Chapitre 16 - Un ours polaire dans les nuages
Coucou !
L'avantage quand l'OM joue c'est que j'ai le temps d'avancer dans mon écriture 😂 Voici donc le chapitre 16 ! Un chapitre plus sombre que les deux derniers. Le prochain arrivera lundi ou mardi 😁
J'espère que je ne vous lasse pas trop, je n'ai jamais écrit une histoire aussi longue !
Pour la musique : Misery Loves co - into the grey
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Chapitre 16 – Un ours polaire dans les nuages
Assise sur les marches, sous le porche de la maison de mon voisin, j'attendais. Qu'est-ce-que je foutais là ? Mon premier réflexe après le pétage de plomb de mon père, avait été d'aller me réfugier chez lui. Pourquoi ? Mystère. Après tout, on ne se connaissait pas. Sans compter qu'il avait tout d'un homme des cavernes. Mais sur le moment, l'idée m'avait semblé bonne.
Un pick-up se gara dans l'allée. S'en suivit un claquement de portière auquel je prêtai à peine attention. Le redneck, comme l'appelait mon vieux, revenait de la chasse si j'en jugeais par la bestiole morte qu'il trimballait. Je gardai les yeux baissés lorsqu'il rentra chez lui sans me calculer. Pas un regard. Pas un salut. Je m'attendais à quoi ? J'étais rien pour ce type. Juste une morveuse qui avait emménagé deux semaines plus tôt dans la baraque d'à côté.
Je soupirai en levant mes prunelles sur le ciel azur pour observer un instant les nuages de coton se disloquer comme des bulles de savon dans les airs. La lèvre inférieure éclatée, mon nez qui pissait le sang...mon existence ressemblerait-elle toujours à ça ? Avant que nos vies ne partent en vrille, je ne savais même pas qu'il était possible de massacrer sa femme et sa fille pour une histoire de viande trop cuite. Je devrais peut-être arrêter d'en manger, songeai-je en tirant nerveusement sur les fils de mon jean. Il avait commencé par frapper ma mère. Elle n'avait pas bronché. Comme d'habitude. Comment pouvait-elle accepter les coups sans rien dire ? Alors j'avais ouvert ma gueule. Et il m'avait démonté. Comme d'habitude. Heureusement qu'Hana était partie en week-end chez Janice, sa meilleure amie. Ce nouveau déferlement de violence l'aurait bousillé un peu plus.
La porte d'entrée claqua derrière moi, m'arrachant à mes pensées déprimantes. Je déchirai un peu plus mon jean ouvert sur la peau blafarde de mon genou droit, lorsque Monsieur Homme des cavernes se laissa tomber à côté de moi, une clope aux lèvres, une bière dans une main, des compresses et de l'alcool dans l'autre.
- Fais voir, dit-il tandis que je l'observais du coin de l'œil.
Je me tournai vers lui, rivant mes iris aux siens. J'aimais bien ses yeux. Ils dégageaient une espèce de mélancolie en contradiction totale avec son allure débraillée. Après avoir écrasé son mégot, il attrapa mon menton entre le pouce et l'index et me détailla sous toutes les coutures pendant qu'il nettoyait mon visage ravagé. Merde. Je m'y attendais pas. Je pensais qu'il allait me dire de dégager...mais non. Au lieu de ça, il me rafistolait. Moi, la gosse sortie de nulle part. Et il avait l'air de prendre son ouvrage très à cœur. Je scrutai ses traits en silence, m'attardant une seconde sur ce tic compulsif qu'il avait de mordiller sa lèvre inférieure. Ce mec était abîmé. Comme moi. J'en étais persuadée. Sinon, pourquoi prendrait-il la peine de s'occuper d'une gamine de quinze ans ?
- Dolorès Lola Collins !
Je sursautai lorsque la voix de ma mère me ramena à la réalité. Me levant rapidement, je m'éloignai avant de m'immobiliser une seconde. Après tout, elle pouvait bien attendre une minute. Je revins sur mes pas avant de me planter devant le type débraillé qui me servait de voisin.
