire à la Roméo et Juliette qui m'a l'air intéressante. Le scénario tient la route et le réalisateur est talentueux. Après avoir hésité, elle a finalement accepté. Je pense qu'elle a fait le bon choix. Quant à Léo, il est sur un projet de film à la James Bond... enfin je crois. Je ne suis pas certain d'avoir tout compris. Comme d'habitude, ses projets semblent toujours ... compliqués.

Je vois que Nick essaie de suivre la conversation entre sa copine et la rock star qui est en face de lui, mais il est à des années lumières de tout comprendre. Danielle ne semble pas remarquer l'éclair de jalousie habitant le regard de Nick. A ce rythme là, il risque d'en vouloir à chaque homme s'approchant de Danielle.

Je me racle la gorge, légèrement gêné et m'adresse alors à lui.

- Hmm... et toi, le travail?

Nick tourne le regard vers moi, étonné que je m'intéresse soudainement à lui. Mais il ne fait pas non plus beaucoup plus d'effort que moi pour me parler.

- Oh, la routine. Sûrement beaucoup moins intéressant que vous, me dit-il avec un sourire ironique. Quoique vu votre activité de ces dernières semaines.

A quelle heure j'ai le droit de le frapper?

Je n'ai jamais compris ce que Danielle lui trouve. On s'est jamais entendu lui et moi, je comprends qu'il puisse être jaloux de ma relation avec sa copine, mais il n'a aucune raison d'être aussi désagréable avec moi.

Je n'ai cependant pas le temps de répliquer que Danielle se tourne vers lui en fronçant les sourcils.

- Nick !

Il lève les yeux au ciel en secouant la tête et je vois le regard désolé de mon amie. Je secoue lentement la tête de gauche à droite et me lève pour aller chercher une bouteille de vin à la cuisine. J'entends Danielle s'excuser auprès de Nick et Léo et me suivre à l'intérieur. Elle glisse la baie-vitrée derrière elle et me rejoint rapidement. Je me tourne vers elle en soupirant largement avant de reprendre.

- Entre Léo qui a cru que c'était l'auberge espagnole ici, et ton mec qui me parle comme une merde, jte jure que je vais pas tenir la soirée.

- Lou...

- Non. Non. Stop. J'ai rien dit quand Nick s'est invité ce soir, mais si c'est pour me manquer de respect, il peut retourner d'où il vient !

Elle se pince les lèvres, s'appuie contre le comptoir et secoue la tête. Elle inspire profondément puis reprend la parole.

- Je suis désolée. J'avais moi aussi besoin de passer une soirée avec toi.

- Je commence à saturer là, je réplique en inspirant profondément et ouvrant la porte de mon frigo pour attraper la bouteille de vin. J'avais juste besoin d'une soirée tranquille, et je crois que c'est clairement raté.

Ma maison me manque, ma famille me manque, mes amis me manquent... Harry me manque. J'avais juste besoin d'une soirée tranquille devant la télévision avec une émission pourrie et Danielle à mes cotés. J'aurais très bien pu aller à une soirée de charité ou à un gala public si c'était pour me faire chier et en plus passer du temps avec des gens désagréables. Si Nick n'est pas content, il n'a qu'à partir. Je n'apprécie pas le ton qu'il emploie avec moi.

Je suis clairement à bout et à deux doigts de tout envoyer valser. Je ne sais pas encore ce qui me retient de tout plaquer et de rentrer chez moi. Je n'ai plus de film en projet, Chris fait le mort depuis le 31 au soir, et je suis seul. Peut-être que la perspective de rentrer pour retrouver tout le monde me fait tout aussi peur qu'ils me manquent. Parce que, si j'ai une idée de savoir comment ma famille va m'accueillir, je ne sais absolument pas à quoi m'attendre avec Harry.

Je vois mon amie se pincer les lèvres et hocher la tête de haut en bas. Elle est tout aussi déçue que moi. Je le sais. Nous avions des choses à nous dire. Depuis quelques jours, nous n'avons pas pu passer un seul moment seul à seul à cause de Léo.

