Elle n'avait rien remarqué d'anormal.

Mais ça avait été le cas du voisin. De ce putain de voisin. Elle n'avait jamais pu le supporter de toute manière. Il était toujours là, derrière elle, à surveiller ses moindres faits et gestes, à guetter le faux pas, à attendre l'erreur qu'il pourrait rapporter au gardien de l'immeuble. Elle n'avait jamais pu être tranquille. Elle avait presque peur de sortir sur sa terrasse tant elle se sentait mal à l'aise, et c'était la même chose lorsqu'elle quittait son appartement ! En même temps, comment réagir autrement face à cette situation ? Elle se sentait oppressée en permanence.

Sauf qu'elle n'avait pas encore connu l'apothéose. En réalité, le voisin avait presque été gentil, car tout ce qu'il lui fait avait enduré jusqu'à présent n'était rien à côté de ce qui l'attendait.

Alors que Beverly était rentrée du rendez-vous qu'elle avait donnée à une fille rencontrée sur internet, elle s'était rapidement débarrassé de quelques petites choses. Elle avait jeté un sac noir, très correctement fermé, à la poubelle située dans la rue à quelques pas de son immeuble. La jeune femme était certaine que personne ne l'avait remarqué. Après tout, qui était encore éveillé à une heure pareille ? Et surtout, qui s'amusait encore à regarder à sa fenêtre en pleine nuit ?

Elle était certaine d'avoir tout géré. Comme elle le faisait d'habitude. Elle n'avait jamais eu de problèmes et Bev avait la certitude que cette fois encore, tout ce passerait sans encombre. Elle était une pro dans son domaine après tout.

Alors elle était rentrée chez elle et en sifflotant, elle s'était empressée de faire disparaître ses dernières tâches de ketchup étranges qui s'étaient incrustées sur sa peau. Puis elle s'était couchée, un sourire au lèvres, pensant à la jolie damoiselle avec qui elle avait passé la soirée, ne rêvant que de pouvoir recommencer.

Mais encore une fois, il avait fallu que Mathieu vienne mettre le nez dans ce qu'il ne le regardait pas. Ce dernier s'était découvert une soudaine passion pour la fouille de poubelles et il avait trouvé son sac noir, où elle avait enfermé son t-shirt couvert de sang. Elle s'était arrangée pour disperser toutes les preuves du meurtre à divers endroits, mais il avait fallu que son voisin gâche tout. Comme toujours.

La voilà maintenant au commissariat, dans l'attende de son interrogatoire, à cause de ce foutu voisin et de ces soupçons idiots. Beverly se fit la promesse que si elle sortait d'ici, elle ne laisserait plus jamais ce parasite lui gâcher la vie. Le policier à l'accueil prononça son nom. Bev se leva en soupirant.

Elle était pourtant sûre d'avoir commis le crime parfait.