- Je m'appelle Lola.
- Daryl.
Sans trop réfléchir, je plaquai une bise sur sa joue avant de rejoindre ma mère qui m'attendait devant chez nous.
- Qu'est-ce-que tu faisais là bas ? me réprimanda-t-elle à voix basse, en replaçant derrière son oreille une mèche brune échappée de son chignon défait.
- Rien, répliquai-je en la suivant dans la cuisine.
- Ne parle pas si fort, ton père se repose.
- Ouais...faudrait surtout pas qu'il se fatigue, marmonnai-je.
- Ce ne sera pas toujours comme ça Dolorès, murmura-t-elle en déposant un baiser sur mon front. Viens, je voudrais te montrer quelque chose.
- M'appelle pas comme ça, me crispai-je en lui emboîtant le pas dans le jardin, une odeur de parfum à la noix de coco bon marché flottant dans son sillage.
Elle s'allongea dans l'herbe, fixant de ses yeux émeraudes le ciel au dessus nous tandis que je l'observais, les bras croisés.
- Allonge toi, dit-elle en tapotant la pelouse à coté d'elle.
Je m'exécutai, un petit sourire s'étirant malgré moi sur mes lèvres douloureuses. La première fois qu'on avait contemplé cet écrin azur renfermant tout un univers de couleurs, je devais avoir cinq ou six ans.
- Regarde, dit-elle en pointant un tas de nuages poussés par la brise légère. Qu'est-ce-que tu vois ?
- Maman, me lamentai-je, j'ai passé l'âge de jouer à ça.
J'avais beau vouloir prétendre le contraire, la vérité était que j'adorais ces moments rien qu'à nous. Parce qu'ils nous permettaient d'échapper un instant à notre quotidien infernal.
- Fais un effort, c'est important.
- Ok, maugréai-je en reportant mon attention sur le firmament. Une tortue de mer qui joue au golf, finis-je par m'esclaffer.
- Ah oui ? répliqua-t-elle avec une pointe d'étonnement. Je pensais plus à un ours polaire en train de se gaver de barba-papa.
- Ouais...peut-être qu'en penchant la tête comme ça...hey ! Mais t'as raison ! m'exclamai-je.
Ma mère tourna son visage sur moi, un sourire illuminant son teint blafard teinté d'hématomes violacés.
- Ne laisse jamais personne te voler tes rêves, Lola.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Pour que tu n'oublies jamais à quel point tu es forte.
- Je suis pas forte, soupirai-je en reportant mon regard sur le ciel.
Elle se redressa sur un coude, jouant quelques secondes avec un brin d'herbe avant de reprendre à voix basse :
- Bien sûr que si. C'est juste que tu ne le sais pas encore.
***
- Ma gorge est sèche, mon épiderme se déshydrate, je sens s'ouvrir la brèche, de l'eau et son diktat, se lamenta Barry.
Je souris, ahurie par la poésie hydraulique pour le moins incongrue du colosse. A sa décharge, nous marchions depuis des heures sous un soleil de plomb. J'avais trouvé d'autres emballages sur les rails. Notamment celui d'un tube de fromage fondu. Preuve supplémentaire que nous étions sur la bonne voie.
- Je t'avais dit d'économiser ta flotte, grommela l'archer en lui tendant sa propre bouteille.
- Archer, une nouvelle fois, ta profonde générosité me...
- Me ressors pas le couplet sur la gratitude et la reconnaissance éternelle, l'interrompit Daryl en dégommant un cadavre qui avait commencé à fusionner avec la végétation.
J'observai la dépouille, intriguée, m'interrogeant vaguement sur la possible existence d'une variété de rôdeurs-plantes ou d'un machin de ce genre lorsque le poète humoriste s'éclipsa dans la forêt en déclamant de façon quelque peu théâtrale :
- La nature a des besoins, dont un particulièrement, auquel je ne peux me soustraire. Chers amis, je reste à portée de voix.