- Je suis désolée. Tu sais que je tenais à cette soirée aussi, souffle-t-elle en baissant les yeux.

- Arrête de t'excuser, tu n'y es pour rien.

- J'aurais pu dire non à Chris, réplique-t-elle en secouant la tête.

- Hmm... pour qu'il fasse la gueule encore plus qu'il ne le fait déjà? Mauvaise idée. Je sais que tu ne pouvais pas lui dire non.

Elle approuve d'un signe de tête. Nous n'avions pas le choix. Mais putain, je la voulais cette soirée à deux !

Je l'entends soupirer avant de se redresser et de reprendre la parole.

- Et... tu as eu de ses nouvelles?

Ok. Non.

- Je ne suis clairement pas d'humeur pour en parler Danielle.

- Je... voulais juste profiter d'un moment de calme pour en parler. Nous n'avons pas pu aborder le sujet depuis que tu es revenu et que tu m'as tout expliqué.

- Parce que je n'ai pas envie d'en parler, je me borne en attrapant ma bouteille de vin et passant à côté d'elle pour contourner le comptoir et partir retrouver les deux hommes sur la terrasse.

J'entends Danielle soupirer et râler derrière moi mais "fuck" j'en ai rien à faire. Je passe une mauvaise soirée, j'ai un coup de blues, alors j'ai le droit de mal le prendre et de ne pas avoir envie de parler d'Harry. Merde.

Je retourne sur la terrasse où Nick et Léo semblent discuter de manière civilisée. Je ne sais pas comment Léo s'y prend, mais il a le truc pour apaiser les tensions. Ou bien il gère toutes les tensions par la terreur en menaçant les gens. Un petit peu comme il l'a fait avec Chris et moi l'autre soir. Ce qui ne m'étonnerait pas. Je le vois bien regarder Nick droit dans les yeux en lui disant d'arrêter de me faire chier en lui faisant du chantage affectif.

Je pose la bouteille de vin en soupirant largement et prenant sur moi avant de me pincer les lèvres. J'entends mon téléphone sonner et Léo me le tend.

- C'est la quatrième fois qu'il sonne, je crois que c'est ta soeur.

Je fronce les sourcils, attrape le téléphone et le regarde alors en répliquant.

- Pourquoi tu ne m'as pas prévenu?

Charlotte n'est pas du genre à s'acharner. Quand je ne réponds pas au téléphone, elle laisse tomber et elle rappelle plus tard. Elle sait que je ne suis pas toujours derrière mon appareil à attendre mes appels. Je me pince les lèvres, décroche et m'éloigne du groupe pendant que Danielle se réinstalle.

Je colle mon téléphone à mon oreille et je fais les gros yeux en entendant les sanglots de ma soeur me répondre.

- Lot ? Charlotte ? Hey ? Charlotte, qu'est ce qu'il y a ?

- Lou...

Sauf qu'elle est incapable de finir sa phrase, elle fond en larme. Je sens mon coeur se serrer et mes yeux s'humidifier.

- Charlotte, qu'est ce qu'il se passe? je lui demande fermement.

Je ne veux pas la malmener, mais j'ai besoin de savoir ce qui la met dans cet état là. Si je n'essaie pas de la ressaisir, je ne pourrai pas savoir ce qu'il se passe et pourquoi elle pleure comme une madeleine. Et si c'est à cause de Liam je traverse l'océan à la nage pour aller lui en foutre une dès ce soir.

- C'est Mamie... Lou.

Je sens mon coeur s'arrêter dans ma poitrine, les larmes me montent aux yeux d'un seul coup et je secoue la tête de gauche à droite.

Non, non, non NON. Mamie n'a pas le droit de... non.

- Elle est à l'hôpital, elle a fait une crise cardiaque Lou.

- J'arrive. Laisse-moi le temps de prendre l'avion, j'arrive Charlotte. Ok ? J'arrive, je fais en revenant vers la table où les trois me regardent avec de grands yeux. Demande à Liam de rester à la maison avec toi. D'accord? Ne reste pas toute seule. Je suis là dans moins de vingt-quatre heures. D'accord?

