Chapitre 20 - Comme une envie de barbecue
Musique : Izia : life is going down, back in town et Lola ❤
Chapitre 20 – Comme une envie de barbecue
LOLA
- Ça n'a rien à voir, m'exclamai-je.
- Ça a tout à voir, au contraire ! Tu r'produis la même chose avec cette bonne femme qui vous a largué comme deux merdes, ta sœur et toi ! Putain de merde Lola, tu t'es fait violée à cause de tes conneries, ça t'a pas suffi ?! Il t'faut quoi pour arrêter d'être aussi conne ?! aboya-t-il.
Giflée par la violence de ses paroles, je restai muette, incapable de prononcer quoique ce soit. Progressivement, le vide se fit dans mon esprit, me privant peu à peu de toute pensée cohérente. Le fragile barrage lacrymal que j'avais réussi à ériger depuis quelques jours, menaçait de voler en éclats tandis que je le dévisageais silencieusement. Blessée, je me perdis un instant dans ses prunelles tourmentées...comment en étions-nous arrivés là ?
Rassemblant un minimum de contenance, je me levai pour sortir de cette pièce devenue brutalement étouffante. Je regagnai l'extérieur sans un regard en arrière, inspirant à plein poumons l'air frais de cette fin de soirée. J'attendis une seconde, priant silencieusement pour qu'il me rattrape. Mais à part le néant et la sensation de n'être qu'une plaie ouverte, personne ne vint. Une larme solitaire roula sur ma joue pendant qu'un gouffre abyssal prenait place dans ma poitrine.
Je levai les yeux au ciel, dans l'espoir de trouver un quelconque réconfort dans les bulles lumineuses qui scintillaient joyeusement, mais hormis le béton de l'étage supérieur, je ne rencontrai rien. Un éclat de rire retentit depuis le parking, m'arrachant brièvement à ma torpeur. Je contemplai ma famille plus bas. Une soirée comme une autre au cœur de l'apocalypse, songeai-je tristement.
D'un pas lent, presque anesthésiée, je m'éloignai en silence, grimpant sans m'en rendre compte les marches menant au second. Je détaillai sans réellement les voir les portes rouillées, songes érodés de ce que le monde réel avait été avant l'épidémie. Arrivée au bout de l'allée, je m'arrêtai devant la chambre 507. La gorge nouée, j'entrai, puis refermai derrière moi pour me laisser glisser contre la paroi métallique. Adossée à la porte, mes jambes étendues sur la moquette tâchée, le vide m'envahit sournoisement. C'était...fini.
***
- Lo ?
Prostrée dans la baignoire grisâtre d'une salle de bain à la mosaïque brisée, mes bras enroulés autour de mes genoux, je relevai la tête pour croiser les prunelles ébènes de Michonne.
- Tu as passé la nuit là dedans ? s'inquiéta mon amie en s'approchant.
Je lui répondis par un petit sourire faiblard avant de fondre en larmes. L'arrosage automatique, le retour. L'afro américaine s'installa derrière moi avant de m'enlacer avec la douceur d'une sœur. Je pleurai de longues minutes, tentant de calmer les soubresauts de mon corps endolori. Quelle idée avais-je eu de dormir là dedans ? Enfin...dormir était un bien grand mot. Je n'avais pas fermé l'œil. Ressasser ce qui s'était passé la veille, encore et encore, s'était montré bien plus passionnant qu'essayer de trouver le repos. Comment les choses avaient-elles pu dégénérer à ce point...et en si peu de temps ?
- C'est à cause de ce qui s'est passé avec ta mère ? murmura Michonne.
- Non, c'est...Daryl et moi. On s'est disputés, reniflai-je en m'essuyant rapidement les yeux.
- C'est pas la première fois, dit-elle d'une voix douce pendant que je me levais.
