Chapitre 2


Il était à peine huit heures du matin. C'était tôt non ? Pourtant, elle était déjà en retard en cours. 

Et le professeur de SVT n'acceptait ne serait-ce qu'une minute de retard.

Elle se leva au pas de course.

Quelle punition allait-elle encore avoir ? 

Heure de colle, mise en garde ? 

Exclusion de cours ? 

Elle en était déjà à son sixième retard en 2 semaines, ce qui n'était pas rien.

Elle risquait l'exclusion de cours.

Que dirait son père ? 

- Julie tu commences à neuf heures aujourd'hui ? L'interrogea-t-il justement, depuis le bas des escaliers, la bouche pleine, tenant un croissant dans sa main et une tasse de cafés l'autre.

- Non ! Répondis-je, craignant sa réaction.

- À dix heures alors ? L'interrogea-t-il encore 

- Euhhh non plus...

- Mais qu'est-ce que tu fais là alors ? Dépêche toi je te dépose. Hurla-t-il, sa voix grave résonnant dans les escaliers.

Mon père ne me déposais jamais au lycée, mais aujourd'hui c'était occasionnel, je venais de rater le bus, et risquais le retard, voire l'exclusion.

- Mais tu commences pas à 8h30 ? 

- Le travail attendra bien un peu, j'ai une urgence pour ma fillette, dit-il en m'ébouriffant les cheveux.

- D'accord, acceptais-je en grimaçant. Je n'étais plus une gamine.

J'aurai voulu profiter de cette solitude pour faire le chemin avec mes écouteurs, parce que je n'avais pas le droit de les utiliser à la maison, mais j'acceptais à contrecœur, déposant mon téléphone sur la table basse comme tous les matins.

- Tu es prête ? 

- Oui, déclarais-je en enfilant les bretelles de mon sac à dos sur mes épaules, levant les yeux au ciel.

Il ouvrit la porte et sortit, ne remarquant pas mon manque de respect.

Ils avaient fait des progrès dans les punitions en 20 ans, je risquais gros.


Le pâté de maison aux alentours était désert et silencieux aujourd'hui. Bizarre.

En temps réel, il grouillait de monde, on entendait cris et sirènes, les enfants couraient partout, les parents leur couraient après, tenant cartables et vélos, les camions se bousculaient sur la route, manquant chaque seconde de créer un accident. Mais ce matin, pas un bruit ne venait déranger cette quiétude hivernale.

On dirait que certains hibernaient...

Il se tramait quelque chose. Mais quoi ? 

☀️🪐☀️

Les cours venaient de se terminer, je m'apprêtais à sortir, lorsque je fus interpellée par mon professeur principal.

Il affichait une mine grave et je souris malgré moi.

Il se leva, contourna son bureau et me regarda en face.

Il me paru soudain beaucoup plus imposant maintenant.

Enfin, il baissa les yeux vers le sol et déclara simplement.

- Il y a eu une émeute ce matin vous en avez entendu parler ? 

Bien sûr que j'en ai entendu parler, l'incendie avait failli gagner le lycée, et le quartier entier avait été embrasé. J'espère que personne n'a été blessé...

J'hochais simplement la tête.

- Je... Votre père était en chemin pour le bureau.

J'écarquillais soudainement les yeux. 

Je voyais très bien où il voulait en venir. 

Il n'y avait pas de guerre sans morts. 

Or, la guerre civile avait été déclarée il y a 2 ans maintenant, et tous vivaient dans la terreur, cette idée de mourir un jour ou l'autre, ce poids oppressant qui vous vrillait la poitrine...

- Il... Une tour s'est écroulée, lâcha-t-il d'une traite.

Je le regardais d'un air horrifié et pris la fuite, ne le laissant même pas finir sa phrase.

Mon monde venait de s'écrouler. 

Dans ma course, je percutais mon frère, qui avait décidé de sortir lui aussi.

La seule différence, c'est que les larmes ruisselaient le long de ses joues dans un flot incessant.

Sans prendre la peine de voir qui il avait percuté, il courut en direction de la sortie, trébucha, se releva, et poussa la porte avec une force que je ne lui avait jamais vu.

Je le rattrapais tant bien que mal mais me laissa distancier une seconde.

Le temps pour lui de bifurquer dans une nouvelle rue et de s'enfoncer dans les flammes.

Et une nouvelle tour s'écroula.

Je criais. J'avais l'impression d'avoir reçu une décharge dans le cœur.

Je tentais de le rejoindre. Parce qu'au fond, je n'étais rien sans eux. 

Rien sans mon père, réduite à une simple cellule.

Rien sans mon frère, celui qui m'avait tant donné.

Qu'allais-je devenir ? 

Je courais de toutes mes forces, pourtant je ne bougeais pas d'un centimètre.

Des dizaines de bras me retenaient, m'empêchant d'avancer.

- N'y vas pas !! Cria un garçon à peine plus âgé que moi. 

Il me retenait de toutes ses forces et son visage vira au rouge tomate.

Je me débattais. Je voulais partir je voulais en finir. 

Sans eux je n'étais rien.

La chaleur me faisait transpirer à grosses gouttes et mes yeux s'embuaient de plus en plus.

Je ne voyais que des débris, des bouts de verre, du béton, des bureaux, des ruines à perte de vue.

Tout ce qu'on avait construit venait de se détruire.

Nous n'avions plus rien.

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