- Oui...

- Charlotte, je suis là. D'accord? Je suis là, je souffle en voyant le regard de mes trois convives s'arrondir.

Je fais signe à Danielle qui comprend instantanément. Elle se lève et commence à débarrasser la table alors que nous n'avons même pas encore dîner. Je vois les interrogations des deux autres hommes alors que je quitte la terrasse. Je rentre dans la maison, traverse le salon et monte rapidement jusqu'à ma chambre sans quitter ma soeur qui est toujours à l'autre bout du fil en train de sangloter.

- Charlotte. Calme-toi. ok ? Calme-toi. Ca va aller. Tu connais Mamie, c'est une battante, elle ne nous laissera pas comme ça. D'accord ? Tu es où là ? je lui demande en passant la porte de ma chambre.

Je traverse la pièce, vais jusqu'à mon dressing, l'ouvre en grand et attrape la première valise qui me passe sous la main.

- A l'hôpital, dit-elle en reniflant.

- Bien. Tu es avec Liam?

- Non...

Je commence à entasser mes affaires dans ma valise, le coeur bondissant dans ma poitrine, tout en continuant d'essayer de calmer Charlotte.

- Appelle-le chérie.

- Il est à la maison. Il garde la maison avec Niall et Harry. Je suis avec Eleanor.

- Bien. Passe-la moi. D'accord?

J'entends le téléphone passer de mains en mains et la voix d'Eleanor ne tarde pas à raisonner dans mon oreille. Elle se racle la gorge, clairement gênée de la situation. J'enchaine cependant bien rapidement, n'ayant rien à faire de ses états d'âmes. Ses intentions étaient claires la dernière fois que nous nous sommes parlés. Je sais à quoi m'attendre avec elle, mais je sais aussi qu'elle ne laissera pas ma soeur seule dans cette situation.

- Qu'est ce qu'il se passe ? Concrètement ? j'interroge en bouclant ma valise, le coeur battant.

- Votre grand mère à faire une attaque cardiaque. Les pompiers ont réussi à la ranimer chez vous. Son coeur est reparti. Mais elle est très faible... et elle ne s'est pas encore réveillée. Les médecins lui font passer toute une batterie de tests, elle va peut-être avoir besoin d'une chirurgie.

Je me laisse tomber sur le rebord de mon lit en inspirant profondément.

- Une chirurgie?

- Oui. Mais je n'en sais pas plus pour le moment, m'avoue-t-elle.

- Tu... restes avec Charlotte? Je saute dans le premier avion. Je serai là dans la soirée, j'affirme en hochant la tête comme si elle était en face de moi.

- Tu rentres ? Vraiment ?

Mais putain, ma grand-mère est peut-être en train de mourir ! Je ne vais tout de même pas rester là les bras croisés, de l'autre côté du monde alors que ma petite soeur à besoin de moi ?!

- Charlotte à besoin de moi. Et je veux être auprès de Mamie.

- Bien...

- Tu restes avec Charlotte.

- Oui. Louis. Je reste avec elle... jusqu'à ton retour.

- Merci. Prends soin d'elle.

- Tu peux compter sur moi Louis.

- Bien. Je vous souhaite bon courage ... et j'arrive le plus rapidement possible.

- Au revoir Louis.

Et je suis pris d'une violente crise de larmes quelques secondes à peine après avoir appuyé sur le bouton pour raccrocher. J'entends quelqu'un entrer dans ma chambre. Je sens la présence de Danielle à mes côtés et ses bras m'entourer.

- Mamie.. elle est à l'hôpital, je souffle entre deux sanglots. Je dois rentrer. Je dois prendre l'avion maintenant.

- Il n'y a pas de vol direct avant demain matin Lou, me murmure Danielle en glissant une main dans mes cheveux.

Mon coeur se serre dans ma poitrine, mes pleurs redoublent. Non.

Je dois rentrer MAINTENANT. Ma soeur a besoin de moi ! Je ne peux pas la laisser comme ça !

- Tant pis ! Je dois prendre l'avion maintenant Danielle ! Je ne peux pas laisser Charlotte si... si...