Mes articulations craquèrent bruyamment, protestant contre ma soudaine envie de me mettre debout. Je m'étirai péniblement avant de traîner ma carcasse déprimée jusqu'au lavabo. J'ouvris le robinet et m'aspergeai d'eau glacée, histoire de chasser les traces de détresse imprégnées sur mon visage. Après une profonde inspiration, j'affrontai mon reflet blafard dans le miroir crasseux. Outre les cernes violacées, mes traits tirés témoignaient de mes heures d'insomnie. Le tout combiné aux quelques bleus en voie de guérison, me donnait l'apparence d'un rôdeur tout frais...l'odeur en moins, dieu merci.
- Cette fois, c'est différent, répliquai-je. Je crois que...c'est terminé, ajoutai-je après une seconde.
- Je ne comprends pas Lo, vous êtes dingues l'un de l'autre, remarqua-t-elle.
Que pouvais-je lui répondre ? Que pour lui, j'étais responsable de ce qui m'était arrivé ? Elle allait le haïr si je lui annonçais ça. Peu importe ce qu'il m'avait balancé à la figure, il ne méritait pas qu'on l'accable juste parce que notre couple n'avait pas fonctionné. A cette pensée, ma gorge se serra. Ça ne faisait que quelques heures et pourtant...il me manquait. Douloureusement. Le problème était peut-être là finalement. Nous nous aimions sans doute beaucoup trop.
- On s'est dit des choses pas très agréables, éludai-je.
- Tous les couples passent par là Lo, tenta-t-elle de me rassurer. Ce ne veut pas dire pour autant que tout est perdu.
Je secouai la tête en signe de négation. Quelque chose s'était brisé entre nous et à moins d'un miracle, je ne voyais pas trop comment nous allions pouvoir recoller les morceaux et recommencer comme si de rien n'était.
Quelques minutes plus tard, nous descendîmes pour retrouver les autres. Rick et Abraham discutaient autour d'une carte routière, pendant que Tara et Carol faisaient l'inventaire de nos maigres ressources alimentaires. Installé à même le sol près du camping car, Carl s'occupait de Judith sous le regard bienveillant de Barry. Un joyeux esprit de colonie de vacances avait pris possession des lieux qui s'avéraient être beaucoup moins sinistres en plein jour.
- On en est où ? s'enquit la samouraï à l'attention d'Hershel, occupé à rassembler nos affaires.
- Nous allons reprendre la route, répliqua le patriarche. Abraham insiste pour qu'on se rende rapidement à Washington, mais Rick n'a pas l'air de cet avis.
- Washington, ça me paraît pourtant pas mal, répliquai-je en haussant les épaules. Y aura peut-être moins de tarés qu'ici.
Sasha nous rejoignit, son fusil d'assaut passé autour de son épaule.
- Quelqu'un a vu Tyreese ? demanda-t-elle.
- Non pas ce matin, répondit Michonne.
- Il était épuisé hier soir, il doit dormir encore. Laissons-le se reposer pour le moment, indiqua Hershel avant d'aller retrouver Glenn et Maggie un peu plus loin.
Distraite, je laissai mes yeux vagabonder pendant que mes amies continuaient de discuter, pour croiser son regard à quelques mètres de moi. Le temps s'arrêta quelques secondes tandis que nous nous dévisagions en silence. Devais-je aller le voir ? Devais-je essayer d'arranger les choses ? J'étais complètement larguée...sans mauvais jeu de mots.
- Tu nous accompagnes Lola ? m'interpella la voix suave de Sasha.
- Hein ?
- Je vais faire un saut en ville avec Michonne pour essayer de trouver d'autres armes en attendant qu'on se mette en route. Tu veux venir avec nous ?
- Ok, acquiesçai-je, ça me fera penser à autre chose.
- Je vais prévenir Rick, déclara-t-elle.
Michonne s'éloigna à son tour, et, avec un soupir, je me retournai. Mon cœur manqua un battement lorsque mes prunelles rencontrèrent les siennes.
- Salut, bredouillai-je la gorge serrée.