- J'vais le buter, marmonna le chasseur pour lui-même, avant de s'approcher de moi. T'as soif ?
- Non ça va, répliquai-je en essuyant la sueur accumulée sur mon front.
Il me dévisagea silencieusement, mordillant sa lèvre inférieure. Qu'allions nous devenir ? Depuis mon...agression, il était complètement paumé, quant à moi, j'étais larguée dans une espèce de mélasse immonde et collante faite de flashs me rappelant sans arrêt mon calvaire. Nous étions l'un comme l'autre dévorés par la culpabilité. Plus les jours passaient, moins cela s'arrangeait. J'avais peur qu'à long terme, cette histoire finisse par nous détruire.
Perdue dans la contemplation de mes rangers, je sursautai lorsqu'il me serra dans ses bras. Putain de merde. Je n'en pouvais plus d'être tout le temps sur le qui-vive. Cette situation était invivable. J.C m'avait transformé en une espèce de chose effrayée par tout et n'importe quoi. La gorge nouée, je me débattais furieusement pour refouler un nouvel assaut lacrymal. Bob avait peut-être raison en fin de compte. Je virais bipolaire, passant d'une émotion à une autre en une fraction de seconde. Je m'agrippai à la chemise de Daryl, le corps secoué de nouveaux sanglots. Combien de temps encore allais-je devoir supporter ça ? Et lui...supporterait-il de vivre auprès d'une femme que la vie avait brisée une fois de trop ?
- Je...n'en peux plus, soufflai-je.
L'archer déglutit, rivant ses prunelles aux miennes avant d'essuyer tendrement les larmes qui s'écoulaient en silence sur mes joues.
- J'en peux plus Daryl...j'y arrive pas. Un coup ça va, la seconde d'après ça va plus...j'suis complètement larguée.
- Pleure pas, dit-il en m'embrassant sur le front. J'suis là
- Tu mérites pas ça, reniflai-je anéantie, je fais de mon mieux...je te jure que je fais ce que je peux...mais...
- Hey, murmura-t-il en me serrant un peu plus contre lui. J'te l'ai dit, j'te lâcherai pas.
- Je voudrais tellement...pouvoir te rendre...heureux...et au lieu de ça...j'fais que de la merde et tu mérites mieux que...
- Lola, regarde-moi.
Je m'exécutai, levant lentement mes yeux vers lui, terrassée par cette brusque crise de panique. Putain mais qu'est-ce-qui ne tournait pas rond chez moi ?! Cette dépression à la con commençait à sérieusement me taper sur les nerfs.
- J'suis heureux, assura-t-il, parce que j'suis avec toi. Peu importe combien de temps il faudra pour que tu r'montes la pente, j'm'en tape. Parce que c'est toi et moi Casse-Noisette. Ça l'a toujours été, même avant cette merde d'apocalypse.
Je le fixai, troublée par ses paroles. Il n'était pas fan des grandes déclarations. Se mettre à nu comme il venait de le faire, le mettait mal à l'aise. Et pourtant. Il l'avait fait. Sans se poser de questions. Pour moi. Je débordais d'amour pour cet homme abîmé par la vie. Plus encore depuis que nous nous étions trouvés.
- Toi et moi ?
- Toi et moi.
***
Le soleil s'était presque couché, lorsqu'au détour d'un sentier, Daryl, Barry et moi nous figeâmes. Un 4X4 abandonné gisait sur le bas côté, vomissant des vêtements et autres affaires sur les feuilles mortes. Mais outre ce véhicule d'un bleu ayant connu des jours meilleurs, ce fut surtout le trio installé sur le sol qui nous interpella.
- C'est eux, murmurai-je les larmes aux yeux en me mettant à courir. Michoooonnne !
La samouraï leva la tête avant de se précipiter vers nous, un sourire radieux aux lèvres. Je me jetai dans ses bras, riant comme une gamine un soir de Noël.