- Ta grand-mère va bien aller Louis. Je te le promets d'accord?

J'inspire profondément en relevant les yeux vers le plafond pour empêcher les larmes de rouler sur mes joues. On tourne cependant tous les deux notre regard vers l'entrée de ma chambre en entendant des pas raisonner dans le couloir. Léo apparaît dans l'embrasure de ma porte. Téléphone en main, la mine grave.

- J'ai appelé mon chauffeur. Il passe nous prendre dans trente minutes. On prend mon jet.

- On QUOI? réplique Danielle en le regardant les yeux exorbités.

- Louis doit rentrer en france, il n'a pas de vol, j'ai un jet, on prend le jet. Fin de l'histoire.

- Mais... je commence avant que Léo ne me coupe.

- Chut, tu la boucles, réplique-t-il avant de se tourner vers Danielle. Toi, tu as quarante-cinq minutes pour rentrer chez toi et faire un sac. Tu viens avec nous.

- Nous ? souffle-t-elle en fronçant les sourcils.

- Oui, on part tous les trois en france.

Léo...

*

Domaine des Tomlinson - Mardi 17 janvier

Harry Styles.

Quand Liam et Niall m'ont annoncé la nouvelle, j'ai pris sur moi pour ne pas fondre en larmes. Elisabeth est ma sauveuse. C'est grâce à elle que je m'en sors aujourd'hui. Grâce à elle que je peux garder la tête hors de l'eau. Grâce à elle que je vis correctement. Alors, apprendre son attaque m'a fait un putain de coup au coeur. Elle n'a pas le droit de partir ! Elle doit se battre ! Elle doit se battre pour survivre !

On a pris un café dans un silence de mort avec mes deux camarades pour commencer la journée. L'ambiance était lourde et palpable. J'aurais voulu détendre l'atmosphère, leur assurer que tout aller bien se passer, mais les différentes informations que Charlotte nous a donné pendant toute la matinée nous a fait comprendre que rien n'était encore gagné. Le coeur d'Elisabeth est reparti, mais elle ne s'est pas encore réveillée et elle est donc toujours dans le coma.

A midi, il n'y avait rien de nouveau et Charlotte attendait les résultats des différents examens. On a passé notre matinée à dire à Liam de retrouver la jeune femme à l'hôpital. Mais il s'est borné à rester avec nous. On a rapidement bouclé notre travail et vers seize heures tout était terminé.

- Je t'emmène à l'hôpital? Je propose à Liam alors qu'on pousse la dernière brouette vers la remise à grain.

- Ouais... comme ça je rentrerai avec Charlotte et sa voiture. Ce sera mieux.

- Elle n'a pas pu monter dans l'ambulance ? j'interroge en fronçant les sourcils.

- Non. Ils ont refusé, réplique-t-il en soupirant largement.

Je soupire en secouant la tête. C'est bien le genre de comportement que je ne comprends pas. Charlotte était sûrement dans un état lamentable ce matin. C'est idiot de l'avoir obligé à prendre le volant pour suivre l'ambulance jusqu'à l'hôpital. Elle aurait pu avoir un accident.

Niall fait irruption dans la remise alors que nous nous apprêtons à en sortir avec Liam.

- J'ai bouclé les écuries. Liam, je t'emmène en ville ? propose-t-il.

- Non c'est gentil. Harry m'a déjà proposé, ça te ferait faire un détour de passer par l'hôpital.

L'irlandais, habitant de l'autre côté de la ville, ne passe pas vraiment par l'hôpital pour rentrer chez lui. Alors que moi, c'est sur ma route. Alors autant que je dépose Liam. Mon ami approuve d'ailleurs d'un signe de tête, et nous quittons tous les trois la pièce en refermant bien correctement derrière nous.

Nous nous dirigeons d'un pas décidé vers la maison. Liam y récupère quelques affaires pour Charlotte et referme à clé. Nous retrouvons ensuite Niall sur le parking qui s'apprête à quitter la propriété en même temps que nous.