En guise de réponse, il hocha la tête tout en mordillant furieusement sa lèvre inférieure avant de s'éclipser en direction de Sasha et du shérif. Super. Donc on en était au stade où ne s'adressait même plus la parole. Putain de merde ! Comme si les horreurs qu'il m'avait balancé n'étaient pas suffisantes, monsieur avait décidé de m'ignorer. C'était le pompon. Je le suivis du regard, ruminant mes pensées lorsque la sœur de Tyreese me fit signe de les rejoindre.
- On part dès qu'on trouve une voiture qui démarre, lança-t-elle.
- Et vous allez où ? demanda le chasseur.
Je le toisai une seconde, rongeant mon frein quant à la remarque cinglante que je mourrais d'envie de lui jeter à la figure.
- En ville, indiqua l'afro américaine, il nous faut de quoi nous défendre. On est nombreux, ça devient limite de se contenter du peu d'arsenal qu'on a. Surtout si on doit prendre la route pour Washington.
- C'est une mauvaise idée de s'séparer alors qu'on sait même pas si ces fils de pute sont tous morts.
- Et tu proposes quoi ? m'enquis-je froidement. Qu'on continue de se balader comme des cons sans armes ?
- C'que j'en dis, c'est que c'est risqué.
- C'est vrai que rester ici à rien faire c'est super productif, rétorquai-je en croisant les bras sur ma poitrine.
- Question productivité, on peut pas dire que tu serves à grand chose Casse-Noisette. Sauf quand il s'agit de t'attirer des emmerdes.
- Retourne chasser tes foutus écureuils et fous-moi la paix !
Gênés par la tournure qu'était en train de prendre la discussion, Rick et Sasha s'éclipsèrent discrètement. Intérieurement, je saignais. Extérieurement, je fulminais. Je ne pouvais pas croire que nous allions devenir ce genre...d'ex. Ceux qui passaient leur temps à se déchirer et s'envoyer des saloperies à la tronche.
- Tu sais quoi, fais c'que tu veux, j'en ai plus rien à branler ! Mais viens pas pleurnicher s'il t'arrive encore des bricoles !
- Je ne fais plus partie de ta vie alors rassure-toi, si je dois aller pleurnicher auprès de quelqu'un, ce ne sera certainement pas toi ! débitai-je en m'éloignant.
- Lola, attends ! lança-t-il en m'attrapant par le poignet.
- Laisse tomber, murmurai-je en me dégageant de sa poigne, tu as été très clair hier soir...et tu avais raison. Je fais confiance trop rapidement, ajoutai-je en le fixant tristement.
Une nouvelle fois meurtrie, je tournai les talons, refoulant les larmes qui menaçaient de dévaler mes joues dans une cascade lacrymale des plus pathétique. Il était hors de question que je lui fasse le plaisir de me mettre à pleurer...en tout cas pas devant lui.
***
- Une équipe de pom-pom girl ! Bordel de merde, j'aurais tout vu avec cette apocalypse ! m'exclamai-je contemplant les dépouilles putréfiées à pompons que nous venions de dégommer à coup de hache.
- Il doit y avoir un lycée pas loin, répliqua Sasha en ramassant le sac de sport plein à craquer d'armes et de munitions récupérées quelques heures plus tôt dans un commissariat abandonné.
- Ça vaudrait peut-être le coup d'y faire un tour, remarqua la samouraï. Si ça ne grouille pas de rôdeurs, il doit y avoir encore pas mal de nourriture.
- Un petit tour à la cantine ? Ça me va, approuvai-je avec un sourire. T'en dis quoi, Sasha ?
- J'en dis que si ton mec nous ramène encore de l'opossum, je pique une crise.
- Euh...ouais...de l'opossum, me crispai-je avant de me diriger vers notre véhicule, garé quelques mètres plus loin.
- J'ai dit quelque chose qui fallait pas ? entendis-je dans mon dos.