- Putain ! J'arrive pas à y croire ! m'écriai-je en sautillant sur place, tandis que Rick et Carl nous rejoignaient à leur tour.
- Tes cheveux ! s'exclama-t-elle ahurie
- Ouais...besoin de changement, éludai-je.
Le shérif et l'archer se contentèrent d'une accolade fraternelle, pendant que le fils Grimes me serrait contre lui en pleurant.
- Barry ! lança l'afro américaine. Viens par là mon grand !
- Une samouraï, un shérif et un mini shérif, voilà qui met mon cœur en joie, dit-il de son ton monocorde.
Les retrouvailles, chaleureuses, durèrent de longues minutes avant d'être interrompues par l'arrivée inopinée d'un petit groupe de rôdeurs. Ce fut sans compter sur le sabre aiguisé de Michonne qui se débarrassa du problème en un rien de temps.
- Qu'est-ce-qui vous est arrivé ? s'enquit Rick en se laissant tomber sur un tronc d'arbre renversé.
Je me crispai à cette question, jetant un regard nerveux vers Daryl. Ce dernier posa son arbalète contre le pare-choc du 4X4 et s'installa à côté de notre leader.
- Bah, tu sais...la routine. Buter des rôdeurs, trouver un abri pour la nuit...ce genre de choses, marmonna-t-il, et puis on a vu les panneaux du Terminus. Et vous ?
- Les premiers jours, y avait que papa et moi. Et finalement, Michonne nous a retrouvé.
Je notai silencieusement l'absence de Judith mais m'abstins d'en faire la remarque. Les yeux du fils Grimes semblaient...éteins. Ce qui me confirma ce que je craignais. Une nouvelle fois, ce monde dégueulasse me révulsa. La samouraï passa un bras réconfortant autour de mes épaules, me fixant de ses prunelles ébènes.
- Je suis heureuse que tu ailles bien Lo.
Je déglutis nerveusement. Je n'allais pas bien. Vraiment pas bien. Mais comment pouvais-je lui dire ça ? Je n'avais aucune envie de ruiner ces retrouvailles avec mes tourments. Et de toute façon, lui en parler ne changerait rien. Ce qui était arrivé...était arrivé. Il n'y avait pas retour en arrière possible. Il fallait juste...encaisser.
- Moi aussi, me contentai-je de répliquer, je suis heureuse que tu sois là.
Je levai les yeux vers l'archer qui m'adressa un sourire auquel je répondis avec un petit signe de la main tout à fait ridicule. La guimauve avait le don de me transformer en une espèce de boule de romantisme à deux balles...mais que pouvais-je y faire ? C'était bien tout ce qui me restait d'à peu près positif.
- Et vous deux ? Toujours le grand amour ? me taquina-t-elle.
- Ouais, répondis-je à voix basse.
Le visage du shérif gardait quelques séquelles de son combat avec le Gouverneur. Cependant, à part ces quelques hématomes en bonne voie de guérison, ce dernier avait l'air plutôt en forme.
En début de soirée, Daryl décida d'aller chasser, histoire de rassasier nos estomacs affamés. Je me levai pour l'accompagner à la lisière de la forêt.
- J'srai pas long, et promis, pas d'opossum, sourit-il en m'embrassant sur le front avant de s'enfoncer dans les bois.
- Je t'aime, murmurai-je pour moi-même en le regardant disparaître.
Michonne me rejoignit quelques secondes plus tard alors que je gardais mes prunelles rivées sur les arbres menaçants.
- Qu'est-ce-qui s'est vraiment passé Lo ?
- Daryl l'a dit, éludai-je avec un sourire préfabriqué parfaitement maîtrisé, on s'est sauvé et...
- Tu ne sais pas mentir, m'interrompit-elle à voix basse. Et tu n'aurais jamais massacré tes cheveux sans raison.
Merde. Grillée. Je déglutis, me flagellant mentalement de n'être qu'un livre ouvert. Levant les yeux au ciel comme pour chercher du réconfort dans les étoiles, j'inspirai profondément. Le vivre avait été une chose. Le raconter...ne ferait que renforcer la réalité morbide.