- Vous me donnez des nouvelles ? demande-t-il en déverrouillant la portière de sa voiture.

- Evidemment Niall, j'affirme dans un hochement de tête.

Liam approuve lui aussi d'un signe de tête et Niall nous offre un dernier sourire avant de s'engouffrer dans sa voiture. Je me glisse moi-même au volant de ma poubelle et je mets le contact et enclenche la première pour remonter l'allée de platanes, le regard concentré sur le chemin.

- Des nouvelles depuis tout à l'heure? je demande à Liam en tournant un oeil sur lui.

Il secoue la tête de gauche à droite en inspirant profondément.

- Non. Charlotte est incapable de m'écrire ou de me parler. Eleanor ne m'a pas donné plus de détails. Je ne l'ai pas rappelé depuis ce midi. Mais j'imagine qu'elle ne doit rien savoir de plus. Sinon elle m'aurait appelé.

- C'est bien qu'Eleanor soit allée avec Charlotte.

- Je ne voulais surtout pas qu'elle reste seule. Et elle m'a demandé de rester là avec vous pour boucler la journée.

Je comprends Charlotte. Elle voulait sûrement s'assurer qu'il n'y ait pas de soucis, d'où la présence de Liam. Mais il a piétiné toute la journée, impatient d'aller la retrouver. Il s'est tellement inquiété pour elle... bien plus que pour Elisabeth. Ce que je comprends, à sa place j'aurais sûrement eu la même réaction que lui. C'est même évident.

- J'espère que ça va aller, je souffle en me re concentrant sur la route.

- Son coeur est reparti. C'est déjà une bonne chose. Elisabeth est forte. Je ne m'inquiète pas.

Sauf que nous savons tous les deux qu'il ment. On est tous les deux aussi inquiets l'un que l'autre pour elle. Elisabeth est celle qui donne le rythme du domaine, qui le maintient en équilibre. Sans elle, tout se casse la figure et ça ne fonctionne plus. J'espère simplement qu'elle va bien aller. Pour Charlotte et pour... Louis, mais aussi pour moi. Parce que sa mort me toucherait énormément.

Quand j'arrive devant l'hôpital je me stationne en double file devant l'entrée des urgences.

- Tu veux que je vienne?

-Non, ne t'inquiète pas. Eleanor doit être toujours là de toute façon, affirme-t-il en hochant la tête. Et Louis est en route.

- Louis... je vois, je bougonne en me pinçant les lèvres et détournant le regard.

- Harry. On parle de sa grand-mère. Alors... soit sympa avec lui, me dit-il durement.

J'avale difficilement ma salive en inspirant profondément et je finis par hocher la tête de haut en bas, parce que Liam a raison. Sa grand-mère, son modèle, son dernier parent vivant, est peut-être en train de mourir. Alors je ne peux pas ne pas bien me comporter avec lui. Louis a besoin de soutien... même s'il s'est comporté comme un connard avec moi, je me dois d'être là pour lui.

- Oui.

- Bien. Je t'appelle dès que j'en sais plus. Tu pourras tenir Niall au courant?

- Oui, évidemment.

Il descend de voiture, claque la porte, et je baisse la vitre pour l'interpeller.

-Liam !

- Oui ?

- Bon courage.

Il m'adresse un sourire en hochant la tête et je le regarde s'éloigner.

Je ferme les yeux pendant quelques secondes. Je ne peux pas rentrer chez moi comme ça. Je ne peux pas faire comme si tout aller bien. Je ne peux pas ignorer ce qui est en train d'arriver. J'ai besoin de quelqu'un, d'une présence, de bras pour me serrer et me réconforter. Et la seule personne que je peux appeler pour ça... c'est Luke. Même si j'aurais aimé, même si j'aurais voulu que ce soit un autre.