- C'est compliqué, éluda Michonne en m'emboîtant le pas.
Je m'installai sur la banquette arrière, le regard perdu dans le vague pendant que la sœur de Tyreese s'installait derrière le volant. Elle se tourna vers moi avec un sourire désolé alors que la samouraï rangeait les armes dans le coffre.
- Je ne savais pas, dit-elle de sa voix suave.
- C'est récent, souris-je faiblement. Une rupture apocalyptique...t'y crois toi ?
Une rupture apocalyptique...le terme était particulièrement bien choisi. Ce n'était pas ma première séparation mais...celle-ci avait un goût particulièrement amer. En plus de l'homme que j'aimais, j'avais perdu mon seul repère dans ce monde de merde. Mon estomac se contracta douloureusement à cette pensée. J.C avait gagné. Ce qu'il m'avait fait avait fini par nous exploser à la figure. Je soupirai, reportant mon attention sur la rue.
Je songeai un instant à ma mère, aux raisons de son départ des années plus tôt. Au fond, l'archer n'avait pas tort. Toutes les saloperies qui m'arrivaient, je les provoquais parce que je voulais continuer à croire qu'il existait du bon en chacun de nous. En fin de compte, la fautive dans toute cette histoire, c'était moi.
- Vous passez votre temps à vous bouffer du regard tous les deux, ça ne durera pas Lola, tenta-t-elle de me rassurer.
- J'imagine que...l'avenir nous le dira...à condition de survivre jusque là, ajoutai-je pour moi-même.
Après que Michonne ait pris place dans l'habitacle surchauffé, l'afro américaine mit le contact...sans résultat.
- Qu'est-ce-qui se passe ? demandai-je.
- J'en sais rien, elle veut pas démarrer, répondit Sasha.
- C'est sûrement la batterie, je vais voir, déclarai-je en sortant du véhicule sous le regard ahuri de notre chauffeur
- C'est la pro du changement de batterie, expliqua la samouraï comme si cette information était d'une importance capitale.
Je me dirigeai vers l'avant de la voiture, la main crispée sur ma hache tandis que je jetai un œil aux alentours, histoire de m'assurer qu'aucun groupe de rôdeurs ne traînait dans le coin. Je n'avais aucune envie de me faire bouffer, ma rupture avec l'archer était suffisamment douloureuse comme ça. J'ouvris le capot et détaillai le moteur avant de me figer.
- Alors ? s'enquit Michonne en me rejoignant.
Je déglutis, inspectant les câbles qui avaient été volontairement sectionnés.
- Quelqu'un a saboté le moteur pendant qu'on était parties, répliquai-je d'une voix blanche.
- Quoi ?! s'exclama-t-elle.
- Euh...les filles ! lança la sœur de Tyreese. On a de la compagnie !
Un filet de sueur glacée coula le long de ma colonne vertébrale en réalisant que nous étions encerclées par une dizaine d'hommes. Le souffle court, je reconnus sans peine Gareth qui s'avança vers nous, une lueur malsaine brillant dans ses yeux marrons.
***
DARYL
Journée de merde. J'me suis encore pris la tête avec Lola ce matin. J'suis vraiment le dernier des abrutis. J'sais plus quoi faire. J'suis complètement largué. Je l'ai blessé. Encore. A croire que j'suis bon qu'à ça. Elle est partie depuis des heures avec Michonne et Sasha. J'voulais pas qu'elle y aille. J'voulais qu'elle reste ici. A l'abri. Mais elle en a fait qu'à sa tête...comme d'habitude. Et moi...j'ai merdé...comme d'habitude. Finalement, c'est pt'être pas plus mal qu'on soit plus ensemble. Si j'suis moins impliqué, j'pourrais mieux la protéger. Enfin, j'crois. J'en sais rien, en fait. J'ai plus franchement les idées claires. Il s'est passé trop de choses. Et ça nous a explosé à la gueule. J'ai toujours su que j'la méritais pas. Ça s'est confirmé hier soir. Comment j'ai pu lui sortir ça ? Pas étonnant qu'elle ait les nerfs en boule. Putain de merde. V'là sa mère qui rapplique. Génial. Manquait plus que ça. J'suis pas d'humeur, putain.