- J.C n'a...jamais quitté la prison le soir où il...a tenté de me séduire dans la salle de bains. Il attendait juste le bon moment pour me tomber dessus, commençai-je.
J'essuyai d'un revers de la main les larmes qui avaient recommencé à couler sur mes joues, tandis que la samouraï me dévisageait, refusant probablement de croire ce que je m'apprêtais à lui révéler.
- Il a profité de l'attaque pour m'assommer et me traîner dans les bois...la suite...n'est pas très difficile à deviner, ajoutai-je après une hésitation.
Les yeux embués, mon amie plaqua ses mains devant sa bouche, horrifiée, avant de me serrer dans ses bras.
- Lo, je...je suis...
- Me dis pas que t'es désolée, implorai-je, je veux pas qu'on soit désolé pour moi.
- Est-ce-que cet enfoiré est mort ?
- Ouais...Daryl l'a...massacré.
Nous restâmes ainsi de longues minutes, enlacées, sans rien dire. De toute façon qu'il y avait-il à dire ? Que ça irait mieux avec du temps ? Je n'avais pas envie d'entendre ça. Tout ce que je voulais, c'était quitter cette tristesse abyssale qui m'oppressait à chaque seconde pour retrouver celle que j'avais été. La Lola enjouée, rêveuse et naïve me manquait. Terriblement.
- Tout va bien ? nous interpella Rick qui venait d'allumer un feu.
- L'émotion des retrouvailles, sourit Michonne.
Nous retournâmes nous installer aux côtés du Shérif, pendant que Barry racontait à un Carl médusé, sa rencontre inoubliable, selon ses propres termes, avec Edgar, Adelaïde et...Bourguignon. Les flammes crépitaient joyeusement, réchauffant mon âme meurtrie. Je me perdis un instant dans la contemplation du brasier écarlate, m'interrogeant sur ce qui nous attendait au Terminus. Y trouverions-nous la stabilité à laquelle nous aspirions tous ? Glenn, Maggie, Hershel et les autres avaient-ils suivi la même voie ? Et qu'en était-il de Carol, seule, dans ce monde dévasté par la haine ?
Un craquement sonore retentit brusquement, m'arrachant à mes pensées. Rick se leva, méfiant, nous intimant de nous tenir sur nos gardes. La main crispée sur le manche de ma hachette, le souffle court, je scrutai les bois sombres sans rien distinguer d'autre que leurs ombres menaçantes se reflétant sur le sol terreux. L'ancien flic reprit sa place, gardant tout de même son arme à portée de main. Je songeai à Daryl, l'estomac noué par l'appréhension.
- Salut, connard ! lança un homme en abattant sa crosse sur le crâne du shérif.
Épouvantée, je l'observai s'écrouler sur les genoux tandis que cinq autres individus sortaient du couvert des arbres pour nous encercler. Je me levai précipitamment lorsqu'une poigne puissante s'abattit sur mon épaule, me forçant à me rasseoir. Le canon froid d'une arme à feu contre ma tempe, je déglutis, terrifiée.
- T'as pas été évident à retrouver, reprit celui que j'identifiai comme étant leur leader.
Une soixantaine d'années, un look de biker sur le retour, chevelure grisonnante et barbe hirsute, le chef tenait Rick en joue. Un vieux type bedonnant dégueulasse maintenait Carl contre lui, un énorme couteau de chasse sous sa gorge, pendant qu'un autre, un peu plus jeune, donnait un coup de pied dans les genoux de Barry pour que ce dernier s'agenouille.
- Un mouvement, et le gosse meurt, reprit le chef de meute d'un ton froid.
- Vous vous voulez quoi ? s'enquit Michonne avec un calme olympien alors qu'un de ces cinglés la braquait avec un fusil à pompe.