J'inspire profondément, attrape mon téléphone portable et compose rapidement un sms à Luke pour lui demander de venir, en spécifiant que ça ne va pas fort. Je m'appuie contre le volant de ma voiture en prenant une grande inspiration. Je me sens idiot. Je me sens idiot parce que je suis dans un état lamentable et que je sais qu'il n'y aurait que Louis qui pourrait m'apaiser. Je me sens idiot, parce que c'est sa grand-mère à lui qui est allongée dans un lit d'hôpital. Pas la mienne, la sienne. Alors je ne devrais pas le prendre autant à coeur. Mais Elisabeth a fait tellement de choses pour moi... je ne peux pas être indifférent à toute cette situation.

Mon téléphone ne tarde pas à sonner dans le creux de mes mains. Et comme j'aurais dû m'en douter, ce n'est pas un sms, mais un appel. Luke.

Il est véritablement trop bien pour moi. Et parce que c'est le moment des doutes et des jugements je me trouve terriblement égoïste avec lui. Même s'il m'a assuré qu'il n'avait aucun problème à ce que l'on se fréquente uniquement en tant qu'amis avec bénéfices, je sais qu'il aurait voulu plus. Je le sens dans son comportement, son regard, sa façon d'être. Je le sais. Et si ce n'était pas le cas, il ne serait pas en train de m'appeler. Il m'aurait répondu par un pauvre sms en déclarant être occupé, pour ne pas avoir à s'occuper d'un pauvre mec malheureux qui n'aura même pas envie de baiser ce soir. Mais j'ai quand même envie de croire que nous ne sommes qu'amis.

Je renifle légèrement en réalisant que je n'avais même pas remarqué que je m'étais mis à pleurer. J'inspire profondément, décroche et colle mon téléphone à mon oreille.

- Allo ?

- Hazz? Qu'est ce qu'il se passe? Tu me fais peur à écrire des messages comme ça enfin, souffle-t-il à l'autre bout du fil d'un air réconfortant et tendre.

- Elisabeth... elle... elle est... à l'hôpital, elle a fait une crise cardiaque.

-Oh putain... oh putain. merde. je ... ok. on se retrouve chez toi petit coeur. ok? On se retrouve chez toi. Tu es où?

- A l'hôpital. Je viens de déposer Liam.

- Bien. Alors rentre chez toi. J'arrive dans vingt minutes ok? Je pars de chez moi, m'assure-t-il.

Je hoche la tête en reniflant comme s'il était en face de moi et je prends une grande inspiration en me frottant les yeux. Je reste silencieux quelques secondes le temps de redémarrer la voiture et de me rattacher.

- Hazz, tu es toujours là ? Petit coeur ?

-Je suis pas ton petit coeur, je bougonne en fermant les yeux.

- AH. Ben voila, je l'attendais celle-là ! Ca prouve que t'es encore vivant. Le jour où tu me laisseras t'appeler ainsi n'est pas encore arrivé.

Je souris bien malgré moi et je hoche la tête de haut en bas.

- Allez, rentre chez toi Hazz, j'arrive.

- Luke ?

- Oui ?

-Merci.

- Oh, tu me remercieras avec une pipe, petit coeur.

Je roule des yeux en secouant la tête et je laisse quelque éclats de rire s'échapper d'entre mes lèvres.

- Je préfère entendre un joli petit rire comme celui-ci s plutôt que de savoir ton regard mouillé Hazz...

- Oui...

- Allez, plus que quinze minutes, je suis déjà dans la rue.

-Oui. A tout de suite...

Il me salue une dernière fois et je raccroche le coeur plus léger.

Luke est là. Il est là pour moi.

J'inspire profondément, mets la première et je prends la direction de chez moi. Le voyage entre l'hôpital et chez moi me semble passer comme dans un mauvais rêve. Je ne me souviens de rien en me garant en bas de chez moi, mais il me laisse un vilain goût d'amertume dans la bouche. Je descends de voiture en prenant mes affaires avec moi et me dirige rapidement jusqu'à mon immeuble. Je monte à mon étage et suis presque étonné de ne pas entendre Zayn débouler sur le palier. Il ne doit pas être là. Sinon il serait déjà en train de me parler et de me demander des nouvelles d'Elisabeth. Il a dû rejoindre Charlotte et Eleanor à l'hôpital après ses cours. Ou bien il n'a pas encore terminé sa journée.