- Est-ce-que je peux vous parler Daryl ?
Lola lui aurait sûrement balancé une remarque à propos de cordes vocales ou j'sais pas trop quoi. Mais comme j'suis qu'un gros con, j'me contente de la regarder. Je hausse les épaules. Après tout, si elle veut m'parler, qu'elle le fasse, j'en ai rien à branler. J'la suis un peu à l'écart. L'espèce de débile sauveur de l'humanité nous fixe bêtement. J'lui lance un regard noir. Il s'barre sans demander son reste. Guignol. J'me retourne vers Dolorès. Qu'est-ce-qu'elle va m'sortir ?
- Vous avez parlé à Lola hier soir ? elle demande.
Qu'est-ce-que ça peut lui foutre ? J'ai pas envie d'lui dire qu'à cause de ce qu'elle lui a raconté, on s'est pris la tête. Que j'ai sorti des horreurs à la seule personne qui a réussi à adoucir ma vie de merde. Et qu'à cause de mes conneries, je l'ai perdue.
- Ouais, j'réplique en cherchant mon paquet de clopes.
- Je lui ai menti.
J'me fige. C'est quoi encore cette merde ? J'inspire une bouffée de tabac en la dévisageant.
- Pourquoi ?
- C'est compliqué.
J'suis pas d'humeur pour un foutu suspense. Soit elle crache le morceau, soit j'me barre. Elle soupire.
- Y a jamais eu d'autre homme. Je...le jour où je suis partie, j'avais rendez-vous dans un foyer pour femmes battues. Les filles étaient chez des amis, je devais aller les récupérer là bas après avoir tout arrangé avec les gens des services sociaux.
C'est quoi cette histoire ? J'lui propose une cigarette. J'sais pas pourquoi j'le fais. J'lui tends mon briquet. Elle porte le tube de nicotine à ses lèvres et mate le ciel quelques secondes avant de reprendre.
- Je n'ai jamais pu m'y rendre. Franck avait tout découvert...il m'a frappé. Plus que les autres fois, beaucoup plus. Il m'a laissé pour morte dans une ruelle et...je me suis réveillée quatre ans plus tard dans une chambre d'hôpital.
Elle écrase une larme sur sa joue. Putain de merde. Elle est en train de m'dire qu'elle a passé quatre ans dans le coma ?! Pourquoi elle m'raconte ça à moi ?! J'suis quoi ? Un foutu psy ?
- Et les flics ? Pourquoi ils ont rien fait ?
- Le jour où mon mari a failli me tuer, quand les secours m'ont trouvé, je n'avais aucun papier sur moi, rien qui n'aurait pu m'identifier. J'étais juste...un fantôme. Après ça, elle soupire, il a fallu que je me reconstruise petit à petit. Quatre ans dans le coma, ça ne s'efface pas en deux jours.
- Et après ? Pourquoi vous avez rien fait pour Lola ? Elle était encore là et elle a morflé chaque jour de sa putain de vie !
Elle s'tourne vers moi. Ses yeux verts sont comme éteints.
- Quand je suis sortie de l'hôpital, j'ai appris la mort de ma fille aînée et...Lola allait entamer sa carrière de ballerine...je n'ai pas voulu interférer. Elle était enfin heureuse, grâce à vous, en grande partie, elle murmure. Vous êtes quelqu'un de bien Daryl.
- J'comprends pas. Pourquoi vous m'dites tout ça ? Pourquoi vous lui avez raconté des craques ?
- Vous connaissez Lola autant que moi, même sûrement beaucoup mieux. Elle me pardonnerait, elle se rendrait malade de ce qui m'est arrivé. Je préfère que ma fille me déteste plutôt qu'elle souffre encore à cause de moi.