- J'vais la faire simple, déclara le leader avec un sourire dévoilant une dentition douteuse, votre ami ici présent a étranglé notre pote Lou et l'a laissé se transformer avant de se barrer. Mais ! Tony, ajouta-t-il en désignant celui qui me menaçait, a eu le temps de voir sa gueule d'enfoiré.
Ma respiration s'accéléra brutalement en voyant le vieux pervers jeter Carl au sol, me ramenant à mes propres démons. Le souffle court, ma poitrine se souleva à un rythme erratique tandis que l'adolescent se débattait furieusement sous les rires immondes de son agresseur.
- Le touchez pas ! aboya Rick. C'est moi que vous voulez !
- Non, en fait je vais t'expliquer comment ça va se passer. Tu vois, on va d'abord s'occuper du morveux, on va tabasser à mort ton pote le tordu, on passera un peu de bon temps avec tes deux gonzesses, et, on terminera par toi, débita le vieux biker avant de se tordre de rire.
Putain de merde. Non. Non...non non non ! hurlai-je silencieusement. Une rage sans nom bouillait dans mes veines alors que la merde nauséabonde qui maintenait Carl dans la terre continuait de se marrer vicieusement.
- Regardez ce que j'ai trouvé dans les bois ! lança un septième type en poussant Daryl devant lui pour le faire tomber à genoux. Vise un peu le joujou qu'il avait avec lui ! ajouta-t-il en exhibant l'arbalète.
- Bien joué Lenny ! Défonce la gueule de cette merde, qu'on en parle plus.
- Daryl ! m'écriai-je en m'élançant vers lui avant de me retrouver plaquée contre le torse de mon assaillant.
- Mais c'est qu'elle a de la voix la jeune beauté ! ricana le leader. Quoi ? C'est ton mec c'est ça ? Eh beh, il s'emmerde pas celui-là ! Tony ?
- Ouais Joe ?
- Elle te fait bander ?
- La touche pas fils de pute ! rugit l'archer tandis que le dénommé Lenny lui défonçait les côtes à coup de pompe.
Tony me jeta dans les feuilles mortes sans ménagement. Il s'appuya sur moi de tout son poids, essayant de maintenir mes poignets au dessus de ma tête alors que je me débattais comme une furie. L'espace d'un instant, je revis J.C m'immobiliser tandis qu'il me pénétrait de force, ignorant mes hurlements déchirants. Je ne survivrais pas à ça. Pas encore une fois. Du coin de l'œil, je vis Daryl se relever tant bien que mal, à bout de forces. Michonne tenta de désarmer l'abruti qui la tenait en joue avant de se prendre une gifle magistrale en pleine figure. Puis, tout se passa en une fraction de seconde. D'un violent coup de tête, le shérif réussit à déstabiliser le leader. J'en profitai pour mordre la joue de mon assaillant jusqu'à lui arracher un morceau de chair que je recrachai un peu plus loin.
- Sale pute ! beugla-t-il en me frappant.
Écœurée par le liquide chaud qui coulait dans ma gorge, je reculai précipitamment, trébuchant en me mettant debout avant de refermer la main sur ma hachette. A bout de souffle, je me retournai une seconde pour voir Rick déchirer la jugulaire du leader avec ses dents dans un geyser d'hémoglobine. Le groupe de Joe se figea soudain, comme paralysé par la chute grotesque de leur leader. Ce dernier s'effondra dans un borborygme humide sous les yeux effarés de ses disciples.
- Fais pas la conne, implora cet enfoiré de Tony tandis que j'abattais mon arme dans son épaule.
Il poussa un hurlement rauque lorsque le sang gicla, se déversant sur sa chemise à carreaux. Je le repoussai du pied tandis qu'il tombait à mes genoux tout en essayant de stopper l'hémorragie d'une main tremblante.
Saisissant l'occasion offerte par cette diversion, la samouraï attrapa son sabre pour le planter dans la cage thoracique de l'homme face à elle pendant que l'archer agrippait le fameux Lenny par les testicules avant de le rouer de coups.