Je sors mes clés, déverrouille la porte d'entrée et pénètre dans mon appartement. Je referme derrière moi et me dirige tout de suite vers mon salon. Je me laisse tomber dans le canapé et fonds en larme. Je me suis retenu toute la journée et je n'en peux littéralement plus. Je sens toute la pression retomber, la peur et l'angoisse qui commencent à reprendre le dessus. Je me force à inspirer et expirer profondément pour que ma crise de larme ne vire pas à la crise d'angoisse parce qu'il n'y aura personne capable de me consoler et m'aider.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là quand j'entends la porte sonner, mais je sais que peu de temps s'est écoulé. Je soupire, frotte mes paupières pour essayer de sécher mes larmes, en vain, et me lève du canapé pour aller ouvrir. Je me retrouve alors face à un Luke fatigué, habillé comme un as de pic. Ses lunettes de vue sur le nez, son gros pull sur le dos, et un jogging pour parfaire la tenue. Il était sûrement en train de bosser ses cours.

Il s'avance vers moi, me prends dans ses bras et je plonge mon visage dans son cou en inspirant profondément. Essayant de ne pas m'imaginer Louis à sa place, mais c'est difficile. Il me serre contre lui, me berçant lentement sur le pas de ma porte pendant un long moment avant d'embrasser mon front et de murmurer un "je suis là" pour me réconforter. Je souris, me libère légèrement de son emprise et je l'entraine avec moi à l'intérieur en refermant derrière moi.

Heureusement qu'il est là...

*

Centre ville de Périgueux - Mercredi 18 Janvier

Harry Styles.

Luke a évidemment voulu passer la nuit ici, pour "veiller sur moi." Mais j'ai refusé. Je ne veux pas dépasser cette limite. C'est quelque chose que nous avons établi lui et moi. On ne reste jamais dormir avec l'autre. Pour ne pas s'attacher, mais pour ne pas rendre cette relation réelle alors qu'elle n'a pas lieu d'être. Même s'il aurait pu rester en tant qu'ami, on savait tous les deux qu'il ne serait pas resté en tant que tel. Il m'aurait serré dans ses bras toute la nuit en me berçant et me consolant. Sauf que je ne mérite pas ça. Je ne le mérite pas parce que je m'imaginerais une autre personne à sa place et je n'ai pas le droit de faire ça.

Il est donc parti au milieu de la nuit après avoir passé plusieurs heures à essayer de me convaincre que tout aller bien aller. Qu'Elisabeth allait se rétablir et que tout allait rentrer dans l'ordre. Il y a mis beaucoup de coeur, énormément de conviction. Mais il ne m'a pas convaincu une seule seconde. Liam ne m'a pas appelé hier soir. Je suppose que les nouvelles ne devaient pas être bonnes... donc ce matin en me levant, je m'attends au pire. J'attends le coup de téléphone qui fera basculer ma journée quand je quitte mes draps, lorsque je file sous la douche et enfin quand je termine de préparer mon café. Je l'attends encore lorsque je porte ma tasse à mes lèvres. Je l'attends de pied ferme, prêt à encaisser.

Mais, quand la porte d'entrée sonne, je ne m'attendais pas à ce qu'on me l'amène. J'inspire profondément, pose ma tasse de café et me dirige immédiatement jusqu'à la porte. J'ouvre sans regarder qui est derrière par le juda. Ce qui explique sûrement ma surprise en découvrant Louis, planté face à moi, les cheveux en bataille, des cernes immenses sous les yeux et un regard rougi.

- Est-ce que tu pourrais recommencer à me détester demain et... me prendre dans tes bras? J'ai besoin de toi, me souffle-t-il d'une voix éraillée à demi cassée.

Je ne réfléchis pas plus de trois secondes avant de m'approcher pour le prendre dans mes bras. Il fond sur moi pour se blottir contre mon torse. Ses bras se replient sous lui, je l'entoure des miens et l'entends fondre en larmes dans mon cou.

Non Louis... non ne craque pas. Ne craque pas comme ça ou je vais pleurer moi aussi...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top