Elle marque une pause et inspire une bouffée de tabac. Ma clope s'est consumée sans que j'la fume. J'suis sur le cul. Je m'attendais pas à ça.
- Hana serait sûrement encore en vie si j'avais agi plus tôt. Tout ce qui s'est passé, c'est entièrement de ma faute. Parce que j'ai été trop lâche pour réagir à temps.
- C'est des conneries.
Elle m'regarde, les sourcils haussés. Elle a la même expression outrée que Casse-Noisette.
- Le seul responsable, c'est votre enculé d'mari.
- Ne lui dites rien, s'il vous plaît.
- Pourquoi vous m'en avez parlé alors ? J'vous ai rien demandé !
- Parce que je sais que vous tenez à elle.
- On est plus ensemble.
Ça m'tue de le dire à voix haute. Ça rend ça trop concret. Trop réel. Et puis merde, j'sais pas pourquoi j'lui sors ça. J'en ai même pas parlé à Rick et j'crache le morceau à mon...ex belle mère ? J'pars vraiment en couille. Ce monde de merde dans lequel on vit m'fait faire n'importe quoi.
- Lola vous aime.
- Après les horreurs que j'lui ai balancé, j'en suis plus si sûr.
- Je connais ma fille, pas aussi bien que je l'aurais souhaité, mais je sais qu'elle vous aime profondément, peu importe ce qui a pu se passer entre vous. Elle reviendra, n'en doutez pas.
Elle s'éloigne et j'reste comme un con. Putain. Va falloir que j'lui mente maintenant. J'aurais préféré qu'elle m'dise rien. Fais chier. D'un autre côté, ça m'rassure d'savoir qu'elle s'est pas barrée intentionnellement. Mais j'suis censé faire quoi au milieu d'ce bordel ? Comme si les choses étaient pas déjà assez compliquées. J'me laisse tomber sur le bitume. Je m'adosse contre le mur. Elle me manque, putain. Rick se ramène. Il a l'air inquiet. Elles sont toujours pas rentrées. La nuit commence à tomber. Et d'un coup, j'réalise qu'on a pas vu Tyreese de la journée. C'est bizarre.
- Je pars en ville avec Bob, déclare le shérif.
- Tu vas les chercher ?
- Elles sont parties depuis trop longtemps, il murmure, ça commence à m'inquiéter. Sans compter que Tyreese est introuvable.
- Les types du Terminus ? Tu crois qu'ils sont v'nus finir le boulot ?
Il pose ses mains sur les hanches et réfléchit quelques secondes.
- On fait quoi, on laisse les autres ici ?
- Tant qu'on ne sait pas ce qui se passe, ça me paraît plus sûr.
- On part maintenant ?
Il acquiesce. J'me lève et j'le suis. Il donne quelques recommandations à Carl. J'en profite pour récupérer mon arbalète. Carol vient m'voir. Elle me tend un couteau de chasse.
- Tu en auras peut-être besoin.
J'la remercie. Elle me sert dans ses bras.
- Ramène la, Pookie. Il faut que tu arranges les choses avec elle.
Merde. Elle sait qu'on est plus ensemble. Elle sait toujours tout. J'sais pas comment elle fait. C'est pt'être pour ça que c'est mon amie. J'ai pas besoin d'parler. Je hoche la tête. J'me dirige vers une des bagnoles, j'la trafique et elle démarre. Mes entrailles se tordent en pensant à Lola. Putain, s'il lui est encore arrivé quelque chose...j'crois que j'vais vraiment devenir dingue.
***
LOLA
Les mains attachées dans le dos, agenouillée aux côtés de mes amies, je retins une brusque vague de nausée devant le spectacle morbide auquel nous assistions. Après nous avoir encerclé un peu plus tôt dans la journée, Gareth et son groupe nous avaient traîné de force jusqu'au lycée où ils s'étaient retranchés depuis la destruction du Terminus. L'apocalypse et la race humaine étant ce qu'elles étaient, l'horreur s'était tout naturellement invitée.