- Me tue pas, me supplia le connard qui à peine cinq minutes plus tôt voulait faire de moi sa chose.
Je vrillai. Littéralement. Toute la rage, toute la colère, tout le désespoir que j'avais engrangé depuis que J.C m'avait violé, je les déchaînai sur lui.
- Et maintenant ? Tu bandes encore ? murmurai-je en lui défonçant le crâne encore et encore.
Je revoyais les traits du latino, son rictus dégueulasse, je pouvais le sentir en moi à mesure que je massacrais ce type qui n'était plus qu'une masse informe de cervelle et de cheveux. Je ne vis pas Rick découper l'agresseur de Carl comme un bout de viande, je n'entendis pas Daryl qui me sommait d'arrêter. Je ne sentis pas les bras de Barry m'enserrer par la taille. Je n'étais plus qu'une coquille vide, dévorée par la haine et la soif de vengeance.
***
Le jour s'était enfin levé sur cette nuit de cauchemar. Épuisés, Barry, Michonne et Carl s'étaient retranchés dans le véhicule. Les yeux fixés sur mes mains tremblantes, je contemplai l'hémoglobine qui avait séché sur ma peau blafarde. Daryl s'agenouilla face à moi et entreprit de nettoyer le sang qui avait éclaboussé mon visage. Je jetai un œil vide vers Rick, assis sur le sol, le dos en appui contre la carrosserie bleue du 4X4. Le shérif, la barbe teintée de pourpre, était dans le même état que moi. Nous avions perdu les pédales, l'un comme l'autre. Lui pour protéger son fils d'un sort que je savais être pire que la mort, moi pour assouvir ce désir d'exorciser mes démons. Mais dans mon cas, cela n'avait pas fonctionné. Le sourire nauséabond du biker latino ne cessait de me harceler dès que je fermais les yeux. Je reportai mon attention sur l'archer qui nettoyait à présent mes mains. Son passage à tabac avait laissé un gros hématome sur ses traits crispés. Je n'osais même pas imaginer ce qu'il en était du reste de son corps.
- Comment tu te sens ? finit-il par demander en me tendant une bouteille d'eau.
- J'ai...perdu le contrôle, balbutiai-je. Est-ce-que...ça...fait de moi un monstre ? Est-ce-que...je suis comme mon père ?
- Tu s'ras jamais comme ton vieux Lola. T'as perdu les pédales, ça m'est arrivé, c'est arrivé à Rick. C'est pas pour ça qu'on est des monstres.
- J'ai massacré cet homme, murmurai-je.
- Si tu l'avais pas fait, je m'en serais chargé. Une merde comme lui méritait pas de vivre.
Je posai mon front contre le sien, inspirant profondément. L'apocalypse, c'est vraiment la merde, songeai-je. Au début de l'épidémie je n'étais qu'une ballerine un peu paumée, et aujourd'hui ? Je m'étais transformée en une espèce de...bouchère.
- T'es pas un monstre Lola, reprit Daryl en plantant ses prunelles dans les miennes. T'as juste voulu sauver ta peau.
- J'veux plus être une victime, répliquai-je tristement.
- T'en es pas une. Tu l'as jamais été.
Troublée par son regard qui me hurlait en silence toute l'étendue de son affection pour moi, j'enroulai mes bras autour de son cou avant de poser mes lèvres sur les siennes, ignorant tout de J.C qui tentait une nouvelle fois de s'immiscer entre nous. Quoique le futur ait prévu pour nous, au Terminus ou ailleurs, je ne le laisserai pas gagner. Parce qu'au fond, ce monde avait fait de moi, une survivante. Rivant mes prunelles émeraudes sur le ciel bleu, j'aperçus un instant un ours polaire se gavant de barba-papa dans les nuages. Ne laisse jamais personne te voler tes rêves Lola.
A suivre...
J'espère que ce chapitre vous a plu ?
J'en profite pour vous remercier pour vos votes et vos commentaires ❤ Merci de me lire ❤
A bientôt pour la suite ! ❤❤
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