Les flammes rougeoyantes projetaient leurs ombres menaçantes sur le bitume de la cour de l'ancienne école. Les grognements des rôdeurs affamés nous parvenaient depuis l'intérieur du bâtiment. Je les observai du coin de l'œil tandis qu'ils grattaient aux vitres, dans l'espoir de venir participer au festin. Le cœur au bord des lèvres, je reportai mon attention sur l'infâme scène se déroulant à seulement quelques mètres de nous. Luttant contre une furieuse envie de hurler, je sentis un flot de bile m'envahir la gorge. Plus que l'image de Tyreese se faisant mutiler et éviscérer par ces cinglés de cannibales, c'était l'odeur de ses jambes grillant sur leur feu de camp qui m'avait anesthésié les neurones. Sasha, quant à elle, avait cessé de crier.
- Tyreese, sanglota-t-elle d'une voix brisée tandis que Gareth s'approchait, un morceau de...viande à la bouche.
- Je sais, dit-il d'un ton faussement compatissant. Voir un proche se faire dévorer...c'est terrible. J'ai vécu ça très récemment...quand ton groupe a laissé ma mère aux mains des morts-vivants.
La jeune femme le dévisagea d'un regard noir avant de lui cracher à la figure. Le tortionnaire grimaça en essuyant la salive de sa joue.
- Si ça peut te consoler, sache qu'il a très bon goût.
- Je vais te tuer, murmura-t-elle. Je te jure, que je vais te tuer.
Je me tournai vers Michonne pour constater qu'elle tentait de défaire discrètement ses liens. D'un signe de tête presque imperceptible, elle m'indiqua du mouvement à une dizaine de mètres. Je repérai trois hommes et distinguai immédiatement la silhouette de Daryl. Profitant du fait que les cannibales ne les avaient pas encore remarqué, j'imitai mon amie, ignorant délibérément la morsure des entraves sur ma peau à vif.
- L'avantage, c'est que vu la montagne de nourriture que nous a offert votre pote, on a de quoi voir venir pour quelques jours. Il a vraiment eu une bonne idée en quittant le motel hier soir.
- Vous...nous avez suivis ? murmurai-je.
- Allons Lola, tu ne croyais quand même pas qu'on allait rester sans rien faire alors que vous nous avez tout pris, déclara-t-il en mordant avidement dans le bout de chair qu'il tenait entre ses doigts.
- Vous nous avez séquestré, grinça Michonne, on s'est défendus.
- Dans ce monde, on est soit le bétail, soit le boucher, répliqua-t-il. Mais rassurez-vous, quand on en aura fini avec lui, ce sera à votre tour. J'ai toujours eu une préférence pour les femmes, dit-il en se levant sous les ricanements de ses compagnons. C'est le gras.
- Le gras ? répétai-je.
- Le corps des femmes est plus gras que celui des hommes, question de génétique. Ça rend votre viande plus tendre, mesdames.
***
DARYL
Quand on arrive en ville, la nuit est bien entamée. On tombe direct sur la bagnole qu'elles ont pris en partant. J'scrute le sol. J'cherche des indices. Mais il fait tellement noir que ça complique les choses.
- Hey ! Regardez ! déclare Bob.
- Bah quoi ? C'est qu'des rôdeurs, je réponds en matant les dépouilles affalées sur l'asphalte.
- Elles ont des costumes de pom-pom girl, remarque Rick en s'agenouillant.
- Le lycée ? je demande.
- Si les types du Terminus sont responsables de ça, ils se sont sûrement retranchés là bas, approuve le black.
On s'met en route au pas de course. J'arrête pas d'penser à Lola. Putain, faut que j'la revois. Peu importe si on s'fait la gueule. Ou si on se hurle dessus. J'veux juste...la voir. Et être sûr qu'elle a rien. J'veux juste la serrer contre moi, bordel de merde. On slalome entre les bâtiments. J'bute un cadavre d'un coup d'arbalète dans la tronche. Il s'effondre comme une merde.
- Par ici ! lance Rick en désignant une lueur rouge orangée.
- Un feu de camp, je grogne. Ces fils de pute sont là bas.
On s'dirige vers le lycée. En silence. Rick éclate la cervelle d'un autre mort-vivant avec la crosse du flingue que lui a filé Hershel avant qu'on parte. On s'rapproche. L'odeur devient insupportable. J'préfère même pas penser à ce qu'ils font griller. Je m'agenouille derrière un muret, près du stade. J'en compte dix. Cet enculé de Gareth est là. J'le vois parader devant les filles. Lola lève la tête. Putain, elle est en vie. J'sais pas si elle m'a vu. J'me tourne vers Rick. Il a l'air sonné. J'reporte mon attention sur le feu de camp. C'est...putain de merde. Tyreese. J'ai la gerbe. J'ai vraiment la gerbe. J'me contiens. J'sais pas comment j'fais. Le shérif me fait signe. J'dégaine mon arbalète et un premier carreau se fiche dans le crâne d'un de ces enfoirés. Il s'écroule. Ses potes comprennent rien à ce qui se passe. On profite de l'effet de surprise. Rick en élimine deux autres, Bob aussi.
- Va les libérer, on s'occupe d'eux ! crie le shérif alors que les autres commencent à riposter.
J'me précipite. Les coups de feu pleuvent de tous les côtés. J'y prête plus attention. Tout c'que j'veux, c'est sauver ma...Lola. J'recharge. J'en bute un autre. J'me remets à courir. J'regarde pas en direction du brasier. J'peux pas. J'veux pas voir ce qu'ils ont fait à ce pauvre vieux. J'me retrouve nez à nez avec Gareth. Le chef des cannibales se jette sur moi. J'lui file un coup d'arbalète dans la gueule. Ça l'assomme direct. Quelle grosse merde. Même pas capable de s'battre. J'attrape mon couteau de chasse et j'détache Sasha.
- File le moi !
J'lui tend mon arme. Elle s'approche de ce fils de pute. Il est sonné. Mais conscient. Il recule lamentablement. Elle le toise de toute sa hauteur. Et lui plante ma lame dans le bide. Un nombre incalculable de fois. J'ai l'impression de r'voir Lola quand elle a massacré Tony. Rick et Bob sont venus à bout des autres abrutis. J'les libère, Michonne et elle. On reste comme deux cons à s'observer. L'espace d'un instant, y a plus qu'nous deux. J'lis du soulagement dans ses yeux. J'veux la serrer contre moi. J'ai besoin de sentir sa peau. Juste pour m'assurer qu'elle va bien. Mais j'le fais pas.
- Faut pas traîner ! annonce Rick.
Il a raison. Ce bordel a dû attirer tous les rôdeurs du coin. D'ailleurs, ceux qui sont enfermés dans le lycée s'agitent. Ils s'acharnent contre les vitres.
- Et Tyreese ? murmure Casse-Noisette.
J'me tourne vers sa dépouille. Ces enculés l'ont massacré. J'regarde Rick. Puis Sasha. Faut qu'elle l'enterre. On peut pas l'laisser là...parce qu'on abandonne pas les nôtres.
A suivre...
Youhouhou le passage avec les cannibales est enfin terminé ! J'en avais trop marre 🙈🙈😂😂😂
Pour la suite, j'ai une semaine très très chargée, et je pars 4 jours en déplacement avec la marque que je représente pour un shooting photo ongulaire (🙈🙈😂😂😂) en fin de semaine, je vais essayer de faire au mieux pour vos poster un petit quelque chose avant, mais je ne peux rien vous promettre 😔😔
Merci de m'avoir lue, à bientôt pour la suite ! ❤❤
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